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L'Oeil
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L'Oeil
Fondateur
Sam 14 Mar - 0:00
Fondateur
Le Marché
Épreuve 3 : Le Marché 200313113612817548


Parmi toutes les fascinantes histoires et légendes du folklore slave, il en est une que vous regretterez sans doute d'avoir connu.
Croiser la route de Baba Yaga, c'est un peu comme jouer à la roulette russe. Peut- être vous laissera-t-elle repartir, ou peut-être pas. Mais quoi qu'il arrive, elle ne perdra pas une aussi belle occasion de divertir sa vieille carcasse.

Car oui, tout ce qu'elle veut, c'est jouer avec vous.
À vous d'être inventif ! Elle ne vous demande que de remporter votre partie de "tu préfères". Tu préfères avoir des jambes en mousse ou des bras en gruyère ? Aller vanter le capitalisme chez les rouges ou aller te bronzer aux émanations radioactives à la surface..?
À vous de proposer à la vieille Baba vos choix les plus farfelus, et de répondre aux siens !

Vous l'avez compris, vous devrez décrire votre étrange rencontre avec la sorcière Baba Yaga, et raconter votre partie endiablée de ''tu préfères'', celle qui vous a permis - ou pas - de sauver votre peau !



Coup de pouce:




Instructions:
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Anticias
Invité
Sam 14 Mar - 12:59
Anticias McDowell UTM

Spoiler:

Anticias regarda rapidement autour d'elle. Comment avait-elle pus se retrouver toute seule d'un coup ? Il n'y avait plus qu'elle est cette vieille femme. Bien sûr, elle savait que la magie existe, dur de croire le contraire quand on vit dans un monde entourée de vampires et de loup-garous, mais la voir de ses propres yeux était tout de même une chose très étrange ! La vieille femme n'avait pas bouger, et Anticias secoua la tête pour se réveiller de ses penser. Elle posa son sac par terre et se mise à fouillé dedans. Elle trouva du pain et du fromage, c'était malheureusement tout ce qu'elle avait sur elle, et c'était son repas de midi...Pourtant la vieille femme semblait en avoir plus besoin qu'elle, aussi Anticias le lui tendit en souriant.

"Tenez Madame, ce n'est pas grand-chose, mais c'est tout ce que j'ai..."

La vieille femme prit la nourriture et l'engloutie en seulement quelques secondes !

"Tu es bien gentille mon enfants...Que dirais-tu de jouer un peu avec moi avant de reprendre ta route ?"

Jouer ? C'était vraiment un drôle de contexte pour demander à quelqu'un de jouer à un jeu ! Mais soit, après tout, même en pleine fin du monde, il fallait garder son âme d'enfants et voir le positif de la situation ! Anticias hocha donc la tête. La vieille femme lui expliqua le principe du jeu, un simple "tu préfères". Soit... Ce n'était pas un jeu méchant et en plus il était drôle ! Anticias laissa la vieille femme commencer.

"Tu préfères être aveugle, ou muette ?"

Hé bien, elle commençait fort la mamie ! Anticias répondit qu'elle préférait être aveugle et presque aussitôt, le peu de lumière qu'il y avait autour d'elle disparut. La jeune femme fouilla dans ses pocha pour sortir une lampe torche, elle la trouva facilement et l'alluma, cependant, aucune lumière ne sorti de là. Elle toucha le bout de la lampe qui pourtant était chaud.

"Surprise mon enfant ? Te voici aveugle... Mais ne t'en fais pas, si tu gagnes contre moi, tu retrouveras la vue ! Mais si tu perds... Je prendrais tout simplement ton foie et tes poumons !"

Un frisson d'horreur parcourue la jeune femme aux longs cheveux blanc ! Ce n'était pas possible ! Elle se rappela des contes qu'elle lisait tard le soir pour s'endormir et compris, mais trop tard à qui elle avait affaires. Elle était désormais coincée dans ce jeu et savais qu'elle n'avait quasiment aucune chance de gagner. De plus, la vieille femme ajouta une chose dont Anticias c'était malheureusement douté.

"Tous les choix que nous ferons dans cette partie ce réaliseront vraiment...Alors, réfléchis bien !...À toi..."

Le cerveau de la jeune femme aurais pus exploser tellement celle-ci réfléchissais ! Le meilleur moyen de gagner était de faire en sorte que la vieille femme ne puisse plus poser de questions ! Ni les écrire...Anticias n'y voyais rien, mais si cela se trouvait, elle avait déjà écrit le prochain sur un papier et comme elle ne pourrais le lire, la jeune femme aurais forcément perdu.... Elle devait ce montré maligne sur le coup et bien réfléchir.

"Vous préférez....Qu'il n'y ait plus de forme d'écriture dans le monde ou bien vous retrouver encerclé par des mutants ?"

Baba Yaga rit et répondit forcément les papiers ! elle posa ensuite sa question à elle "tu préfères perdre un bras, ou ta langue ?" Décidément, elle ne plaisantait pas... La réponse était pourtant évidente ! Le bras...

La partie dura un moment, car avant de s'attaquer à la voix de la jeune femme, Anticias voulait être sûr qu'il n'y avait plus de moyens pour la vieille femme de poser une autre question à Anticias. Au final, la demoiselle perdit : la vue, l'odorat, les deux bras, avait eu les cheveux verts (enfin , si la logique fonctionner, car elle ne voyait rien !) avait perdu ses dents et une oreille. La jeune femme commençais à ce vider de son sang et souffrais incroyablement !

Baba yaga à l'inverse, n'avait pas perdu grand chose si ce n'est aussi la vue. Car même dos au mur comme l'était la jeune femme, elle ne pouvait ce résoudre à faire du mal à quelqu'un d'autre... Elle avait posé diverses questions , allant du "tu préfères ne plus pouvoir manger autre chose que des légumes verts ou vivre toute ta vie en éternuant toutes les cinq minutes ?" à des choses plus violentes comme "Tu préfères perdre la vue ou ne plus avoir de pouvoir magique ?" Il était temps maintenant de poser la dernière question , et c'était au tour de la jeune femme.

"Vous préférez devenir muette, ou perdre a vie immédiatement ? ".


Échec et mat ! La petite vieille ricanât avant de la félicité.

"Tu as très bien joué mon enfant... en plus de cela, hormis la dernière, tu as été très gentille avec moi et accepter de souffrir... Je te rends tout ce que je t'ai pris !"

Quasi-instentanément, la jeune femme retrouva la vue, ses bras et tout ce qu'elle avait perdu d'autres. Elle poussa un grand soupir de soulagement et regarda le visage de la vieille femme . Malgrès la douleur, elle n'avait pas tourné de l'oeil et avait tenue jusqu'au bout. Elle se frotta doucement les yeux et lorsqu'elle les ré-ouvrit, la vieille femme avait disparu et le tunnel était de nouveau éclairé et grouillant de monde . Il n'y avait plus aucune trace de tout ce qui venait de ce passé et Anticias ce demanda pendant quelques secondes si elle n'avait pas rêvé. Elle baissa le regard là où se tenait la vieille femme quelques secondes auparavant et vis un objet brillant, elle se penchât pour le ramasser et le pressa contre elle en souriant.

Dans sa main se trouvait un petit bracelet tressé avec une petite perle, accompagner d'un simple mot : Bravo...
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Swain VB
Invité
Sam 14 Mar - 18:21
Contexte:


L’odeur de la terre fraîchement retournée aurait été agréable si celle du sang tout aussi fraîchement versé ne s’y était mêlée. Les soldats noxiens ahanaient à chaque coup de pelle, creusant une large fosse où s’entasseraient bientôt ceux qui seraient désormais exemptés de corvée de tranchée à tout jamais. Délesté de sa cuirasse, le jeune sous-officier s’échinait comme les autres. Il avait la vingtaine austère, les cheveux déjà épars et la carrure d’un adolescent mal-nourri, mais son regard était celui d’un vétéran des guerres runiques. Sur son épaule, une oiselle au plumage noir dardait ses trois paires d’yeux rougeoyants sur l’emplacement où s’abattait le tranchant de la pelle, espérant à chaque coup y voir se tortiller quelque ver juteux.

Cette dernière s’agita, et lâcha une succession de croassements qui firent lever la tête au jeune Swain. Depuis le bord de la fosse, une femme au visage parcheminé le toisait, étrange apparition au milieu des soldats qui se relayaient pour préparer le dernier lit de leurs camarades. Elle avait l’allure de l’une de ces vendeuses de colifichets qui vous agrippent le poignet aux portes de Noxus Prime, capables à les entendre de vous offrir la fortune et la gloire dont rêve tout soldat. Ses cheveux filasses semblaient doués d’une vie propre, se cabrant et ondulant dans l’air immobile. Plus dérangeant encore, le sourire de l’aïeule, dont il n’aurait su dire combien de dents il comportait. Bien plus de trente-deux, c’était un fait. Ses lèvres exsangues et presque noires s’agitèrent, et sa voix s’éleva, plus rouillée qu’un coutelas de Bilgewater.

Jouons, Jericho.

Ce n’était pas une invitation, encore moins une question. Le ton qu’elle employait lui faisait l’effet d’une dague entre les omoplates. Jericho se redressa, fichant sa pelle dans la terre meuble. Personne à part lui ne semblait prêter attention à l’ancêtre voûtée flânant sur un champ de bataille. Comme si elle avait lu dans ses pensées, elle reprit :

Ils ne peuvent me voir. C’est avec toi que je veux jouer. Dis-moi, Jericho, préfères-tu le goût de la terre, où l’odeur du sang ?

La dague devint un frisson, qui rebondit sur chacune de ses vertèbres. Il sentait la magie s’étirer en volutes paresseuses autour d’eux, comme un funeste maelström. Peut-être aurait-il dû acheter une amulette à ces femmes crasseuses, le jour où il avait quitté son baraquement. Swain sentit les serres de Béatrice sur son épaule, et ses plumes lui effleurer le visage. Il reprit suffisamment de contenance pour répondre :

Je préfère l’odeur du sang.

La douleur lui transperça le visage, perfora ses sinus, le jeta à genoux. Un flot de sang intarissable s’était élevé des guerriers que Kindred avait fauchés pour filer telle une lance dans sa direction. Il pouvait sentir le flux s’engouffrer dans ses narines, noyer ses sens et se frayer un chemin vers ses poumons. Il suffoquait. Au bout d’une longue minute, la dernière goutte de sang ayant enfin quitté le dernier corps, il pu se relever, le regard vitreux. Il ne sentait plus rien, rien que l’odeur des compagnons d’armes tombés qui, il le savait, ne le quitterait plus jamais. Il leva les yeux, et la sorcière le toisait toujours, son sourire mauvais désormais dépourvu de dents révélant des gencives nues, sanglantes. La main droite du sous-officier alla chercher la garde de son épée, mais cette dernière s’était volatilisée.

Tu ne peux atteindre la vieille Baba Yaga ainsi. Juste une question par tour ! Jouons, Jericho.

Ainsi, c’était un test d’esprit. Tâchant d’oublier la sensation poisseuse dans sa gorge et l’omniprésence de l’hémoglobine dans l’air, il articula :

Baba… Yaga… préférez-vous arrêtez de jouer ou me dire comment gagner ?

La créature siffla, et ses cheveux se dressèrent sur sa tête. Devenus véritables serpents, ils sifflèrent avec elle avant de retomber, inanimés, l’œil mort.

Tu es rusé, Jericho. La vieille Baba Yaga aime mieux continuer à jouer. Alors elle doit te dire que si tu veux gagner, il faut que tu lui proposes quelque chose qu’elle aimera plus que ce jeu !

Complètements indifférents à ce qui se déroulait devant eux, les soldats noxiens, aux yeux aussi morts que ceux des serpents, poursuivaient leur travail de fourmi. Swain posa sur eux un regard désabusé. Nulle aide à attendre de ce côté-là. La sorcière sortit une main jaunâtre des plis crasseux de ses loques pour gratter sa joue rugueuse. Elle avait capté son regard, et elle susurra :

Jericho, préfères-tu voir les survivants tomber, ou vos ennemis se relever ?

Impassible, Swain promena son regard aux alentours. Une douzaine de noxiens encore debout. Les cadavres demaciens étaient infiniment plus nombreux. Si ces guerriers reprenaient les armes, ils seraient submergés, désarmés, exécutés. La mort était certaine, mais il pouvait au moins s’assurer que les pertes infligées à l’ennemi demeurent bien réelles, comme une plaie qui ne se referme pas.

Je préfère les voir tomber.

Les mots n’avaient pas plus tôt quitté ses lèvres qu’ils furent couverts par le rire de la créature. Autour de lui, les soldats noxiens étaient pris de violentes quintes de toux. Les toux devinrent gémissements, les gémissements se muèrent en cris, et bientôt, tout le groupe de survivants fut pris de convulsions tandis que leurs râles d’agonie montaient dans le ciel rougeoyant. Un à un, ils tombèrent dans la fosse qu’ils avaient patiemment creusée, leurs yeux grands ouverts braqués sur Jericho. Et toujours, entêtante, l’odeur du sang. Il détourna son propre regard, évitant ceux, accusateurs, des compagnons qu’il avait condamnés. Le rire de la sorcière l’insupportait, et il cria pour se faire entendre :

Préférez-vous arrêter de jouer ou me donnez vos pouvoirs si vous perdez ?
 
Le rire cessa, coincé qu’il était dans la gorge tremblotante de la harpie. Elle coula un regard plein de reproche en direction de Swain.

Jericho espère faire reculer la vieille Baba Yaga avec davantage d’enjeu ? Ça ne marchera pas, non, ça ne marchera pas. Baba Yaga gagnera, comme elle gagne à chaque fois. Jericho, préfères-tu me donner ton autre jambe, ou un œil ?

Le jeune homme considéra la bosse que formait son péroné là où sa jambe s’était brisée nette dans son enfance. S’il abandonnait l’autre, il ne pourrait probablement plus jamais aller où que ce soit. Dans l’empire militaire de Noxus, un soldat immobile est une bouche à nourrir de trop. Il se raidit, fit face et articula :

Je préfère vous donner mon œil.

Sans un mot, la vieille femme tira un couteau de sa manche et se jeta sur lui.

Épreuve 3 : Le Marché 340?cb=20161117055828

Jericho se tenait prostré, sanglant, au fond d’une fosse que le Soleil en se couchant avait plongée dans l’obscurité. Les questions s’étaient succédé, et Baba Yaga s’était arrogé beaucoup de choses. Son œil, son grade dans l’armée noxienne, la moitié de son espérance de vie, ses souvenirs les plus heureux, et même jusqu’à son nom. Il n’était plus Jericho Swain. Il n’était rien, rien qu’un traitre borgne et sans nom, couvert du sang de ses compagnons. Une seule chose ne l’avait pas abandonné. Il pouvait sentir la chaleur de Béatrice contre sa joue. L’oiselle se pressait contre lui, émettant de petits croassements inquiets. Il leva une main à laquelle il manquait désormais deux doigts et flatta son plumage noir de jais. Sans trop savoir pourquoi, aux portes de la mort, la présence du volatile l’apaisait. Il articula difficilement sa question, sa voix irrémédiablement brisée d’avoir trop hurlé :

Préférez-vous… arrêter de… jouer, ou me-… me proposer une alternative où je peux gagner ?

