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Amitié de circonstance [Yvan]
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Ven 1 Déc - 18:18
« J'ai pas signé pour ça, j'ai pas signé pour ça ! » maugréait Alexandra, recroquevillée derrière un tas de gravats - moellons et madriers chus du plafond constituaient un couvert très honorable dans les rames du métro.

Les tirs fusaient allègrement, faisant voler étincelles ou éclats de béton dans la pénombre que quelques timides coups de lampe faisaient parfois refluer. C'était une section abandonnée du vaste réseau naguère ferré, et s'ils s'étaient attendus à des ennuis, ceux-ci ne s'étaient pas tout à fait présentés de la façon dont les gens du V.A.R. l'avaient anticipé.
Elle comptait, par instinct plus que par méthode. Les rafales ; un, deux, trois tirs qui s'écrasaient sur son rempart de fortune. Une légère pause, un, deux, trois, quatre autres tirs. Une légère pause...

Un sourire sauvage fleurit sur ses lèvres tandis qu'elle se redressait avec la vivacité d'un serpent et ouvrait le feu. La bouche de son revolver rugit dans le noir, se dressa vers l'invisible ciel, et gronda une seconde fois. Elle se précipita de nouveau à terre, ayant distinctement perçu un cri de douleur en face.
Son Nagant était récent, manufacturé sur mesure, mais conservait le principe du modèle d'origine : un barillet qui venait s'imbriquer avec le canon, la seule arme à prévenir toute perte de gaz de la mise à feu. Il en résultait un tir plus puissant que ce qui se faisait normalement dans le métro, réduisant en bouillie une bonne part de ce qui se trouvait entre les points d'entrée et de sortie du projectile (les munitions russes n'avaient pas la politesse de s'arrêter à la première cible rencontrée).

C'était une arme d'assassin par excellence, ne laissant qu'une infime chance de survie à ses victimes. Mais en l’occurrence, dans cette fusillade, il faisait aussi montre de toute sa faiblesse.
Alexandra jura tandis qu'elle se hâtait d'ôter une à une les douilles du barillet, les oreilles bourdonnant à cause des détonations qui emplissaient le tunnel. Ce flingue avait toujours été une plaie à recharger.

*

Quatre heures plus tôt, le même jour - V.A.R.

« Je suis pas sûre de vouloir de ce boulot, en fait... »
« Tu fais la fine bouche ? »

La tueuse ne rêvait que d'une chose : faire ravaler à son interlocuteur son atroce bonnet aux fils pendouillant. Quelque chose dans la façon dont les mailles s'effilochaient et partaient en tous sens lui mettait les nerfs en pelote.

« Nan. Vas-y, donne les détails. »
« Tu rejoins les autres, tu écoutes Steiner - c'est un étranger mais il connaît son affaire, apparemment - et tu fais ce qu'on te dit. À en croire un colporteur qu'on a récupéré une petite bande bien équipée se serait faite massacrer pas loin de la station Dmitrovskaya, et il faut se bouger le cul si on veut faire main basse sur les restes avant la Hanse. »
« Ça paraît logique » admit la brune de mauvaise grâce, jouant avec la fermeture éclair d'une des poches de son manteau en cuir sombre.

Logique, oui, et beaucoup trop risqué aussi. Mais ce n'était pas comme si elle avait beaucoup de marge de manœuvre non plus ! Elle en avait marre de rencontrer le regard discrètement déçu de Svetlana en revenant d'une journée passée à galérer. Marre de mentir à sa sempiternelle question : « Ça s'est bien passé aujourd'hui ? ».

« T'es partante ? »
« Prépare les poulettes. Et pas d'embrouilles ! »

*

Maintenant - Non loin de la station Dmitrovskaya

« Bla ! Menya eto zaebalo ! » lâcha Alexandra, vitupérant à en faire pâlir un Stalker mal embouché lorsqu'un projectile siffla à côté d'elle.

L'excellentissime Steiner n'avait pas fait long feu. Atteint à la gorge dès les premiers échanges, il s'était effondré à ses pieds en la fixant comme si elle pouvait le sauver. L'ancienne nettoyeuse s'était contentée de récupérer les cartouches qu'il tenait encore dans sa main crispée, avant d'écarter celle-ci du bout de sa botte. Les moribonds avaient tendance à s'agiter et à vous agripper : c'était très pénible pour assurer sa propre visée.
Impossible de dire comment la fusillade avait commencé. Son groupe, soit une grosse demie-douzaine d'individus, avait simplement entendu l'écho de voix plus loin dans la rame : toutes les lampes s'étaient éteintes et ils s'étaient approchés avec une discrétion toute relative, ce qui avait arraché aux inconnus plus avant des exclamations d'avertissement. Dès lors, aidés par l'anxiété et peut-être une nature un chouilla nerveuse, certains n'avaient pas attendu plus d'éclaircissement pour presser la détente.

La réponse avait été à peine moins prompte, et toute aussi violente.

« Si je savais quel est l'abruti qui a commencé... » grommela-t-on non loin d'elle, un homme à l'abri d'une alcôve.
« On mettra ça sur la pierre tombale du genre humain ! »

Criant pour couvrir la résonance infernale des décharges, Alexandra était saisie d'une furieuse envie de rire devant l'absurdité de la situation. L'envie lui passa toutefois bien vite lorsqu'elle aperçut, loin derrière elle - par là où son escouade de bras-cassés était passée - une lueur inquiétante.

« Anomalie ! A-no-ma-lie ! » brailla la Russe en pointant frénétiquement le doigt vers la lumière au bout du tunnel.

Quelques-uns se retournèrent et reprirent son avertissement à l'adresse de ceux qui continuaient de défourailler dans le noir qu'entrecoupaient les éclairs des salves de munitions.

« Il faut avancer ou on va tous y passer, on est sur le chemin de cette saloperie ! »
« Attendez... » Le tireur dans son renfoncement de béton avait cessé tout mouvement, et se contentait de tendre l'oreille avec application. Soudain, il ralluma sa lampe et la fit clignoter dans la direction de leurs adversaires.
« Qu'est-ce que tu fous, idiote ? »
« Si t'arrêtais un instant de gueuler tu aurais entendu que les gars d'en face sont déjà sous le feu. Ça tire derrière eux. Ils sont entre le marteau et l'enclume ! »

Alexandra n'était pas certaine qu'on puisse considérer la bande déjà bien décimée du V.A.R. comme une enclume, mais se garda bien de le dire. Elle avait vu ce que son camarade d'infortune sous-entendait.

« Un peu comme nous, en fait... » Elle jeta un coup d’œil inquiet à l'anomalie qui progressait paresseusement dans leur direction. « D'accord, je saisis. »

De leur côté, plus aucun tir ne fusait : tous avaient saisi l'enjeu. Et il semblait que si ça continuait de lâcher des cartouches en face, ce n'était pas dans leur direction, mais à l'opposé.

