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Deuxième horizon [PV Jora-daragoï]
Valentina Nikolaïeva
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Valentina Nikolaïeva
Armurière
Dim 16 Juin - 1:30
Armurière

Passeport
Age :: 22 ans
Patronyme :: Vladimirovna
Surnom :: Valya
Le voyage avait été long et éprouvant. Plus que d'ordinaire, en tout cas. Peut-être parce qu'elle espérait que ce serait le dernier ou peut-être parce qu'elle était impatiente d'arriver. La caravane était passée partout sans rencontrer trop de problème, juste le quota normal d'emmerdements quand on voyageait dans le Metro. Et elle devait bien reconnaître que le si précieux laissez-passer offert par Pavel Kadochnikov avait été d'une aide inestimable. jamais encore elle ne s'était sentie aussi sereine face à des contrôles. Ce qui restait de ses marchandises ainsi que ses bagages étaient aussi passés sans encombres et elle n'avait pas eu à payer chaque garde pour obtenir son indulgence.

À son arrivée à la V.A.R., elle n'avait pas fait de manières ni cherché à se cacher ou à se faire spécialement discrète. Au contraire, elle avait annoncé la couleur dès le départ et demandé à rencontrer le chef de l'alliance pour le prier humblement de l'accueillir dans son troupeau pour une durée indéterminée. Elle n'avait pas voulu demander officiellement asile comme si elle avait été chassée de la Hanse, ça n'aurait pas été honnête. mais Jora devait pouvoir lui accorder le droit de rester plus longtemps que pour une simple tournée commerciale. D'autres que lui avaient sûrement ce pouvoir également d'ailleurs, mais ça n'aurait eu aucun sens de réclamer ce sauf-conduit si elle s'était leurrée sur le lien qu'elle venait chercher.

Escortée jusqu'au bureau du grand chef donc, elle laissa ses affaires sous bonne garde et se sépara même - avec peine ! - de ses armes. Après tout, ce n'était que justice. On allait tout de même pas laisser n'importe quelle étrangère voir seule le chef de l'alliance avec des armes planquées sur elle. Invitée à attendre dans une salle neutre qui ressemblait à s'y méprendre à une salle d'interrogatoire, elle se percha sur un coin de table et se gratta machinalement la cheville, là où il y avait d'ordinaire son Walther dans un étui. Bien sûr, elle s'était attendue à une certaine méfiance, elle trouvait ça normal et même plutôt rassurant, mais ça la contrariait d'être désarmée.

Allaient-ils donner son nom à Jora pour lui demander de venir ? Ou juste qu'une étrangère de l'Hanse voulait lui demander personnellement asile pour une durée indéterminée ? Est-ce qu'on allait seulement e prévenir ? Et surtout, qu'allait-elle lui dire en le voyant ? Elle avait imaginé bien des choses même si elle ne l'aurait jamais avoué, même sous la torture, mais elle ne savait toujours pas quoi dire ni quoi faire. Elle savait qu'elle était loin d'être la première et sans doute pas la seule, qu'il n'y avait peut-être même pas de place pour elle ici, mais contre toute raison et à l'inverse de ce qu'elle avait toujours prôné dans sa vie, elle espérait. Restait à trouver comment expliquer ça à Jora. Un peu dépitée par ce manque d'inspiration, elle se détendit en pensant au lance-grandes qu'elle avait pratiquement fini d'assembler et qui s'adapterait parfaitement sur son AK.