Baba Yaga demeura interdite, perchée sur le rebord de la fosse. Avait-elle été trop vite en besogne avec ce morceau de chair tremblotant ? Il n’avait posé aucune question agressive, s’était contenté de faire grimper les enjeux de la victoire, patiemment, comme s’il pouvait gagner. Comme si qui que ce soit pouvait gagner contre Baba Yaga. Elle l’avait fait craquer trop vite, et il était devenu fou, focalisé sur sa victoire chimérique. Elle ne vivait que pour prendre, jamais pour donner. Et elle prenait toujours le plus précieux en dernier… Elle avait dévoré les souvenirs heureux du jeune homme avec tant de délectation. Les sentir disparaître à jamais l’avait presque rassasiée. Mais tous, ils avaient un élément commun. Cet oiseau étrange, qui se pressait sur l’épaule de son maître, et semblait avoir toujours fait partie de sa vie.
De sa plus tendre enfance, jusqu’à ses plus récentes batailles, tous les souvenirs heureux du jeune officier tournaient autour du corbeau. Et elle avait encore faim… Étendant de nouveau son doigt jaunâtre, elle questionna, gloussant d’avance :

Préfères-tu gagner ou sauver Béatrice ?

La main de Swain tressaillit, toujours posée sur le plumage rassurant de sa seule amie. Le rire de Baba Yaga enfla, se mit à emplir toute la fosse, secouant la terre et les carcasses de soldats morts. Elle avait gagné ! Calmement, Jericho se leva. Tout aussi calmement, il referma sa deuxième main sur le cou de Béatrice et le brisa net.

Tes pouvoirs, à présent. J’ai un empire à élever.
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Lou[AVA]
Invité
Sam 14 Mar - 19:01
Contexte et Personnage:


Voilà six mois que le vaisseau s’est écrasé, et que la colonie grandit. Tout ce qui était débris de surface, ou en profondeur, ont déjà été recyclé. Mais il reste encore des zones qui doivent être désossées. Exploration des zones immergées du vaisseau. Voilà le nom de la mission pour laquelle je m’étais donc portée volontaire. Nos effectifs étant réduit, et la sécurité étant renforcée sur le Mur au cas où, on demandait aux colons volontaires et qualifiés d’aider de-ci, de-là, s’il le désirait et contre crédit de nanomatériaux.

J’enfilais ma combinaison de plongée, ravie d’avoir un jour pris le temps de passer mes niveaux. C’est grâce à ça que j’allais pouvoir aider concrètement la colonie, autrement qu’en m’occupant de coacher des gens venus faire du sport au centre de loisirs.
Le duo de bouteilles était léger dans mon dos. La technologie les rendant très fines et petites et pourtant, capables d’une grande autonomie. Mon masque sur les yeux, je calais ensuite mon détendeur pour finalement plonger comme d’autre volontaires.

À ma ceinture pendait du matériel. Un carnet sous-marin et son stylo, une sonde, de quoi faire des relevés d’échantillons d’algues ou mousses locales. Et puis, j’allumais la petite caméra intégrée à ma combinaison alors que je prenais note du secteur qui m’était assignée. Je n’avais pas savouré une telle liberté depuis longtemps.

Le vaisseau était partiellement immergé dans ce qu’on avait nommé la Forêt Immergée. De grandes et longues algues qui isolaient tout un écosystème de ce qu’en disaient les systèmes, et surtout, les scientifiques ayant travaillé sur ce biome local. Franchissant cet amas touffu, je découvrais donc la faune et la flore de ce monde encore si peu connu.

Suivant la coque du navire, je prenais quelques échantillons. J’annotais le fait que des sortes d’algues et coraux locaux avaient commencé à s’installer sur les parcelles de métal. Je repérais même une pieuvre-orchidée installée dans une cavité, probablement en attente d’un de ces poissons-illusionnistes que j’avais aperçu lors de ma descente.

Quelques coups de palmes, et je pénétrais dans un boyau métallique. La radio me demandait de répondre, par des signaux, à quelques questions notamment sures comment j’allais. Rien n’a signalé, tout était parfait. Je comprenais d’avantage la passion qui animait les scientifiques lors de leurs rares sorties, ou même, pourquoi les guerriers d’Avalon et les militaires ayant le droit de sortir s’extasiaient à chaque sortie, malgré le danger.

Un détail attira mon attention. La présence d’un champignon purifiant. Ils poussent dans les espaces tels que les grottes selon les archives : que fait-il là ? Remontant cette plante, je découvrais alors une poche d’air surprenante. Un couloir du vaisseau avait conservé de l’oxygène. Serait-ce grâce à ce champignon ? Il transformerait de l’eau salée en eau douce, mais pas que ? Je me hissais dans le couloir et signaler ma découverte. Mais je n’allais pas rester immobile à attendre pour autant.

Déposant mes bouteilles et mon détendeur, je vérifiais le niveau d’oxygène qu’il restait sur mon baromètre. J’avais assez pour le retour, et même un peu plus. Parfait.
Lentement, j’avançais dans l’habitacle sombre. Des câbles brillaient au sol, une étrange mousse les ayant recouverts. L’absence d’alimentation énergétique donnait une allure de vaisseau hanté au lieu. Et je trouvais la température assez fraiche en continuant d’explorer.

Bientôt, je sentis comme une étrange odeur sucrée. Curieuse, j’avançais. Là, dans ce qui devait être une salle commune, un étrange spectacle s’offrit à moi. La même mousse que j’avais prise en échantillon, phosphorescente. Mais aussi, un tapis de champignons inconnus de nos sources. Assez petits, ils dégageaient un halo bleuté avec deux points blancs au centre de leur chapeau. Mais surtout, ce qui m’interpella, ce fut la silhouette assise à la table commune. Étonnée, je m’en approchais. Ma tête tournée, mais cela devait être à cause de cette étrange luminosité qui devait gêner mes lentilles.

« Mademoiselle… » Susurra-t-elle d’une voix qui me fit frémir.

Elle se retourna, et la peur m’assaillit. Malgré sa vieillesse avancée, je lui trouvais une ressemblance avec ma mère restée sur Terre. Celle qui devait avoir vieilli de 60 ans, et qui au vu de son âge quand j’étais partie devait donc être morte. Mais c’était impossible et je me demandais donc si cette vieille dame avait, simplement, survécu au crash ici, grâce aux réserves de ce couloir et ses quelques pièces. Est-ce seulement possible ?

« Asseyez-vous, voyons. Je n’ai reçu personne depuis si longtemps. Vous accepteriez bien de jouer avec moi, non ?
– Et bien, euh, oui ? »


Incertaine, j’avais fini par m’asseoir face à elle. Entourée par ces jolis champignons et leur doux parfum. Je voulus la questionner, mais déjà, elle me demandait avec un air amusé :

« Tu préfères sauver la vie d’un supérieur ou ton bras gauche ma petite Engel ? »

Sa question me glaça le sang. Je voulus me lever, mais mon corps était lourd. Son sourire se fit goguenard et elle ajouta :

« Tu dois répondre, c’est le jeu ma petite…
– Comment pouvez-vous savoir ? C’est…
– Ce n’est pas une réponse ma petite… »


Ma main droite vint naturellement à mon coude. Je sentis l’accroche de ma prothèse, et finalement, je sifflais après avoir dégluti :

« Mon bras… »

À peine eu-je dit cela que la sensation de ce jour-là me revint. La douleur aussi. Je ne retins pas mon cri, et surtout, je ne vis plus ma prothèse, mais le sang, et l’absence de main gauche. Les larmes perlèrent de mes yeux, je revoyais les décombres bien malgré moi.

« À ton tour de jouer, Engel.
– Qui es-tu sorcière ?
– Ce n’est pas ainsi que cela fonctionne…
– Préfères-tu mourir ou me dire qui tu es, sorcière ? »


La haine, la rage, et la colère avaient quitté mes lèvres. La lourdeur que je ressentais était plus grande. Que se passait-il ? Pourquoi étais-je si mal ?

« Bien, bien. Je suis peut-être ta mère laissée sur Terre ? Ou bien une sorcière de la Terre qui s’est glissée sur votre vaisseau. Appelle-moi Yaga petite ange. »

Ne te fout pas de moi, voilà ce que hurlait mon regard. Mais déjà, je devenais de plus en plus pâle, et je sentais mon rythme cardiaque accéléré. J’étais mal. Je me sentais mal. Malgré tout, elle continua.

« J’ai pris ton bras alors, soyons gentille… Ou pas. Tu préfères ta vie sur Terre ou sur cette planète ? »

La question me fit chercher le piège. Ce que je ne désignerais pas serait-il effacé comme mon bras ? Sera-t-il détruit ? Le souffle court, je commençais à chanceler. Mais sa question faisait ressortir tout ce que je refoulais depuis mon éveil, et depuis mon amorce de séparation avec Annie. Ai-je bien fait de rejoindre l’Avalon ? Y ai-je ma place ? N’étais-je pas mieux sur Terre ? Peut-être, oui… Mais sur Terre, qu’aurais-je vu ou vécu de nouveau ? Juste les nouvelles de tensions croissantes à cause de la surpopulation, rien de plus, rien de moins. Les délits et crimes quotidiens.

Alors, le corps frissonnant, je répondis dans un souffle.

« Ma vie… ici… »

Oui, je préférais ce Nouveau Monde à l’ancien. Sans vraiment savoir pourquoi. Ma vision devint floue, et j’essayais de poser ma dernière question avant de sombrer dans l’inconscience. J’entendais l’approche, dans le couloir métallique, de l’équipe qui devait me rejoindre.

« Tu préfères rester… ou partir ? »

La lumière bleutée diminua au profit du noir, alors que mes paupières se fermaient. J’eus le temps d’apercevoir un sourire alors que je crus entendre un « partir ». Au même moment, je perçus le son de l’équipe venu qui jurait comme quoi on devait me sortir de là. Je ne comprenais pas trop ce qu’il s’était passé… Mais la colonie venait de découvrir un nouveau spécimen de champignons à mes dépens.

Ce n’est qu’en me réveillant, deux jours plus tard, que je constatais que ma prothèse était toujours là. Que s’était-il passé ? Je n’osais pas parler de Yaga. Alors, je vins juste à dire que je m’étais sentie mal en explorant. On m’annonça qu’on soupçonnait cette nouvelle découverte d’être hallucinogène. Mais rien n’était sûr. Au fond de moi, je me demandais si cette sorcière n’avait pas, au fond, voulu que je sois honnête quant à mes sentiments sur cette nouvelle vie… Alors, je garderai ce secret, ce souvenir, comme un moyen d’affirmer ma résolution à trouver ma place au sein de la colonie. Car je la mérite, comme chacun d’entre nous.

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Cielle
Invité
Sam 14 Mar - 20:08
Cielle pour SNK Rebirth

Spoiler:


Des troncs noirs filaient comme des ombres tout autour d’elle. Des ombres, les mêmes que celles de ses proies devenues prédatrices. Les mêmes que celles qui la pourchassaient à présent. Ses pas soulevaient la neige à chacune de ses foulées. Elle s’élançait dans la forêt de résineux, au plus profond de l’hiver, au plus profond de cette montagne qu’elle connaissait si bien. Cette montagne qui autrefois était un refuge, à présent devenue un piège mortel. Elle ne pouvait faire demi-tour, ils la prenaient en étau, l’avait chassée comme on chasse une bête sauvage dont on souhaite à tout prix se débarrasser. Une battue. Une battue pour la trouver et la tuer.

La poudreuse s’agglutinait, il avait neigé la nuit dernière. Elle avait du mal à avancer, se jetait corps et âme dans la noirceur de cette nouvelle nuit qui serait peut-être sa dernière. La rage, la peur, l’appréhension, tordaient chacune leur tour et toutes ensemble ses entrailles déjà bien secouées par des blessures fraîches, qui la saignaient. Sa trace, écarlate, était facile à suivre. Elle savait sa fuite vaine, mais ne pouvait se convaincre à se résigner, à accepter son sort. Elle s’accouda à un tronc, pour reprendre un souffle dérobé par la course. Mais déjà un coup de feu percuta le ciel et résonna dans le silence morbide de la forêt de pins nordiques. Cielle reprit sa course, à bout de tout.

Ce fut le pas de trop. Sa cheville se tordit, elle perdit l’équilibre. Une pente mal abordée, une faute qui ne pardonna pas. Elle tomba, glissa et roula dans la neige et sur les roches camouflées, traîtres rasoirs qui n’attendaient que son passage. Sa chute sembla lui durer une centaine d’années, la douleur, lancinante, la prenait de tout côté. Il lui fut un certain temps pour se rendre compte qu’elle était enfin immobile. Au-dessus d’elle, le plafond noir, sans lune, l’appelait. Au-dessus de la cime des arbres, bien au-delà de ce que sa vision pouvait lui offrir, l’obscurité la happait alors qu’elle haletait, sa douleur et sa peur excrétées de son corps comme la brume qui s’échappait d’entre ses lèvres abîmées. Les voix d’hommes en rage se rapprochaient. Elle aussi enrageait. Un râle et elle se releva, non sans mal. Il fallait fuir encore, partir. Elle s’écroula. Son corps, lui, abdiquait.
Son visage dans la neige, elle resta un instant les yeux fermés, dans une nouvelle noirceur qui n’était autre que celles de ses propres paupières. Lorsqu’elle redressa la tête, deux petits pieds se tenaient devant elle.

« Tu ferais mieux de courir, petit loup. » lui dit la silhouette tenant la pointe d’un revolver devant son nez.

Son instinct parla pour elle. Mue par une énergie inouïe, Lenrra fit volte-face et reprit sa fuite. Le coup partit, elle crut l’entendre siffler à son oreille droite, mais un regard derrière elle lui indiqua que la silhouette rabougrie avait visé l’infinité d’un ciel sans lumière, d'où une fumée plus noire que la nuit s'élevait à la verticale. Mauvais présage.
Elle n’entendit pas le rire qui l’accompagna un court instant, l’adrénaline bourdonnant à ses tympans un seul ordre : cours, si tu ne veux pas mourir. Mais comme un cauchemar, comme l’un des esprits contés par les anciens de sa tribu disparue, la silhouette devint ombre pourchasseuse. A travers les pins, elle voltigeait et Cielle ne courrait pas assez vite pour la distancer. Elle la vit fondre sur elle. Guerrière, elle lui fit face, s’apprêta à l’accueillir, poignard en main.
Le choc fut violent, la fit tomber une nouvelle fois dans la neige. Les deux adversaires soulevèrent des volutes de poudreuse dans leur brutale embrassade. Son regard trouva celui d’une vieille femme dénuée d’humanité. Ses dents jaunies étaient découvertes dans un sourire carnassier, qui tenait plus de celui d’une hyène en chasse que d’une bonne femme en fin de vie. Ses ongles sales s’enfonçaient dans sa peau, une main tenant son poignet et son poignard à distance de sa gorge. L’autre perdit quelque part dans la chevelure blanche de la chasseresse. Elle voyait pourtant sa jugulaire, palpitante sous la peau grise, provocante d’être si découverte. A portée de sa lame qui ne pouvait pourtant pas s’y planter. Elles roulèrent dans la neige, se détachèrent d’une repousse violente de la part de Lenrra. Elle reprenait ses appuis.