« Continue de faire tes signaux, toi. Personne n'a songé à prendre un drapeau blanc ? » ironisa-t-elle un instant. « Bon, et bien... on va essayer d'aller parlementer. Y a un volontaire ? »

Un concert de langues muettes lui répondit.

« D'aaaaccord. »

Alexandra n'était pas très croyante. Ça ne l'empêcha pas d'adresser une prière intérieure dépourvue du moindre mot à qui voudrait bien l'entendre, avant qu'elle ne sorte de son abri avec le sentiment très intime qu'elle allait aussitôt recevoir une balle pour prix de son idiotie.
La balle se fit attendre. De trop longues secondes.

« Euuh... hé ? En face ? Je peux... venir ? »

Elle se sentait incroyablement ridicule. À l'autre bout de la rame, les coups de feu allaient dans un sens et dans l'autre, ponctuant les ténèbres d'éclats de lumière.

« Je suis vraiment trop conne... »

Elle ne cessa pas de s'admonester une seule seconde tandis que, à un trot souple, elle filait en direction des gens que son groupe n'avait guère hésité à attaquer un petit quart d'heure plus tôt. Mais, hé : l'ennemi de mon ennemi est mon ami, ou quelque chose comme ça. Qu'importe contre qui ces types se battaient maintenant, il y avait une anomalie qui flottait vers eux et ça, c'était une excellente raison pour faire front commun et pousser dans l'autre sens. La nécessité de survivre pouvait parfois pousser les gens à des alliances de circonstance - la meurtrière espérait simplement que les hommes vers lesquels elle se dirigeait avaient l'instinct de survie.
Yvan Nekrasov
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Sam 2 Déc - 17:22
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"Des hommes sont morts proche de la station Dmitrovskaya. Des hommes à nous qui voulaient nettoyer un coin de la rame pour agrandir les zones habitables. Une noble idée mais... Qui c'est soldé par leur extermination. On ignore pourquoi. Donc vous: vous y allez. Vous récupérez le matériel et m'éradiquez ce qui a tué nos camarades. Des questions ?"

Une jeune recrue levait timidement la main pour demander si c'était une bonne idée de renvoyer des hommes là où d'autres avaient disparu. Moi, je vérifiais mon Makarov, m'assurant que le chargeur glissait bien, que la chambre était bien huilée. Je prenais toujours du temps pour l'entretenir, c'était mon petit bijou ainsi que mon couteau. Rangeant le flingue dans mon pantalon, je prenais mon fusil d'assaut pour le mettre en bandoulière, lui aussi pourrait être utile, sait-on jamais ? L'officier remettait le nouveau à sa place, nous étions des soldats, on ne laissait pas nos camarades ou du moins leurs dépouilles pourrir ou se faire bouffer par des charognards. Et bon... Des armes ainsi que des munitions, on ne crache pas dessus. On était une dizaine, l'un me rattrapa par le bras pour me souligner que ma présence lors de cette mission consistait à nettoyer la rame en cas de besoin et donc: de ne pas oublier mon sac d'explosifs. Je lui fis un sourire en ramassant le sac. Trop excité à l'idée de tuer, j'en oubliais presque mon devoir...

---------------

Quelques heures plus tard, la promenade s'était transformée en mission de merde qui dégénérait de plus en plus. On était arrivé sur les lieux mais on était pas les premiers, un autre groupe y était et lui aussi semblait vouloir la même chose que nous. Putain de vautours... Nous approchant du groupe, le chef de mon escouade disait de tenir nos armes mais d'attendre avant de s'en servir. Voir s'il était possible de parlementer. Ensuite, ce qu'il s'était produit... Surement notre bleu qui, prit de panique ou de stresse, avait ouvert le feu. Depuis, les tires résonnaient dans la rame, dans tous les sens. Putain...

Caché derrière un pilier de béton bien malade par le temps, mon Makarov à la main, j'écoutais autour de moi. Malgré le bruit assourdissant, j'entendais distinctement les battements de mon cœur sous l'excitation et l'adrénaline. J'avais le nouveau à mes cotes, ma chaire à canon, mon boulet de service, qui tirait comme un fou furieux sur le camps ennemi. Vidant son chargeur, il hurlait à la mort, essayant de se faire pousser une paire de testicules. C'est alors qu'un coup de feu le toucha, lui arrachant un cri de douleur avant qu'il ne s'effondre au sol. Une balle en pleine poitrine, du sang sur le pilier, sur mon bras mais surtout sur le sol. Sa respiration se faisait difficile. J'observais avec une curiosité morbide la scène, me mettant sans m'en rendre compte accroupit, collant mes doigts sur sa gorge afin de sentir les dernières pulsations cardiaques du gamin.

"Adieu petit."

Les coups de feu continuèrent de plus belle, il me semblait même qu'ils y en avaient encore plus qu'avant. Des renforts? Putain derrière nous: un autre groupe se ramenait, tirant dans le tas pour décimer mon escouade. Mais c'était quoi cet endroit de merde? Je commençais à comprendre pourquoi la première équipe y avait disparut: ça puait l'aimant à emmerde dans cette rame. Balançant mon sac au sol, j'en sorti un explosif que je collais sur le pilier avant de m'en éloigner rapidement. Préférant être loin quand ça exploserait. Avec un peu de chance, l'explosion provoquera un éboulement qui retardera le premier groupe qu'on avait affronté. J'avais un doute, mais leur indiquer qu'on a des trucs qui font boum, ça devrait les calmer et les faire réfléchir à deux fois avant de trop rapprocher leurs culs.

"Yvan ! On a perdu quatre hommes. On est prit en tenaille ! Fait moi péter tout cet endroit !
-Tu veux que je nous enterre vivants ?
-Mieux vaut mourir en les emportant que mourir pour rien !
-L'adrénaline et le stresse ça te réussi pas trop Dimitri..."

Un coup de feu siffla proche de mon oreille. D'instinct je me jetais à couvert derrière un gros distributeur de boissons ou de nourriture qui était tombé sur le coté. Dimitri me suivit, son regard et sa voix montraient une certaine démence. Je savais que ce chef d'équipe était connu pour ses méthodes extrêmes et sa témérité, mais je n'aurai pas cru qu'il en vienne à me supplier de nous tuer en emportant tout le monde. Je sortais un tube métallique de mon sac, fourrant un chiffon dans l'orifice avant de l'enflammer avec un briquet. Balançant ça en arrière, dans la direction des nouveaux arrivant. Coup de concert: l'explosion du pilier vint répondre au cocktail molotov, illuminant pendant un instant le tunnel du métro. Regardant par dessus le distributeur, un mur de flammes bloquait pour l'instant le chemin des nouveaux. Un corps enflammé courrait en hurlant, s'effondrant finalement au sol en dégageant une odeur de viande brulée. Cela aurait du me faire plaisir mais... Tuer à distance et de cette manière, c'était un coup de chance, cela n'apaisait pas mes pulsions ni ne m'excitait. J'aimais être proche de ma victime, pouvoir le regarder dans les yeux, pouvoir entendre son cœur s'arrêter.

