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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Sam 17 Nov - 21:29 Airat ouvrit lentement ses yeux, plissés et collés après presque dix-huit heures de sommeil. Dix-huit heures. Et ce n’était rien comparé à ce qu’il avait perdu pendant des mois. Ce repos sans rêve aurait du le « laver ». Faire disparaître tous ses cauchemars. Il aurait du être sa résurrection, son retour à une certaine humanité. Et c’était le cas. Le colporteur se sentait comme un nourrisson. Avantages et inconvénients compris. Être nu au milieu d’une chaleur dont il était l'émetteur, la sensation de ses propres membres contre lui et l'impression de solitude totale était réconfortant. La toile de la tente atténue les bruits, et l'épais amas de tissu autour de lui retenait la température de son corps, fiévreux quand il s'était couché. Mais désormais devant lui, il y avait une étendue immense, un entrelacs de décisions à prendre et de chemins à tracer : le destin où la vie, comme chacun l’appelait selon ses croyances. Et elle le pétrifiait plus qu’autre chose. Il se rendait compte de ce qui était derrière lui, de ce qu’il avait fait. Et rien ne collait à ses plans. Plan tu ne pouvais plus simple : rester en vie et libre, même si pour cela il fallait tous sacrifier.
C'était ce qu'il avait fait. D'une certaine manière. S'il était réfugié au milieu de la VAR, endroit qu'il considérait comme le trou paumé du métro -acculé dans son coin, comme un élève cancre qu'on aurait éloigné des affaires importantes-, ce n'était pas pour une promenade de santé. Ni pour passer le bonjour à une certain médecin croisée pendant l'incident de la brèche. Le rouge n'en était réduit à faire un voyage anonyme qu'au nom de la seule personne qui se rapprochait d'une amie pour lui. Du moins la seule personne qui a ses yeux rehaussait le genre humain.
Le rouge se redressa d’un coup, abattant rageusement son point sur la couverture. Des mèches lui tomber sur le front, effleurant ses cils raides et courts, et il sentait une barbe de trois jours percé la peau de sa mâchoire. Il était un objet lançait à la dérive, qui sans personne pour le retenir, se perdait. Ses épaules pâles et maigre furent saisies d'un tremblement qui continua sur ses bras, réveillant en une secousse ses perceptions. Il s’habilla rapidement, délaissant l’épaisseur de son manteau au fond de son sac. Le colporteur avait besoin de se sentir léger. Besoin du froid pour le revigorer et rendre plus délectable l’éventuel retour au fond de sa tente, hôtel de la station Riijskaya. Simplement sa capuche pour couvrir sa tâche. Airat posa un pied sur les quais de la VAR. La station était réveillée depuis trois heures pendant que lui roupillait. Les silhouettes s’enchaînaient sous ses yeux, ne lui accordant jamais un regard, le frôlant sans ralentir. Là depuis seulement hier et il faisait parti du paysage, aux même titres de les arches ou les colonnes de chaque côté du quai. C’était parfait. Depuis l’épisode avec Nina, le colporteur tenait plus que tout à se faire oublier. L’attention qu’on portait sur lui ne pouvait que lui attirer des emmerdes, qui finiraient lui coûter la vie. Ou celle d’un être cher. Il sortie de sa poche un morceau de vieux papier, froissé et à deux doigts de se déchirer. Le colporteur le déplia avec précaution, coinçant sous sa canine inférieure la cicatrice tranchant sa lèvre du haut en une grimace de concentration. Ses yeux parcoururent ces mots écrient de sa main, fébrilement écrit avec froideur, par fragment de segment raides.
Avec un soupire que sa voix cassée faisait sonner comme un râle, il se dirigea vers les étales précaires installés au fond de la station, un peu avant les tunnels où étaient installés la culture de champignon. La Riijskaya se remettait encore de la brèche, c'était comme présent dans l'air. Les visages étaient fermés, les regards encore fuyants. Les ressources plus rares. Avec un soupire, il se pencha sur des caisses en bois, pleines de thé de la VAR. Airat avait l'impression de revivre la scène d'il y avait quelques mois, avant l'incident de la brèche, où il avait croisé Lyudmila. Même Station. Même marché, à la différence que celui-ci semblait fatigué.
Un mouvement de foule et des cris. Son regard déviant, remontant les quais jusqu'à discerner dans le floue des habitants un début d'agitation. Le colporteur se redressa immédiatement. Il allait se charger de mettre le plus de distance entre lui et cette engueulade, ou du moins de faire oublier dans la houle humaine. |
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Sam 17 Nov - 23:31 Les pieds dans l'eau, l'angoisse au ventre. Pendant des heures innombrables. Des craquements sinistres, de l'agitation, des cris, des ingénieurs, des étrangers, des mercenaires, des ordres, des armes, des sacs de sable, des périls mutants, des draisines en pagaille ... Et bien sûr, tout le monde sur le quai à pied d’œuvre pour parer à la survie de la station. Une brèche s'était ouverte dans un tunnel menant à la station Prospect Mira. Saveli n'avait pas pu y échapper, il fit partie de ces "volontaires" qui transportèrent des trucs lourds, soit pour colmater soit pour écoper, soit pour déplacer ce qui gênait. Il entendit les échos des rumeurs des belles paroles du chef de l'Alliance, Gueorguï Asimovitch. Là-bas vers VDNKh. Il parut qu'une folle équipée était partie pour la surface. Pour quoi faire, le garçon n'en eut aucune idée. Lui ne fut pas parmi les soldats mais parmi les sans doutes futures victimes de l'effondrement. Il fit de nombreux aller-retours entre le tunnel sinistré et le quai de Riijskaya, toujours désespéré de devoir s'exposer à un danger si stupide et éminent. En proie à une anxiété extrême, il crut vivre ses derniers instants. *** Puis la situation passa heureusement de l'urgence absolue à l'urgence relative. Le péril mortel passa. Comment ? Par quel(s) miracle(s) ? Saveli n'en fut pas informé. L'important était que la station perdurerait. On s'en sortait plutôt bien. Mais à son grand déplaisir, l'éleveur de rats ne goûta pas au repos bien mérité. Il fallut inspecter l'état des champignonnières, des cargaisons de thé, préparer à manger pour rassasier ceux qui s'étaient échinés, accueillir les colporteurs. Le commerce ne devait pas souffrir des derniers événements. La circulation des gens et des marchandises avec la Hanse reprit aussitôt que possible. Sa mère y travailla. Après avoir servi une tournée de soupe à des adultes fatigués, Saveli s'évada auprès de ses rats, les poings serrés. Le monde entier lui semblait débile. Il ressentait une haine puissante, une colère froide et méchante. Il aurait bien aimé que son père arrivât, mais son père arrivait rarement à la station. L'élevage de rats de la Riijskaya était modeste. Quelques cages avec des rongeurs bêtes et excités qui se reproduisaient vite et bien. Une petite production bien rodée qui avait vocation à grandir. Saveli sentit l’écœurement lui serrer la gorge. Les yeux rouges des bestioles le scrutèrent, les museaux frétillèrent. Il s'approcha, le coeur battant. Puis il ouvrit les cages, les renversa sans bruit, regarda les rats et ratons s'égayer joyeusement dans les recoins obscurs. "Cassez-vous le plus loin possible si j'étais vous."Conseilla Saveli à ses ex-protégés, à mi-voix. Il sentit comme un coup au coeur. Un cri de son tuteur Georgi venait d'éclater à une dizaine de pas. Suivi de plusieurs autres, et des jurons. Surprise et colère mélangées. Effaré par sa propre audace, Saveli bondit littéralement, se retourna et fendit l'attroupement qui se formait. La fuite des rats alarma tous ceux qui étaient dans le secteur. Il courut, bousculant hommes et femmes sur sa route, slaloma entre les tentes et les caisses mais déjà des invectives le poursuivaient qui formulaient son nom. Cette course était sans espoir, sans but aussi. Son coeur tambourinait. Se cacher. Il rabattit la capuche de son manteau trop grand et noir de crasse, comme si ça changeait quelque chose. Il fila vers l'autre bout du quai, où stationnent les étrangers, invités et autres commerçants et aventuriers. Il arriva vers les tunnels de culture des champignons. Ses cheveux gras lui collaient au front et aux tempes, mêlés à la sueur et l'effroi. Il renversa des trucs, manqua de se vautrer, de s'empêtrer dans ses haillons. Mais non. On criait toujours mais de plus loin. Il aperçut un type sans doute ivre (pensa-t-il pour se rassurer), penché contre des caisses de thé, dans un coin sombre. Ce type, il l'avait déjà aperçu la veille ou l'avant-veille. Un voyageur lambda du genre fatigué voire malade ou déprimé, ou les trois. Bref ce type sans doute inoffensif se redressa en entendant les clameurs. Saveli resta sur sa première impression et paria que ce gaillard ne lui causerait pas d'embrouille. Il le bouscula en le poussant de l'épaule et contourna maladroitement la caisse de thé ... pour se planquer derrière. |
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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Dim 18 Nov - 15:30 Airat identifia vite le responsable de ce raffut : un gamin, embourbé dans des vêtements, sa peau noircis de saletés, des mèches alourdies de crasse dépassant de sa capuche. Le gosse tranchait la foule, se glissant entre les épaules, bousculant pour remonter les quais. Derrière lui, un homme courrait dans une progression bien plus lente et erratique que l'adolescent. De quoi tordre les lèvres du colporteur en sourire sadique. Jusqu'à ce que le môme s'approche. Airat se reprit d'un raclement de gorge, s'apprêtant à se mêlé à la foule. Mais le gamin était là, à moins d'un mètre de lui. D'un coup d'épaule, il le dépassa , se laissant tomber derrière la caisse que le colporteur observait il y avait moins d'une minute.
Airat resta silencieux devant le gamin, l’observant d'un regard arrondis. Il n'était pas apte à critiquer les capacités de survie de qui que ce soit, aux vues de la ferveur avec laquelle il n'avait pas hésité à se jeter dans les bras de Polis -et de Prokhorenko. Mais même lui n'aurait pas était se cacher dérrière unr caisse. Il s'entendit souffler un « Mais mec... », s'accordant encore trois secondes pour détailler le gosse. Et un besoin impérieux d'attraper le premier chiffons lui passant sous la main pour récurer la peau de gosse à sang fut la première chose qui le prit. Il était dégueulasse. Du bout des pieds à la pointe des cheveux, littéralement. Le colporteur savait qu'il n'avait par l'air plus glorieux certains jours. Et qu'en matière de débâcle corporelle, même si dans un autre registre, il s'illustrait lui aussi. Et il était largement habitué à la saleté du métro pour y traîner depuis des années sa carcasse. Mais avec le gosse, les choses prenaient un autre sans.
Ses cours d'anatomie, vieux de presque quatorze ans lui revenait, et dans son esprit se créait un plan sur le chemin que pouvait suivre la crasse sur le visage du gosse. Passer pas les pores de la peau, traverser épiderme, derme et hypoderme, s'enfoncer dans le muscle jusqu'aux faisceaux, là continuer dans les fibres musculaires au point d'atteindre les myofibrilles, des les embourber, étouffer. Airat retient un frisson de dégoût devant tous ce que sa mère avait réussit à enfoncer dans sa cervelle à coup de livres. Il avait fait le nettoyage de son cœur, mais sa tête restait encore à assainir, et peut-être qu'il n'y arriverait jamais. Il n'était pas dans un contexte le permettant. La mort leur offrant à tous ici un sursit, ou ses propres congénères par très concilient sur ce qui ne regardait que lui et l'anatomie d'un autre, les deux l'étouffaient comme la crasse semblait asphyxier le môme. Le colporteur s'obligea à tourner les talons après un dernier regard que la fatigue couvrait de lassitude à l'inconnu. Qu'est ce que ce gosse avait fait ? Fautif ou victime ?