Concentrée sur son petit fantasme personnel qui l'empêchait de s'appesantir sur ce qu'elle ignorait, elle n'entendit pas l'agitation hors du réduit où elle se trouvait, et il lui fallut quelques instants pour saisir le bruit de la porte qui s'ouvrait dans son dos. Le souffle soudain un peu plus court et le coeur battant, elle se composa un visage aussi neutre qu'elle en était capable et pivota lentement sur la table où elle était assise pour faire face à la personne qui venait d'entrer. Si c'était bien lui, elle saurait au premier regard si elle avait commis une erreur ou non, elle en était convaincue bien que cette pensée irrationnelle soit bien loin de ses habitudes.
Gueorguï Joukov
Date d'inscription : 27/03/2017
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Gueorguï Joukov
Chef de l'Alliance V.A.R
Ven 9 Aoû - 20:05
Chef de l'Alliance V.A.R

Passeport
Age :: 54 ans
Patronyme :: Asimovitch
Surnom :: Jora
Les deux doigts de la main droite en pince, Gueorguï se frotta machinalement l'arête du nez, les yeux fermés, pour essayer de remettre ses idées en place. Penché sur une carte étalée sur son bureau, enfermé afin d'avoir de l'espace pour réfléchir, il s'acharnait depuis deux bonnes heures à essayer de déchiffrer les divers renseignements - contradictoires - qui lui avaient été donnés concernant ses différents voisins, humains comme mutants. Incapable d'obtenir des données fiables, faute d'un appareil de renseignement extérieur suffisamment armé en personnels et en matériels, il devait en permanence jouer aux devinettes et se fier à son instinct lorsque des informations lui remontaient aux oreilles. Et souvent pour pas grand chose... Mais l'expérience lui avait appris que négliger ce travail de recoupe de l'information était une erreur qui avait d'ores et déjà coûté la vie de nombreux de ses hommes - tout comme de ses adversaires.

Puis soudain, comme une délivrance, on vint taper fermement à la porte.

- CHTO ? s'écria le vétéran de sa voix puissante, plus par réflexe nerveux que par réel agacement.
- Gueorguï Asimovitch, nous avons une personne qui souhaite vous parler, elle est assez insistante...

L'ancien spetsnaz maugréa dans son épaisse barbe sombre et mal taillée : "Qu'est-ce que c'est que ces gens qui insistent pour venir me parler..."

- Gueorguï Asimovitch, elle vient de la Hanse, et elle vend des armes, poursuivit la voix de l'autre côté de la porte.

Des armes ? Il manqua un battement au rythme pourtant réglé comme une horloge du coeur du vieux soldat. En provenance de la Hanse ? Cela faisait longtemps qu'un marchand d'armes n'était pas venu le demander en personne, les conventions et traités étaient déjà signés avec des vendeurs de confiance depuis longtemps... Mais au fond de lui, il savait de qui il s'agissait, même s'il se refusait à l'admettre. Ce serait comme admettre une faiblesse, la capacité à s'abandonner à un étranger, à remettre sa stabilité mentale entre les mains d'une autre personne. Son visage se renfrogna aussitôt alors, comme une carapace qui se referme brusquement, et après quelques secondes d'hésitations, il s'avança d'un pas décidé vers la porte, et la main imperceptiblement tremblante malgré lui, il ouvrit au messager.

- Et vous croyez que ça m'intéresse en ce moment une marchande d'armes ? aboya-t-il comme s'il cherchait à éloigner une menace, qu'est-ce qu'elle veut exactement ?

Le visage du messager se décomposa aussitôt. Les colères du chef de l'alliance étaient rarement vaines, mais légendaires.

- Elle... a juste demandé à vous voir, Gueorguï Asimovitch, mais... je peux la renvoyer si vous voulez... peina à articuler le pauvre homme à la porte.

Le vétéran se refusa à demander le nom de la nouvelle venue. Il voulait se donner une ultime marge de manoeuvre.

- Non, je vais la recevoir, répondit Gueorguï sèchement, elle se trouve dans la salle d'accueil ?