Quelque chose m'interpela alors, une voix de femme. Me retournant, je la vis, une nana du premier groupe d'ennemis, qui avançait vers nous. Un peu hésitante mais semble-t-il déterminée. Pourquoi venait-elle vers nous ? C'était quoi l'entourloupe ? Pointant mon revolver dans sa direction, je collais Dimitri au distributeur, lui était déjà prêt à tirer.

"Va voir tes hommes... Vérifie qui est encore en vie. Faut qu'on échafaude un plan d'évacuation avant de crever comme des rats. Relevant la tête vers l'inconnue, mon arme braqué vers elle, je laissais Dimitri appelé mes compagnons pour un rassemblement de fortune. Et toi... Tu veux quoi ?"

Ma voix était calme, presque détendue, montrant au premier abord un sang-froid incroyable mais qui était juste mon attitude normale, détaché des gens, des émotions, de tout.
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Dim 3 Déc - 20:59
"Et toi... Tu veux quoi ?"

Alexandre reconnut par honnêteté intellectuelle que c'était déjà très bon signe que l'homme ne lui ai pas tiré dessus : partant de là, elle ne pouvait que survivre au merdier qui se profilait à un horizon pas aussi lointain qu'elle l'aurait souhaité.

« Bonjour à toi aussi. On va faire vite, tu as l'air pressé. »

L'adage selon lequel les mots pouvaient faire plus de mal que les balles avait toujours été vrai concernant la tueuse à gages : elle ouvrait beaucoup trop sa bouche, et ça lui avait valu un montant astronomique d'ennuis par le passé. Non pas qu'elle ai appris de ses erreurs, par ailleurs.

« Comment je pourrais m'expliquer... » Elle cessa de zyeuter sur le canon de l'arme pointée sur elle, jetant un oeil par dessus l'épaule de son propriétaire. Elle tenta de percer le rideau de flammes dégageant une odeur âcre, ses yeux vert-de-gris prenant des reflets brasillant. « Ça bouchonne un peu derrière. Y a mon groupe, cinq très gentils messieurs que je m'efforce de garder en vie : et rien qu'une Anomalie derrière. Pas trop proche. Mais trop quand même, en fait. »

Son regard fit un rapide aller-retour, entre le chemin obscur d'où elle venait et son interlocuteur. Voyant qu'elle n'avait pas été reçue par un chargeur promptement vidé, ses camarades du V.A.R. entamaient un rapprochement prudent.

« Je sais que certains n'y croient pas, alors je vais au cas où te rafraîchir la mémoire : les Anomalies portent très bien leur nom. Je ne sais pas de quel genre de phénomène il s'agit exactement et très franchement, je m'en fous pas mal. Ça se traduit par une lumière bizarre, un frémissement dans l'air... enfin, pour ce que j'en sais. Et pour ce que j'en sais également, ça peut aussi bien te chatouiller les pieds quand tu passes à côté que t'écharper comme si on te passait à la râpe à fromage : et je ne compte pas trop attendre que celle là-bas arrive à notre hauteur pour vérifier si elle est énervée ou pas. »

Alexandra lui dédia son sourire le plus éclatant :

« Alors on évite de s'entre-écharper le temps d'y échapper, d'accord ? »

Comme pour ponctuer son offre, un projectile vint se perdre à quelques pas d'eux avec un chuintement feutré en pénétrant le sol.

« Vous pouvez pas arrêter votre bordel, oui ? » cria-t-elle en retour, levant son arme.

Yvan put rapidement constater qu'il n'était pas la cible : le revolver était soigneusement déporté de côté, et lorsque son canon s'illumina successivement de plusieurs petites détonation les balles allèrent franchir les flammes que l'artilleur avait précédemment déclenchées.

« Je ne sais pas sur qui vous tirez, mais ils sont chiants, enfin ! On ne s'entend plus parler ! » se justifia la brune avec une expression outrée.

Entre temps, ses compagnons avaient fini par rejeter toute prudence et arrivaient au petit trot. Fusils et pistolets baissés pour ne pas compromettre les négociations en cours ne tardèrent pas à se redresser lorsque derrière l'homme on en fit autant : les deux groupes venaient de se rejoindre, dans une ambiance pour le moins tendue.
Un sourire froid vint aux lèvres de la Russe.

« Copains de devant, copains de derrière, dites-vous bonjour... on est tous dans la même galère pour l'instant, et si vous avez autant envie que moi de rentrer chez vous ce soir, éloignez le doigt de la détente. Voilà, comme ça : je vous montre. »

Joignant le geste à la parole, l'insolente leva son Nagant et posa son index au-dessus du barillet.

« Présentations faites. Je te laisse leur expliquer le souci qu'on a à l'arrière ? » suggéra la meurtrière à son vis-à-vis.

Elle songea un instant à lui demander son nom - ça l'agaçait de ne pas le connaître après s'être donnée autant de mal pour instaurer le dialogue - mais ils avaient finalement tous plus urgent à faire.
Il ne fallut que quelques instants à l'homme pour dissiper les dernières zones d'ombre auprès des siens.

« Maintenant que tout est plus clair pour tout le monde... Je ne sais pas qui vous avez irrité, là devant, mais honnêtement je m'en fiche. Il faut qu'on avance. » Elle évalua un instant la distance qui les séparait de l'Anomalie : elle ne serait pas sur eux tout de suite, mais ce serait déjà bien s'ils avaient dix minutes de répit. Le phénomène progressait avec une indolence qui lui évoqua un félin d'humeur joueuse devant sa proie. « Alors quand votre... comment vous avez réussi à faire un rideau de flammes comme ça, d'ailleurs ? ...enfin soit. Quand il se dissipera, on pourrait peut-être... vous savez... repousser l'ennemi ? »

Une expression songeuse passa sur ses traits acérés, bientôt remplacée par un rictus féroce.

« J'ai toujours rêvé de dire ça. »
Yvan Nekrasov
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Mar 12 Déc - 23:02
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Elle répondit à ma question par un bonjour, faisant un brin d'humour. C'est donc ainsi qu'elle gérait le stresse? Moi pour le gérer... Je laissais place à mes pulsions. Ce qu'actuellement, je tentais de ne pas faire. Céder à la tentation, une balle dans sa belle petite gueule et on en parlait plus. Mais quelque chose me disait que si elle était venue là, ce n'était surement pas pour rien. Retrouvant ainsi mon sang-froid, laissant place à la curiosité pour écouter ce qu'elle avait à dire. Elle était avec cinq hommes, disant qu'ils étaient gentils... Oui, bien sur, ils nous tiraient dessus pour plaisanter. Mais ce qu'elle annonça ensuite ne me fis pas rire: une anomalie, rien que ça, pour reprendre ses mots.