« Tu préfères chasser ou être chassée, petit loup ? » La réponse était évidente. « Je ne ferais qu’une bouchée de toi, vieille peau. » Le sourire jaune s’agrandit, mesquin. « Et toi, tu préfères finir égorgée comme une truie ou dépecée comme un lapin ?! » Lui lança Cielle alors qu’elle s’élançait sur sa nouvelle ennemie.

Elle aurait pu s’y attendre, elle n’avait pas devant elle une guerrière honnête. L’autre esquiva pour l’attaquer de revers, de dos, signant parfaitement le portrait que Cielle s’en était fait : elle n’avait plus de doute à présent sur cet étrange personnage. Elle n’aurait elle aussi plus aucune pitié. Un éclair de colère traversa sa pupille alors qu’elle tentait de se protéger avec son poignard, mais elle ne fut pas assez rapide et l’effet de surprise de la vieille morue l’emporta pour cette fois. Les griffes s’enfoncèrent dans la chair de son épaule, lacérant le cuir et la peau, à vif, saigna. Elle fut emportée par la puissance du coup. Ce n’était certainement pas une humaine pour attaquer de la sorte. « Les truies au moins se défendent, elles ! » Lenrra nota donc qu’elle la considérait comme une proie sans défense, comme un pauvre lièvre qui n’avait d’autre option que de fuir. N’était-ce pas ce qu’elle faisait depuis le début ?

Une autre roulade dans la neige, la réception fut mauvaise, lui arracha un cri de douleur. La chasseresse savait qu’elle n’avait pas d’autre choix que de se relever. Mais pas pour fuir, non. Elle n’était plus la proie. Elle chassait, de nouveau. Ici c’était son territoire. Même petit, un loup mordait. Un loup défendait sa peau, jusqu’à son dernier souffle. Dans un ultime effort, Cielle se propulsa sur ses appuis pour accueillir toutes dents et lames dehors le monstre qui fonçait sur elle. La vieille avait voulu profiter de sa chute pour fondre sur son corps et n’en faire qu’une bouchée. C’était sans compter son esprit inébranlable. Elle était Lenrra la Fière-Louve, elle ne ploierait pas le genou. Se résigner, abandonner : jamais.

Sa lame siffla et cette fois, elle fut la plus rapide des deux. Le sang chaud, noir et épais comme le manteau de la nuit, tapissa son visage animé de la même folie que celle du cauchemar animé qui lui faisait face. Le poignard n’était pas assez long pour décapiter, mais il le fut assez pour trancher la carotide et les jugulaires. Les mains griffues s’abattirent sur elle avec moins de vigueur que le coup précédent. Malgré tout, épuisée par sa fuite, et par ce combat, la chasseresse ne put résister face au corps lourd qui s’écrasa contre elle. Elle tomba par terre, son dos heurtant le sol sans douceur, lui arrachant son souffle déjà mis à mal. Elle vit la masse sombre du monstre passer au-dessus d’elle et découvrir à ses yeux le même ciel qui l’avait dominé quelques instants plus tôt.

Quelques secondes d’un silence qui sonnait faux. Des coups de feu et des voix d’homme qui se rapprochaient dangereusement. Lenrra resserra son emprise sur son poignard, propre. Son palpitant battait à un rythme lent.

Le rythme d’une chasse nouvelle. Les rôles s’inversaient. Elle préférait décidément chasser.
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Chandini
Invité
Sam 14 Mar - 21:13
Chandini pour Kobe High School

Présentation:


« Neil ? Milan? C'est pas drôle, vous êtes où ? Tessa ? Kakeru ? C'est pas le moment de jouer à cache-cache ! »

Avais-tu peur Chandini ? Seule dans ce tunnel, tout ton petit groupe semblait avoir pris un autre chemin alors que tu aurais juré être encore avec eux il y a moins d'une minute. Ton petit corps tremblait quand tes oreilles percevaient le moindre bruit de pas, et… ça, c'était une mort qui était arrivée bien plus tôt que prévue ! Tu avais beaucoup trop peur pour continuer alors tes pieds prirent la direction opposée et foncèrent droit devant toi. Parfois, ils tournaient à droite. D'autres fois à gauche. Tu ne savais pas où tu allais, mais tu t'y rendais à une vitesse que tu n'aurais jamais cru possible. Ça te faisait mal au cœur de courir aussi vite, ton corps n'était pas fait pour ça. Pourquoi était-il fait d'ailleurs ? Tu n'en savais rien. Même si la faim arrivait et que tu te faisais capturer par des cannibales, tu avais des doutes sur le fait que ton absence de muscles et graisses puissent leur ouvrir l'appétit. Tes doigts s'appuyèrent sur la paroi. Toute essoufflée, tu tentais de reprendre ton souffle alors que ton corps ne tarda pas à se laisser glisser le long de cet espèce de mur.


Ne pas pleurer.
Ne pas pleurer.


Où est-ce qu'ils avaient tous disparus ? Et comment est-ce que vous vous étiez retrouvés dans ce genre de galère ? Un stupide voyage scolaire auquel tu n'avais PAS voulu participer. Mais bon, face à l'insistance des autres, tu avais fini par accepter. Pourquoi la Russie en plus ? Pourquoi pas les France, l'Angleterre ou même la Chine ou la Corée du Sud ?!


On va bien s'amuser qu'ils disaient.
On va voir plein de choses qu'ils disaient.


Tu parles ! Tu avais vu des morts, des morts et encore des morts avec un semblant de survivants et… en relevant ta tête pour essuyer les larmes de tes yeux, tu découvris une vieille femme. Depuis combien de temps était-elle là ? Tes yeux regardèrent autour de vous mais non, vous étiez seules. Et tu ne comprenais rien à ce qu'elle baragouinait. Tu te redressas, terriblement gênée et confuse, pour tenter de lui faire comprendre comme tu le pouvais que ses paroles t'étaient incompréhensibles mais étrangement, ses derniers propos te semblaient clairs. Elle parlait ta langue ?

Son visage semblait avoir des centaines d'années, c'était comme si chacune de ses rides avaient une histoire à raconter. Mais étais-tu prête à faire partie de l'une de ses histoires ?

« Je suis désolée Grand-Mère, mais je n'ai rien à manger sur moi…
- Alors on va jouer à un petit jeu. Et si tu gagnes… je te laisserai partir.
- Co-Comment ça Grand-Mère ? »

Et une première question tomba. Si tu préférais perdre le goût ou le toucher. C'était très étrange car les deux étaient des plus importants à tes yeux. Pourtant, la cuisinière que tu étais choisie de perdre le goût, préférant pouvoir encore sentir la douceur de la peau de ses parents, caresser les cheveux de Milan… C'était à ton tour ? Tu semblais hésitante, mais tu parviens à lui demander de faire un choix entre vivre 10 ans de plus et en mauvaise santé ou mourir dans 3 ans mais en bonne santé. Tu t'etonnais toi-même, et la vieille t'offrit un sourire, comme si la frustration de l'attente commençait à s'enfuir.


Et le jeu commença.


Tu étais tellement perdue et ne comprenais tellement pas que les questions que tu formulais te surprenaient toi-même tandis que la réalité semblait t'avoir complètement échappée. Par moments, tu sentais un courant d'air frais, glacé, qui remontait dans ton dos. Tu te retournais pour voir si quelque chose arrivait, s'il n'y avait pas une issue qui était apparue mais non. Alors tu continuais de jouer malgré toi. Tu voulais juste que tout ça s'arrête. Tu avais comme un mauvais pressentiment. Les questions finirent par devenir assez étranges, puis glauques. Et plus tu mettais de temps à répondre, plus la vieille semblait s'enfoncer dans des questions très dérangeantes. Le froid aussi semblait s'intensifier. Et… pourquoi est-ce que tes cheveux commençaient à tomber ? Tu étais pétrifiée, incapable de bouger, de crier à l'aide. Mais tout cela, ça n'était pas possible. Non. Impossible. C'était juste un très mauvais rêve qui s'éternisait. Voilà tout. Bon, la douleur qui naissait en toi à cause de certains de tes choix précédents te faisaient penser le contraire par moments, mais c'était là la seule explication logique et rationnelle à tout ce qui se passait.

« Tu préfères manger tes parents pour survivre ou servir de repas à tes repas et mourir ?
- Je… Je préfère… les manger ? Est-ce que vous préférez manger mou mais “chier un ananas” ou manger sucré mais expulser comme si c'était épicé ? »

Quoi ? Ça va aller Chandini ? Non, bien sûr que non, ça n'allait pas du tout. Tu portas la main sur ton ventre, douloureux. Quelque chose n'allait pas. La vieille femme en face de toi commença à dire qu'elle s'ennuyait, que ce jeu si divertissant était à présent d'un ennui mortel en ta compagnie. Il était donc normal que tu en paies le prix et que chacun de tes choix ne se produisent non ? Alors ton choix de ne plus avoir d'utérus se faisait ressentir. Tout comme celui de ne plus avoir de cheveux. Chacun de tes choix essayaient de se rapprocher d'une vie plus longue et heureuse, mais au fur et à mesure, ça commençait à être des plus compliqués. Tu étais à terre, tremblant à cause de la douleur. Tu perdais un œil, des souvenirs qui jusqu'à présents te semblaient terriblement précieux. Tes doigts commençaient à s'en aller, ton nez aussi.

« Tu préfères avancer dans la lumière mais être seule ou être dans le noir mais avec un ami ?
-
- Tu donnes ta langue au chat ~ ? », demandait-elle en riant.

Tu abandonnais ? Après tout ça ? De toutes façons, à quoi bon continuer ? De toutes façons, ce c'était qu'un rêve. Un stupide cauchemar, bien trop réel. Tu n'y voyais pratiquement plus rien. Cette vieille… elle n'était pas humaine. Ce n'était qu'un mauvais esprit. Un satané mauvais esprit qui se jouait de vos vies. Il en existait de partout. Sur chaque continent, dans chaque pays. Ils étaient toujours là pour se moquer de vos courtes vies, vous les prendre ou vous les raccourcir. Ils passaient leur temps à vous piéger sans que vous ne puissiez réellement y faire quelque chose. Après tout, vous n'étiez que de simples humains. Vous n'aviez aucun pouvoir, à part celui des mots et de la ruse  pour ceux qui savaient les manier.

Tu étais en boule par terre. Si tu choisissais la lumière, est-ce que cela voulait dire que tu te réveillerais ou que tu mourrais ? Être dans le noir était effrayant pour toi, ça te terrorisait. Mais ce serait bien plus acceptable si tu étais avec une personne de confiance, avec un ami. Tu pensais sincèrement que ce serait plus facile de surmonter ça à deux, mais avais-tu réellement fait le bon choix ? N'était-ce pas une demande déguisée pour revenir à la vie toute seule ou mourir à deux ? Tu ne savais pas, tu ne savais plus et avais-tu déjà su ?

« Je… Je préférerai être… avec un ami…, dis-tu en fermant tes paupières, Vous préférez mourir à cause de l'ennui ou vivre en ayant perdu tout vos pouvoirs ? »

Et puis plus rien. Seulement le froid. Plus aucune voix. Tu étais seule dans ce tunnel, avec beaucoup de regrets. Tu regrettais de ne pas avoir fait des choses, de ne pas en avoir dites. D'avoir manqué de courage à de nombreuses occasions aussi. MaisTu ne ressentais plus la douleur et pourtant, tu ne te relevais pas. Ton corps restait immobile.

Était-ce l'œuvre de la peur ou la faucheuse ?
Nikita Azarov
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Nikita Azarov
Mercenaire - Lycaon
Sam 14 Mar - 21:25
Mercenaire - Lycaon

Passeport
Age :: 23 ans
Patronyme :: Ilitch
Surnom :: Nikki
L’activité du marché géant qu’était la station Prospect Mira atteignait son pic d’activité journalier. Les vendeurs hurlaient les bonnes affaires qu’ils proposaient, les passant s’arrêtaient pour regarder quelques articles, dans un coin sombre l’on surinait quelqu’un comme si l’on lui donnait une tape dans le dos. Bref, c’était un « jour » de marché normal.

Nikita était assis à une table, la tête juché sur son poing fermées, le regard dans le vague. La soirée avait été agitée. Alcoolisé, surtout. À côté de son jeu de tarot, était disposé un gobelet de terre cuite fumant. Il trempait régulièrement ses lèvres dans le breuvage pour soulager sa migraine et son envie de dégobiller. Il s’était mis ici, dans le but de vendre ses faux talents de prestidigitateur et ses histoires, mais aujourd’hui personne n’avait envie d’être escroqué, visiblement. Et ça lui allait bien. Les relents de vodka et de brochette de rats mal cuite ne le mettait pas dans le meilleur des états.

Alors qu’il se perdait dans ses pensées et planifiait déjà sa prochaine beuverie, le claquement d’une canne lui fit lever la tête. Une large silhouette s’assit en face de lui. Le visage couvert part, une capuche, Nikita ne parvenait qu’à distinguer le sourire lugubres et les dents jaunâtres de cette femme. À en juger par les rides de son visage, elle était d’un âge certain. Son accoutrement était sale et une odeur d’urine supplémentaire s’ajouta à celle de la station.

- Bonjour, Nikki.

Un sourire fendit le visage de Nikita.

- Un surnom, tout de suite ? Je ne nous savais pas si intimes. À qui ais-je l’honneur ?

Le sourire de la dame s’accentue lui aussi.

- Oh, alors, toi qui scande mon nom à tout bout de champs, pour attirer les foules et les effrayer, tu feins d’ignorer que je suis ?
- Grand mère ?! Mais, la dernière fois que je t’ai vu les vers grignotait ton squelette !

Il s’était redressé, avait plaqué une main contre son torse en prenant une incompréhension exagérément choquée. La femme claqua sa langue contre son palais en secouant la tête. Elle s’enfonça dans son siège dévoilant à la fois son visage et le collier de dents qu’elle avait autour du cou. Nikita grimaça.

- Oh… C’est original…
- Nikita Ilitch Azarov… Tu ne voudrais pas te retrouver priver de visage, pas vrai ?

La phrase résonna étrangement en Nikita ? Il prit une mine plus grave.

- Oh, ça fait longtemps que je n’ai pas raconté cette histoire. Et je ne me souviens pas avoir eu un tel public.

La vieille femme se mit à soupirer. Elle désigna de son menton hirsute le paquet de cartes de Tarot.

- Tire une carte.

Un sourcil légèrement arqué, Nikita s’exécuta. La femme dégageait quelque chose comme une aura qu’il l’avait intrigué. En posant le doigt sur la carte en haut de son paquet, il eut comme une sueur froide.

Un sourire crispé se dessina sur son visage quand il contempla la carte de l’Hermite. Puis, il regarda le visage de la dame. Celui-ci avait remplacé le dessin habituel de sa carte.

- J’ai toujours rêvé de vous rencontrer, Baba Yaga.