Le messager acquiesça sans un mot, et sans attendre une seconde supplémentaire, l'imposante carcasse de Gueorguï l'écarta en s'engouffrant dans l'encadrement de la porte, jusque dans la "pièce" où se trouvait la nouvelle venue. D'un pas décidé, il traversa les quelques mètres qui le séparaient de cette angoisse qui le serrait secrètement dans le bas du ventre, et le visage fermé, il poussa la porte. La silhouette de la jeune femme qui lui tournait le dos, apparemment rêveuse, ne laissa alors aucun doute sur son identité, et aussitôt, des odeurs, des sensations de picotement sur la peau, des flashs traversèrent son esprit. Impuissant, il ne put maintenir l'agacement qui emprisonnait les traits de son visage, et s'il paraissait toujours renfrogné - comme le vieux soldat bourru qu'il était - son regard s'adoucit aussitôt.

Se refusant à sourire, mais la commissure de ses lèvres trahissant l'émotion qui s'emparait de l'oxygène dans sa poitrine, il parvint à lancer un sec et tendre à la fois :

- Toi ici ? Je t'ai déjà dit que nous avons déjà nos fournisseurs attitrés à la VAR...

Tout au fond de lui, il mourrait d'envie de l'étouffer contre lui, entre ses bras, de lui briser les côtes de tendresse et de rejouer ces films nocturnes qu'il se passait dans sa tête les yeux fermés, lors de longues nuits d'insomnie. Et bien qu'il s'évertuait à paraître distant et fermé, le tutoiement et l'intonation dont il faisait preuve ne laissaient plus aucun doute sur la valeur de ses sentiments à l'égard de cette jeune étrangère.

- Tu aurais pu m'écrire avant quand même...
Valentina Nikolaïeva
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Valentina Nikolaïeva
Armurière
Sam 10 Aoû - 14:29
Armurière

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Age :: 22 ans
Patronyme :: Vladimirovna
Surnom :: Valya
Soudain il fut là sous ses yeux, et le monde entier s'effaça autour d'eux, son bruissement, sa rumeur permanente disparut d'un coup, lui laissant un bourdonnement assourdissant dans les oreilles. Le sang battait si fort à ses tempes qu'elle se demanda un instant si elle serait capable de se lever sans perdre pied. Mais seule la douleur avait pu la forcer à s'évanouir un jour, ce n'était pas cet instant qui allait venir à bout de sa solidité. Quoique. En ce moment crucial, elle avait la sensation que tout l'intérieur de son corps s'était brutalement liquéfié, plus rien ne fonctionnait, sa raison moins que toute autre chose.

Par on ne sait quel miracle instinctif, elle parvint à pousser sur ses mains et glisser au bas de la table où elle était perchée pour se remettre debout sur ses jambes chancelantes. Vladimir lui avait décrit autrefois la manière dont les jeunes faons se lèvent pour la première fois sur des pattes trop longues et trop fines pour eux. Elle se sentait exactement comme cela. Comme si des échasses de papier avaient remplacé ses jambes pourtant solides et assurées. Elle se sentait soudain infiniment maladroite, déséquilibrée, comme si elle allait sombrer.

En deux enjambées étrangement bien chaloupées malgré sa faiblesse générale, elle franchit la distance qui la séparait encore de son objectif. Sa voix avait vibré jusqu'à la faire trembler intérieurement, jusqu'à l'éveiller suffisamment pour la forcer à bouger. Elle avait l'impression que les yeux allaient lui sortir de la tête, que sa gorge resterait à jamais ce désert aride et que ses mains n'en finiraient pas de trembler. Pétrifiée par la violence de l'émotion qu'elle n'était pas prête à ressentir, elle reprit soudain son souffle alors qu'un éclair de détresse traversait le gris de ses prunelles. Il voulait d'elle. Exactement comme elle en avait eu la certitude sans jamais s'autoriser à le croire, elle avait compris au premier coup d'oeil qu'il voulait bien d'elle ici. Comment et pour combien de temps, elle s'en fichait bien désormais.