Dimitri appelait ses hommes, criant des ordres, tirant derrière les flammes en espérant toucher quelqu'un. Par chance, il n'avait pas entendu la donzelle. Sûr que sinon, il m'aurait arraché mon sac pour tout faire exploser. Elle commença à me parler de l'anomalie en général, me rappelant ce que toutes les rumeurs disaient dessus, ce que je savais déjà. On pouvait se diriger vers elle, la traverser sans risque ou mourir dans d'atroces souffrances. Que faire... Le mur de flammes ne tiendrait pas bien longtemps. Un coup de feu retentit, fila proche de la fille qui y répondit d'une plaisanterie. N'avait-elle pas peur? Ou se moquait-elle de ce qu'il pouvait lui arriver? J'avoue que là, elle m'intriguait... Un peu trop cinglée pour être honnête à mon gout. Disant alors qu'elle ignorait sur qui on tirait mais qu'ils étaient chiants. Je fis un sourire, ouais, elle m'amusait.

"Peut-être des types de la Hanse? Notre première équipe est morte ici..."

Je tirais de façon sommaire en arrière, plus pour rappeler à l'ennemi qu'on était encore en vie et les forcer à ne pas trop s'avancer. Pendant ce temps, les compagnons de la rousse nous avait rejoint, nous présentant brièvement par copains de ci ou là... Trop d'ironie, je n'arriverai pas à la cerner, pas ici en tout cas. L'écoutant, je filais voir Dimitri pour lui résumer la situation. Elle en profitait pour me demander comment j'avais fais le mur de flamme. Je lui lançais un regard pour lui répondre comme si c'était tout à faire logique et naturel:

"Cocktail molotov... A l'ancienne. Quelques produits en plus dedans pour que ça flambe un peu plus longtemps. Mais bon... C'est du tape à l’œil, ils pourraient traverser les flammes d'un simple bond."

J'attrapais Dimitri pour lui parler quand un long sifflement me fit taire. J'en frémis même pendant un instant, n'osant y croire. S'en suivit, non loin de nous une puissante explosion qui me projeta au sol. Dimitri vola également ainsi que deux autres rouges. Sonnés, mais personne de mort.

"Lance-roquette artisanale ou un truc du genre... Je me redressais tant bien que mal pour hurler. LANCE ROQUETTES ! Ou un truc dans l'genre..."

Dimitri hurla de se replier. J'allais lui dire non mais il ne m'en laissa pas le temps, les autres le suivaient déjà. Putain de merde... Titubant, m'appuyant sur des débris, je lançais un regard pour voir les ennemis. L'un d'eux avait une sorte d'arbalète. Le mec tira un carreau relativement lourd qui explosa à l'impact. Putain de judicieuse idée... Mais qui ne nous arrangeait pas le moins du monde. Je me dirigeais vers la nana un peu folle, tenant mon arme à la main tout en marchant comme un lendemain de cuite, les oreilles sifflants encore suite à la première explosion.

"J'crois qu'on va devoir se replier. On verra si c'est la lumière d'une lampe d'un badaud ou réellement une anomalie. Perso, j'y crois pas trop mais dans tous les cas, contre cet arsenal... Je préfère tenter ma chance."

J'aurai pu lacher un: de toute façon je cicatrise vite et j'aime bien voir mourir des gens. Mais on avait pas le temps d'être deux à jouer à l'ironie.

Le Destin
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Mer 13 Déc - 9:33
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Coup du Destin
L'air se chargeait de plus en plus, devenait lourd, électrique, et bientôt, le bruit des vibrations du métal se déformant légèrement au passage de l'anomalie parvint aux oreilles du petit groupe pris sous le feu ennemi. De la lumière émanait faiblement de la masse d'énergie pure se déplaçant paresseusement le long du tunnel, vibrant par à coups à chaque déflagration, avec toujours plus d'intensité.

Soudain, le craquement sinistre d'un rail aspiré par l'anomalie retentit, pour être recraché aussitôt avec violence. Le projectile vint s'écraser brutalement contre une paroi quelques mètres plus loin, laissant derrière lui un large impact, avant de retomber mollement.

Puis, tout le matériel électronique cessa brusquement de fonctionner, et les lumières faiblirent progressivement...

Inexorablement, l'anomalie progressait dans le tunnel, en direction du petit groupe pris à partie.

Description de l'événement:
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Mar 26 Déc - 9:10
Les seules lumières qui résistaient encore, c'était celles de la traînée tenace laissée par le cocktail incendiaire et le halo, encore plus menaçant, du phénomène qui venait littéralement de les menacer d'un jet de débris. Alexandra maudissait intérieurement les empaffés d'en face qui leur barraient la route, quitte à leur faire péter au visage elle ne savait trop quoi - mais il y avait bien eu une explosion. D'un autre côté, elle était bien placée pour savoir que la panique pouvait pousser les gens à agir avec une violence extrême, sinon déraisonnable. Elle-même n'ignorait rien de la peur, celle qui à cet instant lui tenaillait sourdement les entrailles et poussait une petite voix dans sa tête à signaler qu'elle souhaitait être n'importe où plutôt qu'ici.

C'est juste qu'à la différence d'un certain nombre, la peur n'empêchait pas la meurtrière d'agir.

« Y a aucune chance que je m'approche de ce truc. Même pas en rêve ! »

C'était peut-être trop tard. À supposer que la brune se sorte de ce guêpier, il y avait fort à parier qu'elle cauchemarderait quelques nuits de cet épisode, et reverrait l'anomalie dans ses songes les moins heureux : mais pour l'heure, elle préférait encore aller de l'avant. Malgré les flammes et les balles.

Comme pour appuyer ses dires, elle jeta son regard vert pâle par-delà le rideau du brasier et, avisant une silhouette qui s'enhardissait en approchant, étendit son bras avec une précision née de l'habitude pour ouvrir le feu dessus. Le barillet pivota deux fois pour s'immobiliser, tout à fait vide, la conduisant à entamer la besogne de recharger son revolver - le tout rencognée dans le léger trou que le rail recraché par l'anomalie avait contribué à créer.

« On peut passer, droit devant ! Pas vrai les gars ? »

Un : « T'as le parquet rayé ! » convaincu lui fut renvoyé pour tout assentiment. Maugréant entre ses dents, la Russe ne compta pas s'avouer vaincue si facilement.

« D'accord, d'accord, je plains ceux qui recevront une balle, voire une roquette ou un truc dans le genre dans les gencives. Mais dites-vous qu'au moins les autres ont une petite chance de s'en sortir. Je suis la seule à avoir vu ce truc faire sauter un tronçon des rails, là ? » insista-t-elle en pointant la lueur spectrale du doigt.