Une voix retentit à quelques mètres d'eux, colérique et pourtant teinté d'une note presque satisfaite.
« -VORONOV ! ABRUTI DEGENERE ! »
Airat se figea. Aucun autre pas n'était possible qu'un en arrière. Voronov. Voronov. Peut-être que ce n'était pas lui. Mais peut importe, le jeu en valait la chandelle. Au pire pourrait-il toujours se cacher derrière sa bonne morale humaniste d'homme de la Ligne Rouge.
Le colporteur se retourna, attrapent le col du gamin pour le relever. Il ne lui lança ni regard ni parole, le tirant derrière lui jusqu'à une arche. Du coin de l’œil, le rouge surveillé les poursuivant du gosse, accélèrent graduellement le pas en les voyant approcher. Ses doigts étaient crispaient. Aussi bien ceux sur la sangle de son sac que ceux refermaient sur l'étoffe de vêtement du gosse. Airait avait presque l'impression de ressentir le bruit des muscles de sa mâchoire serrées jouer sous sa peau. La douleur elle, était bien là, se propageant à son cou. L'idée que le gosse est pu se rendre coupable d'un meurtre ou pire lui traversa l'esprit, répandent dans son bras un courant électrique qui pendant une fraction de secondes lui fit relâcher sa prise. Si c'était le cas, il allait se coller dans la merde tel l'adulte responsable qu'il était, en plus d'avoir temporairement aidé la partie cancéreuse de l'humanité.
Les voix continuèrent vers les champignonnières. Airat poussa un soupire soulagé, abandonnant le col du garçon pour poser une main ferme et crispée sur son épaule. Il reprit sa marche, remontant le quai sous le couvert des arches, et adressa enfin un regard au môme.
« - Qu'est-ce que t'as fait comme connerie ? »
Lâcha-t-il, la voix sèche, froide, alerte. Airat était prêt à lâcher le gamin à tous instants. Il retrouverait Stepan par ses propres moyens s'il fallait. |
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Jeu 22 Nov - 20:52 Une fois dissimulé derrière la caisse de thé, le fuyard tenta de reprendre son souffle tout en guettant une éventuelle dénonciation traîtresse de la part de l'inconnu. Celui-ci, visiblement surpris, fit d'abord mine de s'en aller. Ouf. Saveli se baissa, frappé par l'insulte haineuse beuglée par l'un de ses poursuivants. C'était la voix presque victorieuse de son tuteur Georgi. Rien de surprenant étant données les circonstances mais terrifiant quand même.
Il estima que la voix était encore à bonne distance. C'est pour cela qu'il crut défaillir quand il fut soudain saisi au collet dans sa propre cachette. Impossible ! On le força à sortir tout aussi vivement qu'il était entré. Il suivi le mouvement avec angoisse. En tournant la tête il vit que c'était l'inconnu discret, dont il chercha en vain à capter le regard, qui le tirait ainsi par le col pour l'entraîner dans une autre direction, à l'abri de l'ombre des arches. Saveli était partagé entre le soulagement et l'inquiétude. Il percevait une certaine tension chez son sauveteur. La question de savoir pourquoi ce quidam l'avait tiré de là planait bien sûr dans son esprit confus.
Ils marchèrent en silence, sans une parole. Les voix courroucées se perdirent derrière eux, vers les champignonnières. Il n'osa pas tourner la tête. Sauvé ? Vraiment ? Il avait la bouche pâteuse, le souffle court. Le sang lui martelait les tempes. Ses jambes étaient cotonneuses, comme accablées par le poids de la situation. Heureusement que l'étranger le soulevait pratiquement, pour l'emmener quelque part. Où ? Le geste de celui-ci se modifia et sa poigne s'affermit sur son épaule. Un frisson de peur lui parcourut l'échine quand la voix tranchante de l'inconnu le ramena abruptement à la réalité.
Or c'était évident que la réalité n'avait rien, absolument rien de pertinent à offrir comme réponse à la question limpide et froide de l'étranger.
Saveli osa affronter le regard gris du jeune homme dont le visage lui restait en partie caché. Il vit sa barbe de plusieurs jours et sans raison valable ça lui donna plutôt confiance. Il murmura d'une voix mal assurée.
« Heu j'ai .. juste fait sortir nos rats des cages … rien d'autre ... » En le disant il mesura honteusement à quel point il allait paraître stupide et dégénéré, comme l'avait si bien hurlé Georgi Antonovitch. Connerie était certainement la bonne définition, sauf peut-être pour ceux de la station qui seraient privés de protéines pendant plusieurs jours ou qui devraient se procurer du cochon au prix fort. Oui ceux-là emploieraient d'autres termes et l'imagination galopante de Saveli lui en souffla quelques uns à la volée : sabotage, faute, trahison, puis bannissement, exécution en place publique … Son cœur manqua un battement devant le tragique de la situation envisagée mais son orgueil prit tout de suite le relais. Il défia aussitôt son vis-à-vis du regard.
« J'avais des bonnes raisons. » Souffla-t-il en rassemblant son courage et en redressant le buste.
Son regard devint soudain fuyant alors que son cerveau imaginait quelque chose de plus à livrer très vite à cet inconnu en surplomb. Il baissa la tête et se frotta le bas du visage avec sa main crasseuse, gantée de bandes de chiffons qui exhalaient un subtile fumet d'urine de rat.
« … bah … m'en fiche de toute façon, me barre ce soir. Station débile. J'ai … rendez-vous avec mon père. A ..la Hanse. »
Il espérait que cette confidence suffirait pour que son bienfaiteur l'abandonne sans poser davantage de question ou de problèmes. Mais la présence proche et intimidante de cet homme lui faisait également redouter de recevoir quelque gifle sonnante et trébuchante. Il se tint donc sur la défensive, le bras près du visage, paré au cas où à encaisser et/ou esquiver une torgnole avec les moyens du bord |
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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Dim 2 Déc - 14:08 Le colporteur haussa un sourcils, scrutant le visage du gamin pour y trouver un début de rictus. Mais rien : le gosse le défiait du regard, avec cette assurance timide qu'Airat se sentait capable d'écraser d'un mot. La surprise disparu de son visage, et un rictus moqueur tordit ses lèvres alors qu'il détaillé encore le môme. C'était ridicule dit comme cela, mais une petite voix lui soufflé que dans quelques jours, les gens de la Rijskaya ne riraient pas eux. Et c'était bon pour ses affaires. La station devra être fournie à nouveau en rat, et même si la V.A.R avait déjà ses colporteurs, il trouverait bien une place à se faire. Airat haussa les épaules sans desserrer l’étau de son regard amusé devant les embryons d'excuses du garçon. Il le lâcha enfin, venant ranger dans les poches de son sweat des mains crispés. Il sentait ses doigts tremblaient légèrement sous la fatigue et la colère. Voronov. Enfin. Après huit ans d'attente, il allait pouvoir lui faire la peau. L'étrangler de sa main démantelée. Le rouge plissa légèrement les yeux en sentant son regard à nouveau aimanté par la crasse recouvrant la peau du gamin. Ses lèvres se crispèrent alors qu'il déversait sur Voronov un déluge d'insulte. Il a quelque âge ce gosse.... quatorze, quinze ans ? Il y a huit ans, il en avant sept.... C'était un môme, et toi tu t'es barré, t'as préféré aller t'occuper du gosse d'un autre, pour l'abandonner à son tour. Je le plains un peu. Alors que j'ai bien l'intention d'en faire un orphelin de père.
« -Je me balance de tes bonnes raisons. J'avais juste pas envie de me coller dans les emmerdes en aidant.... Un assassin par exemple. »
Ne serait-ce que par ses propres convictions, le nez du gamin aurait souffert si son propriétaire s'était réveillé être un tueur. Le rouge tenta d'évaluer sa capacité à se maîtriser s'ils s'étaient retrouvé dans cette situation. Et l'idée qu'il avait eu de la chance lui fit une sueur froide.
« Enfin. Je suppose qu'eux te remercient. Ça leur évite de finir empalés et cuits. »
La grimace du colporteur s’adoucit quand le regard du gamin se fit subitement fuyant. Il semblait à deux doigts de parler, des mots plein la langue. Airat se figea, concentré sur le moindre sortant d'entre les lèvres du garçon, la moindre bride d'information pour retrouver Voronov et finir sa chasse. Il s'entendait à un indice. Pas la présumé et relativement précise localisation de Stepan. Le rouge sentit ses yeux s’arrondirent et un spasme traverser son bras gauche. Il garde le silence, délibérant en lui-même jusqu'où il pouvait interroger le gosse sans éveiller de soupçons. Se présenter de suite ou plus tard comme un ami du père ? Trop de précipitation pourrait amener des suspicions.
Il soupira, laissant sa tête lourde basculer en avant, se pinçant l'arrête du nez. Casse-tête. Airat n'était pas encore remis des cauchemars de Baba Yaga. Il avait l'impression qu'on lui avait retiré un parasite bouffant son cerveau, y laissant des galeries compliqués, qu'il fallait maintenant comblés. Pour palier aux mois de cauchemars, son esprit lui faisant maintenant subir des rêves qu'il n'aurait pas pu avoir, même à renfort d'hallucinogène. Pire que toutes les cames hallucinantes dont lui avait parlé sa mère. Des flashs, des couleurs, des formes. Des bruits aléatoires, comme s'il essayait d’effacer le tracé logique et méthodique de ses cauchemars, toujours troublés de sens et de vérités. Et tous cela encombrait sa tête, enraillé son cerveau qui ne se remettait pas aussi vite qu'il l'aurait voulu.
« Stepan Voronov. »
Il releva la tête vers le garçon, lui décochant un regard interrogateur. Il n'avait pas appelé son ex-mentor par son prénom depuis un bout de temps. Il ne l'avait d’ailleurs nommé depuis des mois.
« C'est ton père, non ? »
C'est drôle. Toi aussi tu veux te barrer de ta station. Qu'est-ce qui t'y étouffes ? La V.A.R est au font du gouffre, mais elle s'en sortira. Tu y a une famille. Elle est peut-être un peu amoché, comme n'importe quelle famille du métro, mais elle doit t'aimer. Enfin, c'est pas mon problème.... |
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Dim 2 Déc - 15:15 Saveli cligna des yeux et baissa la garde. Un assassin, lui ? C'était plutôt le contraire mais la réponse du gaillard et l'adoucissement de son rictus lui permirent au moins de se détendre un peu. Il fut même tout à fait surpris par la sensibilité exprimée par son vis-à-vis à l'égard des animaux. Il hocha la tête, content que l'étranger ait approuvé ses motivations secrètes.
Il n'osa rien dire quand l'homme se plongea dans la réflexion. Ou bien dans une lassitude muette. Saveli jeta un œil alentours. Ses pensées revinrent brièvement à son futur proche dans la station. L'étranger consentirait-il à plaider en sa faveur auprès de Georgui ? Cette idée faisait son chemin jusqu'à ce que le nom de son père prononcé par une bouche étrangère lui fouette le cerveau.
"Heu oui... Tu le connais ?" Demanda t il avec un peu trop d'enthousiasme et des étoiles dans les yeux. Pour Saveli son père était le modèle ultime du colporteur baroudeur magouilleur toujours dans les bons plans. Et jamais avec sa famille, mais il ne lui en tenait pas rigueur vu qu'il avait sûrement la vie la plus excitante qu'on pouvait rêver. D'ailleurs l'option que son interlocuteur connaisse son père en mal ne l'effleura même pas.