Son sourire venait de donner à son visage une teinte plus malicieuse. Joueuse. Nikita était de ceux qui jouait avec le feu, encore et encore, jusqu’à se brûler. Il fouilla dans la poche intérieure de sa veste et lança sur la table une flasque, ainsi qu’une boite métallique. Les doigts crochus de Baba Yaga vinrent attraper la boite et elle en sortit deux cigarettes, elle en fit rouler une vers Nikita. Il alluma les deux.

Les nuages de fumée se croisèrent.

- Que puis-je faire pour toi, Baba Yaga ?
- Je te suis gré de la manière dont tu contes mes histoires, j’ai donc eut envie de te donner le loisir d’en conter une nouvelle.
- Tu préfères qu’elle soit vraisemblable ou féerique ?

Le visage de Baba Yaga se fendit d’un sourire mauvais.

- Les deux.

Elle prit une gorgée dans la flasque.

- Tu devrais savoir qu’avec moi, la féerie est vraisemblable.

Il récupéra la flasque pour boire quelques lampées.

- Tu préfères soigner tes peines ou tes douleurs ?

Le visage de Nikita se peignit d’une naïveté presque enfantine.

- Je n’ai jamais de peines !

Dès lors qu’il eut dit ça, sa cigarette se consuma d’un seul coup. Il écarquilla légèrement les yeux face à cela.

- Ton insolence te perdra Nikki. Tu es plus torturé que tu ne veux le faire croire.

Il esquissa de nouveau un sourire en conservant jalousement sa flasque.

- Ou alors, j’ai quelque chose d’autre pour apaiser mes peines ?
- Les bras d’un médecin, par exemple ?

Le visage de Nikita se décomposa, tandis que Baba Yaga semblait lui avait volé son sourire. Elle était, de son côté, pimpante, s’amusant des ronds de fumée qu’elle réalisait.

- Qu’est-ce que tu as préféré, au fait, les hommes ou les femmes ? Enfin, la Femme que tu as aimé ou l’Homme que tu aimes ?

Nikita serra la flasque un peu plus fort entre ses mains. Il regretta de ne pas plus pouvoir fumer de cigarette, en constatant que sa flasque était vide. Pour se détendre, il poussa un profond soupir avant d’attraper ses cartes et de commencer à les battre joyeusement.

- Nadya était super, mais ça s’est fini entre nous. Avec Piotr… Disons que ça avance. Tu comprendras donc, que je ne peux pas m’avancer.

Elle sembla étonné de la réponse. Mais un étonnement amusé.

- Oh, et la présence de la petite… Hm, Inna ? C’est ça, pas vrai ? Elle ne t’embête pas? Tu n’es pas très à l’aise avec les enfants, pourtant. Tu te demandes comment être un bon père quand tu n’en as pas eu ?
- Tu veux me pousser à bout ?

Baba Yaga sourit face aux sourcils froncés de Nikita. Elle jubilait. Après un ricanement enfantin, elle s’approcha de Nikita et lui murmura quelques mots.

- Le père, ou l’enfant ?

Nikita écarquilla les yeux. Il lâcha la flasque qui vint s’écraser par terre dans un tintement métallique. Il s’enfonça dans sa chaise tandis que le ricanement de Baba Yaga s’intensifiait, se transformait en un rire gras et lugubre. Les images d’Inna et de Piotr défilèrent devant ses yeux. Ce n’était pas un choix possible. Nikita s’était depuis longtemps fait à l’idée d’accepter Inna, il n’avait aucune envie de la supprimer. Mais Baba Yaga n’était pas de ses légendes qui vous font souffrir pour vous faire souffrir. Non, elle tirait ces doutes, enfouies au plus profond de vous pour les faire ressurgir.

- L… Le… Le père.

Il avait soufflé ses mots. Difficilement. Le regard vide. Piotr serait anéanti. Mais il serait là. Il serait encore présent.

Baba Yaga continua de sourire. Elle plongea sa main osseuse et décharnée dans sa poche pour en tirer une feuille de papier jaunis. Elle le fit glisser vers Nikita que le prit entre ses mains tremblantes. Ses yeux s’écarquillèrent encore plus.

- Je… Je ne comprends pas.
- Dis moi ce que c’est.
- Un journal… Intime ? C’est l’écriture de… De Nadya.
- Et qu’est-ce qu’elle dit ?
- Que je suis père.

Nikita ne parvenait plus à exprimer la moindre chose tout se bousculait dans sa tête. Baba Yaga se lèva, toujours souriante.

- Il n’a toujours été question que de toi, Nikki. Que de toi.

Comme à son arrivée, la canne claqua. De plus en faiblement.

Laissant Nikita, là. Comme figée, dans la masse grouillante de Prospect Mira.
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Lud-ILK
Invité
Sam 14 Mar - 22:23
Un Contexte ?:




Ma sorcière mal-aimée


- Marché sorcier de Bloomburry, 2019.

La vieille femme court à une vitesse définitivement peu recommandée pour son âge, ses longs cheveux gris et bouclés levés par ses mouvements frénétiques. Trois aurors, agents de l’ordre sorcier, suivent la folle grand-mère du mieux qu’ils peuvent dans le marché de Bloombury. Impossible de la rattraper : elle se soucie peu de bousculer les passants, ce que les aurors ont du mal à faire. Elle gagne du terrain, et eux tentent de réparer les dégâts laissés derrière son passage.

Elle pense s’en être tiré d’affaire avec son vol. Il s’agit d’une baguette de Ziricote, un bois précieux importé d’Amérique du Sud, difficile à trouver chez les marchands d’artefacts Canadien. Aujourd’hui était visiblement son jour de chance. Aussitôt vue, aussitôt prise ! On dit que la baguette s’associe le mieux aux sorciers les plus mesquins, et cela tombe bien, car derrière elle se trouvent soixante-trois ans de farces extrêmes et de mauvais tours.

Alors qu’elle se retourne avec satisfaction, une fois au calme, dans le but de rejoindre la grande place pour semer la panique à l’aide de sa nouvelle possession, la vieille fripée est prise par surprise : on l’a retrouvé. Sauf qu’aucun Auror n’est dans les parages, non : c’est un jeune adulte en uniforme scolaire qui se tient face à elle, la baguette tendue et l’air déterminé. Ses cheveux blonds, plaqués en arrière, lui donnent un air aussi mature que sa grande taille, entourée de vêtements sans aucun pli. Sa voix, grave et certaine, résonne dans la ruelle presque vide.

- Les aurors vous cherchent partout dans le marché. Nous avons tous eu le droit à une description précise : une voleuse, vieille, cheveux longs et robe sale, couverte de boue. Il semblerait que j’ai été le premier à vous trouver. Quel est votre nom ?
- Je ne peux pas donner mon nom pour des raisons plutôt évidentes, mon grand ! s’exclame-t-elle avec amusement. Mais disons que, pour rire, tu peux m’appeler Baba Yaga !
- Je ne fais pas dans l’humour.

Quel sérieux ! Quel ennui ! La vieille sorcière se demande si l’homme face à elle est un robot, ou bien une statue de pierre, froide et sans cœur. Il a l’air menaçant, c’est vrai, mais elle a vu pire. Son sourire plein de dent, dont une en or, s’agrandit. Oh, qu’il sera drôle de jouer avec celui-là ! Les surprises les plus satisfaisantes sont celles venant des publics les plus difficiles.

- Dis-moi, jeune homme.
- Ludwig.
- Dis-moi, Ludwig. Connais-tu le jeu du « Tu préfères » ?

La vieille dame peut voir un peu d’intrigue dans le regard de Ludwig. Peut-être y a-t-il un humain dans cette statue de marbre ? L’idée la réjouit, et sa nouvelle baguette, sentant la malice qui s’empare de sa maîtresse, se met à légèrement briller, pleine d’anticipation. L’élève est sur ses gardes, et Baba Yaga rit en voyant les muscles de son adversaire se tendre.

- Que préfères-tu, Ludwig ? Moi, ou bien ce marché ?
- Donnez-moi la baguette.

Un refus de participer ! D’un geste cru, la sorcière désarme sa cible d’un sortilège informulé qui vient projeter le bout de bois adverse au sol. Ludwig lève ses mains en l’air, désormais pris au piège par la vieille folle, dont les iris s’agrandissent, preuve de la joie immense qu’elle ressent en le forçant à jouer avec elle.

- Que préfères-tu, Ludwig ? Moi, ou bien ce marché ? elle répète.

Le plus jeune n’a plus le choix. C’est avec réluctance qu’il participe enfin à cette situation sans queue ni tête, grognant ses mots tel un ours agacé.

- Je préfère ce marché.
- Je me sens un peu insultée ! Mais je suis heureuse pour toi. Car désormais, c’est tout ce que tu verras !

À ces mots, Baba Yaga disparaît de la vision de Ludwig, qui cette fois-ci ne retient aucunement son air consterné. Puis, la surprise passe à l’énervement, quand il réalise sa bêtise. La voleuse a dû en profiter pour s’enfuir, laissant les autorités sans aucune trace d’elle. C’est quand il se décide enfin à se pencher pour récupérer sa baguette, plus loin, que la vieille éclate de rire, la frappant avec son pied pour l’éloigner encore plus. Ludwig, lui, voit sa baguette bondir toute seule. Baba Yaga est encore là, Baba Yaga a encore envie de jouer, et Baba Yaga est plus menaçante que jamais, complètement invisible.

- Alors, Ludwig ? Quel crime préfères-tu ? Le vol, ou bien le meurtre ?

La vieille fripée se délecte de l’expression qu’abore son adversaire. Préfère-t-il voir un vol, ou un meurtre ? La réponse est évidente. C’est une décision amère, mais il n’a pas le choix : il refuse de voir qui que ce soit finir blessé. Serrant les poings, il cherche la sorcière des yeux, mais ne trouve rien.

- Je préfère le vol.
- C’est une bonne nouvelle, car tu es un voleur maintenant !

Sentant alors un poids nouveau dans les poches de son pantalon, Ludwig réalise que l’on vient d’y glisser plusieurs objets. Il remarque le haut d’une fiole, qu’il reconnaît comme étant remplie de potion de flamme : un liquide brûlant, servant aux cuisiniers et forgerons en quête de chaleur. La petite bouteille de verre est malheureusement débouchée, et le moindre mouvement pourrait provoquer un renversement fatal pour ses vêtements et ses jambes. La récupérer à la main est tout aussi impossible : qui sait ce que lui ferait Baba Yaga s’il osait ainsi défier les conséquences de son jeu idiot. En dessous de la fiole, des objets dorés reflètent le peu de lumière présente dans l’allée. Il n’y a aucun doute sur la provenance de ces bijoux : ils devaient appartenir à d’honnêtes commerçants. Cette vieille manipulatrice joue avec lui.

- Ludwig, préfères-tu mes haillons, ou tes vêtements ?

Le but d’un jeu n’est-il pas qu’il y ait une chance de gagner ? Existe-t-il un moyen de contourner les stupidités farfelues de Baba Yaga ? Se croyant malin, Ludwig affirme avec certitude préférer les haillons de la vieille. S’il pouvait les avoir sur lui, alors peut-être serait-il au moins débarrassé de cette potion dangereuse dans sa poche, et peut-être, avec encore plus de chance, Baba Yaga serait la nouvelle héritière de la fiole. Malheureusement pour lui, avec un simple coup de baguette, la voleuse métamorphose ses vêtements pour qu’ils deviennent similaires aux siens. Aucun échange n’a lieu, et Ludwig se retrouve immobilisé, en robe sale, incapable de regarder la vieille femme le torturant. Une main ridée passe dans ses cheveux. Elle décoiffe son ennemi et s’amuse grandement de son grognement énervé.

- Quelle colère ! Ludwig, tu devrais sourire ! Nous nous amusons tant ! Préfèrerais-tu retrouver la pêche, ou bien la banane ?
- Ma main dans votre visage.
- Ce n’est pas une réponse. Peut-être devrais-je rajouter une fiole…
- La banane !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Ludwig se retrouve avec la banane, le fruit mur posé en équilibre sur le haut de son crâne.

- Préfères-tu que je reste, ou que je m’en aille ?

Complètement enragé, Ludwig ne réfléchit pas aux conséquences de ses mots. Gagner du temps pour les aurors ne fait plus parti de ses priorités.

- Allez-vous-en !
- Très bien ! Nous nous sommes bien amusés, jeune homme. Laisse-moi juste te remercier en te donnant ta récompense. Tant de persévérance, cela mérite un petit cadeau !

Baba Yaga sort alors un magnifique ruban sorcier de la poche de sa robe dégoûtante. Sur le tissu bleu profond, des constellations brillent et bougent lentement, se déplaçant d’un bout à l’autre. Ludwig, qui ne peut voir que la récompense et non pas la femme qui la tient, se retrouve fasciné par l’objet. Il ne peut qu’espérer qu’il ne s’agisse pas d’un bien volé, et que peut être ce jeu valait le coup.

Si seulement.

À l’aide du tissu, Baba Yaga attache les deux poignets de sa pauvre victime, l’empêchant complètement de pouvoir atteindre la fiole. Elle ramasse la baguette qui avait été lancée loin au sol plus tôt, l’observant sous tous ses angles.

- C’est une belle baguette que tu as là, Ludwig. Je suis peut-être une voleuse, mais j’ai déjà ce qu’il me faut là-dessus. Je vais donc te la rendre.

La vieille femme s’approche, et glisse alors le bout de bois sale entre les dents de sa victime.

- Parfait. Pile à temps, qui plus est ! Je te laisse expliquer tout ceci à tes amis les aurors. Tu leur passeras le bonjour !

La suite n’est que bruits de pas : une paire de chaussures s’en va en courant, alors que trois autres, bien visibles aux yeux de Ludwig cette fois-ci, s’approchent à une allure soutenue. En découvrant le pauvre élève en robe, immobile et attaché, une banane sur la tête et une baguette entre les dents, l’un d’entre eux grimace, visiblement compréhensif.

- Baba Yaga a encore frappé.

- Adrenalean 2016 pour Epicode

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Adaryon
Invité
Sam 14 Mar - 22:38
Contexte et personnage:


Elle était enfin là.
Depuis quelques semaines, il marchait et déambulait au travers du territoire Mytran, cherchant la forêt enchantée tant singulière dont on lui avait parlé. Porteur du don d’Orshin, il avait été le premier à réagir lorsqu’un nomade inconnu s'était présenté dans son clan, dévoilant des rumeurs d’une créature inconnue qui vivait dans une forêt cachée de Suhury. Il avait alors suivit les ragots et informations, remuant sans relâche ciel et terre pour découvrir le futur trésor qui l'attendrait. Finalement, le destin le récompenserait définitivement.

À l’intérieur d’un monde hétéroclite, au cœur d’une terre défigurée par la magie, au sein d’une forêt dépeuplée de Suhury, deux êtres sont assis en face de l’autre. Reliés par une corde métaphorique qui les enserre, on n’entend plus que leurs respirations synchronisées qui s’élèvent et se rabattent, écorchées et brèves comme le battement d’ailes d’un corbeau famélique. Maléfique aura s’élevant autour d’eux, il n’y a plus d’âmes qui vivent - et surtout pas celles du duo déchu.