L'indécision planait sur le petit groupe, pris entre le marteau et l'enclume. Alexandra savait qu'il s'agissait pertinemment de ce genre de situation où les actes d'un seul (ou d'une) pouvaient pousser le reste à agir. C'était un pari risqué, mais moins à ses yeux que de rester plantée là à négocier. Fidèle à elle-même, la tueuse à gages prit une profonde inspiration puis planta un sourire crâneur sur ses lèvres avant de jaillir hors de son couvert : son Nagant au ventre de nouveau plein cracha ses balles avec une virulence renouvelée tandis qu'elle saisissait un de ses camarades à proximité par le bras, comme pour l'entraîner à sa suite.

« Le feu est en train d'étouffer, alors envoyez la purée ! Qu'ils se planquent deux secondes et on fonce à travers pour aller les flinguer. Les yeux dans les yeux ! »

Ce n'était certainement pas la plus brillante des stratégies, mais elle avait le mérite de bien lui ressembler. Un plan brutal, à la simplicité enfantine, qui pouvait très bien se résumait à un ça passe ou ça casse. Non pas que la meurtrière fut particulièrement idiote : elle était juste dans une situation désespérée, et dans ces moments-là elle se rabattait toujours sur une démonstration de force pure. Qui en l’occurrence, revenait surtout à viser juste et à montrer qu'elle aussi, elle en avait entre les jambes.
Peut-être que ce genre de ruée inattendue inciterait les types d'en face à prendre la poudre d'escampette, et qu'il ne resterait plus qu'à les tirer comme des lapins. Dans le feu de l'action, n'importe qui pouvait soudain se mettre à faire n'importe quoi en espérant sauver sa peau.

Elle espérait juste que ce n'était pas très exactement ce qu'elle était en train de faire.
Yvan Nekrasov
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Mer 27 Déc - 14:23
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Un rail fut arraché et projeté par l'anomalie. J'avais observé la scène, hagard, me demandant si je pouvais vraiment traverser ce truc et y survivre. Ok, je cicatrisais plutôt vite mais... Là, pourrait-on parler de cicatriser ? Ce truc allait simplement me désintégrer sur place hein ? La nana affirmait qu'il ni avait aucune chance qu'elle essaie de traverser ce truc. Elle préférait affronter les hommes armés et mon mur de flammes. Ouais, elle en avait dans le froc, mais j'espérais aussi m'en remettre à la chance. Si on traversait l'anomalie, on pouvait s'en sortir et les ennemis, eux, n'oseraient peut-être pas ? A condition qu'on traverse et survive, d'accord... D'autre coups de feu retentirent, je m'adossais à des gravats, sortant mon flingue pour tirer en guise de réponse. Les lumières vacillaient, l'endroit semblait comme aspiré petit à petit par l'anomalie. Allait-elle nous absorber et nous tuer ? J'en souriais d'excitation, l'adrénaline était à son paroxysme et j'adorais ça. Tout mon corps était comme traversé par de l'électricité statique, résultat de l'anomalie ou de l'excitation, j'en savais rien, mais j'adorais cette sensation: ça prouvait que j'étais en vie.

Bondissant de ma planque, je pointais mon arme sur un ennemi traversant les flammes. Mon tire lui explosa le crâne. Son corps s'effondra mollement alors que je souriais de satisfaction. L'instant suivant je braillais en m'étalant au sol: une balle venait de me traverser la cuisse. Putain que ça fait mal. Roulant sur le sol pour me planquer. J'écoutais la nana qui gueulait, demandant si elle était la seule à avoir vu un tronçon de rail se faire arracher par ce truc étrange. Non ma grande, t'étais pas la seule... Elle paniquait et je comprenais sa raison: on ignorait tellement de choses sur les anomalies... Dimitri s'approcha de moi, il était accompagné de trois hommes, nos compagnons. Il me regardait avec interrogation, à savoir si je pouvais marcher et surement ce que je voulais faire. Ce type aimait vociférer des ordres mais pourtant... Il me demandait souvent mon avis. Comme quoi, mon calme devait lui inspirer confiance. Ou il manquait justement de confiance ? Allez savoir.

"Choisis: explosifs et armes à feu d'un coté, truc inconnu et potentiellement mortel de l'autre. L'un, on connait ses intentions, pas l'autre. Autant voir ce que le deuxième veut non ?"

Dimitri soupira, apparemment, il avait souhaité une toute autre réponse de ma part. Je me redressais, marchant avec un peu de difficulté pour me diriger vers la brune qui se déchainait à tirer sur les ennemis. Je lui attrapais l'épaule pour la tirer vers moi.

"On recule. On les attire sur l'anomalie. Avec de la chance: ils vont prendre peur ou se faire tuer."

Obligeant ainsi nos deux groupes à reculer face à l'ennemi, les canardant pour répondre à leur attaque et les faire progresser moins vite. Je montrais divers gravats, non loin de l'anomalie, espérant que cela nous protège... Si quelqu'un était croyant, c'était le moment de prier...
Le Destin
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Mer 3 Jan - 19:25
Alexandra n'avait été blessée par balle qu'une seule et unique fois au cours de sa vie, et elle jugeait que c'était déjà plus que suffisant. Nul besoin de retenter l'expérience - qu'elle exerçât un métier à risques, qu'elle ne soit pas encore tout à fait débarrassée de son manteau, au propre comme au figuré, de tueuse à gages ne lui paraissait absolument pas incompatible avec cette résolution de ne plus servir de passoire. Il suffisait juste de faire attention et de laisser sa chance insolente faire le reste. De l'audace, toujours.
La brune conservait d'ailleurs de l'incident un souvenir d'une clarté effrayante. La sensation, sur le coup, avait été celle d'être frappée par la foudre ; le projectile l'avait fauchée à l'épaule, et ç'avait été suffisant pour la faire rouler par terre dans de minces éclaboussures de sang. Quant à la souffrance, et bien, elle lui avait évoqué ce qui ressemblerait à quelqu'un lui administrant un coup d'une violence inouïe, à l'aide d'un de ces marteaux à tête étroite, en plein sur la peau à nue ; dans le cas très particulier d'Alexandra, son cerveau vrillé de souffrance avait rapidement été submergé par le flot pathologique d'endorphines que sa mutation ne manquait pas d'y déverser dès que son centre de la douleur était à ce point sollicité,  ce qui ne l'avait pas empêchée de hurler à la mort tout l'air de ses poumons pendant quelques secondes - malgré sa gorge étranglée par le calvaire.

Aussi, lorsqu'elle s'aperçut que l'hurluberlu qui la tirait par l'épaule avait la cuisse maculée de sang, ne put-elle s'empêcher de lui jeter un regard qui semblait dire : Euh mec, tu es au courant que la moitié de ta jambe est en bouillie ?
De deux choses l'une : ou bien la munition n'avait fait qu'effleurer le muscle, ou bien il n'allait pas tarder à se rendre compte de son état et se vautrer par terre. Ou bien encore, en guise de dernier mot, quelque chose ne tournait absolument pas rond chez lui.