"Comment tu t'appelles ? Tu l'as vu où ? Tu bosses avec lui? "
Son cœur battit un peu plus fort. L'etranger allait bientôt se rendre compte que Saveli n'avait aucune idée précise de la localisation de son paternel. Il se mordit le coin de la lèvre, inquiet et impatient de ce qu'il pourrait apprendre de ce sombre inconnu. |
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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Ven 14 Déc - 21:29 Le colporteur retint un infime mouvement de recule devant l’ardeur du gosse, sa pomme d’Adam vacillant sous une déglutissions-réflexe. Il n’était pas habitué au tutoiement. Son adolescence à Polis l’avait en parti façonné ainsi, comme la froideur qu’il y avait toujours eu entre lui et sa mère. Le vouvoiement hautain qui mettait une distance, le « tu » injurieux qu’on lui servait dans certaines stations - de l’Anneau- où sa présence faisait tâche : il les avait déjà assez expérimenté. Mais la familiarité naturelle, impulsive du garçon le laissa un moment silencieux. Un peu trop de naïveté inoffensive pour lui. Mais si l’adolescent avait su comme il était mauvais de se montrer pacifiste avec Airat. Un animal blessé mort, quoi qu’on tente à son encontre. Et il est seul à choisir si l’on peut réellement s’approcher de lui. La ligne cassée de ses lèvres trembla, à l’idée d’un certain lieutenant gratifié d’une énorme morsure de chien dans le cou.
Et une petite satisfaction personnelle pulsa dans sa tête, alors qu’il sentait l’étau de refermer sur son ex-mentor. Le gamin était presque dans sa poche. Les représailles approchent, Stepan. Le Rouge sourit devant les yeux un peu plus écarquillés de l’adolescent, sa posture plus ouverte, moins sur la défensive. Une pointe de moquerie resta coincée à une commissure de ses lèvres, l’haussant un peu plus et creusant une fossette sur son menton barbu par négligence. L’adolescent semblait en avoir plein la vue de son paternel. Lui aussi avait admiré Stepan. C’était le seul à l’avoir aidé, à avoir ramassé sans se poser de question une ombre traînant là où on la laissait passer. Le vieux colporteur de la V.A.R avait été comme un père, qui avait peut-être même passé un baume sur les plaies encore béantes laissées par Akilina. Et perdu comme il l’était à l’époque, Airat se rendait compte qu’il aurait pu lui céder bien plus. Rien que pour voir son expression se décomposer, le rouge hésita à révéler au môme que son père c’était occupé d’un autre gosse alors que lui pourrissait ici, gosse qu’il avait abandonné face à une bande de nosalis quand sa chance avait tourné. Ne grilles pas toutes tes cartouches de suite. Tu auras largement le temps de le monter contre son père.
« Oui, d’il y a longtemps. »
Glissa le Rouge d’une voix faible et grave, penchant la tête sur le côté d’un air lasse pour observer le visage du gamin. Impossible de dire s’il ressemblait à son père. La saleté cachait la plus-part de ses traits, et à l’époque où il avait connu Stepan, le colporteur portait une barbe hirsute lui dévorant la mâchoire et une bonne partie des joues. Encore une fois, son malaise revint face à la crasse investissant la peau du gosse. Trop de souvenirs. De ceux avant que Stepan ne le récupère. Il avait l’impression de se voir.
Le flot de question de l’adolescent le réveilla, lui faisant écarquiller des yeux horrifiés. Airat n’avait pas prévu de devenir l’intermédiaire de l’engouement du mioche pour son père. Etait-ce plaisant, clairement pas. Il jouait avec le feu, et la partie commençait à peine.
« He ho, du calme ! »
Souffla-t-il avec un rire presque sincère. Le rouge avait oublié que parfois, la présence des enfants étaient moins pesantes que celles des adultes. Lui qui s’était élancé dans des chemins tortueux, avec un parangon de naïveté -pas encore gangrené- comme celui-là, il aurait presque pu oublier un instant de se torturer l’esprit. Le colporteur ferma un instant les yeux avant de reprendre d’une voix faussement nostalgique.
« On a bossé ensemble il y a des années. »
Il adressa au gosse un sourire entendu.
« Et j’aimerais lui renvoyer l’ascenseur, pour quelque chose qu’il a fait pour moi. »
Et quel ascenseur. Airat glissa à l’adolescent un clin d’œil, maudissant les mauvaises influences d’Alexandre sur lui. Ksatriyas mâle-alpha de merde. Mais tout était bon à prendre pour sa collection de masques. Même les habitudes du lieutenant –qui à lui seul irradiait plus que la surface- pouvaient lui être utiles. Et il présentait le mioche plus réceptif devant un type du tempérament de Prokhorenko que du sien. Il n’y avait que quelques fous coriaces –Klara, Alexandre- pour s’enticher d’un personnage comme lui.
« Stepan… »
Le reste de la phrase resta bloqué dans sa gorge. Le nom du colporteur lui râpait la gorge, presque aussi douloureusement que celui de Dimitri. Dans un registre bien différent.
« … Ne m’avait pas dit qu’il avait un fils. »
Non, il ne lui avait pas dit. Et alors qu’il l’annonçait, le Rouge voyait se tracer dans sa tête une excuse à l’abandon de son mentor. Pour son fils. Pour ne pas ajouter au poids du métro un nouvel orphelin. Airat contracta sa mâchoire, s’obligeant à continue :
« Tu t’appelles… ? »
Demanda-t-il, sa voix comme le grincement agressif d’une porte qu’on ferme au nez de quelqu’un. D’un coup, sa douleur lui semblait excusable. C’était comme si Stepan, d’un recoin du métro, lui montrait la vérité, lui intimait d’arrêter sa vendetta. Il lui était interdit d’en appeler à la moindre injustice, puisque Stepan avait agit pour le bien de son garçon. Airat se crispa, sentant la tension remonter ses épaules décharnées. Un regard noir lui échappa, venant fusiller le môme pendant une fraction de seconde avant de disparaître derrière des yeux fatigués.[/b] |
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Sam 15 Déc - 17:23 Saveli sentit la joie déborder dans son cœur. Le simple passant qui l'avait sauvé par le plus grand des hasards était depuis longtemps une connaissance de son père ! Et il avait bossé avec lui ! Enfin le petit éleveur de rats pénétrait le monde mystérieux de son paternel en éternelle vadrouille. C'était un truc qui l'avait fait rêver, dans ses solitudes de la champignonnière : que son père le croise, lui Saveli, en compagnie d'illustres marchands de la Hanse, amis de lui, Saveli négociant avec eux comme un roi du pétrole. Saveli très à l'aise, riche et respecté à l'insu de son géniteur. Stepan époustouflé. Le garçon s'était fait tout un film sur ce scénario improbable. Et voilà que la réalité se courbait vers cette impensable probabilité !
Saveli continuait à regarder son vis-à-vis avec le même petit sourire en coin que lui, mais en moins crispé. Pourtant il y avait quelque chose dans l'attitude de l'étranger qui aurait dû inspirer de la méfiance au jeune garçon. Sa façon de le scruter, la forme cassée de ses sourires, le ton de sa voix tantôt léger, tantôt douloureux ... la crispation de ses épaules et l'ombre qui passait dans ses yeux ... Ces petites attitudes auraient dû l'alerter. Mais l'allégresse et la chance étaient trop rares pour ne pas s'y abandonner. Il remisa donc ces vagues impressions.
En revanche il fut plus désagréablement atteint par la dernière remarque de l'homme. C'était bien peu valorisant d'apprendre que son père n'avait jamais parlé de lui. Il sentit sa gorge se nouer un bref instant.
Il inspira d'un air songeur, regardant l'homme par en dessous. Il se sentait blessé mais en même temps se reprocha ce sentiment qui gâtait sa joie. Les poings dans les poches, le ton hautain, il se fit aussitôt l'avocat de Stepan.
"Je m'appelle Saveli. Bien sûr qu'il t'a pas dit qu'il m'avait, c'est un pro mon père. Quand il parle affaires il parle pas d'autre chose."
Tout en faisant ainsi la leçon à l'étranger qui n'avait pas daigné dire son nom, il fit ses calculs mentaux. Il avait ferré un beau poisson, il s'agissait d'en tirer le meilleur parti. Il passa d'un pied sur l'autre, guettant toujours les alentours. Il poursuivit à voix basse, d'un air conspirateur.
"Donc si je résume, t'as une dette envers mon père ? Tu voudrais la rembourser ? Je peux p'têtre t'aider ... si tu m'aides."
Il laissa planer un instant de suspense en retenant lui-même son souffle. C'était un peu osé mais sa situation lui autorisait toutes les folies. Il tremblait rien qu'en imaginant l'épouvantable raclée qu'il allait recevoir dès que ses compatriotes remettraient la main sur lui. Il osa donc.
"Tu m'aides à me casser de ce trou et en échange je t'aiderai avec mon père. Il m'écoutera et il effacera ta dette."
Son cœur battait fort, la salive lui manquait et déjà des démangeaisons dans le cou lui indiquaient un manque intrinsèque de confiance en lui concernant ce plan. La fuite en avant, avec ce type étrange, pourquoi pas ? En cet instant, cette dangereuse extravagance lui semblait infiniment préférable à la continuation de sa morne existence de cultivateur méprisé. |
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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Dim 16 Déc - 16:00 Le Rouge sentit un sourire en coin étirer ses lèvres devant la mine du gamin se décomposant. Il n'avait pas envisagé que l'adolescent ce vexe, s'attendant plutôt à un recroquevillement sur soi. Mais il fallait croire que le garçon était plus solide et combatif qu'à l'apparence. Airat laissa un rire silencieux secouer ses épaules, penchant la tête sur le côté avec un masque entre l'attendrissement et la condescendance. Il fallait quadriller le terrain de suite, teste les limites, les cordes sensibles, les faiblesses. Établir les interdits rapidement, mettre des barrières et des panneaux. Il avait quelques heures à peine pour pour établir une relation sécurisé avec l'adolescent s'il voulait s'assurer d'avoir la peau du père.
« Désolé de te dire ça, mais on était plus que collègue. »
Son sourire s’effaça lentement, en même temps que son regard tombait dans le vide. Il n'aurait pas du tirer autant de satisfaction à dire qu'il était proche, très proche de Stepan. Tout comme il n'y aurait pas du y avoir se besoin de remettre Saveli à sa place. Les bons souvenirs du vieux colporteur pourrissaient encore sa mémoire, biaisant son jugement. Il n'avait pas réussit à tous les séparer de leur affecte, à en faire des armes contre Stepan. Le travail avait mal été fait, il restait des détritus dans les coin. Et maintenant, il prenait conscience du danger que pourrait avoir sa mémoire, le jour où il se retrouverait enfin de son ex-mentor. Le Rouge ferma à nouveau les yeux, avec l'impression de sable sous ses paupières. Il venait de se prendre un sacré retour de flamme, lui qui se pensait aussi analyste et maîtrisé de sa mère.
« En faîte on a voyagé ensemble pendant plusieurs années. »
Lâcha-t-il d'une voix enrouée, tournant la tête pour observer les allées et venus de la population sur les quais. Découvrir que Stepan n'était pa qu'une ruine dans son esprit le laissait déboussoler. Alors qu'il ravivait le souvenir de Dima chaque jours, fermant les yeux pendant des minutes pour se rappeler du moindre détaille du militaire, et voyait pourtant sa mémoire s'altérer désespérément, ses dernières semaines plus vites encore, Stepan était toujours « opérationnel ».