Une main fine et pâle traversa son champ de vision puis vint effleurer la tempe du vieux soldat avant de glisser vers sa pommette et d'achever sa course à l'angle de sa mâchoire. Un pouce fébrile suivit le contour de sa bouche alors que son autre main venait équilibrer son corps abandonné par toute raison en prenant appui directement contre le torse de Gueorguï Asimovitch. L'émotion était d'une telle intensité qu'elle l'avait rendue muette. Sa main quitta alors son visage et passa derrière sa nuque pour le forcer à se pencher vers elle et c'est à même ses lèvres qu'elle articula un bonjour inaudible.

Toute entière pressée contre son grand corps puissant à présent, il lui semblait retrouver peu à peu des sensations plus claires et plus humaines. Rien ne l'avait préparée à ce raz-de-marée, surtout pas Vladimir. Un demi-sourire étirait à présent le coin de sa bouche en réponse tardive à ce qu'il avait dit. Car elle n'était pas venue lui vendre des armes.

Quant à écrire... Sa raison lui disait qu'elle écrivait trop mal et avait trop peu confiance dans certaines caravanes pour se risquer à coucher sur du papier ce qu'elle aurait voulu lui dire ou annoncer sa venue. Mais la vérité c'est qu'elle avait eu peur et qu'elle était encore terrifiée. S'il n'avait pas répondu ou lui avait demandé de rester loin, elle en aurait été anéantie. Et elle sentait bien qu'à cet instant encore, il pouvait toujours dévaster sa vie en une fraction de seconde.

Il avait pouvoir de vie et de mort, de lucidité ou de folie pure, de calme ou d'abjecte terreur. Et c'était elle-même qui lui avait donné ce pouvoir sans hésiter une seule seconde. Au contraire de Vladimir qui avait ce pouvoir par le sang, parce qu'il était son père, Jora le recevait en cadeau volontaire et réfléchi. Si tant était qu'on puisse considérer qu'elle était capable de réfléchir de quelque manière que ce soit.

Les bras noués autour de son cou, elle se hissa contre lui sans effort pour un autre baiser plus long, plus voluptueux, qui lui coupa le souffle, puis elle se laissa glisser contre lui pour retrouver le sol et se serra contre son torse. Les yeux fermés, un vague sourire rêveur s'attardant sur ses lèvres, elle prit conscience qu'elle n'avait pas cessé de penser à leur unique nuit ensemble depuis qu'il avait quitté son réduit, des semaines auparavant. Les mots se bousculaient dans sa bouche mais aucun ne sortait, rien n'avait de sens, rien ne semblait approprié hormis des mots qu'elle ne pouvait en aucun cas prononcer. Elle leva les yeux vers les siens alors et lui offrit un sourire éclatant, de ceux qu'elle n'avait jamais offerts à personne.

- Je ne suis pas venue te vendre des armes, parvint-elle à articuler dans un souffle contraint et haché qui lui fit un peu honte. C'était encore pire que ce qu'elle avait cru. Bien pire.
Gueorguï Joukov
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Gueorguï Joukov
Chef de l'Alliance V.A.R
Dim 17 Nov - 17:40
Chef de l'Alliance V.A.R

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Age :: 54 ans
Patronyme :: Asimovitch
Surnom :: Jora
Le vieux soldat ne sut quoi faire. Il y avait bien longtemps qu'il ne jouait plus à ces jeux, que les seuls moments d'intimité qu'il s'autorisait étaient réduits à de futiles échanges corporels bestiaux et pratiques. Il avait une affection certaine pour certaines personnes de son entourage proche, et il ressentait peut-être même une attirance pour quelques rares êtres du sexe opposé, mais rien n'avait jamais été comparable à cet instant...

Depuis la disparition de sa femme presque trois décennies plus tôt, qu'il refusait encore aujourd'hui d'admettre, il ne s'était pas autorisé à ressentir quoi que ce soit qui l'attache définitivement à qui que ce soit. Au plus profond de lui, il était toujours marié, et son enfant allait naître du jour au lendemain. Tout ce qui s'était passé après ne le concernait pas, lui Gueorguï Asimovitch, mais un autre homme, qui lui était complètement inconnu. En son for intérieur, il vivait alors deux vies : une bloquée à ses vingt ans, et une autre, celle d'un vieil homme ayant traversé les pires horreurs pour en arriver là où il se trouvait aujourd'hui.