Le jeune porteur de don ne trouvait rien, même pas une plume ou des poils égarés pour l’aider dans ses recherches. Que se passait-il? Ne lui avait-on pas dit que des créatures spéciales se trouvaient dans cette forêt? Pourtant, tout semblait figé dans une espèce de calme étrange, comme si la vie avait arrêtée d'exister dès l’instant où son pied avait touché le sol irrégulier. Ce n’était pas normal, Adaryon en était sûr, mais il ne pouvait point repartir sans aucun résultat, pas après tout ce chemin! Il continua donc à s’enfoncer plus profondément dans la forêt, les sourcils froncés et l’esprit hésitant.

D’un côté, un garçon éreinté tremble et pantelle. Les tribulations de son âme, brodées sur son visage à l’aide d’aiguilles aux pensées précises et brûlantes, démontrent l’affliction dans lequel il se trouve; l’avalanche de ses sentiments ne saurait tarder plus longtemps. L’état vif de la nuit l’écorche, il tente de respirer, mais il ne lui reste plus rien, même pas son nom qui, lui, a été depuis longtemps oublié. Ses larmes sont proches, mais il ne veut pas les laisser passer. Le temps passe, roule sur son dos flagellé et ses bras en sang, termine sa course sur ses ongles de pieds arrachés. Son nom, quel est son nom?

Une lumière. C’était ce qu’il avait vu, il en était sûr. L’homme se releva à demi, regardant aux alentours de son campement pour tenter de retrouver cette lueur étrange. C’était la première sorte de vie qu’il découvrait entre les murs oppressants de cette nature: peut-être que les animaux ne se montraient finalement que quand la nuit était tombée? Adaryon, excité, bondit sur ses pieds pour prendre son carnet, puis s’enfonça dans les ténèbres à la recherche de l’éclat.

De l’autre côté, la maléfique. Cheveux blancs, filandreux et arrachés à plusieurs endroits sur sa tête, yeux globuleux qui roulent dans ses orbites, sourire édenté à l’haleine putride. Un corps contorsionné comme une vieille branche, déchiré à l’os à quelques endroits, seulement cachés par des pans de vieux pans de tissus miteux; une sorcière qui est l’incarnation du mal infini. Seulement incarné par un physique qui ne change pas, son caractère diffère et se métamorphose à chaque question, comme une rivière remplie d’eau poisseuse qui jamais ne se fera boire. Qui est-elle?

Il se rapprochait. Plus dérapant que courant, il tentait de suivre le chemin de la lueur, mais celle-ci semblait décidée à ne pas se dévoiler. En effet, il avait beau s’en approcher, elle finissait toujours par s’éloigner, le rendant irrité par sa course qui ne menait à rien. Il ne devait hélas pas abandonner, et il continua toujours de s’élancer, sûr de ses talents et de la finale qui allait le récompenser.

Adaryon, susurre-t-elle en se penchant par-dessus l’arbre éventré qui les sépare. Tu n’as plus de dons, les nomades d’Orshin te détestent, ta famille t’a oubliée – penses-tu encore pouvoir gagner cette partie? L’interlocutrice bouge lentement sa tête, celle-ci esquissant un tour complet sur elle-même avant de reprendre une posture normale. Réfléchis bien à ta prochaine question, mon enfant… Un rire écorché éclate de sa gorge, emplissant les environs défrichés. Réfléchis bien, réfléchis bien…

L’homme ferme doucement ses yeux, chassant la vision horrifique de celle qu’il côtoie depuis un temps indéterminé. Quand il les ouvrent enfin, il sait ce qu’il doit faire, même si la réponse lui coûte ce qu’il ne veut pas perdre. Ses mains recouvertes de bleus s’avancent vers l’innomée, serrées en un poing violent qui pourrait vivement s’élancer vers son visage. Pourtant, il ne fait que les ouvrir et pointer ses doigts sur elle avant de s’exclamer, hésitant;

Il l’avait perdue. Adaryon jura, lâchant les objets qu’il tenait dans sa main en marmonnant des insultes propres à sa contrée. S’asseyant par terre, il soupira et s’accota contre un arbre, se demandant si, finalement, il n'aurait pas dû rester chez lui. Perdu dans le noir, il ne remarqua pas tout de suite la silhouette de la même couleur, toute déformée et affreuse dans la noirceur ambiance, jusqu’à ce qu’elle ouvre une gueule immense pour grincer;

T.. Tu.. Tu préfères mourir ou recommencer la partie?

Recommencer la partie.
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Cosmin
Invité
Sam 14 Mar - 22:40
Spoiler:

Petit, tu es un peu peureux. Ton frère aîné adore te raconter des tas d'histoires effrayantes, le soir, avant de dormir. Ta petite sœur est un peu plus courageuse, et lorsqu'il se met à faire de grands cris de mise en scène, elle lui tire la langue et le chasse.

- Méchant !

Oh non il ne l'est pas ; un peu taquin, probablement. Alors il s'en va en ricanant, te laissant seul, dans ton lit, ta grande chambre, les bougies dessinant des ombres inquiétantes sur les tapisseries de ta chambre.

Tu te sens observé.

Fixé. Comme une petite proie, un petit lapin craintif. Ton regard balaye tous les coins de la pièce, alerte, le cœur battant. Une petite voix au fond de toi te dit de te calmer, que tout ira bien, que ce n'est que ton esprit qui te joue des tours.

Du mouvement.

Vite, tu te caches en rabattant ta couverture sur ta tête, comme si cela te rendait invisible pour le reste du monde. Tu as très chaud, tu respires mal, et tu es tout tremblant. L'ouïe bien fine grâce au silence plombant, tu entends des pas, lourds et claudiquant.

- Arrête de m'embêter !

Ton innocence te laisse penser qu'il s'agit encore de ton frère qui chercherait à pousser la mauvaise plaisanterie un peu trop loin. Tout doucement, tu sors ta petite tête, tes perles grises rivés sur la silhouette empâtée là-bas, près de ta grande armoire.

- … qui c'est ?

Plus sinistre que les racontars de ton frère à son propos, elle apparaît, petite, le dos bossu et le visage ridé de toute part. Lorsque vos regards se croisent, elle te sourit de toutes ses dents, du moins ce qui lui en reste...

- Baba Cloanta...

Un murmure, tout bas, mais assez fort pour qu'elle, elle l'entende. Il ne lui faut que quelques petits pas pour arriver à la hauteur de ton lit, tandis que tu te redresses sur le matelas, la couverture ne recouvrant désormais que tes jambes.

Elle opine du chef.

Cette mystérieuse sorcière sortit des contes lointains, vieux comme le monde, dont ton frère se sert pour te faire peur avant d'aller te coucher... existe vraiment. C'est réel. À moins que tu ne fasses un rêve ? Ou plutôt un cauchemar ?

- Tu veux jouer à un jeu ?

Elle demande, la voix rauque, pas rassurante, alors que ses traits semblent vouloir péniblement esquisser de la douceur. Attendrir l'enfant que tu es, afin que tu baisses ta garde.

- Un jeu... ?
- Oui, un jeu. ''Tu préfères...'', est-ce que tu connais ?



Tu fais 'non d'un mouvement de tête, et tes doigts tout froids s'occupent de toucher le bout de couverture que tu trouves à tâtons, pour défouler ton anxiété.

- Alors je vais te faire découvrir... tu préfères... manger un fruit pourri, ou ne pas manger pendant une semaine ?

Quoi ? Qu'est-ce que c'est que ce jeu ? Tes sourcils noirs se froncent. Pas de colère, non, mais de perplexité. Tes pupilles évitent les siennes alors que tu réfléchis à la question absurde que cette Baba vient de te poser.

- Manger le fruit pourri...

Parce qu'il ne faut être effrayé de rien, si l'on veut pouvoir combattre pour ses valeurs et défendre les terres sur lesquels on a grandi. Pour être comme ton père, un homme courageux et couvert de gloire et aimé par ses gens.

- À toi maintenant, pose-moi une question.

Elle t'encourage, t'invite à participer, et timidement, tu réponds, le plus simplement du monde.

- Tu préfères... manger des légumes ou bien des gâteaux ?

La vieille ricane, ce qui ressemble davantage à un grincement qu'à un vrai rire charmé par la légèreté de cette question. Il n'y a rien de plus beau que l'innocence d'un enfant, n'est-ce pas ?

- Des gâteaux, bien sûr. À moi ; tu préfères perdre ta sœur, ou bien ta mère ?

- … Hein... ?

Les yeux écarquillés, tu lèves la tête bien haut vers elle ; prit au dépourvu, violemment heurté par la question cornélienne.

- Euh... Je... non... ? Ma... euh...

Elle n'attend pas que tu parviennes à formuler la moindre réponse, et enchaîne immédiatement avec une autre question. Comme si ton âge n'avait pas de valeur, n'entrait pas en compte dans cette situation  qui devient tout, sauf un jeu.

- Tu préfères... tuer l'être que tu aimes le plus au monde, ou bien ne jamais connaître la mort que tu idéalises tant ?

Un sourire cruel. Là, la vraie méchanceté. Tu bondis hors de ton lit, loin, très loin de cette sorcière. Tu as terriblement peur, tout seul dans cette chambre, et tu te sens abandonné. N'y a-t-il personne dans ce château pour venir à ton secours ?

- Laisse-moi ! Va-t'en ! Maman !!

Elle éclate d'un rire sardonique. Lentement, la vieille dame retourne dans un point de la chambre plongée dans l'obscurité. Elle y disparaît, et ne résonne que deux mots, annonciateurs de ton pire cauchemar.

- Pauvre petit...

Tu as perdu.
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Eli [Te]
Invité
Sam 14 Mar - 23:24
Contexte:

La chasse aux sorcières

Elizabeth pour Terrae

Depuis que c’est l’Eclipse sur Terrae, tout le monde est en panique. Parce que les pouvoirs font n’importe quoi. Moi, je m’en fais pas trop. Déjà parce que j’suis pas un bébé, et y a que les bébés qui ont peur de tout comme ça ! Et Tiago, parce que c’est qu’un sale voleur. Même s’il dit que non. JE L’AURAI UN JOUR !! Hem … Et ensuite, ben parce que depuis qu’il y a l’Eclipse, on fait que de changer de pouvoir !! Et ça c’est trop bien pour une apprentie future super héroïne de la mort qui tue comme moi et mes copines ! Bah ouai, comme ça on peut tout tester !! Et quand on aura trouvé ce qu’on préfère, on pourra aller voir Hideko, la directrice, pour qu’elle nous change notre pouvoir définitif !! Comment ça, c’est pas possible ? PFEUH, vous y connaissez rien du tout de toute façon, vous !

Dernièrement, j’ai échangé mes super pouvoirs de contrôler le vent, contre l’invisibilité et le contrôle du feu. Autant vous dire que j’étais super méga excitée !! Sauf qu’en fait, ben je suis toute pourrie avec cette magie. Moi j’me voyais déjà avec un lance-flamme de combat, en train de braquer des banques et de dévaliser le marchand de glace en le menaçant de tout faire fondre !! Ouai, je sais, je me laisse trop vite envahir par le côté obscure … Mais en fait, j’peux à peine rivaliser avec un briquet. C’est vraiment trop nul. En revanche l’invisibilité c’est cool !! J’maîtrise pas trop mal, et grâce à ça je peux mener mes enquêtes en toute incognito. Bien sûr que si, ça se dit !

Je suis d’ailleurs en train de suivre sur le marché une fille de ma classe que je soupçonne de manger des bonbons en douce, quand je me retrouve face à une personne vraiment très bizarre. Une vieille dame. Oui, oui, je vous vois venir ! “C’est pas bien Lizzie d’être malpolie avec les personnes âgées, il faut être respectueuse, et polie” blah blah blah. Ca va, tout ça je connais, ma maman me l’a répété plein de fois ! Sauf que … Déjà, faut savoir qu’à Terrae, y a quasiment pas de vieux. Si, si, je vous assure ! C’est aussi rare que … trouver un pokémon shiny dans le jeu !! Et encore, c’est même plus rare que ça !! Alors vous comprenez que j’ai pas trop compris c’qui m’arrivait. Et puis ensuite, parce que … Nan mais aussi vous l’avez pas vue, la vieille !! Elle fait su-per peur. Genre nez crochu et verrue poilue, des rides plus profondes que les gorges du Grand Canyon, un dos bossu, et surtout un regard qui donne des frissons. Même à moi qui suis quand même super courageuse !

Tout de suite, je la reconnais. Bah ouai, attendez, moi j’suis une investigatrice qui roxe du poney, j’me renseigne sur Internet dès que j’ai un peu de temps libre. Et là, pas de doutes : c’est une sorcière !! Bah ouai, comment vous voulez qu’elle ai passé toutes les sécurités de Terrae autrement ? Nan la seule explication, c’est qu’elle fasse de la magie, et vu sa tronche c’est sûrement pas une fée. Ce qui la rend tout de suite très dangereuse. J’ai lu Hansel et Gretel, et Raiponce, et la Petite Sirène aussi ! Je sais bien que les sorcières c’est méchant. Alors il faut que je me montre super prudente. Si je l'énerve, elle va me transformer en limace. Vite, j’affiche un super grand sourire de petite fille innocente, et je vais la voir.

Bonjour madame, vous avez l’air perdu ! Vous avez besoin d’aide ?

Nan, n’allez pas croire que je suis suicidaire. J’aurai pu l’ignorer et passer mon chemin, c’est sûr. Mais là, c’est une question de vie ou de mort : il faut débarrasser Terrae de ce monstre. Et c’est à moi, la future apprentie super héroïne, de m’en charger ! Qui d’autre après tout ? Les adultes, ils me croient jamais ! La petite vieille me fait un sourire plein de méchanceté et de malice. On dirait qu’elle est bien contente que je vienne lui parler. Dans quoi j’me suis encore fourrée moi … ?

Oh, bonjour ma petite. Non, je ne me suis pas perdue, j'attend un amie. Mais j'aurais bien besoin d'un peu de compagnie. Ne veux-tu pas faire un jeu avec moi ? Tu verras, ce sera amusant ....

Mouai. Je la vois venir à trois kilomètres avec ses gros sabots ! Enfin façon de parler, en vrai elle a des baskets, super jolies d’ailleurs. Si je la tue je les récupérerai tiens. Enfin, je m’égare ! Je disais… Ouai, tout de suite je vois son piège venir. C’est souvent comme ça dans les histoires : la sorcière propose un marché, et la petite fille se fait MANGER ! Mais ça arrivera pas, pas aujourd’hui. J’suis trop forte pour elle, et elle le verra sûrement pas venir. C’est ça ma force. Faut que je la batte à son propre piège…

Bien sûr madame, avec plaisir ! Vous voulez jouer à quoi ? La corde à sauter ? Cache-cache ?

La vieille rigole, enfin je devrais dire RICANNE car c’est une sorcière quand même. J’suis sûre qu’elle me voit déjà dans sa marmite de soupe !!

Non, non, rien de tout cela mon enfant, je suis trop âgée pour courir partout. Ca ne te dirait pas, une partie de “Tu préfères” avec moi ? Cela fera passer le temps, mon petit-fils joue souvent à ça avec moi.