Évidemment, qu'Alexandra songeât que quelque chose ne tournait pas rond chez quelqu'un d'autre, c'était en quelque sorte l'hôpital se gaussant ouvertement de la charité, en public et avec la plus grande mauvaise foi que le monde eût jamais connue. Cependant, lui en aurait-on fait la remarque que la meurtrière aurait levé un docte doigt en l'air pour signaler que cinglée elle-même, elle était bien placée pour reconnaître des tarés quand elle les avait sous le nez.

Cela dit, accuser un individu d'avoir un pet au casque n'était pas prendre un grand risque, lorsque l'individu en question soutenait de traverser une Anomalie sous prétexte que ses intentions n'étaient pas ostensiblement hostiles.

« Un mur qui te tombe sur la gueule aura beau s'excuser et dire qu'il ne l'a pas fait exprès, t'auras quand même le crâne en miettes ! » s'insurgea la trentenaire. « Elle est peut-être bien gentille ton Anomalie, mais ça n'empêche que... oh et merde. »

Les tirs s'intensifiaient, et au grand agacement de la Russe, c'était le stand de tir d'en face qui tenait la dragée haute. Un genre de repli désorganisé commençait à ébranler tout le petit groupe, en direction de la lueur flottante qui instillait un effroi plein de répulsion dans le cœur d'Alexandra. Elle était bien d'accord pour admettre qu'elle n'avait rien d'un ange, mais méritait-elle vraiment de finir déchiquetée, éventrée, atomisée ou Dieu savait quoi d'autre encore par un phénomène aussi glauque qu'une lumière au fond d'un tunnel ?

C'est la mort dans l'âme, certaine de leur fin à tous, qu'elle suivit la débandade. Au moment d'être enveloppée par la clarté mystérieuse, elle songea brièvement - mais avec une force poignante - qu'elle aurait aimé avoir plus de temps à partager avec Svetlana.
La tueuse ne s'aperçut avoir fermé les yeux qu'en les rouvrant de l'autre côté, si l'on pouvait dire. Elle se palpa aussitôt, nonobstant les détonations épisodiques qui retentissaient encore. Quelques secondes plus tard, un sourire finaud étirait ses lèvres sanguines.

« Je savais bien qu'on était déjà en enfer. »

Avisant le type blessé, elle alla le flanquer à sa droite et passa son bras autour de sa taille. Elle-même plutôt élancée - dans la population du métro, son mètre soixante-dix la situait presque à la taille de la plupart des hommes -, elle n'eut pas de mal à glisser l'épaule sous la sienne.

« T'emballes pas cow-boy, c'est juste parce que ce serait trop facile de me tirer d'affaire si je n'avais pas de poids mort à traîner. Et évite de coller ta cuisse à la mienne, l'odeur du sang reste sur le cuir. Je déteste ça. »

Elle pavoisait, essayant de lui soutirer un semblant de sourire. L'humour, même grinçant, pouvait faire des merveilles lors des situations intenses.
Jetant un coup d’œil en arrière, elle constata que les tirs cessaient et que l'Anomalie poursuivait tranquillement son chemin en direction de leurs agresseurs - la brune se fichait pas mal de déterminer qui avait tiré le premier coup de feu : l'assaillant, c'était forcément les mecs en face, ça faisait toujours mieux sur le rapport. Non qu'elle écrivît des rapports, d'ailleurs.

« Il semblerait que ton idée de traverser n'était pas si débile que ça. Ne me regarde pas de cette façon, si, c'était franchement débile. La mienne était bien meilleure. Mais bon, comme on s'en tire pas trop mal... »

Elle fit un geste vague avec son revolver, lui laissant le soin d'interpréter sa justification comme il lui plairait.

« Oh, mais ça va être leur tour on dirait... Allez, mangez-vous ça, tocards ! »

Les yeux brillants de jubilation, la Russe s'arrêta un instant pour observer leurs poursuivants - car ils les poursuivaient effectivement, quoique avec prudence - disparaître dans le halo étincelant de l'Anomalie.
Et en ressortir, sans dommages.

« ...c'était trop beau, évidemment. Non, pas toi » jugea-t-elle bon de préciser à l'intention de son camarade d'infortune. « Vous leur avez fait quoi pour qu'ils s'accrochent comme ça ? »

Sous ses dehors crâneurs, la brune commençait à s'inquiéter sérieusement. Maintenant qu'ils avaient franchi le phénomène paranormal, leurs détracteurs allaient à un train de plus en plus assuré, et des coups de feu s'échangeaient à nouveau. Avec sa cuisse perforée, son fardeau malgré lui n'avait aucune chance de les distancer. Elle était obligée de l'abandonner.

« Ça s'est bien passé aujourd'hui ? »

Comme une impression rétinienne sur la paupière après un flash de phosphore, la sempiternelle question de Svetlana lui sautait à la figure. Elle était... fatiguée, de mentir à l'adolescente. Elle en avait marre, comme un casse-dalle amer trop longtemps mâchonné sur la langue. Car elle lui mentait souvent, oui, en paroles et pire, aussi en non-dits. Si elle abandonnait ce gars, là, si elle le laissait sans même essayer de lui venir en aide, elle serait obligée de le taire à l'adolescente qu'elle avait prise sous son aile. Afin de ne pas affronter la déception dans son regard.
Ce serait le mensonge de trop. Le mensonge dont elle se sentait incapable, du moins aujourd'hui.

« Tu me fais chier » marmonna la meurtrière, sans trop qu'elle sache si elle s'adressait au blessé ou à l'image de la morveuse qui s'imposait à ses pensées.

D'un mouvement souple de tout le corps, Alexandra se glissa dans un couloir de traverse, étroit et parfaitement sombre, enserrant l'homme contre elle. Elle le poussait, hanche contre hanche, avant de l'inciter à se ramasser au pied des quelques marches descendantes situées plus loin et qui s'arrêtaient devant une porte de métal (l'ouvrir aurait probablement fait retentir un barouf infernal, et lui apparut aussitôt comme une très mauvaise initiative à prendre). Le duo mal assorti se tapit ainsi dans l'obscurité, les échos de voix des inconnus à leurs trousses se rapprochant de plus en plus. Elle avait dans l'idée qu'ils continueraient tout droit en passant ainsi devant leur cachette, attirés par le reste du groupe.