Se pouvait-il que cette jeune femme inconsciente soit le début du deuil de sa jeunesse sacrifiée ?

Et comme il ne sut quoi faire, désemparé par la nouveauté de ce qu'il ressentait, il se laissa aller, abandonnant tout contrôle, et rendit les armes sans condition, ne serait-ce que lors de ce bref instant où leurs lèvres se rencontrèrent.

- Es-tu sûre ? demanda-t-il finalement en guise de réponse, sans préciser volontairement de quoi il voulait parler exactement.

Doucement, comme un géant qui tiendrait entre ses doigts un chaton de quelques jours, il se dégagea alors de l'étreinte avec une infinie précaution. Un sourire douloureux anima le coin des lèvres du vieux soldat, face au visage rayonnant de la jeune femme, et sentit une douce chaleur animer son coeur de vétéran.

- Ne restons pas là, viens avec moi, poursuivit-il alors de sa voix grave mais inhabituellement chaleureuse, nous serons plus à l'aise dans mon bureau autour d'une tasse de thé. Je suis sûr que tu as beaucoup de choses à me raconter.

Posant délicatement sa puissante main sur le coude de Valentina, il l'invita à le suivre, et quitta la pièce sans un mot de plus. Son regard se refroidit alors brusquement à la vue de ses hommes, sa mine renfermée défiant quiconque de poser la moindre question, et ses pas le menèrent rapidement jusqu'à ses quartiers. Ouvrant alors la porte de son bureau, il fit passer la vendeuse d'armes devant lui, et s'engouffra dans la pièce à sa suite, les traits de son visage se détendant un peu.

- Installe-toi où tu veux, fais comme chez toi, articula-t-il alors, ne sachant vraiment où se mettre et peinant à cacher son manque d'assurance face à la nouveauté de ce qu'il ressentait à cet instant.

Comme pour s'occuper les mains, il se dirigea alors vers la commode où était rangé son thé, et en prépara consciencieusement pour deux.
Valentina Nikolaïeva
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Valentina Nikolaïeva
Armurière
Dim 17 Nov - 19:14
Armurière

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Age :: 22 ans
Patronyme :: Vladimirovna
Surnom :: Valya
La réponse de Jora sous forme de question traduisait mieux que n'importe quoi dans quelle confusion il se trouvait et elle en fut étrangement réconfortée. S'il était aussi perdu qu'elle-même, ils apprendraient ensemble, voilà tout. Mais là, elle mettait la draisine avant les rails. Elle imaginait déjà bien trop loin. Bien plus qu'elle ne s'en serait crue capable car elle s'était toujours crue dépourvue de la moindre imagination et désespérément terre-à-terre. La vie venait de lui prouver qu'elle s'était leurrée et pas qu'un peu.

Elle se laissa guider hors de la salle vers son bureau sans opposer la moindre résistance. Pourquoi l'aurait-elle fait ? Le feu aux joues et les oreilles toujours un peu bourdonnantes d'adrénaline, elle ne croisa le regard de personne, beaucoup trop intimidé et indécise quant à l'attitude qu'elle était supposée afficher. À l'intérieur, elle débordait de fierté pourtant, et son cœur tambourinant dans sa poitrine en témoignait mieux que n'importe quoi. Mais pour rien au monde elle ne voulait mettre Jora mal à l'aise en affichant devant ses hommes le sentiment de triomphe qu'elle éprouvait à avoir été bien accueillie.

Dans le bureau, elle se sentit brusquement empruntée et pas à sa place, un peu comme lui, semblait-il. Ils avaient l'air fin, songea-t-elle brièvement. tous les deux aussi handicapés l'un que l'autre dans cette situation inédite. Elle se força à passer outre son propre malaise et fit le tour du bureau pour découvrir son espace et se percher sur la table comme elle en avait l'habitude chez elle. Elle ne lui avait pas encore répondu, réalisa-t-elle en observant ses larges épaules de dos tandis qu'il préparait le thé promis.

