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L'Oeil
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L'Oeil
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Jeu 1 Juil - 23:33
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La bibliothèque de VAR était un des joyaux de la petite alliance.

Située au coeur de la station VDNKh, généreusement fournie en livres de toutes sortes, ce modeste bastion de la connaissance faisait la fierté de ses habitants. Fruit du travail acharné de Gueorguï Joukov et d'une poignée de stalkers déterminés, cette bibliothèque avait au fil des ans gagné en légitimité auprès des stations avoisinantes. On y trouvait absolument de tout, du roman de gare au classique de la littérature russe, du livre scolaire au livre de cuisine, et parfois même, il était possible de tomber nez à nez avec un livre dans une langue obscure pour la majorité des citoyens de VAR. Il en était de même concernant l'état de tous ces ouvrages précieusement conservés au sein de bibliothèques dépareillées et rafistolées, posées sur des étagères parfois branlantes, mais jamais poussiéreuses.

La bibliothèque de VAR était également très bien gardée. Et l'un des services les plus sérieux que pouvait accomplir un garde de l'alliance était de s'assurer de la sauvegarde des œuvres entreposées dans cette bibliothèque, que ce soit contre les voleurs ou les bestioles du Métro. A tel point que pour être assigné à la surveillance de ce véritable trésor de culture, l’approbation de Gueorguï Joukov en personne était indispensable, et les rares gardes ayant failli à leur devoir avaient été parmi les plus sévèrement punis de l’histoire de VAR.

Cette grande salle peuplée de livres n’avait cependant rien à voir avec les immenses rayons de Polis, tant en termes de qualité de conservation des ouvrages que de diversité et d’intérêt des œuvres conservées, et tout citoyen de la Cité des Lumières ne parvenait généralement pas à comprendre l’intérêt généré par ce cagibi obscur pour la population de VAR. Et pourtant, nombreux étaient les habitants de l’alliance qui auraient été prêts à mourir pour protéger l’un des derniers bastions de la connaissance de leurs stations.

Et c’est exactement dans cet état de perplexité complète que se trouva Andreï Nikitovitch, perdu dans la bibliothèque de VAR, à la recherche d’un livre pour occuper certains de ses moments de solitude loin de son chez-lui. Scrutant sans grande conviction les titres – parfois à moitié effacés – qui se présentaient à lui, le stalker donnait le sentiment de flâner entre les rayons, plutôt que de vraiment être en quête d’un livre.

A tel point qu’il ne se rendit pas tout de suite compte que son champ de vision rétrécissait en même temps qu’il parcourait du regard les tranches des livres sous ses yeux. Comme un léger brouillard qui venait tranquillement s’installer devant lui, le monde devenait petit à petit de plus en plus sombre… Curieusement, sa mutation ne lui permettait pas de s’adapter à la luminosité qu’il pensait être en train de baisser. Et lorsque le stalker se rendit compte que c’était en fait sa propre vue qui l’abandonnait malgré lui, il était trop tard : il ne voyait presque plus rien.

Il vit toutefois encore suffisamment longtemps pour entrevoir une silhouette s’approcher de lui, une main bienveillante tendue vers lui, sans réussir cependant à distinguer le visage de la personne qui l’abordait.

Quand soudain, alors qu'il s'apprêtait à dire quelque chose, il se rendit compte qu'il ne voyait déjà plus rien.


Le mot du Destin:
Andrei Volkovar
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Andrei Volkovar
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Dim 11 Juil - 4:33

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"Dans le noir" I-think-im-going-blind-will-i-need-glasses

Le Destin
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Dim 11 Juil - 4:33
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Andrei Volkovar
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Andrei Volkovar
Stalker
Dim 11 Juil - 4:36

Passeport
Age :: 30 ans
Patronyme :: Nikitovitch
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L’humain était une créature qui adorait la stabilité, la prévisibilité. La quiétude. Créature sociale depuis longtemps, elle n’avait pas de cesse de se trouver, en grande partie, auprès de ses proches. Même après l’Apocalypse ayant décimé la planète en entier sous le feu nucléaire, et les neiges radioactives, les gens vivant dans les longs tunnels du Métro ne supportaient pas la solitude. La sensation d’oppression des tunnels moscovites, quand ce n’étaient pas les Mutants, avait tôt fait de prendre d’assaut la psyché de l’homme et de la femme solitaire. Les gens qui affirmaient ne pas en être oppressé était alors soit des extravagants, soit des menteurs. Et rares étaient les extravagants. Encore moins ceux qui pouvaient rester en vie longtemps.

Arrivé dans la station VDNKh, Andrei s’était contenté de vagabonder au sein des stations errantes, affirmant se trouver ici pour une mission particulière liée à sa nature de Stalker. La patience était une qualité qui lui était propre, dépendamment des circonstances. Mais elle s’effilait, comme une lame. Quand il ne participait pas aux patrouilles, Andrei le passait aux jeux de dés. Et quand il n’était pas en train de revérifier son armement, nettoyage inclus, il le passait dans de brèves visites de la surface. Mais son regard était posé sur la bibliothèque. Il avait une parfaite idée de la valeur que pouvait avoir un livre, peu importe ce qu’il était. C’était un respect que l’on inculquait chez Polis. Une coutume. Un devoir.