Petit fils mes fesses ouai ! Si elle en avait un, elle l’aurait déjà mangé depuis longtemps. J’ai lu une histoire comme ça, où les “Tu préfères” deviennent réalité. Ou alors c’était une vidéo YouTube … Bref, ce qui compte surtout, c’est que je dois jamais la laisser me poser une question ! Sinon je serais obligée de répondre, et alors il m’arrivera plein de malheurs. Ma stratégie : ne pas la laisser en placer une ! Et à ce jeu là, j’suis vraiment la plus forte.

Ok, j’veux bien. Alors … tu préfères … Manger un bol de soupe aux choix de bruxelles, ou bien manger de la réglisse ?

Et bien je …

Oh non, mieux ! Tu préfères faire un bisou avec la langue à un chien, ou te parfumer au jus de moufette ?

Mais enfin -

Ou tu préfères rester toute ta vie avec des bras en caoutchouc super élastiques mais tous mous, ou bien rester toute ta vie avec le cou qui tient pas tout droit et du coup tu dois porter ta tête avec tes mains tout le temps ? Parler toutes les langues et rien comprendre, ou tout comprendre mais personne comprend rien à ce que tu dis ? Devoir marcher en faisant la marelle, ou plus jamais pouvoir jouer à la marelle ? Ou encore -

La vieille fronce les sourcils, et me coupe en criant :

Bon, ça suffit maintenant ! Laisse moi répondre, et te poser une question, sinon ce n’est plus un jeu ! Enfin, cette jeunesse …

Mince, je suis démasquée !! Qu’est ce que je peux faire maintenant, c’est sûr, elle va me jeter un mauvais sort !! VITE !! J’suis un peu paniquée, alors je fais un petit saut sur place style magical girl, et je crie :

BRÛLE, SORCIÈRE !!

Et pouf, je lui fous un jet de flamme dans la tronche !! Enfin … Une minie flamme … Qui tombe dans son sac à main, qui prend feu … Bon j’avais pas imaginé ça, mais ça passe quand même nan ? Je lance un rire héroïque, et pouf, je deviens invisible pour m’enfuir en toute discrétion. Enfin, je m’enfuis pas en vrai. J’escalade une espèce de statue qu’est pas très loin, puis je deviens visible et m’écrie :

VOTRE HÉROÏNE A ENCORE FRAPPÉ !! J’AI TUÉ LA SORCIÈRE !!

C’est pas tout à fait vrai, mais bon, ils le sauront pas. Je fais un dab histoire de me la péter, mais un Master Eau dont j’ai oublié le nom arrive en courant pour me gronder.

Non mais … Lizzie, c’est la troisième fois ce mois-ci que tu mets le feu parce que tu crois voir des sorcières ou des fantômes ! Et une vieille dame qui voulait jouer avec toi, en plus … Tu trouves ça normal ? Ca suffit maintenant, file dans le bureau d’Hideko, c’est elle qui décidera de ton sort ! C’est pas possible ça …

Pfeuh, y en a marre… Ces adultes, ils comprennent vraiment rien à rien. J’viens de leur sauver la vie, là. Mais bon, c’est ça, être un super-héros … Personne nous reconnaît jamais à notre juste valeur !

Lexique Terraen:
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Al [ES]
Invité
Sam 14 Mar - 23:29
Contexte et personnage:


Un énième arrêt dans le désert.

Un énième champ de vies fanées.

Un énième repos entravé par la faim, la soif et le désespoir.

Pour cette vingtaine d'âmes érodée qui erre en attente d'avenir, le passé est fait de cendres, le présent de sable, la brise de leurs soupirs. Tout ce qui est n'est que vestige de ce qui a été, et Al n'y fait pas exception. Autrefois jeune, bavard, arrogant et précieux, maintenant tombant de fatigue, enroulé dans des loques, marchant juste assez pour tourner en rond. Ironie du sort, le sommeil le rend presque aveugle et sa situation presque clairvoyant, alors quand la vieille dame aux jambes de squelette et à la peau de dune s'approche, il n'en discerne pas les contours. Seule une voix aiguisée détonne.

« Eh bien, J'ai beaucoup de visiteurs, aujourd'hui encore... Mais ce n'est pas pour Me déplaire. »

Portée par un vent qui agite ses haillons, la vieille s'approche. À un mètre seulement du rouquin, elle fend l'air d'un sourire pointu, lève les bras et s'exclame solennellement :

« Jeune homme égaré dans la forêt, Je m'appelle Baba Yaga. »

C'est à peine s'il hausse un sourcil, peu perturbé à la vue d'une folle hallucinée qui se prend pour une sorcière de conte slave. Après le chien Médor, le chat Clara Morgan, Cyrano de Bergerac junior et le prince Mérovée, un hurluberlu de plus ou de moins ne fait guère la différence. Il a même presque acquis, au fil du temps, une forme de compassion pour ces âmes piégées par l'Esquisse, qui n'ont que leur bulle pour ne pas mourir de la vérité.

« Sache que J'ai pour habitude de dévorer tous ceux qui s'arrêtent ici. Qu'ils viennent en solitaire ou en régiment, J'attends simplement qu'ils se perdent, puis Je viens les cueillir à l'orée de la mort. »

Évidemment, ces pauvres hères privés de raison n'ont souvent plus rien d'humain, sinon la silhouette. Pantins au service de l'absurde, ils s'attaquent sans distinction à leurs congénères, et ne peuvent que du fond de leur cœur espérer qu'on aura la compassion de les achever, afin qu'ils meurent en Homme plutôt qu'en Objet.

« Mais puisque Je n'ai plus très faim, et qu'il faut des bardes pour conter Ma légende.. Je veux bien te laisser repartir si tu gagnes contre Moi. »

Il en a vu tant d'autres, proférer mille menaces et les abandonner sitôt qu'il devient nécessaire d'agir. Pour éviter de percer leur frêle coquille, et parce que leur spectacle doit continuer, ils inventent des excuses qui reportent à plus tard le moment de passer du mythe à la réalité.

Jadis, il avait bien tenté de les combattre. De les rappeler au bon sens et à la réalité, en pointant du doigt leur lâcheté face aux épreuves et leur peur face à la mort. Mais depuis, il avait côtoyé tant d'êtres incapables de se lever face à l'Esquisse qu'il ne pouvait plus leur jeter la pierre. Sans doute les aurait-il rejoints dans leur farandole, s'il n'avait pas été têtu au point de croire encore que s'acharner pouvait mener à autre chose que le désespoir.

Par fierté, il ne peut cependant rien leur en dire.

« Je gagnerai et vous me foutrez la paix. »

Un éclat de rire illumine les yeux vitreux de la vieille.

« C'est tout le mal que Je te souhaite, Mon petit... Trois questions chacun, puis Je prendrai ma décision. Je commence : Être le seul à vivre ou le seul à mourir, qu'est-ce que tu préfères ? »

Peu ému par la peur que tente vainement d'inspirer cette tarée, et peu désireux d'entrer dans son jeu en lui disant ce qu'elle désire entendre, Al répond avec toute la désinvolture qui l'anime :

« Être le seul à survivre, probablement.
- Je vois que l'altruisme ne fait pas partie de ton vocabulaire, jeune homme. Tes compagnons ne doivent pas te tenir en grande estime.
- Entre être seul ou mal accompagné, vous choisiriez quoi, franchement ? »

Elle rit à en postillonner des bouffées de sable et de sang, qui dégoulinent sur les creux qui sculptent le visage d'Al.

« Je préfère être mal accompagnée, pardi ! Ainsi Je pourrai leur être d'encore plus mauvaise compagnie, et les manger plus tard quand J'aurai faim. »

Avec ses quatre dents, elle ne risque pas de manger grand monde... mais il choisit à nouveau de la laisser dans son délire, et de faire comme s'il était occupé à scruter les alentours.

« Deuxième choix. Savoir que jamais tu ne gagneras, ou gagner sans jamais le savoir ? »

Les deux options sont pourries, tout comme le principe du jeu, qu'elle a dû dégoter dans Méchant Magazine. Elle veut probablement le piéger pour obtenir l'assurance d'être un esprit malfaisant qui arrive à troubler n'importe qui jusqu'au plus profond de son être.

« La seconde option. Quelqu'un finira par s'en rendre compte et me le dire.
- Pouah ! Dit celui qui préfère rester seul.
- Si vous vouliez que les réponses soient cohérentes entre elles, il fallait le préciser au début. Je ne suis pas responsable de vos erreurs de préparation. »

Cette fois, ce n'est pas une rire, mais une moue, qui convulse ses lèvres desséchées, dont des bouts semblent pouvoir tomber au moindre déplacement, si ce n'est pas toute sa mâchoire qui s'écroule. Elle se rapproche encore plus et se greffe à l'étole d'Al, vraisemblablement décidée à lui faire profiter de son haleine de chacal.

Peut-être bien qu'elle a bouffé un cadavre, en fait.

« C'est ton tour, maintenant, hihihi... » susurre-t-elle en se pourléchant les babines.

Al a deux options pour survivre à cette odeur pestilentielle : trouver un moyen de la feinter ou sortir son couteau.

« Hum.. oui... Laissez-moi deux secondes... »

Il vaut mieux renoncer à combattre les fous, ils ont oublié tout égard pour leur propre vie - et pour la votre. Mais pour gagner, encore faut-il connaître les règles...

Ou trouver un moyen d'exploiter le fait qu'il n'y en a pas.

« Que préférez-vous : devenir un calpitrin ou une stéréocalide ? »

Le piège semble vite faire son petit effet.

« C'est de la triche ! Tu inventes !
- Est-ce vous pouvez prouver qu'il n'existe pas de calpitrin ni de stéréocalide, dans l'Esquisse ?
- Grn.... »

Al n'aurait jamais cru être un jour amusé du fait que ce monde est un grand n'importe quoi.

Sauf que..

« Je le peux, déclare-t-elle en s'écartant et en levant les bras à nouveau, parce que Je suis l'une des Figures de l'Esquisse, oui ! Mes soeurs et Moi-même avons fondé ce monde ; l'une de nous contrôle ce qui Est, l'autre ce qui Vit, et Moi ce qui Meurt. Rien en ces terres n'est sans que Je ne le sache ! »

Sauf que les fous trouvent toujours un moyen d'intégrer une contradiction à leur lore.

« Vous êtes juste une pauvre illuminée, crache le rouquin, las, avec un dédain qu'il ne peut plus masquer.
- Peux-tu prouver que Je n'ai pas créé l'Esquisse ? »

Et que quand ils ont une lueur d'intelligence, c'est toujours au pire moment.

Voyant qu'elle l'emporte cette fois, "Baba Yaga" rit à nouveau assez fort pour peindre une grande toile avec sa salive et tous les trucs indigestes qu'elle a dû avaler pour en arriver là. Et, oh, il y a une dent avec.

« C'est la dernière manche, mon garçon. Réponds bien. »

Alors qu'elle ne l'a pas effleuré jusque là, la crainte s'immisce en lui. A-t-il peur de perdre sa fierté avec ce jeu, quand bien même les dés sont probablement pipés ? Ou d'être pris à revers par un fou ?


Ou bien... peur que tout, peut-être, soit vrai ? Que le vent qui l'entoure soit tous les derniers souffles qu'elle a recueilli, et ses questions des choix irrémédiables ?




Tout le monde dans le camion serait alors...




« Que préfères-tu : penser toujours à moi sans jamais me trouver, ou m'oublier sans jamais cesser de me croiser ? »

Si elle est gardienne de la Mort, alors la première option serait de vivre confiné dans la peur, mais survivre malgré tout - ce qu'il a fait jusque là - et la seconde signifierait embrasser l'illusion et la folie le temps d'une courte vie.

« Je préfère penser à vous, et ne jamais détourner mon regard du votre ! »

La face fripée de Baba Yaga se teint de rouge. A-t-il provoqué la colère de l'Esquisse ?

« Vraiment ? »

En quelques pas rapides, la vieille se colle à Al, et plonge ses yeux d'acier dans les siens. Malgré le frisson qui le traverse, il décide de tenir bon face à cette figure surnaturelle dont les canines n'ont jamais paru si effrayantes.



Après quelques secondes éternelles, elle abdique enfin, tenant toutefois en otage la main du garçon, qu'elle caresse affectueusement.


« Moooh ! Je voulais m'amuser un peu, mais je ne pensais pas qu'on me ferait une si belle demande en mariage ! »


Al comprend aussitôt à quel jeu il vient de perdre : celui de la crédulité.

Et visiblement, il va devoir ramener "ça" au camion.
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Nikita
Invité
Sam 14 Mar - 23:36
Présentation:




Petit conte Cosaque


Dehors, les premiers gros flocons annonçaient un hiver précoce et particulièrement difficile. Leur mère, Babushka et ses trois plus jeunes sœurs s'étaient réunies avec leurs ouvrages devant la cheminée, tandis que les hommes étaient soit en déplacement, soit au fourrage pour nourrir les chevaux. Quant à Nikita, elle était accrochée à la fenêtre, guettant avec impatience le retour de ses frères et de la harde.

Nikita, si tu veux te rendre utile, prends la bouteille et va remplir « le bol» avant qu'il ne fasse nuit.

Gardienne des traditions, la doyenne préservait le clan en leur narrant des histoires étranges et les mettait en garde sur les nombreuses superstitions locales. Gare à ceux qui se moquaient des excentricités de l'ancienne, ils leur arrivaient malheur dans l'année. Aussi lorsqu'elle demandait quelque chose, il était de bon ton de se plier à sa demande.

Docile, l'adolescente obéit à sa grand-mère et s’apprêta d'un châle posé sur ses épaules. Elle empoigna aussi vite la bouteille d'alcool qui l’attendant à l'entrée et traversa la courre nappée de blanc, jusqu'au chemin de terre. Cachée derrière un bosquet, l'entrée s'empruntait par une route galonnée de rondins de bois, où était posé une vieille gamelle en gré. Quelle ne fut pas sa surprise en constatant une forme sombre, assise aux pieds de la coupelle.

- Bonjour douce enfant, dit l'apparition d'une voix pincée.
Ne voudrais-tu pas aider une vieille dame ?

Quelque chose l'interdisait d'intervenir, mais sa nature bienveillante chassa ses pauvres inquiétudes et se rapprocha de l'antiquité. Et ce n'était pas peu dire, tout son visage était  une ruine. Une façade creusée de sillons et de crevasses informes sur laquelle s’accrochait un appendice nasal tombant jusqu'à l’ouverture de sa bouche édentée. L'apparition était impressionnante de laideur, mais ce fut cette lueur malsaine dans le regard qui déstabilisa la jeune fille.

- N'aies crainte fillette, je reposais juste mes vieilles béquilles quant je fus surprise par l'hiver. Aide-moi à me lever.

En bonne fille, la slave s’exécuta en passant sous son épaule, redressant avec peine la carcasse rachitique. Cela n'avait pas de sens, la douairière pesait autant qu'un âne mort pour un profil de moineau. Quel était-donc ce sortilège ?