- Je sais pas, balbutia-t-elle avant de reprendre son souffle et de serrer ses mains l'une contre l'autre pour essayer de se calmer. Si je suis sûre, je veux dire.

Par tous les putains de tunnels moscovites et les poils de barbe de la Baba Yaga, ça devenait de pire en pire. Elle était subitement devenue complètement abrutie ou niaise, ou les deux. Il fallait qu'elle se reprenne. Il allait finir par se demander pourquoi il l'avait trouvée intéressante à force qu'elle bégaye des inepties.

- Enfin, ce que je veux dire, c'est que je suis sûre que je devais venir te voir. Même si je ne savais pas comment tu m'accueillerais ni si tu voudrais... Si tu voudrais... Que je reste.

Elle souffla les derniers mots et posa ses mains sur ses joues brûlantes en fermant les yeux. Absolument pas habituée à ce tumulte d'émotions, elle ne savait pas du tout les dominer ou les cacher. Elle en perdait complètement son légendaire sang-froid et sa nature si détachée. Du coup, elle s'attendait à ce qu'il la trouve idiote ou immature et la jette sans plus attendre. Et s'il comprenait qu'elle avait tout quitté pour le rejoindre, emportant armes et bagages avec elle, aurait-il peur ?
Gueorguï Joukov
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Gueorguï Joukov
Chef de l'Alliance V.A.R
Jeu 30 Jan - 14:47
Chef de l'Alliance V.A.R

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Age :: 54 ans
Patronyme :: Asimovitch
Surnom :: Jora
Gueorguï ne sut que répondre. C'était trop pour lui, trop de choses d'un seul coup. Il prit alors le parti de ne rien dire, plutôt que de dire une bêtise. Ou pire, de s'empêtrer dans une discussion sur laquelle il n'aurait aucune maîtrise. Et quand il ne maîtrisait pas, le vétéran était le genre de personne à se taire, bonnement et simplement.

Il acheva de préparer le thé de sa composition, dont la recette avait été améliorée et peaufinée au fil des ans pour s'adapter à ses goûts propres. Il s'efforça tout de même de ne pas surdoser les racines séchées aux propriétés antalgiques, dont il abusait parfois pour soulager ses douleurs articulaires, et servit le tout dans deux tasses en émail fatiguées.

Malgré son calme apparent, armé de son silence profond et buté, il cogitait à toute vitesse. Toutes les considérations politiques et administratives de ses stations venaient de passer à la trappe, et son esprit n'était plus focalisé que sur la jeune femme, qu'il dévorait du regard sans même poser ses yeux directement sur elle. Il lui tendit alors la tasse, puis alla s'installer dans son fauteuil défoncé, qui avait fini par prendre la forme parfaite de son corps lourd et puissant au fil des ans. Toujours muré dans son mutisme, il laissa le temps à son breuvage de refroidir un peu avant d'en prendre une gorgée brûlante.

- Combien de temps comptes-tu rester ? s'efforça-t-il finalement de demander.

Puis, comme s'il ne voulait pas effrayer son invitée par une question trop abrupte, il ajouta aussitôt :

- Tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites, tu es la bienvenue. Je t'hébergerai ici, si ce n'est pas trop étroit pour toi.
Valentina Nikolaïeva
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Valentina Nikolaïeva
Armurière
Dim 9 Fév - 22:36
Armurière

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Age :: 22 ans
Patronyme :: Vladimirovna
Surnom :: Valya
Perchée sur le bureau et sa tasse brûlante entre les mains, Valya ne perdait pas une miette des gestes et déplacements de Jora, tout en gardant un air aussi détaché et neutre que possible. Du moins l'espérait-elle. En réalité, elle était toujours un peu rougissante et ses paumes étaient moites. Dire qu'elle gardait habituellement son sang-froid au point de viser juste même dans les pires situations.