Airat soupira, reposant sur le garçon un regard plus vivant. Il le toisa un instant, tentant d'évaluer l'état de son corps, ses capacités à le suivre et à survivre. La malédiction avait laissé des traces, et il n'avait pas encore reprit son rythme effréné, comme une fuite en avant. Saveli aurait le temps de s'habituer.
« Ok. »
Lâcha-t-il sèchement. Il avorta net tout enthousiasme chez le gosse en sortant une main de sa poche, la levant devant lui, à hauteur de sa tête.
« Seulement ! De un, je ne suis pas adoré dans le métro, alors si tu tiens tant que ça à abandonner ton bled, sache qu'avec moi tu risques de finir persona non grata à pas mal d'endroit. De deux, si le but finale, c'est de te barrer à Polis comme la moitié du métro, sache que je m'approche pas de ce nid de blattes, sous aucun prétexte. »
Pas même les fesses de Prokhorenko. Là dessus il voulait être claire. La Rijskaya était peut-être dans un sale état, et Saveli était peut-être habitué à la vie dure, mais voyager dans le métro était une autre paire de manches. Entre les mutants des tunnels, les tensions politiques d'une faction à l'autre, et leur congénères rarement bienveillants, il fallait des nerfs en acier trempée. Ou avoir complètement pété une durite. Il inspira profondément, redoutant un peu la réaction du garçon en face de lui. La V.A.R et la Hanse avait des relations plus que cordiales, puisqu’étant voisines. Et Airat avait toujours redouté de voir la propagande anti-communiste se propager jusqu'ici. Il ne défendait pas les idées arrières et naïves de la LR, mais il n'avait pas non plus envie de se faire tuer pour avoir marché sous le mauvais étendard.
« De trois, tu sera prié de garder ça pour toi et ne pas aller le répéter dans toutes les tentes de la V.A.R, mais... »
Il baissa naturellement la voix, sentant les muscles de ses épaules et sa gorge se tendre.
« Je suis de la LR. Donc pas franchement adulé à la Hanse. »
Airat planta son regard dans celui de Saveli, essayant d'y discerner la moindre intention d'abandonner. Ce n'était pas son but, mais il préférait laisser le gosse là et repasser à la V.A.R. De temps en temps jusqu'à avoir l'emplacement précis de Stepan. Plutôt que de trimbaler dans les tunnels son seul espoir de mettre la main sur le colporteur, et de voir cet espoir crever par un mutant.
« Toujours partant ? »
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Mar 18 Déc - 21:10 Les précisions qu'apporta brièvement l'étranger sur sa longue relation avec son père eurent de quoi dépiter Saveli. Mais son optimisme resta le plus fort et il se garda de répliquer cette fois. Il haussa les épaules, d'un air faussement blasé.
Il ne savait pas comment interpréter l'amusement que son vis-à-vis semblait témoigner à son égard. Ensuite l'homme parut vraiment sincère concernant son compagnonnage avec Stepan. Au-delà de la déception égoïste d'apprendre que son père n'avait rien raconté sur son existence, Saveli ressentit plutôt un attachement renforcé pour son mystérieux interlocuteur. Un type qui finalement avait peut-être connu davantage son père que lui-même ? Il l'observa avec de grands yeux curieux.
Il venait aussi de lui venir à l'esprit une réponse toute simple à cette énigme. Stepan n'avait pas parlé de lui car il cherchait à le protéger, le mettre en dehors de ses affaires. Après tout, c'était cohérent avec le fait que Stepan n'avait jamais parlé non plus de ses amis à sa famille. Cette réflexion le rassérena pour le moment. Il se frotta doucement les mains en attendant avec angoisse la réponse que l'homme apporterait à sa proposition. Aussi quand le "Ok" tomba, un large sourire se dessina effectivement sur son visage crasseux et il faillit s'écrier de joie.
Mais le geste de l'étranger l'arrêta tout net. Saveli se calma et écouta ses trois conditions avec un cœur plus léger. Il hocha la tête à l'énoncé de la première. Il ne comprenait pas l'expression "persona non grata" mais il crut saisir le sens global de l'idée. Et cette idée ne le dérangeait nullement, elle apportait même une touche particulièrement romanesque. Être parmi les parias et les réprouvés, c'était exactement la vie de Saveli. Mais cette fois ce serait aux côtés d'un super aventurier ami de son père et ça c'était trop cool, même s'ils devaient se planquer dans chaque station et filer doux.
La deuxième condition le laissa perplexe. Polis ? Cela faisait depuis trop récemment qu'il s'intéressait à la vie extérieure à la station pour reconnaître ce mot. Il pouvait juste deviner, aux paroles de l'homme, que c'était un lieu, et un lieu peu fréquentable.
L'étranger sembla peser ses mots sur la troisième condition. Saveli intrigué dressa l'oreille et se pencha davantage vers l'homme. Ce qu'il entendit ensuite le stupéfia. Son cerveau trébucha sur le mot "adulé" mais l’acronyme LR fit tilt. Celui-ci, il le connaissait, c'était une autre façon de parler des Stations Rouges. Saveli ne put dissimuler le ravissement qui se peignit sur son visage.
"T'inquiète, Polis j'en ai rien à foutre." Dit-il avec assurance sans se départir d'un sourire épanoui. Toute trace de perplexité était effacée de son regard. Aucune sorte d'intention d'abandonner ne s'y exprima, bien au contraire.
L'homme en face de lui pouvait aussi bien être nimbé de lumière et descendre du ciel avec des grandes ailes blanches dans le dos. Saveli ne croyait pas sa chance. Non seulement ce quidam était un collègue et même ami de son père, un talentueux commerçant à n'en pas douter, mais en plus il venait des Stations Rouges !
Tout concordait. Bien sûr qu'il venait des Stations Rouges ! Il était venu au secours d'un miséreux, il avait tout de suite compris la motivation profonde de Saveli à libérer les rats, et maintenant il acceptait de l'aider à fuir son funeste destin dans cette station sordide. Et d'autres indices ne trompaient pas : comme le visiteur de jadis qui lui avait parlé de cette société communiste pacifique et généreuse, l'homme portait une barbe et ne révélait pas son prénom.
L'adolescent soupira de béatitude. Tout était clair pour lui maintenant.
"Carrément que je suis partant. C'est de la merde ici, on se croirait à Polis. En pire. Je dirai rien t'inquiète. Alors quand est-ce qu'on part ?"
Cette simple question le ramena à la réalité. Il aurait bien aimé partir sur-le-champ, mais il ne pouvait pas partir comme ça dans les tunnels dangereux du métro. Il fronça les sourcils d'un air concentré. Tout dans son esprit prenait une autre tournure.
"Faut que je retourne à ma tente chercher mon passeport, c'est dans les affaires de ma mère. J'ai besoin de quoi d'autre ? J'ai pas de lampe ni d'arme, mais je peux prendre de quoi en acheter ? Il faut quoi encore ?"
C'était grisant, de savoir qu'il allait enfin se barrer de ce trou et avec le guide idéal en plus. Tout lui paraissait tellement beau et simple. Il enchaîna.
"J'vais aller dire à Georgi Antonovitch que je m'excuse pour les rats. Que je le rembourserai. Que je vais chercher mon père qui me donnera de quoi. Ça devrait l'faire. Et pendant ce temps tu prépares tes affaires et puis on se casse ? T'es assez en forme ?"
Très impatient, Saveli joyeux voyait s'effondrer tous les obstacles que son imagination avaient bâtis. Il se souvenait juste que son bienfaiteur était peut-être malade ou fatigué. Il espérait cependant qu'il ne voudrait pas s'éterniser à la Rijskaya pour prendre du repos... |
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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Mar 25 Déc - 17:24 Le colporteur haussa un épais devant la phrase de Saveli. A moins de ne pas connaître Polis, on ne pouvait pas en « avoir rien à foutre ». La cité des Lumières était devenue le phare du métro dans la tempête apocalyptique qui brûlait aujourd'hui la terre. Même si son fonctionnement était questionné – et il était bien placé pour savoir pourquoi, pour connaître la gangrène qui rongeait ce système-, les yeux restaient braqués sur elle. Tout le monde ne pensait ou n’espérait pas y vivre. Mais le métro se lèverait tout entier pour, s'il le fallait, venir secourir son dernière rempart avant la sauvagerie. Un titre bien hypocrite... La violence y est là-bas juste et élaboré, et.... Élégante. Si on veut.
Mais Airat n'allait se plaindre du manque d’intérêt de son futur partenaire pour sa station maternelle. Il n'avait jamais aimé éluder ses origines, qui ne rassuré jamais sur sa personnalité. Un garçon étant né au paradis qui avait préféré aller visiter la crasse du métro, et même s'y terrer : un criminel en puissance ou un bannie. Dans tous les cas, quelqu'un a éviter, ne pas fréquenter. Personne ne pouvait savoir où s'arrêter l'empire de Polis sur le métro. Même si Airat avait son avis bien tranché sur la question, comme sur à peu près toutes les questions. Le tueur a gage qui l'avait trouvé au beau milieu de la LR lui avait donné un court mais efficace aperçut de ce qui l'attendait.
Aux ressenties des tensions entre factions, le Rouge avait prit l'habitude de se créer plusieurs identités. Se rappeler qui il était avec qui lui demandait une mémoire affligeante qu'il avait rôdé avec le temps. Mais tout cela était un jeu compliqué, dont il n'ignorait pas être un jour le grand perdant. S'il ne l'était pas déjà. Mentir sur sa naissance, mentir sur celle qui l'avait mis au monde, mentir sur celui qu'il avait aimé. C'était comme un bout de la vérité et de son identité partant à chaque mensonge. Cette cuirasse dressée pour le protéger était acide, et elle rongeait ses muscles. Ses origines étaient une plaie constamment rouverte.
Il darda son regard d'azote dans celui tout aussi claire de l'adolescent. Airat avait l'impression que même dans ses iris, un peu de saleté avait réussit à s'incruster. Ses ongles labourèrent sa paume.
Peut-être que le silence que lui accordait le désintérêt de Saveli pour Polis lui permettrait de légèrement cicatriser. Juste un peu, pour les prochaines fois. Peut-être que son jeu de marionnettiste sur le gosse le guérirait. Puisque son salut ne semblait l'attendre que dans les recoins les plus tordus de l'espirt humains, puisqu’on l'avait formatait ainsi. Il tenta de trouver dans les crevasses de son cerveau un morceau de compassion envers Saveli. Mais rien. Peut-être était-ce sa filiation avec Stepan, peut-être était-ce l'humanité d'Airat, qui affolée avait fuit devant les attaques. Mais ce néant émotionnel ne le chamboulait même pas. C'était une preuve comme une autre que l'esprit était le plus grand des survivants, et qu'il se contorsionnait à loisir pour préserver.
Il retient de justesse un ricanement entre ses dents serrés à la comparaison entre le Rijskaya et Polis. Le peu de patriotisme qu'il lui restait envers sa station natale continuait de lui faire regarder le reste du métro avec une point de condescendance. Mais l'adolescent n'avait par tord. Du moins son argument était logique et irréfutable. Sauf pour Airat.
Le Rouge vit Saveli revenir de sa rêverie en quelques courtes secondes. Un sourire fatigué lui échappa devant la méthodologie déjà bien enclenchée du gosse.