Les livres qui défilaient devant lui était en mauvais état. Rien qui n’aurait intéressé un Brahmane de Polis.

En réalité, Andrei se disait lui-même que le contenu de ces ouvrages ne semblait pas l’intéresser. Mais les ouvrages, en soi, lui rappelait la maison. Il lui rappelait Ana. Alex. Daniil. Bien des gens auxquelles il s’était pris d’affection. Mais son regard se posa sur un livre doté d’une couverture grise et quelque chose d’illisible. Il fut étonné, une seconde, avant de continuer sa route. Les livres qu’il avait vus jusqu’à maintenant étaient relativement – insistance sur le mot relativement – en bon état. Et plus il continuait, plus il avait l’impression que les livres en étaient décolorés, et délaissés, l’encre de leurs couvertures totalement sale et le cuir plus sombre comme la pourriture de la chair, nécrosée.

Andrei manqua de trébucher, se rattrapant sur un support. Le sol. Avait-il été malpropre auparavant ?

Non. Ce fut quand Andrei releva son regard pour reprendre son chemin qu’il vit quelque chose des plus étranges. D’alarmant.

Les ampoules de secours, manquaient-elles de puissance ?

Le monde s’obscurcissait. Pire encore, Il devenait de plus en plus noir.

Pourquoi personne ne hurlait sur la panne de courant ?

Une soudaine peur, prise viscérale, s’empara de lui.

Non. Ma vue. Je la perds.

Il entendait tout parfaitement bien. Son propre cœur qui s’emballait. Sa respiration. Observant encore sa main, il tenta de bouger, de se mouvoir, mais sans arranger son cas.

Il perdait la vue.

En tournant dans une allée, parmi les étagères, Andrei... crut voir quelque chose.

-...


Et le rideau tomba sur son monde. Un écran sombre sans aucune forme, une terreur s’emparait d’Andrei, alors que le choc débutait...

Ses mains, fixées sur des bras puissants et musclés, avaient un début de tremblement.

Était-ce la peur, ou bien les radiations qui rattrapaient Andrei ?
Vassilissa Drozdova
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Vassilissa Drozdova
Jeu 15 Juil - 21:16

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La quiétude. C’est ce que Vassilissa préférait lorsqu’elle se trouvait entre les étagères de la bibliothèque. Rares étaient les personnes qui y entraient et, celles qui le pouvaient, nourrissaient un respect trop grand pour ce lieu pour oser briser sa sérénité.

Ce jour-là, la jeune femme était venue déposer des livres empruntés quelques jours plus tôt pour son propre usage et celui de ses leçons.
Sa matinée s’était finie après un cours donné aux enfants de la station, et la lecture d’un conte, qui avait éveillé dans leurs yeux quelques scintillement curieux.
La jeune femme adorait les voir ainsi, leurs visages attentifs tournés vers elle et leurs bouches entrouvertes tant ils étaient captivés par l’aventure qu’elle leur comptait.

Un sourire étira ses lèvres fines tandis qu’elle remettait en rayon le livre de contes en question. Elle tenait d’autres bouquins dans sa main gauche et parcouru du regard les étagères autour d’elle pour retrouver leur place.
Car oui, même si la bibliothèque de la V.A.R ne payait pas de mine et que la plupart des bouquins avait eu une vie rude et ingrate, laissant leurs pages fragiles, noircies et/ou déchirée, chacun avait sa place sur ces étagères branlantes.
Vassilissa, en amoureuse des livres, veillait toujours à ramener ces derniers dans le meilleur état possible et à les remettre où ils devaient être.

Un bruit attira son attention. Quelques étagères plus loin, le bibliothécaire s’était mis à épousseter les meubles, comme il était également coutume de le faire, entre autres choses, lorsque l’on montait la garde en ce lieu.
Il avait pu arriver à Vassilissa d’avoir cette charge et de veiller sur ce petit mais précieux royaume, à quelques reprises. Cela lui était peu arrivé malgré tout, étant donné sa charge de professeure et d’infirmière, mais elle avait adoré remplir ce rôle quand les occasions s’étaient présentées.
Cela lui avait notamment permis de se couper du monde et des gens l’entourant durant quelques heures, le temps de faire une pause dans la réception de leurs émotions.

A présent, cela devait faire une demi-heure qu’elle se trouvait là, mais aujourd’hui elle avait le temps. Pas de patient à voir, son cours déjà donné, elle se réservait seulement un entraînement dans quelques heures.
Elle avait rangé ses livres mais déjà un nouveau s’était glissé entre ses mains, plusieurs fois lu, mais qu’elle feuilletait à nouveau avec plaisir.