Horrifiée par ce mauvais tour, Nikita allait faire volte-face, mais trop tard. Une main crochue se noua autour de son poignet, l’empêchant de prendre la fuite.

- T'es bien mignonne, reste encore un peu me tenir compagnie. Jouons à un jeu veux-tu ?

A cet instant, il lui était impossible de savoir ce qu'il y avait de pire entre son haleine de mort ou la sensation glaciale qui lui dévorait le bras. L'un comme l'autre, cela désignait la créature comme étant non-humaine. Et jouer à quoi ? Que lui voulait-elle donc ? De toute manière, même en y mettant toute sa force il lui était impossible de se défaire de sa prise. Résignée, elle secoua sa crinière cendrée en se campant devant le trognon.

- Mmhh parfait, parfait ! Et bien réponds juste à mes questions. Que préfères-tu entre oublier ton père ou ta mère ?

Voila donc une bien étrange question. Où voulait-elle en venir exactement ? Avec méfiance, les mots sifflèrent entre ses dents.

Mon père.

Le vieux tas de haillons se mit à ricaner en resserrant sa pogne sur sa proie, la fixant de son regard infatué. Petit à petit, l'envie de fuir se mua en une monstrueuse sensation de vide. Une part d'elle même venait de s'évanouir, laissant place à un morceau de néant que rien ne pouvait combler.

- Alors ma petite ? J'attends ta question.

Cela devenait complètement fou ! Qu'est ce qu'il venait de se produire ? Qui était cette vieille folle? Elle était sur le point de flancher, crier au secours en se débattant comme une furie, mais quelque chose lui disait que cela engendrerait sa perte. Comme le joug se resserrant sur le cou d'un petit animal en panique. Elle voulait jouer ? Alors elle allait le faire à la Cosaque.

- Très bien, que préfères-tu entre disparaître pour de bon et boire tout une coupelle de Vodka?

Un sourire fissura le faciès décrépit de la sorcière.

- Je ne dirais pas non à ton alcool, mais tu n'as qu'une bouteille à ce que je vois.

La petite paysanne attrapa la gamelle ensevelit sous la neige et la remplit à ras-bord avant de la présenter à sa ravisseuse. Sa palme décharnée agrippa le récipient et avala le contenu jusqu'à la dernière goûte.

Mmhh, Fameux ! Je n'en ai plus goutté de tel breuvage depuis des lustres ! A moi maintenant[/i], dit-elle en s'essuyant le coin de la bouche.
Et bien... Que préfères-tu entre être détestée par ta famille ou tes amis ?

La garce... le choix devenait épineux. L'adage disait « on ne choisit pas sa famille », mais dans ce cas les Kitaev formaient une lignées soudées et aimantes. Quand à ses amis, elle en avait peu, mais comptaient tout autant que ses frères et sœurs. Après un bon moment de réflexion, son cœur se serra lorsqu'elle exprima son choix.

- Les amis...

La puante se mit à rire à gorge déployée. Cette fois, ce fut le froid qui envahissait son cœur logé dans sa poitrine, la saisissant d'un chagrin sans nom. D'un geste de la main, elle effaça les larmes qui lui grimpaient jusqu'aux paupières et sera la mâchoire en s'adressant à la harpie.

- Que préfères-tu entre te faire décapiter à l'instant, ou boire de nouveau toute une coupe de Vodka.

- Héhéhé petite idiote. La coupelle voyons !

Lâchant sa prise, la vieille peau tendit ses deux mains avides vers le breuvage et glouglouta le contenu en cahotante sur la fin.

- Fameux... Buurppp !

C'était immonde... Le cul d'une vache aurait eu un meilleur parfum.

- Bon à moi! Alors....

Sa brindille caressait le fond de la gamelle, attrapant les dernière goûtes d'alcool qui traînaient au fond.

- Que préfères-tu... Entre… Héhééééé... Entre ne jamais enfanté et ne jamais trouver l'amour ?

Bordel... Ce n'était pas encore assez ? Ce qu'elle venait d'ingurgiter aurait fait tourné de l’œil tout un régiment. A bien y regarder, l'apparition commençait à présenter des signes de faiblesse, de la mollesse dans sa façon de s'exprimer et l'avait relâché au profit du calice. Maintenant il fallait choisir... Et comme toute jeune fille de son âge, ses premières pensées allèrent vers « l'amour toujours ».

- Je... crois que... je préférerais ne jamais avoir d'enfant.

Encore une fois, la hyène entama son chant, poignardant l'abdomen de l'adolescente d'une lame invisible. La douleur était bien réelle, faisant plier son corps en deux jusqu'à ce qu'elle puisse retrouver son souffle. Ce n'était pas vrai... Quel cauchemar ! Vite en finir !

- Que préfères-tu entre ne jamais m'avoir rencontré et boire tout le contenu de la coupelle ?

- Héhéhéhé une vraie blonde ! Je t'adore fillette, sers-moi donc de ta bonne gnôle.

Ce qu'elle fit. La vieille folle tendit la vaisselle vers le goulot qui déversa son contenu jusqu'à faire le plein. Pour la quatrième fois, le liquide se déversa tantôt dans sa gorge, tantôt à coté, laissant le temps à Nikita de remplir une nouvelle fois le contenant sans qu'elle s'en aperçoive.

- Ppfffiiiouuuuu BUURrppp... chest delichieuux... Héhéhé... Bon, ou étions nous ? Ha oui ! Chest que préfères-tu....

- Non, il vous en reste.

Son regard vitreux se posa dans le fond de la coupe, une nouvelle fois remplie à son insu. Elle biberonna tout ce qu'elle pu, titubant sur ses guibolles.

- Hips... Chest que p'fferrees-tu entre....

- La bouteille ?

- Vouiii !! voui !!! la bouteille !!!

- Donc, qu'est ce que je préfères entre ne jamais t'avoir rencontré et t'offrir la bouteille ?

- Heu... bouteille ? Non, non !!

- Alors une coupelle?, dit-elle en lui versant un peu plus de spiritueux.

- Oui !! Encore, encore !!

Le monstre se jeta langue en avant sur la vodka, laissant un bref instant à sa martyre de réagir.

- Et bien. Ne jamais vous avoir rencontré !

Profitant de l'inattention de la créature, Nikita se détourna d'un bond et se mit à courir vers la ferme sans se retourner. Entrant comme un diable en faisant claquer la porte derrière elle, toute la sororité bondit en se retournant vers elle. Toute la douleur, la désolation et la tristesse disparurent avec les sourires et la chaleur du foyer. Babushka se redressa lentement de sa chaise, invitant sa descendante à les rejoindre au coin du feu. Un grand sourire malicieux accompagna son geste

- Rien de tel qu'une bonne Vodka pour résoudre tous les problèmes. Tvoe zdorovié !
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Paz NRP
Invité
Sam 14 Mar - 23:43
Petite introduction ::

Il était une heure avant midi et Pachouliboukoualoubouzoulek s’en allait au marché. Aujourd’hui, il était d’excellente humeur. D’exceptionnelle humeur, même ! Il venait de découvrir dans un vieux grimoire ce qui pourrait être la solution tant attendue à son problème de corps. Une recette capable d’inverser le sort et de lui rendre sa forme de dragon ! Enfin il serait délivré de cette apparence ridicule !

Il était donc résolu à fêter ça dignement, ce qui incluait nécessairement un bon repas et une quantité conséquente de bière. En outre, en fin gourmet qu’il était, Pachouliboukoualoubouzoulek prenait plaisir à se cuisiner de bons petits plats à partir de produits sains et frais, sans OMM (Organisme Magiquement Modifiés). Il avait donc volé sur des kilomètres pour venir s’approvisionner en légumes dans ce charmant marché fermier, installé sur la place principale d’un non moins charmant petit village humain.

Ce n’était pas la première fois que Pachouliboukoualoubouzoulek venait ici. Il avait récemment compris que parmi les humains, il était bien moins fatiguant d’échanger ce qu’il voulait contre de l’or – qu’il possédait à foison – que de prendre sans permission et de devoir ensuite mater des propriétaires mécontents (ou se faire mater, selon les circonstances). Le dragon avait donc pris l’habitude de se balader avec une bourse bien remplie et s’initiait avec plus ou moins de réussite aux joies du marchandage.

Les habitués du marché l’ignorèrent donc quand il se posa au bord de la place, désormais blasés. Pachouliboukoualoubouzoulek était lui tout enthousiaste alors qu’il repérait un étal qu’il n’avait jamais vu auparavant. Oh ? Une nouveauté ? Curieux, le dragon s’approcha des tréteaux sur lesquels légumes, fruits et herbes étaient disposés dans un désordre qui frisait l’anarchie. Derrière, inconfortablement installée sur un tabouret, une petite vieille accueillit son arrivée en silence. Elle était terriblement moche, mais Pachouliboukoualoubouzoulek ne s’en formalisa pas. C’était très fréquent chez les humains. Il ne lui accorda donc qu’un coup d’œil ennuyé avant d’examiner plus en détail certains de ses légumes.

- Mmmmh, de jolis choses que vous avez là, petite vieille. (Les commerçants étaient les seules personnes avec lesquels il consentait à se montrer poli). J’aime beaucoup la forme de ces carottes, ici. Oh ! Et ces tomates ont l’air délicieuses !

Le rire de la vieille, sec et dissonant, coupa court au bavardage.

- Carottes ou tomates il faut choisir, mon bon monsieur. L’un ou l’autre, mais pas les deux !

Pachouliboukoualoubouzoulek resta coi de surprise une seconde avant de bégayer d’indignation, tout effort de civilité envolé.

- C… Comment ça, pas les deux ! Tu vas me servir ce que je veux, bouffie, ou ça va barder !

La vieille secoua lentement la tête mais sans que ses yeux, anormalement fixes, quittent un seul instant le dragon.

- Ici, c’est comme ça, c’est le jeu. Entre deux maux, tu dois choisir au mieux.

- Entre deux quoi ??? Tu te fiches de moi, misérable !

Mais la vieille marchande se contenta d’adresser à Pachouliboukoualoubouzoulek un sourire plein de dents. Ce dernier recula d’un pas avant de faire volte-face, se drapant dans sa dignité offensée.

- Je ne tolèrerais pas cela plus longtemps ! Va pourrir aux Enfers, vieille pustule ! Je n’ai pas de temps à perdre avec tes stupides bêtises !

La vieille rit à nouveau, plus fort.

- Allons, allons mon petit, quel est ton but dans la vie ? Si c’est du pouvoir qu’il te faut, ne soit pas sot. Je peux ouvrir des portes pour toi, te placer au-dessus des lois. Si tu savais comme je m’ennuie ! Je t’aiderais si tu relèves mon défi.

Pachouliboukoualoubouzoulek se retourna, lentement. Il plissa ses petits yeux dorés, détaillant la vieille avec plus d’attention. C’était une proposition intéressante qu’elle lui faisait là. Etrange, certes, mais à laquelle il lui était difficile de résister. Il avait hélas assez peu avancé dans ses plans pour dominer le monde. Il n’allait pas dire non à un petit coup de pouce. Et même si ce n’était que du vent, qu’est-ce qu’il risquait à discuter avec cette vieille folle ? Il ricana donc avec suffisance.

- Un jeu, c’est cela ? Très bien ! Tu vas regretter de m’avoir défié.

La vieille se frotta les mains.

- Bien bien bien, alors allons-y. Je propose, tu choisis, puis c’est ton tour mon petit. Si tu me distrais, je t’aiderais. Mais si tu m’ennuies, c’est fini ! Choux de Bruxelles ou salsifi ?

Pachouliboukoualoubouzoulek renifla avec dédain. C’était trop facile.

- Choux de Bruxelles ! A la poêle, revenus avec des carottes et de la crème. Délicieux.

La vieille sourit plus largement, se leva, s’approcha des tréteaux. Elle saisit une poignée de choux, les fourra dans un sac et le tendit au dragon.

- C’était un échauffement. A toi maintenant.

- Comment ça, à moi ? répèta Pachouliboukoualoubouzoulek qui avait du mal à saisir le principe de ce jeu. C’est toi qui me vends des légumes, bouffie ! Pas l’inverse !

Le caquètement qui suivit était éminemment désagréable.

- Pose les questions que tu veux, dragonneau. Mes réponses je te donnerais en cadeau.

- Très bien… rétorqua lentement Pachouliboukoualoubouzoulek, le cerveau tournant à plein régime. Alors que dis-tu de ça, vieille peau : donne-moi le pouvoir de me téléporter, ou une armée !

Il ne fallut pas longtemps à la vieille femme pour se décider.

- Très bien, voilà ton armée, répondit-elle en désignant d’un ample mouvement du bras une rangée d’asperges. Celles-ci se dressèrent aussitôt, comme animées de magie, et se rangèrent comme des bataillons devant Pachouliboukoualoubouzoulek.

Le dragon les regarda stupidement quelques secondes avant d’exploser.

- Bougre d'ectoplasme à roulettes ! Tu te paies ma tête, stupide sorcière ? Si c’est cela, je ne joue plus ! Personne ne se moque impunément du grand Pachouliboukoualoubouzoulek !

En réponse, la sorcière rit à gorge déployée.

- Ne t‘en prend pas à moi pour tes bêtises. Si tu ne supportes pas le ridicule, prend garde aux mots que tu utilises. Maintenant, écoute : œuf à la coque ou tartare de bœuf.

Pachouliboukoualoubouzoulek trépigna encore un peu, ses serres retournant la terre comme il rêvait de serrer le cou de la vieille folle. Mais lui abandonner la victoire lui laissait dans le bec un goût très désagréable. Non, ça ne se passerait pas comme cela, foi de dragon !

- Tu ne me fais pas rire, bouffie, et je vais t’apprendre le respect, moi, tu vas voir !

Il réfléchit furieusement quelques instants. Il avait vraiment un très mauvais souvenir d’œuf à la coque (vraiment très mauvais !) mais accepter de la viande le dégoûtait. (C’est que monsieur était végétarien.) Pachouliboukoualoubouzoulek grommela.

- Très bien ! Ce sera les œufs à la coque !


Aussitôt, ceux-ci se matérialisèrent devant lui, à côté des asperges toujours en ordre de bataille. Pachouliboukoualoubouzoulek les ignora dédaigneusement pour poser sa propre question d’un air triomphant.

- Rends-moi mon apparence de dragon, ou donnes-moi le miroir de Guldin qui fera de moi le maitre du moooonde !

Il était très satisfait de lui-même. C’était la question parfaite ! La question à laquelle il n’existait pas de mauvaise réponde. Quoi que décide la vieille peau, il serait gagnant ! La pauvre folle pensait qu’elle pouvait le manipuler ? Hahaha ! Il n’était pas n’importe qui ! Il était le grand Pachouliboukoualoubouzoulek, et son intelligence n’avait pas d’égal !

Il aurait pu continuer à s’envoyer des fleurs un moment encore mais les drôles de chatouillis qui lui parcoururent tout le corps le distrairent de ses pensées. En quelques secondes, il fut à nouveau un dragon, de la tête à la queue, magnifique et flamboyant. Pachouliboukoualoubouzoulek tourna sur lui-même en gloussant, s’admirant sous toutes les coutures. La vieille femme déclara :

- Je te rends donc ton corps, mais ne soit pas stupide. N’oublie pas que dans notre jeu, c’est mon plaisir qui décide. Et n’oublie pas non plus, que c’est à moi de jouer.