Il avait cette sensation grisante et libératrice de voir sa propre fuite de Polis. Les circonstances de sa fugue se tenaient à distances de son mental, et ne restait que la sensation d'infinie quand il s'était retrouvé dans les tunnels du métro. Prêt à découvrir ce qu'il n'aurait jamais vu de sa vie s'il n'avait pas était pris d'audace.
« Passeport, sac de couchage, les fringues les plus chauds et résistants que tu es. Le reste on avisera sur la route. Prends juste des cartouches. »
Dit-il en retournant la tête vers les quais, reprenant son observation de ces silhouettes fourbus prises par le courant de la station.
« Je suis pas venu seul. J'vais demander à cette personne si elle repart avec nous, et me renseigner sur les caravanes qui partent ou viennent. »
Airat tourna lentement la tête vers le gosse, le scrutant d'un regard bleu désincarné. Ses iris délavés voyageaient rapidement et en saccade sur la silhouette radis et épaissie par plusieurs couches de vêtements du gosse.
« Je n'ai pas envie de traverser les tunnels seul, et encore moins avec toi. Si t'as jamais quitté la V.A.R., c'est pas une idée lumineuse. »
Lâcha le colporteur d'une voix grésillante et lente, esquintée de fatigue. Son regard remonta sur le visage du gosse, s'ancrant à ses yeux, tentant inconsciemment de le déstabiliser.
« Enfin peut-être que tu peux me renseigner sur le sujet. Tu dois surveiller tout ça de près si tu veux revoir Stepan, non ? S'il y en a une ce soir, tu serais près à partir ? »
Il glissa une main sur son œil, sentant le creux d'une cerne encore marquée. Airat était venu ici s'enterrer pour échapper au réveille maternel. Mais peut-être qu'il était temps de faire face à la vindicte. Éliminer la menace une fois pour toute. Il avait désormais un allié pour. Les coups devaient être rendu, et il avait envie d'aller jusqu'au bout. D'être débarrasser du poids de l'inachevé.
"Pour moi ça le fera." |
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Mer 26 Déc - 11:57 Le regard froid de l'étranger et la tension qui émanait de lui ne parvinrent pas aux capteurs sensoriels de Saveli. Sur son nuage de joie, l'adolescent hocha la tête avec conviction quand l'homme égrena la liste des affaires à emporter. Puis celui-ci lui parla d'un de ses compagnons de voyage, ce qui ne put que ravir l'éleveur de rats. Mieux valait être plusieurs braves pour échapper à d'éventuelles engeances ou bandits qui pullulaient dans le métro, comme la récente attaque de la Riijskaya suite à la brèche l'avait montré. Il sourit vaguement. Saveli ne surveillait pas vraiment les allées et venues de son père, tellement rares, à la station. En revanche il lui était aisé de connaître les départs de caravanes. "Y'a plein de thé qui part pour la Hanse depuis un moment donc on va pouvoir trouver une caravane ce sera facile."Assura-t-il comme s'il était déjà un pro du commerce des tunnels. Il redressa le torse et planta les yeux sur le bout du quai. "Tu dors dans la tente des visiteurs ? On n'a qu'à s'y retrouver là-bas ce soir et si on peut partir direct on part. Bon ben salut j'ai du taf."Le pas léger, Saveli quitta l'énigmatique gaillard dont il ignorait toujours le nom. Pour ne pas attirer l'attention, et aussi par vénération pour le Rouge, il n'osa pas lui tendre la main pour sceller leur arrangement. *** Tout en se faufilant au milieu de la populace fatiguée de la Riijskaya, Saveli cogitait sur sa stratégie. Il lui paraissait vain d'esquiver Georgi Antonovitch et sa fureur légitime. Il suffisait que l'orage passe et ensuite il serait libre de ses mouvements. Il se rendit en premier lieu à la tente familiale. Comme de bien entendu il y trouva son piètre ami Igor, chargé de l'y cueillir. Saveli l'envoya au diable en lui intimant de s'occuper de ses affaires. Il songeait surtout à retrouver l'indispensable passeport. Une fois rassuré sur ce point et le précieux papier en poche, il consentit à suivre Igor. Ils se rendirent sur le lieu du crime où Georgi Antonovitch chiffrait les dégâts. L'arrivée de Saveli déclencha à nouveau sa colère. Il fallut donc subir stoïquement les insultes, réprimandes, menaces et une certaine quantité de gifles. Saveli répliqua héroïquement par quelques coups de pied avant de comprendre qu'il valait mieux faire profil bas. Il accepta toutes les conditions de son tuteur, à savoir : se débrouiller pour reconstituer l'élevage en capturant des rats dans les boyaux de la station, et effectuer les corvées les plus dégradantes pendant tout ce temps et même au delà. Et Georgi lui promit également que cette affaire n'en resterait pas là, que sa mère et même le chef de station seraient informés etc. etc. L'adolescent formula avec mauvaise grâce des excuses hypocrites et fit toutes les promesses. Mais il n'en pensait pas moins et déjà il imaginait revenir avec une armée rouge et humilier Georgi Antonovitch comme il se devrait. Il passa donc le reste de l'après-midi à récupérer dans les latrines de Riijskaya les boues nécessaires pour fabriquer de l'engrais à champignons. Ensuite, enfin, après la plus sommaire des toilettes il put rentrer et s'occuper de ses préparatifs. Il dut s'interrompre pour préparer le repas l'air de rien pour sa mère et lui. Sa mère d'ailleurs avait été informée de son comportement irresponsable et lui en fit de vifs reproches. Il lui faisait honte, disait-elle, et elle ne savait pas ce qu'elle ferait de lui. Peut-être l'envoyer chez un lointain cousin de la VDNKh pour apprendre les rigueurs de l'existence. Bref quand elle fut enfin repartie la soirée était bien avancée. Saveli se frotta les mains. Il emprunta à sa mère une besace en grosse toile au fond de laquelle il mit d'abord ses quelques maigres possessions : canif rouillé, nécessaire de couture, petites babioles rapportées par son père. Il prit aussi une gamelle et une tasse en fer blanc. Il roula ensuite en boule son sac de couchage fripé, bleu à l'origine, noir depuis longtemps, mangé par la vermine et l'humidité. Le coeur battant il refit l'inventaire. Tous ses vêtements étaient déjà sur lui. Il mit sa casquette flasque sur sa tête, il s'assura de la solidité de la sangle de la besace. Il faudrait la renforcer ... mais il n'avait pas le temps, il le ferait plus tard. Quoi d'autre ? Le passeport, bien au chaud dans sa poche intérieure de veste. Les cartouches ! Sans remord, Saveli piqua dans la réserve familiale. Après tout, une partie de cet argent était sien même s'il était payé la misère pour ses travaux ingrats. Il prit deux poignées qu'il cacha dans deux chaussettes rapiécées et nouées serrées pour ne pas que les cartouches tintent. Voilà. Il décida aussi de prendre un peu de nourriture, sous forme de viande de rat et petits champignons séchés. Il mit le tout dans un torchon. Il n'avait rien pour transporter de l'eau alors il espérait que son guide était équipé en la matière. Dans l'obscurité léthargique de la station, Saveli sortit de sa tente avec sa besace au côté, serrée contre le matelas usé de sa veste. Il n'eut aucun mal à se glisser dans les ombres omniprésentes pour rejoindre le quartier des visiteurs. Il était heureux, ivre d'impatience. Sur le chemin il aperçut des préparatifs d'un convoi. C'était sûrement l'occasion de partir dans leur sillage. Il toussota pour se signaler près de la tente du Rouge. Il ne manquerait plus qu'il dorme et ne soit pas prêt ! |
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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Sam 29 Déc - 0:11 « Ca me va. A plus, le gosse. »Airat le regarda s'éloignant d'un regard éreinté, relâchant d'un coup les muscles de son visage en expression neutre. Il n'arrivait pas à réaliser sa chance. Stepan mort à porté de main. L'information traçait son chemin dans les rouages de son cerveau, finissant par enfin l'atteindre. Il avait toujours cette honte irraisonné de tuer, maintenant peut-être plus que lui. La mission de nettoyage laissait encore sur sa langue un goût amer de défaite personnelle. Baba Yaga avait remporté le jack-pot. Mais tuer pour lui, il y arriverait. Il en était sûr. Et de toute façon les choses n'en étaient pas encore à ce stade. Il fallait avant refermer ses serres sur le colporteur de la V.A.R.. Et encore avant cela, préparer leur départ. Avec un soupire rauque, le Rouge tourna les talons, passant une main sur son visage anguleux et crevassés de cernes. *** « Salut Gavriil. -Airat. »Le colporteur laissa tomber son sac devant lui avait un grognement, fermant les yeux et roulant des épaules pour faire disparaître la tension dans les muscles de son dos et son coup. Un craquement lui fit hausser un sourcil avec une grimace avant qu'il ne rouvre les yeux, posant son regard délavé sur le chasseur de prime. Gavriil était en plein démontage et entretient d'une AK, l'arme à moitié démonté reposant sur ses genoux, dans un grand tissu. « Qu'est ce que tu veux ? »
Airait s'assit silencieusement sur une caisse à droite de l'homme, ne le quittant pas de ses yeux méfiants. Il croisa ses doigts, appuyant sur ses cuisses ses avant-bras pour observer les gestes précis et rapides de l'homme de la Hanse. Le colporteur avait prit l'habitude de sa présence avec lui pendant leur traversé de l'Anneau. Et si leurs caractères en faisaient deux personnes capables de co-habiter, sans plus, Airat appréciait particulièrement la capacité qu'avait le chasseur de prime à rarement rater sa cible. Et il aurait besoin de lui pour traverser les tunnels. Après quelques secondes de silence apaisant, Il se redressa, se raclant la gorge avant de commencer. « Je repars pour la Hanse. -Hum. »Gravriil ne releva même pas sa tête rousse de son arme, posant la pièce qu'il nettoyait pour en prendre une nouvelle. Le Rouge haussa à nouveau, ramènent ses mains sur sa nuque. « Et je voudrais que tu viennes. »
Cette fois l'homme de la Hanse réagit, relevant lentement la tête avec une légèrement expiration nasale pour poser un regard bleu et fatigué sur le colporteur. « Airat, je viens d'arriver. Et je n'ai aucune raison de retourner de retourner à la Hanse tant que... - Je pars avec un gosse. »
Le coupa le Rouge, penchant la tête sur le côté en plissant les yeux pour dévisager le chasseur. Il savait ce que qu'il était venu chercher dans ce trou paumé de la V.A.R.. Quelque chose d’infiniment précieux à ses yeux. Et il savait aussi exactement quoi dire pour retourner cet objectif contre lui et l'inciter à venir avec lui. « Il doit avoir seize ou dix-sept ans. Pas loin de ta fille non ? »
Gavriil se crispa, fronçant les sourcils alors que son regard ce faisait défensif. Un sourire mauvais étira les lèvres d'Airat, alors qu'il prenait conscience d'avoir déjà gagné. « Peut-être qu'il connaît ta fille. Il connaissait bien un type que je cherche. »
Le chasseur dodelina de la tête, reposant son regard sur les morceaux de métal d'un air résolu. « Ma fille n'est pas sociable. -Qu'est ce qui te fait dire ça ? -Elle est comme moi. »Le colporteur se repencha en avant, une flamme amusé dansant des ses iris d'azotes. Il savait Graviil bien moi sûr qu'il ne le laissait paraître. Et Il se savait capable de faire le faire céder. « Les adolescents ne courent par les tunnels Gaviil. Les amis de ta fille doivent se conter sur les doigts de ma main gauche ici. Alors tu laisse cette chance tomber ? »Un sourire étira les lèvres du Rouge quand il vit la regard de l'homme remonter sur lui une seconde. Le chasseur était en pleine négociation intérieur. Il le voyait emmener son regard de droite à gauche, crisper ses lèvres et se déconcentrer peu à peu de sa tâche. « D'acc. »