Elle sentit soudain un sentiment étrange la caresser. Une sorte de malaise, comme quelque chose qui cloche, d’inhabituel. Cette impression ne lui appartenait pas, c’était celle d’un autre.
Elle balaya l’espace du regard et, outre le bibliothécaire, un autre homme était entré. De haute stature, les cheveux noirs jais, les traits anguleux sous une barbe bien taillée, la jeune femme était sûre de ne l’avoir jamais vu.
Le temps d’une observation plus précise, elle comprit que ce devait être un stalker, peut-être même le stalker dont la plupart des femmes parlaient depuis deux jours. On le disait bel homme avec un certain charme. « Sans doute, pensa-t-elle. Si on les aime arrogants. ».
Les yeux à nouveau sur son livre, la jeune femme ne put s’empêcher de continuer à scruter mentalement cet homme.
Il se dégageait de lui l’assurance que l’on prête à ces hommes et ces femmes qui osent s’aventurer à l’extérieur et dans les tréfonds du métro. Pourtant, c’était bien de lui également que venait ce sentiment de malaise qu’éprouvait Vassilissa.
Son âme était murée, caractéristique d’un esprit solitaire comme nombre de stalkers, mais pas infranchissable, et passée la froideur de façade, se dessinait un paysage émotionnel bien sombre. La tristesse y était reine et s’il fleurissait quelque sentiment positif, l’attachement à un être cher, un souvenir heureux, il était rapidement emprunt de nostalgie ou marqué d’un choix coûteux, d’un renoncement conscient au bonheur.

Tout cela restait encore très flou pour la jeune femme et elle fut coupée dans son exploration par le sentiment de plus en plus impérieux que cet homme vivait un tourment bien plus réel et physique.

Comme en écho, elle l’entendit trébucher. L’incompréhension se mêla aux autres émotions éprouvées par le stalker ainsi qu’une impression de danger. Il était souffrant, mais ne semblait pas s’en être rendu compte.
Un peu plus, et il tomberait sur les étagères, se dit Vassilissa. Par soucis pour les livres, et – oui – pour la santé de l’étranger, la jeune femme posa le bouquin qu’elle tenait et commença à parcourir la distance qui les séparait.
Dans un geste incertain, elle le vit s’avancer hors des étagères, se tenant aux meubles fébriles, et alors qu’ils ne se trouvaient plus qu’à quelques pas l’un de l’autre, le stalker leva des yeux voilés de blanc vers elle. Il sembla vouloir dire quelque chose, en vain, l’expression de son visage trahissant son impuissance face à son état.
Voyant les mains de l’homme commencer à trembler, et son expression devenir d’autant plus soucieuse, Vassilissa se mit à craindre qu’il ne s’effondre sous ses yeux. Elle se plaça donc immédiatement en soutien contre lui, passant un des bras de l’homme sur ses épaules et passant l’un des siens dans son dos.
Elle était cependant tout à fait consciente que si les jambes du stalker venaient à flancher réellement, elle ne pourrait par faire bien plus que ralentir sa chute, étant donné sa propre stature.

- Quelqu'un vite ! héla-t-elle.

Mais déjà le corps de l’homme pesait de plus en plus lourd sur ses épaules.
Andrei Volkovar
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Andrei Volkovar
Stalker
Mer 21 Juil - 4:46

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Age :: 30 ans
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-Vers cinq heures.



Le vent balayait le tissu protecteur de son nid de tireurs d’élite. Ajustant sa position, il tourna sa lunette vers une ouverture dans la façade d’une petite usine. Une Nosalis, dont le gabarit ferait pâlir d’envie un ours mutant, reniflait une flaque au sol. Sur sa gauche, son observateur tenait une jumelle dans ses mains. Un collègue Stalker, qu’il accompagnait pour la formation finale de l’un de leurs jeunes hommes. Moyennant finance, évidemment. Non loin de la Nosalis, la porte d’un garage était entrouverte, et le tireur d’élite y devinait facilement du mouvement humain.



-C’est l’Alpha, je crois bien.



-S’il est sorti, c’est qu’il a repéré leur odeur. Il n’a pas l’air d’avoir réveillé le reste de sa meute. Ils sont vers le garage de service. Ils n'ont pas l’air blessé.



-C’est bien. Ça veut dire qu’ils s’en sont sortis jusque-là. Mais putain mon vieux, tu sais, tu vaux ton pesant d’or. Y’a personne qui ne tire aussi bien que toi parmi nous.



-La Nosalis bouge.



Ajustant la lunette de son fusil, le Stalker regarda un bref instant la porte de son nid. Elle restait fermer. Le piège dans le couloir, fait de conserves reliées par un fil, n’avait pas été déranger une seule fois.



-Beaucoup donneraient pour avoir ton don, mon vieux. T’es sûr que tu n'as pas de mutation ?



-Si j’en avais, je suppose que je vivrais parmi les Nosalis. Ils feraient de bons compagnons de chambre, j’en suis sûr.



-Je ne rigole pas. C’est bien grâce à toi qu’on peut survivre la majorité du temps quand tu nous accompagnes. Rien ne t’échappe.



-Toi, oui. Elle vient de bouger vers la porte. Je crois qu’il les a remarqués.