Le sourire qui avait brièvement disparu de son visage revint, plus grand, plus terrifiant.

- De Bej ou d’Alfred, qui préfères-tu manger ?

- Hein ? Ma parole, tu as perdu l’esprit ??? Bej ne se mange pas, stupide vieillarde. Et Alfred, euh… non plus ! Le dragon souffla par les naseaux, incrédule. Mais pourquoi je reste là à écouter tes balivernes ! Ça suffit ! Je ne joue plus ! Fin du jeu !

Soudainement pressé de s’éloigner, le dragon ouvrit ses ailes et décolla dans un tourbillon de poussières.

- Adieu, vieille sorcière !

La sorcière en question ne bougea pas. Un rictus plaqué sur les lèvres, elle se contenta d’observer le dragon qui s’élevait dans le ciel. Alors qu’il n’était plus qu’un point à l’horizon, elle murmura.

- Ce que je t’ai donné, je peux te le reprendre. Ta belle apparence ? Dis-lui adieu sans attendre.
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Ithen DT
Invité
Sam 14 Mar - 23:58
Spoiler:


Le mercure s’était aventuré dans les négatifs et la ville se recouvrait peu à peu des quelques flocons dont le ciel se soulageait. Ithen n’avait pas prit plus de quelques secondes pour se décider à profiter des premières neiges de la saison. Ses pas creusaient la poudreuse à mesure qu’il rejoignait la forêt. Avec l’épais tapis blanc qui se mêlait aux aiguilles des pins, le paysage semblait tout droit sorti des bois scandinaves. Ithen s’était accroupi, quelques instants, pour laisser sa main retrouver la brûlure du froid contre sa peau, si blafarde qu’elle disparaissait dans la neige. Il avait ramassé quelques flocons de souvenir et avait repris son chemin, avide de retrouver les sensations de son enfance. Ses pas l’avaient guidé toujours plus loin dans la futaie, si bien que l’obscurité l’entourait désormais. Non pas que le soleil aie mit fin à sa course, mais les ramures noircies d’aiguilles des sapins s’entremêlaient de façon à masquer le ciel et ses repères. Ce n’était pas un problème pour lui, il se savait capable de revenir sur ses pas, aux vues des larges traces que ceux-ci imprimaient à sa suite.

Les rares raies de lumières qui perçaient encore des frondaisons éclairaient son chemin de manière rudimentaire, et il aurait sûrement déjà rebroussé chemin si les bruissements d’ailes de quelques retardataires ne résonnaient pas de temps à autres autour de lui. Ces oiseaux là avaient eux aussi peu à peu disparu, ne lui laissant pour toute compagnie que les craquements du bois sous la pression du froid. Son souffle se saccadait ; la couche immaculée s’épaississait à vue d’œil et entravait ses mouvements à mesure qu’elle se tassait. Il ne lui restait plus qu’à prier pour qu’elle n’ait pas le temps de verglasser avant que revenir ne lui vienne à l’idée. Les ténèbres aussi, se confondaient, elles semblaient se solidifier et s’alourdir jusqu’à former un écran impénétrable, de longs mètres plus loin. En plissant les yeux, il croyait distinguer d’immenses serres enfoncées dans la poudreuse, mais ça ne pouvait pas être vrai. Pourtant, les contours carrés d’une large masse sombre se découpaient dans l’ombre, trahissant la présence d’un abri.

Froncement de sourcils.

Ithen avait déjà passé suffisamment de temps dans ces bois pour savoir que personne ne vivait là. Son front s’était d’autant plus plissé lorsque le temps s’était brusquement emballé. Les branches se livraient à une danse sordide, glissant leurs rameaux entre les flocons qui accéléraient leur tournoiement. La neige se soulevait, se laissait emporter par un vent qui n’aurait pas dû être présent. Il s’était reculé, impressionné par ce brusque déchaînement. Ce mouvement ne semblait pas être du goût des éléments ; une bourrasque l’avait repoussé vers l’avant, rotules plantées dans le tapis blanc et pensées plus désorientées qu’auparavant.

« Tu n’entres pas ? »

Le vent s’enroulait à son oreille et lui susurrait de s’avancer. N’ayant pas pour principal objectif de batailler contre le temps, il avait obéi, progressant tant bien que mal vers la cabane qui se profilait. Aucune ouverture ne lui permettait d’y entrer, mais il ne s’était pas pour autant laissé décourager. Quelques bribes de souvenirs lui revenaient, des effiloches de soirées au coin du feu et de légendes murmurées à demi le heurtèrent de plein fouet. Sa mère avait pris soin de lui conter tout le folklore de leurs contrées, et cette bâtisse lui remémorait un mythe en particulier.

« Petite isba, petite isba ! Tourne le dos à la forêt, le devant de mon côté. »

A sa grande surprise, la masse s’était soulevée et un carré de lumière s’était dessinée dans l’obscurité. Baba Yaga était devenue omniprésente dans ses pensées. Il s’était aventuré à l’intérieur du logis, espérant que la sorcière avait lu les règles de la cité. Il faisait chaud – un four brûlait au fond de la pièce, côtoyant une fine fontaine séparée en deux bassins. Des inscriptions en latin surplombaient chacun des deux bassins, mais Ithen n’avait pas besoin de la moindre connaissance dans cette langue pour comprendre qu’il avait devant lui la fontaine de vie et de mort. Les lois de la mairie avaient résonné dans son esprit alors qu’il remarquait un étrange détail ; le bassin mortel était brisé et laissait goûter son eau au sol, signe que la Faucheuse n’avait pas prise dans la cité. «Ⅶ - Il est interdit à quiconque de mourir au sein de la cité ». Au moins, il n’allait pas finir dévoré. Une table au bois crevassé meublait le centre, entourée de deux vieilles chaises au chêne suranné. Sur l’une d’elle, la silhouette rabougrie de l’ogresse se balançait en un geste indolent, un verre à cocktail pincé entre ses doigts parcheminés. La boisson aux reflets rougeâtres gagnait à rester inconnue, d’autant qu’en guise de citron se tenait une phalange. Appétissant.

« Assieds-toi mon enfant, Baba Yaga t’attends. »

Encore une fois, il avait obéi, partant du simple constat qu’un ordre de Baba Yaga, en général, ça ne se refuse pas. La vieille femme avait redressé sa carcasse branlante et l’avait transpercé de son regard. Ses longs doigts affublés de griffes avaient tapé sur la table, un à un, soulignant sa tranquillité ; elle avait le temps, et elle le savait.

« Baba Yaga s’ennuie, ici, où il n’y a personne à goûter. Dis-moi, marmot, es-tu prêt à la faire jouer ? »

Il avait hoché la tête, toujours silencieux. Pas par choix, non, plutôt par manque de salive pour tout irriguer.

« Très bien, nous pouvons commencer. Tu ne souffriras pas, tu n’en as pas le droit, mais à chaque question posée, Baba Yaga n’attend que la vérité. Alors, petit, as-tu compris ? »

Silence.

« Baba Yaga a toujours faim, mais toi, humain, éclaire-la. Préfères-tu manger tes pairs ou les laisser te croquer ?

- C’est cruel ce que vous me demandez là… Entre souffrir et faire souffrir, je préfère encore finir à la marmite.

- Tu ne suffirais pas à les sustenter… M’enfin. Baba Yaga respecte tes choix. Tu préfères…

- Excusez-moi, mais c’est mon tour, je crois. J’ai pas signé pour me faire arnaquer. Vous préférez être oubliée par le monde -plus de légendes, plus d’enfants frissonnants sous les menaces de leurs parents -, ou par votre fille ? »

Un éclat de colère avait dissipé la quiétude du regard de la sorcière.

« Ta cruauté n’a pas de limites. Entre ses repas et sa famille, Baba Yaga choisi encore sa famille, les contes n’ont qu’à l’oublier. Mais tu ne peux pas comprendre ce que c’est. Baba Yaga le sait, mais elle veut te le demander. Tu préfères être libre mais seul à jamais ou être captif et entouré ?

- La liberté à tous prix, ça, je peux vous l’assurer. V…

- A tous prix, oui, mais quelle en est la limite ?

- Sauf votre respect, c’est mon tour.

- Tu parleras deux fois après. Tu préfères être libre et faire souffrir ou renoncer à cette indépendance pour cadrer à la moralité ? »

Nouveau silence, quelque peu plus gêné. La sorcière s’était levée dans un grincement d’os, déjà prête à repartir. Un sourire étirait ses lèvres décharnées à mesure que le temps passait et que son adversaire hésitait.

« Tic. Tac. Tic. Tac. Baba Yaga n’attend que toi. »

Soupir.

« Au risque de me répéter, la liberté. A tous prix. Vous comptez encore me couper ou vous comptez me laisser parler ?

- Ce n’est plus tellement la peine, Ithen. Baba Yaga est fatiguée, elle va retourner travailler. Elle est contente d’avoir joué, mais les lois sont les lois, et elle ne peut te manger. Va, enfant, et prend le temps de méditer, que Baba Yaga n’ait pas perdu son temps à te questionner. »

Il n’avait pas eu le temps de protester. Le vent s’était levé au centre même du logis et l’avait cueilli avec violence pour le projeter au dehors. Brusque retour à la réalité, rotules plantées dans le tapis blanc et pensées encore plus désorientées qu’auparavant.
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juliette
Invité
Lun 16 Mar - 19:24
Personnage et univers d'origine:

Sur la plage, Juliette cherche à fuir un instant ses obligations à la boutique du griffon. À toujours parcourir le monde à la recherche d'artefacts et objets anciens, elle en oublie trop souvent de simplement vivre.

Le soleil est haut dans le ciel, la mer calme caresse les pieds nus de Juliette. Elle rencontre alors un crabe dont la pince est coincée sous un rocher. La marchande se baisse et libère l'animal qui reste près d'elle un instant en secouant les pinces avant de repartir dans l'océan.

Juliette continue sa ballade en ramassant des coquillages. Habillée de plusieurs voiles transparents attachés de manière à créer un ensemble opaque, elle se sert de l'un d'eux pour récolter ses petits trésors. Même sur la plage, à essayer de sortir de son quotidien, elle ne peut s'empêcher de collectionner toutes les jolies choses qu'elle trouve.

Quand elle se retrouva avec les bras chargés, elle récupéra une corde échouée sur la plage et commença à confectionner une guirlande de coquillages. Une fois son travail achevé, elle l'enroula autour d'un palmier avant de reprendre sa ballade.

Le soleil est haut dans le ciel, la mer calme ramène aux pieds nus de Juliette un sac visqueux. Des tas d'ordures ont été jetés récemment à la mer. Juliette marmonne quelques mots en cherchant à l'horizon les auteurs du crime. Personne. Alors elle s'abaisse et récupère un à un les déchets et les poser dans de larges feuilles de palmiers.

Heureusement que Juliette avait gardé sur elle son couteau d'Opaline, avec elle, il pouvait découper la roche aussi facilement que le sable. Une fois son travail achevé, elle referma les feuilles et les posa au pieds du palmier en lui promettant de venir les récupérer à son retour.

Sa ballade fut interrompue à quelques pas de là par une étrange vieille au dos courbé.

- Baba Yaga a un jeu à te proposer. Si tu ne veux pas jouer avec moi mon enfant, je te transformerai en écume de mer.

La sorcière pointa de ses doigts crochus la mer calme tout en riant.

- Garde tes sorts pour toi vieille mégère !

Juliette ne bougea pas pour autant, son instinct lui hurlait que cette femme ne bluffait pas et ne lui laisserait pas le choix.

- Préfères-tu perdre ta voix pour ton insolence ou avoir la voix d'un homme ?

- Si je te dis de partir avec la voix d'un homme, t'en iras-tu ?

La vieille ne fit que rire à sa réponse. Aucune incantation ne fut prononcée, aucun geste particulier fait.

- Si tel est ton choix ! Mais tu n'as pas compris le jeu mon enfant, tu peux aussi me poser la question "préfères-tu". Comme par exemple, préfères-tu ne jamais pouvoir enfanter ou être sûre d'avoir des triplés à chacune de tes grossesses ?

Juliette se retrouva sans un mot... Baba Yaga allait perdre patience et renchérir quand elle se ressaisit :

- L’infertilité est plus simple à gérer. Dans ce cas à mon tour ! Préfères-tu être enseveli dans le sable ou aller nager ?

- Tu crois que je suis idiote, si je vais dans le sable, tu auras le temps de t'enfuir, alors que si je vais dans l'eau, je ne serai jamais très loin.

Baba Yaga s’accroupit dans l'eau dès qu'elle le put. Mais quand elle essaya de se relever, elle n'y arriva pas. En nettoyant l'océan, Juliette avait obtenu ses faveurs et l'océan emprisonna Baba Yaga, mais la sorcière était puissance et restée près de rivage. Elle put alors demander à Juliette sur un ton rempli de colère :

- Préfères-tu que je mange tes orteils ou que je dévore tes talons ?

- Mangez mes orteils si vous voulez ! Et que prendrez-vous avez cela ? Des noix de coco entières ou des rochers pointus ?

- La noix de coco passera toute seule avec sa peau douce.

La mer calme porta Baba Yaga aux pieds nus de Juliette quand un vent violent déracina le palmier proche d'eux. Juliette se baissa à temps et le palmier frappa juste devant elle sur le dos de Baba Yaga qui fut emportée au loin. Se sentant faible, la vieille sorcière n'avait pas pour autant dit son dernier mot et cria :

- Préfères-tu venir à moi ou que je vienne à toi ?

- Je vais venir à vous, et vous ? Préféreriez-vous être attiré dans le fond de l'océan ou que les crabes viennent à vous ?

Baba Yaga était trop loin pour que Juliette entende sa réponse. Le crabe qu'elle avait aidé, attira dans les profondeurs la sorcière suffisamment longtemps pour permettre à Juliette de s'enfuir en récupérant les sacs faits de feuilles de palmiers. Elle courut sans se retourner pour retourner au port et ne souffla que lorsqu'elle ferma la porte de sa boutique derrière elle.

Elsa aurait du mal à croire ce qui lui était arrivé, mais la voix désormais masculine de Juliette devrait être un argument suffisamment convaincant. Loin de lui déplaire, Juliette se dirigea dans ses appartements au-dessus en pensant d'abord à soigner son doigt de pied mangé par Baba Yaga.

HRP:
Valentina Nikolaïeva
Date d'inscription : 15/10/2017
Messages : 261
Valentina Nikolaïeva
Armurière
Lun 16 Mar - 19:26
Armurière

Passeport
Age :: 22 ans
Patronyme :: Vladimirovna
Surnom :: Valya
Bonsoir à tous,

Pour cette épreuve et comme expliqué dans le message de clôture de l'interforum, nous avons admis la participation de Juliette qui avait été postée avec juste quelques minutes de retard samedi soir en raison des circonstances exceptionnelles que nous subissons tous.

Merci de votre indulgence et de bien la prendre en compte dans vos votes.

À très vite o/
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