Avant ce jour, elle ignorait totalement qu'elle pouvait perdre toute maîtrise d'elle-même juste à cause de stupides émotions. Mais plus elle voyait Jora, plus elle s'habituait à son intérieur, à son odeur, à l'atmosphère qu'il créait autour de lui, et plus elle aimait ce déséquilibre que ça faisait naître en elle. Il la déstabilisait d'une manière inexplicablement agréable. Elle devait être tarée, c'était la seule explication possible.

Le silence s'étira un petit moment mais elle n'en fut pas incommodée ni embarrassée. Le temps filait en réalité plus vite lui semblait-il, du seul fait d'être ici avec lui. C'était bizarre et cette nouvelle niaiserie envahissant sa tête la décida à tenter le tout pour le tout pour se reprendre en mains.

- J'ai pas vraiment fait de projets, admit-elle un peu plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu. Si tu supportes de m'avoir dans les pattes...

Elle se laissa glisser du bureau pour approcher de lui, sa tasse toujours à la main.

- J'aimerais bien rester un peu avec toi.

Son petit sourire en coin était peut-être un peu forcé mais elle retrouvait un peu de son insolence et de son franc-parler. Debout entre ses jambes, elle but une gorgée de thé, rougit en se brûlant la langue, mais ne quitta pas Jora des yeux pour autant. Elle avait envie de rire et elle tremblait un peu en même temps. C'était chaud, bizarre et fou mais elle aimait ça et elle avait une envie irrépressible de commencer à rire avec Jora et de partager d'autres choses avec lui.
Gueorguï Joukov
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Gueorguï Joukov
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Mer 6 Mai - 14:18
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Surnom :: Jora
Habitué qu'il était à son thé ordinairement saturé de drogues, la gorgée qu'il prit ne lui fit pas l'effet attendu, et le surprit malgré lui. Il en était à s'attacher à des détails aussi insignifiants que celui-ci pour essayer de ne pas voir ce qui se tramait juste sous ses yeux.

Debout entre ses jambes se tenait Valentina, joli petit bout de femme au tempérament explosif qui avait eu la terrible idée de s'accrocher à lui. Et même si l'évidence s'imposait à lui, il ne parvenait toujours pas à comprendre comment une créature comme elle avait pu trouver un quelconque intérêt en un homme brisé tel que lui ?

Le fait est qu'elle lui faisait du bien. Beaucoup de bien.

Après tout ce temps à se blinder, à refuser de s'attacher, à vivre comme s'il finirait ses jours seul, sans personne, il retrouvait cette chaleur un peu naïve qui naissait dans son ventre pour venir irradier dans sa poitrine, inonder sa tête de pensées absurdes mais terriblement séduisantes. Il ne maîtrisait plus rien. Voulait-il seulement maîtriser quoi que ce soit après tout ? Il se sentait perdre pied, et derrière son visage impassible et mélancoliquement fermé, il mourrait d'envie de lâcher prise une bonne fois pour toutes, d'empoigner fougueusement l'armurière et de lui faire à nouveau l'amour comme s'il s'agissait de son dernier jour dans ces tunnels.

La pensée naquit tranquillement dans son esprit. Elle était apparue d'un coup, mais avait petit à petit pris de l'ampleur jusqu'à envahir complètement ses pensées, sans heurts mais de façon inexorable. Et s'il se refusait à y céder, pour la simple et bonne raison qu'il voulait juste profiter innocemment de la présence de Valya, il ne put s'empêcher de ressentir de l'excitation à l'idée de réitérer cette sauvage empoignade qui avait scellé leur destin.

- J'aimerais beaucoup que tu restes avec moi aussi, parvint-il finalement à dire.