La Nosalis avait en effet tourner son museau vers la position des cadets. Ses pas, étonnamment félins, troublaient à peine le sol, n’élevant que de fins souffles de poussières sous lui.



-Tu n’as jamais pensé... à ce qui arriverait ? Si par malheur, on se faisait avoir par un cancer ? Que les radiations nous fassent bouillir nos cellules vers le point de non-retour ?



Un instant de silence. Le vent leva. Et la balle traversa l’air avant d’atteindre l’œil de la Nosalis. La créature rugit, et les cadets, devinant alors que leur formation finale venait d’atteindre son zénith, sortirent en force et tirèrent une rafale sur la créature. Ils ne sont pas assez serrés, et ne couvrent pas leur cul, pensait déplorablement Andrei en les voyant, mais ils ont du potentiel.



-Prendre une retraite n’est pas dans mes options. Et franchement... Qui parmi nous peut vraiment prendre une retraite ?




*



Andrei avait su que sa vie était limitée dès le moment où il avait choisi de mettre un pied hors de la cité de Polis. Quand il s’était équipé du masque respiratoire et de la tenue en toile spéciale offerte en cadeau par son mentor, Andrei était devenu un tout autre homme. Chaque combat contre des mutants l’avait renforcé. Chaque échange de coups de feu avec les bandits avait affiné son talent pour reconnaître à l’avance les dangers au sein des tunnels, et ses relations au sein des stations à savoir qui fréquenter et ne pas fréquenter. Reconnaitre le danger était son point fort.



Mais cette mutation – qu'il avait gardé secrète, même à son meilleur ami – qu'il portait, Andrei n’a jamais cru que celle-ci aurait pu se retourner contre lui. Ce qu’il avait pensé être une évolution dans le génome humain face à son évolution dans le milieu des tunnels moscovite se révélait en ce moment être une sentence qui s’abattait sur lui, comme la lame d’une guillotine dont la corde avait été coupée soudainement après toute ses années face aux nombreuses sorties qu’il avait fait en extérieur.



-Putain, je... Je...



Le Stalker cédait à la panique. Pire encore, son corps le cédait lui, comme un barrage qui s’était fissuré sous le poids de l’eau, mais ce n’était pas de l’eau, mais bel et bien des radiations qui avaient pris d’assaut son corps.



Andrei se refusait d’admettre une autre explication que celle-ci. Il refusait d’admettre que ce qui avait fait de lui quelqu’un d’aussi utile, qui faisait secrètement sa fierté, se retourne soudainement contre lui. Que sa vue l’avait abandonnée.



Et que la force motrice de ses mains semblaient montrer une instabilité naissante. Sa prise, sur un mur, et celle d’un des bras de la femme qui l’avait aidé, bénie soit-elle, pour le supporter, semblait se montrer faiblissant.



-Vous allez venir, bordel ?! Hurla-t-il dans une direction quelconque, dans le mince espoir que des gardes les retrouvent.
Vassilissa Drozdova
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Vassilissa Drozdova
Jeu 29 Juil - 22:30

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Le cri du stalker l’avait surprise. Vassilissa pensait l’homme au bord de l’évanouissement mais ce n’était pas encore le cas visiblement.
L’archiviste, Lev Komarov, ne tarda pas à arriver auprès d’eux, bientôt suivi d’un garde. Ce-dernier se plaça aussitôt en soutien de l’autre côté du stalker, au moment même où ses jambes cédaient sous son poids.

Une décharge émotionnelle traversa alors l’homme pour se répercuter sur Vassilissa, toujours connectée à ses émotions. La panique, la frustration et l’injustice, ces sentiments l’imprégnaient et se mirent à bourdonner dans l’esprit de Vassilissa.

« Quand on vit au milieu des roses, on en prend malgré soi le parfum ».

Cette phrase se rappela à elle ; cette phrase qui, seule, l’aidait à canaliser l’imprégnation des émotions des autres et la diffusion des siennes.
Elle se concentra sur ces mots et les troubles étrangers se dissipèrent. Vassilissa y vit le signe qu’elle attendait pour agir.
Sur une inspiration, elle se laissa envahir par un profond sentiment de quiétude et, sur une expiration, imagina une rivière intérieure déferlant de son corps vers celui du stalker, emplie de cette émotion.  
Un profond apaisement imprégna alors l’homme qui glissa dans l’inconscience après quelques instants, cessant de lutter contre son mal. Toute sa masse physique pesa alors sur les épaules de Vassilissa et du garde qui poussèrent dans un même mouvement sur leurs jambes pour le soutenir.

- Que puis-je faire pour vous aider ? s’enquit l’archiviste qui ne savait que faire face à la scène.
- Dégage le passage, Lev, et arrange-toi pour qu’on puisse se faire un chemin ! éructa le garde avant que Vassilissa n’ouvre la bouche.

Lev Komarov s’exécuta aussi vite qu’il le pouvait, prenant soin de ne pas faire tomber les livres tout en bougeant comme il le pouvait une rangée d’étagère. Vassilissa et le garde commencèrent à avancer tout en tenant fermement le malade, avec un empressement mêlé de précaution au milieu des précieux ouvrages de la station.
Par chance, le stalker s’était effondré non loin de l’entrée de la bibliothèque et le trio sortit bientôt.