Concéda Gaviil d'un ton bourru et énervé. « De toutes façons il n'y a plus aucune trace d'elle ici. »
Et sur ces mots, il replia le tissu autour des pièces métallique de son AK, le posant sur une caisse prêt de lui avant de déployer cent quatre-vingt-sept centimètres, dardant sur Airat un regard montrant comme il était conscient d'avoir été manipulé. *** Airat tourna lentement la page, s’attendant à voir le papier craquelé céder entre ses doigts. Il était affalé sur le lit de camp de la tente-hôtel de la V.A.R., les jambes croisées, tenant au-dessus de sa tête un vieux livre retrouvé au fond de son sac. Qui lui avait tenu compagnie toute l'après-midi, en attendant le gosse. Il n'avait pas lu depuis longtemps, pourtant ses yeux avaient couru sur les mots tous aussi vite qu'à l'époque où il vivait à Polis. Et c'était presque une humiliation face à sa mère de le reconnaître, mais la lecture pour le plaisir lui avait manqué. Entre un mutant et une livraison, il n'avait que rarement le temps de se poser. Et en général ce temps se transformait en précieuse heures de sommeil, surtout depuis la malédiction. Quand il arrivait à s'endormir. Il passa mécaniquement une main sur sa mâchoire rasée dans l'après-midi, retenant un bâillement alors qu'il lui semblait s'enfoncer un peu plus dans le matelas. Un bruit étouffé sonna derrière le pan de la tente, le faisant un instant se redresser sur ses coudes et plisser les yeux. Sa main gauche s'était naturellement crispée, prête à prendre le couteau dans la manche, alors que son cerveau traitait toutes les possibilités . Et n'en gardait qu'une. Il se laissa retomber contre le matelas, referment son livre avec un soupire. « Entre. »
Lâcha-t-il d'une voix lasse roulant sur le côté et basculant ses jambes pour s'asseoir. Le colporteur rangea dans une poche latérale de son sac prêt et sanglé le livre, levant un fugace regard sur le garçon pour lui adresser un sourire crispé et forcé. Il était sous pression. A partir de maintenant il jouait un rôle. Celui de l'ami. Et il se trouvait déjà mauvaise acteur. Se retournant, le rouge attrapa son manteau posait sur le lit, l'enfilant rapidement puis hissant avec un marmonnement son sac sur son dos. Seulement à ce moment là, il se tourna vers Saveli, lui adressant un sourire irradiant que ceux qui le connaissaient savaient parfaitement calibrer pour charmer et attirer la confiance. « Salut. Bon, on voyagera jusqu'à la Hanse au moins à trois. J'ai demandé à quelqu'un qui suit le même itinéraire que nous, et qui tire assez bien pour nous éviter des crevures inutiles, de nous accompagné. »Énonça Airat en passant à côté de l'adolescent, écartant du bras le pan de la tente. Il se retourna fixant sur Saveli un regard d'un coup violemment sérieux. « Toujours partant ? » |
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Sam 29 Déc - 20:42 Saveli était content d'entendre cette voix l'appeler. Il n'avait donc pas rêvé tout cela. Il entra et revissa machinalement sa casquette grasse sur sa tête. Il regarda l'homme de long en large. Il remarqua qu'il s'était rasé, et il observa plus attentivement son visage découvert de sa capuche. C'était le visage d'un aventurier, jeune encore, mais marqué par la fatigue et les épreuves. Normal, c'était un Rouge héroïque, sûrement prêt à sacrifier sa vie pour son idéal comme son sourire crispé l'indiquait.
L'adolescent remarqua le livre, ce qui conforta aussi son opinion sur les hautes qualités intellectuelles de son guide. Il resta stationné dos contre la toile de tente, comme subjugué par les mouvements lents et agiles du Rouge pour se vêtir et charger son sac.
Puis celui-ci, en se tournant, lui adressa un regard et un sourire éclatants de bienveillance. Le coeur de Saveli chavira un instant, tellement heureux de cette marque de sincère considération. Il rentra un peu la tête dans les épaules, impressionné et vaguement troublé. Un tel accueil était si inespéré qu'il n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles. Il hocha la tête en se raccrochant aux mots de l'étranger.
"Ah super cool !" Répondit-il gaiement avant d'avoir vraiment bien compris. Un type allait donc les accompagner et leur servir de protecteur. Quelle bonne nouvelle ! Tout lui souriait donc, au propre comme au figuré.
Saveli laissa donc passer son compagnon de route et sursauta légèrement quand celui-ci l'interrogea sur un ton beaucoup plus grave. Agacé par ce qu'il perçut comme une tentative d'infantilisation, le fils de Stepan répliqua sans réserve.
"Bien sûr, à quoi tu penses ? J'ai pas changé d'avis. T'as besoin d'moi en plus, j'vais pas me défiler maintenant."
Gronda-t-il en devançant Airat vers la sortie. Il se frotta la joue, encore douloureuse de la mise au point musclée avec son tuteur, tout en regardant aux alentours. Saveli gardait le souvenir cuisant de son altercation avec Georgi Antonovitch, puis avec sa mère, et vraiment rien ne le retenait dans ce bled pourri. Ça ne faisait aucun doute.
Impatient, Saveli tenta d'imprimer un pas rapide à son voisin pour rejoindre l'entrée du tunnel qui partait vers Prospect Mira. Un convoi de thé se mettait en ordre de marche. Les papiers étaient contrôlés pour la forme. Saveli attarda son regard sur la voûte arrondie du tunnel plongé dans l'obscurité. Ses jambes étaient un peu cotonneuses, comme réticentes à faire ce que son esprit avait résolument décidé. Mais il balaya cette impression.
"C'est lui ton pote ?"
Demanda crânement Saveli en apercevant une silhouette sombre qui se dirigeait vers eux. |
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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Dim 30 Déc - 14:35 Airat serra les dents, contrôlant les muscles de sa mâchoire. L'expressivité de Saveli était terriblement communicative. Un instinct basique qui œuvrait pour que naturellement on rend sa sincérité au gamin. Le colporteur s'en méfiait déjà, et comprenait que le voyage risquait de s'annoncer plus compliqué que prévue. Il n'était pas habitué au contacte des adolescents, et n'avait pas la moindre idée de ce à quoi ressemble la génération d'après. Sa misanthropie latente lui faisait éviter un maximum ses congénères, ou du moins il ne creusait jamais trop ses relations. Elles se résumaient à des connaissances pour le travaille, des poignées de main qu'on échange sans s'en rendre compte. Rien qui pouvait le mettre en contacte avec des enfants ou des adolescents, une catégorique de petits bonshommes qu'il avait tendances à gentiment mépriser et ignorer. Il les trouvait trop immatures, trop inconsistantes. Et surtout ils détenaient jamais assez le pouvoir, même par pression émotionnel sur un proche pour que le Rouge trouve réellement un intérieure à ce soucier pour l'instant de la nouvelle génération.
Depuis sa propre adolescence, Saveli était en quelque sorte sa première reprise de contacte avec « l'âge ingrat ». Et c'était foutrement inquiétant. Il sourit légèrement au garçon, retenant un soupire amusé en le voyant qualifier de « cool » un type comme Gaviil. La pire raclure de l'humanité selon lui. Mais une raclure bien utile qui pourrait encore lui être sauver la mise.
Le colporteur fronça les yeux en entendant le plus jeune passer d'un sourire enjoué à un regard agacé. Pendant un instant, il envisagea l'utilisation de la pratique ancestrale de la baffe en cas de trop grands désaccords pendant le voyage. Voyage qu'il se retrouvait à se poser des question d'ordre pédagogique. Même si sa pédagogie à lui se résumait efficacement à « Me fais surtout pas chier ». Il soupira, énervé contre le gosse autant que par lui-même. Et sa propension à aimer les grandes gueules.
C'était un fait, s'il n'y avait pas un minimum de challenge dans ses relations, il laissait tomber. Malgré sa taille, Airat était fort et résistant, et malgré sa force, il était terriblement faible à l'intérieur. Il avait besoin de tenir tête, de surmonter des obsctacles. Et les humains, même si terriblement mortels, étaient les meilleurs adversaires possibles. Mieux qu'un simple objectif, qui lui ne changeait pas et ne s’adaptait pas. Il suffisait de voir les quelques personnes qui lui plaisant – sans qu'il ne le dise jamais- pour voir que l'idée de les terrasser tournait dans sa tête, qu'elle soit figuré ou non. Des militaires, des négatifs -ou plutôt des positifs- parfait de lui. Nina et Alex. Il redoutait sincèrement le potentiel penchant pour l'ouverture de gueule de Saveli. Certains sujet lui semblait à éviter, il commençait à saisir les quels. Mais il redoutait quand même de se mettre à défier le plus jeune, et à perdre de vue l'importance de son objectif. La mort de Stepan. Et l'engagement que montrait envers lui le plus jeune faisait aussi partie des choses qu'il raillait cordialement autant qu'il enviait. Lui était incapable de cela. Il n'arrivait pas à s'enchaîner à quelqu'un sans sentir peser sur son cœur plusieurs caisses de dynamites pures. Pourtant voir les autres lui faire milles promesses et engagement, c'était flatteur. Même venant du visage toujours aussi crasseux de Saveli. Pas aussi lascif qu'Alex, mais flatteurs...
Le colporteur laissa l'adolescent prendre de l'avance, posant sur sa nuque un regard noir en se jurant de ne pas laisser passer la moindre incartade du genre une fois arriver à la Hanse. Ils atteignirent rapidement le convois, pressés, par le rythme des pas de Saveli qui semblait se sentir pousser des ailes. Airat posa instinctivement une main sur l'épaule du garçon pour ne pas le perdre dans la petite foule de marchand, cherchant des yeux la haute silhouette de Gaviil. Il tourna la tête dans la direction que lui montré l'adolescent, un sourire mauvais repeignant ses traits.
Le chasseur tourna la tête vers eux, prêt et armé, une armure légère -qui rappelait un peu trop à son goût celles de Polis à Airat- sur les épaules, et son AK dans le dos. Il s'approcha, dardant immédiatement sur Saveli un regard glacial, faisant discrètement soupirer le colporteur. Gaviil n'était déjà pas avenant entre les cicatrices courant sur son visage, le moignon de sa main gauche et son bardas militaire. Mais si en plus il tirait cette gueule à Saveli.
« Il fait le chien méchant mais c'est rien. Fais pas attention. »
Glissa-t-il à l'oreille du plus jeune, lâchant son épaule pour aller au devant du chasseur.
« Salut poils de carottes. -La ferme l'Homo Sapiens. »
Les épaules du colporteur se secouèrent sous un rire silencieux, devant la référence à une plaisanterie qu'il avait lancé alors que Gaviil en avait appris un peu trop sur lui. « Je suis un homo certes, un Homo Sapiens ». Il se retourna désignant Saveli puis le tueur d'un rapide geste de main.
« Saveli, Gaviil. Gaviil, Saveli. »
Dit-il avec un sourire faussement enjoué, lançant un rapide regard glaçant à l'homme de la Hanse. Qui ne répondit que part un marmonnement, le regard un instant lointain, avant de se diriger vers les silhouettes vérifiant les papiers des marchands. Airat soupira, ce tournant vers Saveli avec un sourire navré.