« C'est pas le moment de gémir de douleur, cow-boy » chuchota-t-elle contre son oreille dans un infime craquement de cuir. Son haleine avait un soupçon d'alcool fort et de menthe, et Dieu savait comment elle avait réussi à mettre la main sur le parfum qui flottait au niveau de sa gorge : artisanal, d'origine inconnue, mais à une époque plus ancienne on l'aurait comparé à du cassis ou à de la mûre.
Yvan Nekrasov
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Sam 13 Jan - 12:46
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Intuition ou coup de chance, j'en savais trop rien. Mais ma folie de vouloir traverser l'anomalie fut une bonne idée. La brune avait braillé, refusé puis finalement accepté. Et tout ça, sans que la lueur ne nous pulvérise en petits morceaux. Rien, même pas la sensation de chaleur à cause de la lumière. Rien. On était tiré d'affaire, enfin momentanément. Je soupirais alors, sentant l'adrénaline redescendre. Une violente douleur me traversa la jambe, me rappelant, comment avais-je oublié d'ailleurs, que j'avais pris une balle. Je fis une grimace, fléchissant la jambe pour soulager le poids dessus. La balle devait avoir traversée qu'un bout de viande: ok ça saignait mais rien de trop alarmant. Et je pouvais bouger la jambe, les orteils. Aucune séquelle particulière, hormis la douleur. J'appuyais ma main sur la plaie pour stopper le saignement, m'offrant une autre vague de douleur pour l'occasion. Ok, c'était stupide... Et j'avais pas trop le temps ni le matériel pour un garrot. De plus j'ignorais si ça serait vraiment utile. L'autre avait soufflé qu'elle savait qu'on était déjà en enfer, ce qui m'arracha un sourire: elle parlait beaucoup pour ne rien dire mais ça prouvait qu'elle allait bien.

Je lançais un regard à mes camarades. Dimitri s’affairait à donner des ordres même s'il était clairement déboussolé par la situation. Fouillant dans mon sac, je sorti une grenade que je gardais plaqué contre mon torse, elle sera utile si l'ennemi nous poursuit. C'est alors que la russe passa sous mon épaule pour me redresser, m'aider à marcher. Elle me surprit, je lui lançais un regard froid se traduisant par un: qu'est-ce que tu branles toi ? Sur ce, elle me disait de ne pas m'emballer et que ça aurait trop simple de ne pas trainer un poids mort. Petite blague sur le fait que le sang colle au cuir donc de pas trop lui dégouliner dessus. Je soupirais, de façon amusé, enfin j'essayais car elle ne m'amusait pas vraiment. Elle me surprenait par son comportement surtout. Il y a encore peu, on se tirait dessus puis elle avait proposé une alliance pour échapper à une anomalie qu'on avait finalement traversé. Et maintenant, elle m'aidait encore. L'instinct de survie de cette femme est particulier, moi, je l'aurai achevé pour partir. Mais bon je n'allais pas me plaindre qu'elle n'agisse pas comme moi.

Les coups de feux derrières s'étaient calmés. Nos ennemis devaient hésiter à nous suivre, mais pas très longtemps, après tout si on avait réussi à traverser, eux aussi le pourrait. Sauf gros coup de chance et l'anomalie se déchaine. Mais je n'y croyais pas trop. Oui, l'optimiste, c'était une de mes grandes qualités, ça se voit. Ou alors était-ce l'ironie ? Elle me félicita presque pour mon idée, disant que son plan était quand même meilleur, me montrant son flingue en guise d'argument. Je ne dis rien, observant les autres et elle ajouta que c'était leur tour. Allaient-ils rebrousser chemin ?

C'était trop beau pour être vrai... Ouais, elle avait raison. Je ne soulevais même pas le rapport qu'elle ne parlait pas de moi. Elle avait sérieusement un souci elle aussi. Je suis pas le seul à avoir des problèmes pour gérer mes émotions. Moi, j'en ressens pas mais elle, elle semble les ressentir un peu trop, non ? Elle me demandait ce qu'on avait bien fait pour qu'ils nous en veulent autant.

"Je sais pas... J'ai peut-être tué un camarade à eux, couché avec la mère ou la sœur d'un autre. Ah non, c'est les miens qui ont disparu ici et qu'apparemment eux, veulent recommencer ça: nettoyer le coin."

On avançait tant bien que mal. Elle semblait hésiter sur quoi faire. Se figea un instant, perdue dans ses pensées pour finalement lâcher d'un je ne sais où le fait que je la faisais chier. Elle se glissa dans un couloir, m'embarquant avec elle, me collant contre elle. J'étais un peu mal à l'aise: coller à une femme comme ça... De ce qu'on m'avait apprit: il fallait faire attention où je mettais mes mains si je ne voulais pas me faire insulter. Me souvenant de ce que me disait mon paternel: les femmes sont étranges, ne les fixe pas trop et surtout attention où tu poses tes mains. Il m'avait dit ça quand j'étais gosse, espérant que le désire sexuel serait en moi, comme tout adolescent lambda. Même s'il savait que j'avais un pète au casque et des envies de meurtres. Ainsi que des absences d'émotions, d'empathie. Il avait tenu à m'apprendre comment romancer une femme, comment leur parler. J'avais retenu dans un seul but: savoir être comme tout le monde, mais je n'avais jamais rien mis en pratique.

Elle me poussait pour que je m'étale à coté des marches d'escaliers. Espérant surement que notre cachette nous permette de survivre. Mais mes camarades ? J'avais déjà perdu pas mal de monde, pas que ça m'inquiète ou me rende triste. Juste à un moment, on va s'interroger et penser que c'est moi qui les tue. Ce qui ne serait pas faux... Elle me disait de ne pas gémir de douleur. Ce surnom ne me plaisait pas trop, j'avais l'air d'un américain ? D'un type avec un chapeau qui s'amuse sur un cheval ? Pourquoi m'appeler comme ça ? Je ne voyais là aucun sens, comme dans beaucoup de choses qu'elle disait ou faisait. Je me trainais doucement vers l'ouverture dérobée, glissant un regard à l'extérieur. Observant en silence ce qu'il se passait.

Dimitri et les autres s'étaient réfugiés dans un wagon de métro délabré, les ennemis approchaient, continuant de gaspiller leurs munitions comme des abrutis assoiffés de sang. Je lançais un regard à ma compagne d'infortune et soupirait.

"L'idée de sauver mes camarades me botte moyen mais... Faut quand même que je le fasse. Question d'éthique je crois."

Je dégoupillais ma grenade, attendant un peu pour finalement la balancer vers trois ennemis pas trop loin. Ayant jugé que dans ma position je ne pourrai pas faire un lancé olympique, j'avais préféré minimiser le risque de me louper. L'explosion les emporta, ce qui faisait trois de moins, c'était pas si mal, non ? Je m'adossais au mur, soufflant lentement: j'avais mal à cette putain de jambe et tuer à la grenade ne me calmait que moyennement. Je voulais sentir la vie être arrachée par mon couteau, sentir les derniers battement de cœur. Mais bon, on se contentera de ça.

Avec trois morts, le groupe ennemi se retrouvait moins avantagé. Surtout que mon groupe et celui de la russe était à présent à couvert pouvant retourner la situation. Peut-être ? Une autre explosion retentit: ah ouais, j'avais oublié l'autre et son lance-roquettes artisanal... Putain...

"Une suggestion ? On attend ici que ça passe ?"