- Amenons-le à l’infirmerie, déclara le garde.

Vassilissa acquiesça. Le transfert émotionnel avait coûté une certaine énergie à la jeune femme qui sentait déjà pointer une violente migraine.

« Cette journée était trop calme, pensa-t-elle. »

Pour autant, l’infirmière en elle s’attelait déjà à croiser les informations cliniques, recueillies en observant son patient et les émotions de celui-ci, pour comprendre ce qui lui arrivait.
En tant que stalker, l’irradiation était la cause la plus probable de ses maux. Ses pairs ne survivaient que rarement à la phase prodromique des syndromes d’irradiation, l’émergence interne des symptômes permettant rarement un traitement adéquat.
Dans son cas cependant, l’atteinte principale semblait se concentrer sur ses yeux, et, même si c’était justement cela qui le troublait au plus haut point, c'était peut-être ce qui le sauverait.
Andrei Volkovar
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Andrei Volkovar
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Sam 31 Juil - 20:48

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Vassilissa Drozdova
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Vassilissa Drozdova
Sam 31 Juil - 20:55

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Sam 31 Juil - 21:40
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    L'obscurité. Cette chose qui durant des siècles a suscité la peur et la curiosité dans le cœur des hommes. Cette étendue noire où tout est possible et imaginable... où tout paraît plus dangereux, plus effrayant, plus angoissant. Andreï était installé à l'infirmerie, ne comprenant pas tout ce qu'il se passe. Il entendait des voix, des diagnostiques et préférait ne pas trop s'y attarder. Pensez maintenant aux pires ne l'aiderait en rien. Tout ce qu'il espérait, c'était sortir de cette obscurité qui le tirait lentement vers les abysses, qui le plongeait lentement dans la peur et l'incompréhension. Est-ce irréversible ? Ne recouvrera-t-il jamais la vue ? Pourquoi maintenant ? Tant de questions qui se bousculaient...

    Vassilissa essaie d'aider tant bien que mal, elle apporte de l'eau au stalker et commence à fouiller dans la trousse de médicament en espérant retrouver quelque chose d'utile. Comme s'il existait un remède miracle à la cécité. Comme si elle pourrait faire quelque chose contre les radiations que l'homme a subit. Elle empoigna une boîte dans un triste état, déchirée et dont le carton était mou à cause de l'humidité. Des sachets pour calmer la diarrhée... devant cette boite insignifiante, elle ressentait comme une pointe d'ironie. L'instant suivant l'impuissance s'abattit sur ses épaules. Qu'espérait-elle bien pouvoir faire contre une perte de la vue ? La boite de Smecta traversa la pièce, un geste irréfléchie et spontanée suite à la frustration qu'elle ressentait. Vassilissa se redressa lentement et alla pour s'appuyer sur la commode quand sa main loupa le meuble. La jeune femme perdit l'équilibre vers lavant pour se rattraper juste à temps. Quelque chose de bizarre, une sensation qu'elle n'avait jamais ressentie. Machinalement  elle observa sa main pour remarquer que ses doigts semblaient... flous. Comme si elle observait un miroir couvert de buée. D'un geste nerveux, elle vérifia ses joues et ses yeux, aucune larmes, pourquoi aurait-elle pleuré de toute façon ? Mais alors... sa mutation aurait fait plus que transférer les émotions ? Perdrait-elle également la vue ? Son cœur s'emballa à cette idée...

    Le néant céda finalement la place à une légère lueur d'abord très timide puis un peu plus téméraire. Andreï se redressa dans son lit pour tenter une expérience. Des ombres dansaient dans la pièce. Tout est encore sombre mais il y distingua malgré tout quelque chose, très légèrement. Il serait bien incapable de dire qui il aperçevait et ce qu'ils faisaient exactement mais il distinguai enfin quelque chose. L'enfer semblait finit pour laisser place à un monde en noir et blanc où seuls des spectres et des silhouette semblaient exister...

Andrei Volkovar
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Andrei Volkovar
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Sam 11 Sep - 20:08

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Son trouble physique lui fit plier le genou. Lui fit défaut. Son corps ne répondit plus aux commandes du cerveau, qui semblait alors en train de se détraquer comme le moteur d’une draisine en marche qui a décidé de tout bonnement cesser de fonctionner au beau milieu d’un tunnel potentiellement rempli de Mutant.



Mais il n’était ni dans un tunnel ni sur une draisine, mais dans un lieu civilisé et peuplé d’humain, au sein d’un endroit que les habitants considéraient comme un véritable lieu sanctifié du savoir humain, ou du peu de savoir qu’ils peuvent en avoir. Et la peur invectivait déjà ses instincts de combattant en dépit de sa faiblesse. Perdre la vue. Un handicap qui n’était ni le bienvenu dans une station de Métro comme VDNKH, mais aussi ailleurs. Devenir un poids mort signifiait devenir une gêne, surtout dans un lieu qui ne lui était aucunement familier.