« Bon. Voilà le personnage. On ferait mieux de le suivre. »
Airat s'approcha d'une femme aux traits anguleux et cheveux blond, lui tendant un passe-port le présentant comme un marchand de la Hanse aux idéologie aussi neutre que possibles. Elle tourna les pages plastifiés de ses doigts osseux, finissant par adresser un sourire bienveillant au colporteur. Le Rouge lui rendit son sourire, se préparant déjà à traverser les tunnels.
« T'es pas un peu jeune toi ? Tu comptes aller où ? »
Airat sentit un courant traverser son dos. Il s'éloigna de la femme, slalomant entre les silhouettes pour prendre de la distance avec Saveli est pouvoir observer la situation à couvert, les sourcils froncés. |
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Sam 5 Jan - 17:46 Saveli se sentait tout à fait en confiance, la main de son tuteur posée sur son épaule. Quand il aperçut le colosse roux plus en détails il fut tout d'abord vivement impressionné. Mais sa confiance aveugle en son nouveau guide lui assura une sérénité parfaite face à cette figure de bandit sanguinaire.
Il regarda fixement les deux hommes qui discutaient. Leurs carrures étaient bien différentes mais c'était forcément ça, le communisme dont on lui avait parlé. Tout le monde s'entre-aidait et fraternisait, quel que soit le physique, l'origine et même les affinités. Quand son bienfaiteur se tourna vers lui pour faire les présentations, Saveli se sentit fier et heureux. Il occulta la réaction froide et indifférente de Gavriil et imprima un hochement de tête convaincu. Il ne comprit pas tout de suite pourquoi son guide semblait si navré par ce comportement du grand balafré.
Il obtempéra et suivit le mouvement.
Ses deux accompagnateurs passèrent sans encombre le contrôle des passeports, pendant que Saveli reprenait son document d'identité en main. Il n'avait jamais vraiment lu ce document. Il jeta un regard méfiant à la préposée. Une intuition lui fit regretter que ce soit une femme. Celle-ci commença par lui adresser deux questions. La première électrisa le jeune homme, qui haïssait qu'on le prenne trop ouvertement pour un gamin. Son sang ne fit qu'un tour. Il serra les poings et rétorqua vertement.
"J'ai plus de seize ans donc je vais où j'veux quand j'veux."
La femme au visage anguleux fronça les sourcils en lisant de plus près le passeport. Elle n'avait pas eu l'air d'écouter la réponse impertinente de Saveli.
"Voronov ? Tu dois être le fils de Natalia Anatolievna ? ... Elle sait que tu quittes la station ?"
Il enrageait. Fallait-il qu'il tombe sur une de ces bonnes femmes que sa mère devait fréquenter à longueur de journée, à force de vouloir se rendre indispensable ! Il serra les mâchoires puis s'apprêta à répondre sur le même mode agressif que précédemment, mais la grosse voix rauque de Gavriil interrompit soudain la discussion.
"Bien sûr, Natacha envoie cet insolent quelques jours à Prospect Mira. Avec moi. Il a besoin d'être repris en main."
La femme fit un pas de côté, surprise par cette intrusion. Elle regarda à nouveau le colosse qui était passé quelques secondes auparavant, équipé d'armes. Saveli en resta muet de stupéfaction. Il lui avait totalement échappé que le balafré était resté dans les parages et aussi que son autre guide avait disparu. La femme leva les yeux au ciel.
"... Il paraît oui. Alors bonne chance. Et à bientôt."
Elle tendit le passeport de Saveli à Gavrill. Celui-ci attrapa l'adolescent par l'épaule et le projeta vers l'avant sans ménagement. Il le gratifia d'une claque à l'arrière du crâne qui déplût fortement au jeune homme. Saveli voulut répliquer par des paroles bien senties mais la carrure implacable du mastodonte et le rôle qu'il devait jouer dans leur traversée du tunnel le refroidit. Il se contenta de grommeler indistinctement et de chercher son accompagnateur principal des yeux. |
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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Sam 12 Jan - 22:08 Un sourire mauvais s’allongea sur les lèvres d’Airat, bombant ses pommettes osseuses et carrés. Voir la grande silhouette de Gaviil se plier en quatre pour un môme, dans l’espoir chimérique de revoir une fille dont il avait perdu la trace une demi-décennie plutôt était à le tordre de rire. Lui qui était habitué au caractère obscur et antipathique du chasseur se régalait de ses efforts pour établir un contact avec Saveli. Au passage, tout cela arrangé bien ses affaires : si la peau du petit éleveur de rat se retrouvait menacée, il était sûr que Gaviil poindrait à la rescousse, maintenant que l’idée du garçon connaissant sa fille avait germé dans le terreau de son crâne balafré. Le Rouge retient un ricanement entre ses dents devant la calotte qu’expédia le chasseur à Saveli. Nos idées se rejoignent pour une fois, Gaviil.
Il s’enfonça un peu plus dans la foule, les conversations assaillant ses oreilles alors qu’il laissait le duo prendre de l’avance. Le Rouge se glissa derrière eux, surprenant l’adolescent en passant son bras droit, dynamique et envahissant, autour de ses épaules. Son pouce et ses quatre autres doigts formèrent une pince souple, qu’il referma sur l’épaule de son morveux attitré.
«Qu’est-ce que vous foutiez ?Y’a eu un problème avec ton passeport, Saveli ? »
Questionna-t-il sans agressivité ou tension, simplement un ton plus vivant et optimiste que son habituelle voix cassée et monocorde, qui parfois tenait presque du feulement continu. Il ramena inconsciemment le gamin contre lui, lançant un regard suspicieux –un haussement de son sourcil droit et des iris à la fois méprisantes et méfiantes- à Gaviil. Le chasseur lui répondit sans arrêter sa marche, par un regard en biais froid et imperméable, ses cicatrices obscurcissant le tableau. Une mauvaise impression crispa les épaules et le cou du Rouge, les rouages de son cou saillir un instant son la tension. Ses doigts se resserrèrent un peu plus sur l’étoffe abîmée de la veste du garçon, comme des serres autour de sa proie. Sa prise, son butin, sa vengeance. Saveli était le petit asticot qui lui permettait que pêcher le gros poisson. Il n’avait pas pensé que Gaviil serait tenté de lui raquer le môme s’il venait à avoir la confirmation que Saveli connaissait sa fille. Mais cette possibilité se dessinait maintenant à son esprit. Sa main amputée, un handicap déterminant pour le mercenaire qu’il était, finissait par tourner à l’avantage pour Gaviil. Airat en était la preuve, l’ayant trop facilement sous-estimé. Il pinça ses lèvres, fermant les yeux un instant, le sombre faussé de ses cernes s’accentuant. Le chasseur aurait l’avantage politique du terrain une fois arrivée à Prospect Mira. Si un différent survenait quant au responsable –parfaitement illégal- de l’adolescent, il ne doutait pas que les autorités de la Hanse se feraient une joie d’évincer d’office le bolchevik de l’affaire. Tout comme l’inverse aurait été fait s’ils avaient déjà été sur le territoire de la Ligne Rouge. L’heure de la séparation semblait être pour bientôt.
Airat tourna d’un coup la tête vers Saveli, les yeux légèrement écarquillés, un début de sourire amusé pointant sur ses lèvres asymétriques. Il eu un infime et incontrôlé mouvement de recule en se rendant compte de la proximité du gosse, son expression assurée il y avait une fraction de seconde s’ébranchant pour en montrée une autre, plus hésitante et maladroite. Les contactes physiques étaient un excellent moyen de tisser un lien de confiance entre deux personnes. Il avait toujours vu sa mère poser ses doigts sur l’épaule ou la main –quand, pour des personnes comme Prokhorenko, elle devait être trop petite- de ses interlocuteurs. Autant pour les rassurer qu’asseoir sur eux une domination qu’on ne soupçonnerait pas chez ce minuscule bout de femme aux cheveux décolorés par le temps. Et à l’intelligence intacte. Lui n’était pas un tactile de nature. Petit, la moindre intrusion dans son espace personnel était comme une agression. Il n'y avait repondu que par un repli sur lui-même où une peur des gens autour de lui, mais par une agressivité dont les enfants de son âge avaient fait les frais pendant des années. Il avait cette impression que son corps était une forteresse. Dont tout l'artillerie était tournée vers l’extérieure, pour l'en protéger, et le défendre face moquerie de l'asymétrie de ses murailles, aux tentatives de sa mère de toujours lui faire bâtir des tours et des arches plus grandes. Il n'avait commencé à remédier à cela que quand il avait juger profondément abruti de mourir sans jamais avoir posé la main – et pourquoi pas les deux- sur Dmitri Volkonski. Ou peut-être parce que ses hormones et ses désirs à l'époque encore profondément et honteusement refoulés avaient finit par avoir raison de sa conscience. Depuis Airat avait réussit à rationaliser ses interaction physique. Comme tous le reste, il avait appris au contact et à l'exemple de sa mère à s'hyper-contrôler, jusque dans le moindre des muscles. Aujourd'hui il ne redoutait plus les contactes, saufs avec quelques rares personnes qui déclenchaient des brasiers dans ses entrailles et le poussés à toujours prendre plus de risques inconsidérés. Il avait toujours une préférence pour des joutes verbales frénétiques, mais son cerveau revenait parfois volontiers -et quand le contexte le permettait- à quelque chose qu'il considérait comme plus primaire. Et nécessaire, par le cocktail d'hormone délivré. Une dose d'endorphine ne faisait jamais de mal.
Il tenta de deviner la tension dans les épaules de Saveli, essayant de trouver peut-être une ressemblance entre le môme et l'adolescent qu'il était lui-même il y a dix ans. La même peur défensive Mais sous les épaisseurs multiples des vêtements il ne distinguait rien, pas même la maigreur rachitique du gosse. Airat sentit l'agacement démanger les parois de son crâne alors qu'il gardait la tête tournée devant lui, et épier le moindre frémissement musculaire sur le visage couvert de crasses de Saveli du coin de ses yeux bleus, au blanc marbrés de vaisseaux éclatés. Toi, arrivé à la Hanse, t’échappera pas à un récurage à la brosse métallique.
« Au faite ! Airat Ivanovitch.»
Il tendit une main à Saveli, ayant un moment de latence avant de calculer avec une grimace. Sa main gauche, celle amputée de doigts. Il n’avait jamais pensé à en cacher les moignons, indifférent au dégoût général que pouvaient provoquer les difformités d’un corps. Pour la première fois, il lui vient sérieusement à l’esprit de cacher ses cicatrices sous une mitaine. Comme l’armurière qu’il avait croisée ici-même lors du blocus. Mais cette notion, celle de cacher et dissimuler ce qui dérangeait et devait lui faire honte, le révulsait. Pour ce qui était des secrets, il avait fait sa part. Il pencha légèrement la tête sur le côté, esquissant un sourire mi-amusé mi-désolé.
« Bon, il manque des morceaux… »
Airat remonta à ses lèvres sa main, effleurant du pouce la cicatrice barrant la supérieure. Son regard faiblis, un instant lointain et nostalgique alors que les souvenirs de cette petite balafre lui revenait.
« … Et il y a des ébréchures. Mais le produit est garantis encore saint d’esprit, et capable de traverser un tunnel. » |
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Dim 13 Jan - 14:35 Saveli commençait à s'inquiéter de l'absence de son bienfaiteur. Il cherchait sa silhouette des yeux parmi toutes les personnes présentes, sans avoir l'air trop paniqué non plus. La présence du colosse roux l'intimidait fortement. Il eut donc un sursaut de surprise nerveuse quand un bras enlaça ses épaules.