Une autre explosion retentit, ce qui répondait à ma question. La voix de Dimitri hurlait de se replier, de fuir. Au moins, ils survivraient peut-être en agissant ainsi. Moi, j'avais juste à attendre ici que ça se tasse, que je cicatrise. Je lançais un regard vers les escaliers, me demandant vaguement où ça pouvait mener...

"Y a quoi par là tu crois ?"

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Mar 23 Jan - 19:53
Cette portion du métro se transformait progressivement en concours de feu d'artifices. Alexandra ne goûtait pas vraiment ces échanges explosifs ; stupéfaite devant le lancer de grenade de son comparse, elle se retrouvait atterrée de la réponse qui avait fulguré sous la forme d'une roquette, ne comprenant pas la débauche de moyens qu'on déployait de part et d'autres pour un accrochage à l'aveuglette qui avait démarré elle ne savait trop comment. La Russe en était même à songer qu'elle devait être la seule personne à peu près saine d'esprit du secteur, ce qui n'était pas peu dire. Non pas qu'elle se considérait à moitié aussi cinglée que la moitié de ses connaissances la croyait, mais elle avait l'honnêteté de se reconnaître un peu fantaisiste, du moins par rapport au reste de l'Alliance Nord-Est.

Sauf dans le cas présent.

« T'aurais pas un truc plus gros à leur envoyer vu qu'ils ont l'air de pas pouvoir s'empêcher de sur-enchérir, qu'on rigole un peu ? » réussit-elle l'exploit de grincer des dents tout en chuchotant - avec un énervement très marqué. « Je suis sûre tu balancerais une fusée de détresse si t'étais caché en pleine tempête ! »

C'était bien la peine de se planquer pour que l'autre les dénonce, et pas avec une petite lettre anonyme !
Remisant (dans un exploit de retenue digne du Grand Lama d'avant-guerre, du moins avait-elle cru comprendre qu'un jour on avait ainsi appelé un homme réputé pour son calme) son exaspération dans un obscur placard de son esprit, la nettoyeuse se tapit du mieux qu'elle put en attendant que ses oreilles cessent de bourdonner. Du moins un peu.

"Y a quoi par là tu crois ?"

Ce type était un trésor. Il pourrissait sa planque parfaite pour ensuite l'inviter l'air de rien à prendre le passage où ils étaient sûrs de finir mangés, piégés, accidentés au fond d'un trou ou à rencontrer elle ne savait quelle autre fin tragique qui ne lui siérait pas au teint.

« Sûrement tout plein de choses désagréables. » Un sourire matois se peignit sur ses lèvres carmines tandis qu'elle reculait en direction de la porte en métal dans un frottement de cuir sur le béton. « Les dames d'abord, hein ? »

Sa main pâle se posa sur la poignée qu'elle tourna avec une surprenante délicatesse, probablement à l'affût de la résistance qui indiquerait un verrou en place ; résistance qui ne vint pas, le battant venant vers elle dans un couinement assez faible pour être couvert par les exclamations excitées qui résonnaient dans la rame.

« J'espère que c'est ton jour de chance, cow-boy. »

Et la Russe de se couler dans l'ouverture opaque avec la souplesse d'un ruisseau.

Elle y patienta quelques instants que l'homme la rejoignit et que la porte soit refermée sur leur passage pour allumer la lampe-torche héritée de son groupe en déroute. Le faisceau fatigué leur offrit la vision d'un boyau bas de plafond se perdant dans le noir, celui-ci avalant la lumière avant qu'elle ne puisse se heurter à un angle quelconque. Il y régnait une lourde odeur de poussière, de ciment effrité en suspension et quelque chose d'autre encore qu'elle n'était pas capable d'identifier : une nuance rance et âcre, mais ténue, qui lui donnait l'envie de cracher par terre.

« Charmante décoration... »

Elle hasarda quelques pas du bout des bottes, comme craignant que le sol ne cédât sous son poids. Elle tenait son revolver contre sa poitrine, le bras prêt à se déplier pour en faire usage sans pour autant tomber dans le piège de garder l’œil dans ses organes de visée ; c'était l'expérience d'une meurtrière, celle qui savait qu'il y avait un temps pour se servir de ses sens et un autre pour se servir de sa détente.

Ils avancèrent ainsi plusieurs minutes, d'une marche qui prit rapidement des allures irréelles de plongée dans les profondeurs ; le défilement des murs, si monotone qu'il en paraissait infini, les ténèbres qui reculaient pour laisser la place à la même voie étroite de bitume, devant et derrière, lui étaient déconcertants. Seul le tapement régulier de leurs pieds venait rompre le silence absolu dont ils se retrouvaient enveloppés et constituait un quelconque point de repère. Dans un décor si restreint et semblable, on en perdait étonnamment vite le sens de l'orientation, à tel point qu'Alexandra se demanda un instant s'ils n'avaient pas fait demi-tour sans s'en apercevoir.

Jusqu'à ce qu'ils arrivent à un embranchement, ou plutôt un corridor perpendiculaire au leur.

« Ah bah quand même... bon. » Elle se tourna face à son compagnon d'infortune, zyeutant ostensiblement sur sa jambe blessée. « Gauche, j'imagine que ça nous ramène vers nos stations. Enfin, en tous cas, côté V.A.R., toi j'sais pas... Et à droite on a peut-être une chance d'aller là où on voulait se retrouver au départ. »

Elle se frotta le nez du dos de la main - qui tenait la lampe, ce qui agita le faisceau en tous sens dans une farandole d'ombres dansantes.

« Je ne te cache pas que de mon côté, on pensait récupérer les affaires d'une bande qui aurait eu des problèmes dans le coin, c'est probablement l'équipe dont tu parlais. Y a plus que nous deux, alors on pourrait partager, personne pourrait tout prendre de toute façon. »

C'était sensé, et ils avaient plus à gagner l'un comme l'autre à coopérer pour repartir chacun chez soi les poches les plus pleines possibles ; mais la rationalité n'avait pas toujours sa place dans la vie du métro, aussi la brune avait-elle avancé cette proposition d'un ton prudent.

« Maintenant que c'est dit, je sais pas trop si tu penses tenir le coup » ajouta-t-elle en pointant la plaie du soldat avec le canon de son arme. « Alors c'est toi qui vois. Mais crois pas que ce soit par compassion que je me soucie de toi, hein ! »

Ça faisait minette qui voulait se la jouer grosse dure ; cependant, la vérité c'était qu'Alexandra n'avait effectivement guère de compassion pour son prochain. Elle agissait ainsi pour ne pas affronter les reproches d'une Svetlana qui serait outrée de sa conduite dans le cas contraire, et parce qu'elle était fatiguée de cacher des choses à la morveuse qui l'attendait dans les stations de l'Alliance.
Il n'était évidemment pas question qu'elle laisse la gamine apprendre un jour qu'elle lui servait de conscience : Kitsetskaya avait une réputation à tenir.

Ou au moins un égo chatouilleux à ne pas froisser.
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