Son équipement allait lui être volé, pensait-il soudainement. Tout ce pour quoi il avait travaillé, disparu. Les rapaces ne manquaient pas dans le Métro, même dans la cité de Polis. Comme un insecte pris au piège par un individu trop curieux pour son propre bien, armé d’un scalpel, le Stalker allait se débattre. Puis vint l’étrange vague dans son être. La froide étreinte métallique et hivernale de la peur était remplacée par la caresse d’une main chaude sur son cœur et une ancienne odeur qu’il ne put identifier qu’au moment où il tomba dans l’inconscience.



Ce qu’il se passait ensuite était une suite de sensations et de voix troubles dans son esprit, ou il nageait entre conscience et rêve. Comme un rayon de lune illuminant un instant des eaux troubles et sombres d’un océan d’encre et la vague impression de se retrouver attaché dans une draisine qui roulait en douceur parmi quelques éclats de lumières dans une station peu fréquentée hormis par des sans-abris, des rebuts et des exilés. Des discussions. Des bruits. Quelque chose qui tombe, s’écrase.



Il savait qu’il avait bu de l’eau. Qu’on lui en avait donné. Mais l’étroitesse de sa gorge faisait en sorte qu’il avait l’impression qu’elle s’était rétrécie sous la sécheresse. Ou l’anxiété qui lui rongeait l’esprit. La peur affectait le corps. Un esprit sain dans un corps sain. Mais de la même manière que l’esprit affectait le corps, la panique gagner sous la perte de sa vue ne lui avait pas rendue service. Une panique qui s’était vite dispersée, étrangement. Qu’était-ce donc ? Il savait que sous un certain seuil de stress, certaines personnes pouvaient perdre la vue momentanément, mais lui, qui avait travaillé longtemps sous des milieux dangereux, n’avait jamais eu ce genre de problème. Jusqu’à maintenant.



Une étrange sensation glacée le perturba quand il... vit quelque chose.



Comme une lueur de lampe de poche illuminer, derrière un épais rideau de lin sombre. Et bientôt, sa vue... s’éclaircit. Comme par instinct, il leva la main pour tenter de l’attraper. Mais il ne vit rien. Rien... jusqu’aux prochaines secondes. Récupérait-il la vue ? Il avait pourtant l’impression de se trouver devant un spectacle d’ombre chinoise, comme un Brahmane d’une des stations de Polis lui avait montrer une fois.



-Je... infirmier ?



En cherchant un appui en tâtonnant à l’aveugle, Andrei tomba du lit, et dans sa chute, un petit meuble avec lui. Un geignement de douleur et de surprise.



-Bordel... Infirmier !
Vassilissa Drozdova
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Vassilissa Drozdova
Sam 8 Oct - 15:48

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Age :: 25
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Vassilissa serra les dents. Elle détestait se sentir impuissante quand un patient avait besoin de son aide. Elle porta un verre d’eau au stalker tandis que défilaient dans son esprit tous les livres qu’elle avait pu lire sur les radiations et les moyens de les soigner. Autant de contes pour enfant dans ce monde postapocalyptique.
Il était évident le métro recelait trop peu de ressources pour lui permettre d’élaborer un traitement adéquat.
Fouillant dans les boites abîmées de l’infirmerie, elle en ouvrit une avec espoir, pour tomber sur ces fameux petits sachets de poudre blanche, apte à soigner l’estomac le plus capricieux. Elle se surprit à sourire de l’ironie de cette situation puis sentit la frustration remonter, brûlante, de son diaphragme à sa gorge pour se diffuser dans tout son corps.
La boite de médicaments vola à travers la pièce, suscitant les réactions interloquées des autres infirmiers.

Vassilissa tenta de s’apaiser, mais le violent mal de crâne qui la guettait depuis qu’elle avait porté secours au stalker déferla de sa nuque à son front et lui enserra les tempes. Elle tendit un bras pour s’appuyer sur la commode, mais sa main ne trouva que le vide.
Elle secoua la tête pour se remettre les idées en place mais lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle se rendit compte de la cécité qui commençait à la toucher. Hormis sa migaine habituelle, elle ne sentait nullement les effets d’une atteinte par des radiations mais devait se résoudre à ce constat : le transfert qu’elle avait effectué plus tôt pour apaiser l’homme se retournait contre elle.
Une nouvelle vague douloureuse irradia dans son crâne, la forçant presque à se replier sur elle-même.

Elle devait sortir de l’infirmerie pour ne pas accentuer son état en restant ainsi proche de son patient.
En quelques pas, elle parvint à la porte et poursuivit son chemin avec peine, jusque sur les rames du métro. Se tenant d’une main au mur le plus proche, elle fit quelques pas de plus avant de s’y adosser et de se laisser glisser au sol.
Elle prit de profondes respirations pour s’apaiser et entreprit un check-up de son métabolisme.