Les paroles provenant de derrière confirmèrent qu'il s'agissait de son nouvel ami et il se détendit. Sans toutefois comprendre comment le gaillard avait pu se trouver devant puis finalement derrière le duo.
"Heu ..." Balbutia-t-il d'abord à la question sur son passeport. Saveli était tout troublé de la familiarité du Rouge. C'était tellement inattendu et en même temps tellement réconfortant par rapport à son état d'angoisse précédent qu'il se laissa manipuler sans l'ombre d'une résistance. La cordialité qu'il crut percevoir dans la voix de son protecteur acheva de le tranquiliser.
"Non, aucun problème ... enfin ... ton pote m'a donné un coup de main ... ça a été plus vite ..."
Répondit-il en coulant un regard craintif vers la grande brute, sans se rendre compte de la pertinence de l'expression "coup de main". Instinctivement il accompagna le mouvement du Rouge en se rapprochant de lui, comme si ça pouvait l'éloigner de Gaviil. Puis une seconde après, subitement gêné, il se remit à sa place. Il perçut le resserrement de la main de son voisin sur son épaule mais fut bien en peine d'interpréter ce geste possessif. Globalement il était content d'une telle marque d'attachement et redressa le buste. Il aurait été vexé que le Rouge ait prodigué cet enlacement amical à Gaviil et se soit mis à papoter avec le colosse comme si lui n'existait pas.
Quand l'homme braqua son regard sur lui, et se détacha très légèrement en affichant une expression étrange, Saveli sentit un frisson lui parcourir toute la colonne vertébrale. Il se figea un très bref instant, rentra un peu la tête dans les épaules et lui renvoya un sourire timide, gêné, mais sincère. Il ne connaissait pas cet homme et ne savait pas comment leur coopération finirait, mais il voulait gagner sa confiance et si possible sa complicité. Même si un tic nerveux le fit cligner des yeux, et si ses oreilles chauffèrent très légèrement, il tâcha de renvoyer à son vis-à-vis la même chaleur humaine (croyait-il). Son visage s'illumina d'ailleurs sans effort quand son voisin charmant (les yeux de Saveli venaient de se balader quelque peu sur son visage) se présenta et lui tendit la main.
Son sourire se transforma toutefois en surprise muette quand il vit la main mutilée du dénommé Airat. Il n'osa d'abord rien dire mais ne put réprimer un mouvement d'hésitation à la serrer. Et il colla ses yeux dessus parce que c'était spécial. Saveli avait déjà vu de méchantes blessures et des mutilations, mais jamais d'aussi près. Cela ajoutait immanquablement au statut de héros de son ami Rouge. Après ses explications, Saveli le rassura en serrant malgré tout cette main diminuée, d'une poigne qu'il tenta de rendre vigoureuse.
"Bah ça m'dérange pas. C'est normal mais tu t'es fait ça comment ? Dans les tunnels ?"
Il décida de ne pas inclure le grand guerrier dans la conversation, c'était bien fait pour lui. Saveli marcha avec plus d'assurance. Il fallait suivre le pas énergique des deux autres. Les traverses défilaient sous leurs pieds et autour d'eux les discussions se faisaient à voix basse. |
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PasseportAge :: 27 ansPatronyme :: IvanovitchSurnom :: Rat | Sam 26 Jan - 10:26 Peu à peu, Airat relâcha la pression impérieuse de son bras autour des épaules de Saveli. Il avait eu une réponse incomplète mais relativement satisfaisante à sa question muette. Et maintenant ses neurones traitaient à pleine vitesse l’information, l’obligeant à aller chercher dans le double-fond de sa mémoire des images et des sensations qu’il aurait aimé oublier.
Saveli lui semblait peut-être moins violent dans ses réactions, et aussi moins combatif. Là où lui se serrait dégager d'un mouvement d'épaule brusque en fusillant à tout va de son regard d'azote, le garçon se contentait de se recroquevillait sagement, attendant la fin de la tempête. Le Rouge sentit à nouveau l'agacement chatouille les crevasses de son cerveau. La passivité obéïssante de l'adolescent le dérangeait. Il n'avait pas été comme cela, lui. Au vu de son passif, et de la fin digne d'une tragédie Grecque de son adolescence, peut-être n'était-il pas un exemple à prendre. Mais il aurait aimé un peu plus de combativité, plus de cran de la part de Saveli. En peu de temps, le garçon de la V.A.R lui avait vendu un tableau plus prometteur que celui d'un mioche facilement servile. L'épisode du contrôle d'identité et du sauvetage in-extrémiste de Gaviil avaient peut-être refroidis ses ardeurs. Airat l'espérait. Il ne se voyait pas voyager avec un compagnon aussi fade que le gamin timide qu'il tenait encore par les épaules.
Airat fixa quelques secondes leur poignée de mains, analysant de ses yeux plissés le travail des muscles dans les doigts de Saveli. Il sentait son cerveau grimper peu à peu les échelons de la colère sans qu’il n’y trouve de raison valable, ou du moins acceptable. Le Rouge stoppa la tension qui se diffusait entre eux en détournant subitement le regard, l’ancrant un instant sur la paroi du tunnel à l’opposé de Saveli. Il tira sèchement sur sa main pour la ramener en sécurité dans les grandes poches de son manteau, serrant le poing avec un frisson de colère qui parcouru son avant-bras, crispa ses muscles et y fit saillir une veine, invisible sous l’épaisseur du tissu. Il devinait parfaitement que le gamin avait pris sur lui pour serrer sa main, qu’il avait joué les fières à bras. L’idée l’énervait et lui faisait grincer des dents. Il aurait voulu pouvoir l’insulter, le bousculer un peu. Qu’il stoppe cette comédie forcée d’homme conciliant et bienveillant ne bronchant à rien, ce masque d’adulte –Tu peux encore être un enfant Saveli, tu devrais être un enfant-, qui sous ses airs, avait réussit à l’atteindre.
Le Rouge baissa légèrement la tête pour fixer les traverses d’un œil mauvais, fronçant les sourcils et refroidissant lentement les circuits de sa conscience, jusqu’à se calmer. Il était déçu de lui-même, de la facilité avec laquelle il s’était laissé atteindre par le fils à travers la blessure du père. Airat corrigea rapidement son regard, le rehaussant sur Saveli pour lui offrir un faible sourire fatigué.
« Un voyage prêt de la Paveletskaya qui a… Mal tourné pour moi. Un peu mieux pour la bande de Nosalis qui ont eu deux doigts et quelques bouts d’épaule à bouffer. »
Ironisa-il en s’écartant lentement du garçon, espérant narcissiquement le sentir à nouveau suivre le mouvement de côté de son corps. Le vent froid des tunnels glissa sur ses côtes s’étant retrouvées contre celles de Saveli, déclenchant le long de son flanc un frisson. Quelque chose souffla en lui, et avant de le sentir, dans un éclair de connerie ou de génie, il ajouta d’un ton sec :
« C’était un peu après que j’ai arrêté de bosser avec ton père. »
Le Rouge pinça lentement ses lèvres, évitant le regard de l’adolescent. Il n’avait pas conscience de ce qu’il jouait : dans ses mensonges et ses mascarades, il était entièrement avalé par son illusion. Airat n’était plus lui, mais pas non plus le rôle que le Destin et les aléas de son existence avaient finit par lui faire incarner. Dans son esprit chaotique et tempétueux de menteur et manipulateur émérite, régnait un froid arctique qui paralysait la moindre trace d’affecte.
« Parfois je me demande comment il aurait réagit s’il avait été là… »
Souffla-t-il, poussant le vice un peu plus loin. Lui-même finissait par s’étonner des penchants retords de son esprit. Il n’était pas obligé d'ainsi user du père de Saveli, pas obligé de se montrer aussi traître envers un gosse qui n’était qu’un moyen et non une finalité. Airait n’était pas un saint. Il se fichait éperdument des dommages collatéraux de ses actes, à quelques rares exceptions, en témoignait sa présence à la V.A.R. Mais il n’était pas sadique. Pas au point de s’en prendre à quelqu’un de momentanément inoffensif comme Saveli. Ses proies habituelles, il les connaissait depuis longtemps –Nina-, ou trouvait en elles une résonance étonnante avec lui-même être, un étrange jeu de miroir –Alex.
Pourtant chez Saveli il n'y avait rien pour éveiller son intérêt. Rien de propre au garçon. Tout passait par le lien sanguin qu'il avait avec Stepan. |
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Eleveur de rats - Cultivateur de champignons PasseportAge :: 16 ansPatronyme :: StepanovitchSurnom :: Valiouch | Sam 26 Jan - 16:01 Une fois encore une tension fugace mais réelle marqua les gestes du Communiste. Saveli regarda dans la même direction que lui, vers la paroi du tunnel, mais il ne vit rien qui put expliquer la nervosité apparente de son compagnon. Il en conclut que c'était sa poignée de main, qui n'avait pas été comme il fallait ? Son interlocuteur avait-il perçu que la poigne de l'éleveur de rat manquait de sincérité ? Ou bien simplement était-il complexé par sa main estropiée ? L'adolescent demeura gêné et perplexe.
Il observa Airat, pour ce qu'il pouvait voir de son visage dans l'obscurité mouvementée du tunnel. Mais il était compliqué d'interpréter les émotions qui semblaient se succéder sur les traits du Rouge. Enfin celui-ci commença à répondre. Ses propos n'éclairèrent pas beaucoup le garçon. Paveletskaya, Nosalis ... ces mots ne signifiaient rien de précis pour le jeune paysan.
Il cogitait au sens de ses paroles quand il sentit que son voisin se décalait sensiblement, créant un vide entre eux. Vu sa couche de vêtements il ne perçut pas le souffle froid du vent des tunnels. Il ne corrigea pas sa position, hésitant sur la conduite à tenir, et d'ailleurs les propos suivants qui tombèrent sèchement de la bouche d'Airat le firent sursauter.
"Tu veux dire que mon père te protégeait de ... de vos za... enfin de ces trucs horribles ?"
Demanda-t-il, regagnant l'espace qu'il avait perdu sur Airat en se rapprochant de lui. Sa voix était emprunte d'admiration. Mais le regard du Rouge le fuyait. Dramatiquement. La curiosité de Saveli était pourtant brûlée par les paroles énigmatiques de son interlocuteur. En voilà un qui avait plein de secrets à révéler sur son père ! Il s'engouffra donc dans la brèche et tira même la manche de son voisin pour bien (re)capter son attention.
"Moi je sais. Il aurait botté l'cul à ces connards, mon père c'est pas l'genre à laisser tomber ses partenaires commerciaux. Surtout ceux qui bossent avec lui depuis un lustre. C'est con que vous vous êtes séparés. Aussi il a des amis partout. Compliqué d'être avec tous."
Répondit-il avec chaleur, comme s'il y connaissait quelque chose. C'était plutôt son imagination qui déroulait le mythe. Néanmoins il y croyait sans l'ombre d'un doute. Il trancha donc facilement le dilemme d'Airat, d'un ton tout a fait assuré.
"T'aurais jamais eu ce problème si t'étais resté avec mon père. C'est clair et net. Pourquoi vous vous êtes quittés si vous étiez plus que des collègues ?"
Tout à coup, cela lui semblait louche. En même temps, il pouvait bien concevoir que la vie dans le Métro était tumultueuse, et que deux hommes même très amis n'avaient pas de raison de rester coller ensemble indéfiniment. Il avait donc hâte d'entendre la suite de l'histoire et braqua son regard clair sur son voisin mystérieux. Le gros Gavriil comptait pour du beurre, il était seulement leur garde après tout. |
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