Il laissa une de ses mains lâcher sa tasse brûlante, et venir filer jusqu'à la jambe de la jeune femme pour la toucher doucement du bout des doigts, sans la quitter des yeux. Il ne parvenait pas à faire le premier pas, handicapé qu'il était comme elle. Il tentait de lui faire comprendre ce qu'il ressentait sans même parler, mais il se rendait bien compte que personne ne logeait dans sa tête à lui, et que sans paroles, il lui était impossible de transmettre ses pensées à qui que ce soit.

- Ton nez, ça va ? demanda-t-il soudain, ne parvenant pas à franchir le cap.

Tentative désespérée de fuir une nouvelle fois le sujet, il s'inquiétait tout de même de l'état de santé de la nouvelle arrivante. Tout comme il espérait secrètement que ce moment de bonheur naïf et innocent ne s'achève jamais.
Valentina Nikolaïeva
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Valentina Nikolaïeva
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Ven 8 Mai - 20:46
Armurière

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C'était par miracle qu'elle tenait encore debout sur ses jambes, songea Valentina en contemplant l'homme assis devant elle et pour qui elle avait tout quitté. Étrangement, à le voir ainsi tranquille et à être aussi près de lui, elle ne doutait plus de son choix. Une certaine forme de sérénité et d'assurance avait pris naissance en elle. Bien sûr, il pouvait la rejeter aussi facilement que le reste. Il pourrait arguer qu'il avait deux fois son âge - ou plus, même ? - ou encore qu'il n'avait pas besoin d'elle. Il pouvait lui annoncer qu'il avait déjà une maîtresse et qu'elle était venue pour rien, qu'il n'y avait rien eu d'autre entre eux qu'une tocade, un coup d'un soir satisfaisant mais dont le souvenir ne lui était pas impérissable, contrairement à elle.
Mais plus elle le regardait, plus elle était convaincue d'être à sa place et d'avoir pris la bonne décision en venant à la V.A.R. dans l'unique but de vivre auprès de lui, quand bien même elle s'était menti à elle-même sur cet objectif pendant des semaines.

Inspirant profondément, elle accueillit sa réponse comme une consécration et la fierté lui fit légèrement rougir les pommettes. Il voulait d'elle. Son cœur n'en finissait plus de bondir et son esprit s'était empli de formules de gratitude envers la Mère patrie qui lui accordait ainsi ce qu'elle désirait le plus au monde. Les doigts qui glissaient le long de sa cuisses étaient la confirmation la plus douce qui soit. Un frisson la fit broncher toute entière. Elle savait.

La suite était presque sans importance. Si elle était toujours aussi intimidée, il l'était encore plus, semblait-il, et elle avait pour elle l'assurance et l'arrogance de la jeunesse. Juste ce qu'il fallait d'audace pour tenter sa chance quand il le fallait. Déposant sa tasse sur le côté après une dernière gorgée, elle prit ensuite celle de Jora de ses mains et la posa à côté de la sienne. Ses gestes étaient lents et précis, comme calculés. Elle devait réfléchir à ce qu'elle faisait pour ne pas se tromper mais son esprit était empli d'un brouillard blanc et cotonneux d'où seule émergeait la certitude qu'elle avait besoin de le toucher. Maintenant.

Doucement, sans se presser, un genou après l'autre, elle enfourcha ses cuisses pour se trouver à califourchon sur ses genoux. ses mains se posèrent en douceur sur le ventre du vétéran puis remontèrent en même temps que ses yeux, lentement et en prenant le temps de s'attarder sur tout ce qu'elle sentait sous l'étoffe qui le couvrait. Arrivée à son cou, elle croisa son regard et sourit encore avec une joie innocente qui ne lui était pas coutumière.

- Da, chuchota-t-elle en scrutant ses yeux et sans cesser de sourire comme si elle était détentrice des secrets du monde. Spassiba.

Alors elle se pencha, les mains en coupe autour de la mâchoire et effleura ses lèvres des siennes. Le souffle lui manqua instantanément et elle appuya son front contre le sien, souriant toujours, pour murmurer son nom comme une prière sans but.

- Gueorguï...
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