« Symptômes : migraine et cécité, établit-elle d’abord. La migraine est habituelle, la cécité, un symptôme transféré. Je dois établir le diagnostic de ce stalker. »

« Première hypothèse de diagnostic du patient : l’apparition du syndrome d’irradiation. Recherche d’autres symptômes inhérents à ce syndrome. »

Vassilissa tâcha de se concentrer pour percevoir le moindre signe que lui transmettrait son corps. Il lui fallait restaurer sa capacité à penser de manière raisonnée.
Elle put enfin effectuer un scan mental de chaque partie de son corps. Os, muscles, ligaments, organes vitaux
Rien... ou presque.
Aucune envie de vomir, pas de fièvre, pas de réaction cutanée, aucune douleur abdominale. Aucun symptôme basique d’une irradiation.
Elle éprouvait cependant une sensation oppressante dans sa cage thoracique, qu’elle ressentait comme étant directement liée à sa cécité.
Après quelques secondes de réflexion, le visage de la jeune femme s’apaisa. Ce n'était pas dans les symptômes physiologiques qu'elle trouverait la réponse qu'elle cherchait.

« Diagnostic du patient établi. »

Un bruit dans la tente de l'infirmerie survint soudain, suivi de l'appel du stalker.
Ses collègues prendraient bien le relais jusqu'à ce qu'elle ait restauré ses capacités.
Vassilissa croisa ses jambes en tailleur, joignit ses mains dans le creux de ses cuisses et prit une profonde inspiration.
Andrei Volkovar
Date d'inscription : 11/01/2018
Messages : 120
Andrei Volkovar
Stalker
Dim 16 Oct - 7:32

Passeport
Age :: 30 ans
Patronyme :: Nikitovitch
Surnom ::
Andrei Volkovar, Stalker et militaire à temps plein, avait eu une vie mouvementée.

Une vie que l’on qualifierait comme saupoudrer d’événement extraordinaire. Comme le Sombre, ou bien sa trouvaille en surface de toutes ses armes.

Ses nombreuses sorties dans la bibliothèque. Les panoramas aussi formidables que terriblement triste en surface.

Mais toute vie prenait fin. De bien des manières. Si un sourd pouvait avoir une chance de survivre dans le Métro moscovite en étant accompagné, un aveugle n’en avait aucune. À Polis, Andrei aurait été traité avec les honneurs. Anya aurait probablement tout tenté pour le guérir. Mais ici, dans la VDNKH, loin de la cité des lumières, tout était dangereux. Le vol pouvait arriver. La contrebande d’équipement de Stalker était en demande constante. N’importe qui alors pourrait devenir riche.

Une vision floue, comme un rayon de lune au qui tenterait de briller au travers d’une mer d’encre profonde. Un film en noir et blanc, très flouté, et Andrei était incapable de bien distinguer ce qu’il voyait, mais il avait l’impression de voir bouger des choses. Pourtant, et pourtant… Pourtant, il n’avait pas l’impression que ce qu’il voyait était tout à fait normal. En tentant de s’agripper et de sortir du lit, le Stalker de Polis glissa hors du lit et fit tomber le meuble avec lui. Il en gronda de douleur. Mais il était en vie.

Et être en vie signifiait que l’on pouvait faire quelque chose encore.

- Infirmière ?! Quelqu’un ? Vous êtes là ?

Il ne semblait pas avoir entendu quelqu’un répondre.

En réalité, il semblait avoir été la seule personne à fréquenter l’infirmerie, en dehors des individus l’ayant amené ici…

Toujours en tentant de se repérer, Andrei put se remettre debout, le plus prudemment possible, bien qu’il était toujours sur le bord de tomber. Comme s’il était redevenu un nouveau-né, un bambin, incapable de faire un pas en avant sans se mettre l’autre pied en travers, un canard boiteux irradié et probablement en train de subir quelque chose qu’il n’aurait alors jamais dû subir normalement.

Soit une mutation forcée et nouvelle, soit… quelque chose d’encore plus sinistre. Quelque chose qui semblait refroidir son sang, serrer sa poitrine, faire paniquer son cœur.

- Quelqu’un ?!
Vassilissa Drozdova
Date d'inscription : 05/06/2021
Messages : 7
Vassilissa Drozdova
Jeu 10 Nov - 11:17

Passeport
Age :: 25
Patronyme :: Antonovna
Surnom :: Vassya
- Vassya …
Une main se posa doucement sur l’épaule de la petite fille.
Elle avait 12 ans. Recroquevillée dans un coin de la tente, comme un animal battu, les mains ensanglantées, elle était parcourue de spasmes qui tour à tour l’agitaient et la tétanisaient.
Au dehors, on entendait le tumulte de la station VDNKh, mise sans dessus dessous par l’attaque de Nosalis dans un tunnel proche.
La caresse sur son bras était devenue une étreinte plus entière, contenante et rassurante. Le parfum de Yéna emplissait son air, la chaleur de son corps se diffusait progressivement à celui, frêle, de Vassilissa.
- Vassya, ma chérie, lui disait sa mère d’adoption. Ne te concentre que sur ma voix, que sur moi.
Le cri d’un homme déchira les alentours et le corps de Vassilissa se tordit dans les bras de Yéna, dont l’étreinte se resserra davantage.
- Oublie la peine et la douleur, murmura la femme.
Vassilissa luttait contre des visions d’horreur. Non pas tellement des membres déchiquetés, des plaies béantes ou des lèvres humectées de sang des patients morts de leurs blessures. La jeune fille faisait face aux souvenirs des victimes de l’attaque. Elle était traversée de chaque angoisse, de chaque traumatisme, vécu, éprouvé par les habitants de la station. Du stalker fusillant tout ce qui passait devant son regard, avant de se faire circlure le crâne par la gueule d’un mutant, jusqu’à l’enfant effrayé par l’agitation générale.
Mais la voix de sa protectrice aidait Vassilissa à lutter.
- Oublie l’horreur et la peur. Oublie le tourment de la surface et l’angoisse dans la nuit éternelle des tunnels obscures. Oublie le malheur de ceux qui en reviennent. Ils ne sont pas toi et tu n’es pas eux.
Les paroles de Yéna résonnaient dans l’esprit de Vassilissa, occultant ses autres pensées. Elle poursuivait :
- L’obscurité cède sa place à la lumière d’une chandelle et le vent laisse place à la sérénité de ta maison.
Le corps de Vassilissa se détendait à mesure que ces mots salvateurs emplissaient ses oreilles.
La tête contre la poitrine de sa protectrice, elle se laissait bercer par sa voix et les battements réguliers de son cœur.
Les pensées et ressentis parasites ne l'envahissaient plus. Sa perméabilité s’amenuisait à mesure que les secondes s’écoulaient. La pression dans sa cage thoracique disparaissait, comme un barrage cède à la puissance douce et ferme de l’eau.
- Tu es Vassilissa Antonevna Drozdova. Tu ne crains aucun danger.

Vassilissa ouvrit les yeux sur le mur du tunnel qui lui faisait face. Son esprit se reconnecta à la réalité après ce saut dans le passé qui l’avait ramenée à cette nuit de mars 2033, durant laquelle, pour la première fois, elle avait fait face à la souffrance simultanée de nombre d’hommes et de femmes.
Depuis cette nuit, Vassilissa s’était habituée à se répéter les mots de sa mère d’adoption lorsqu’elle se sentait dépassée par ce qu’elle éprouvait ou que les transferts l’imprégnaient de trop.
Toujours en tailleur à même le sol, elle était désormais davantage gênée par les cailloux pointus sous ses jambes et ses fesses que par les restes de son transfert avec le stalker.
Sa vision n’était pas encore idéale mais elle était bien meilleure que quelques instants auparavant et la douleur dans sa poitrine n’était plus. Seule une gêne demeurait mais elle était parfaitement consciente qu’elle ne lui appartenait pas.

La jeune femme se releva, un peu engourdie par la dépense d’énergie considérable que tout cela lui avait demandé.
Dans l’infirmerie non loin, elle entendait le stalker grommeler et elle se dirigea vers la tente pour le rejoindre.
Elle percevait désormais avec lucidité les maux de son patient. Il semblait aux prises avec un désarroi profond, un sentiment de déracinement, l’impuissance et l’incertitude de l’avenir.
Lorsque Vassilissa ouvrit la toile de la tente, elle vit le stalker debout, semblant chercher du regard et des bras ce qui l’entourait. Des boîtes et objets auparavant posés sur ou dans le meuble à son côté jonchaient le sol, comme le meuble lui-même.
Ressentant la présence de la jeune femme, il demanda qui était là.

- Personne qui vous veuille du mal, répondit Vassilissa en s’approchant de lui.
- Ça, c’est à moi d’en juger, déclara-t-il, méfiant.

Désormais à proximité de l’homme, Vassilissa attrapa doucement l’une de ses mains pour qu’il la repère.
- Si vous aviez senti que j’étais dangereuse, je ne serais déjà plus de ce monde, releva-t-elle. Maintenant, vous devriez vous asseoir.

Un peu surpris par son contact et ses mots, le stalker resta un instant immobile et silencieux, puis il se laissa aider et les suspensions du lit grincèrent bientôt sous son poids.
Vassilissa entreprit ensuite de ramasser les objets tombés au sol. Sa vision n’était clairement pas optimum mais la lanterne qui brillait au-dessus de sa tête l’aidait dans sa tâche.
Le stalker lui dit alors qu’il reconnaissait sa voix et posa sur elle un regard, non plus opaque, mais encore trouble.

- Je vous ai aidé à la bibliothèque, lui rappela-t-elle. Et je suis aussi votre infirmière.

L’homme bougonna un instant, la jugeant peu capable de cette fonction au vu de sa disparition alors qu’il était en pleine détresse.

- Il m’a fallu régler une difficulté… annexe, s’expliqua Vassilissa.

Le stalker eut un soupir désabusé. La jeune femme sentait son agacement et sa détresse face à ses difficultés persistantes. En témoignait sa jambe droite qui tressautait nerveusement.

- Je m’appelle Vassilissa, se présenta-t-elle en lui tendant une main qu’elle le savait capable de voir.
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