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R.i.p - Repose en peine
Airat Ivanov
Date d'inscription : 22/09/2017
Messages : 145
Airat Ivanov
Colporteur
Ven 8 Fév - 22:59

Passeport
Age :: 27 ans
Patronyme :: Ivanovitch
Surnom :: Rat
Un rire sec et désagréable -même pour lui- lui échappa. En un instant, toute la sympathie et l’intérêt qu’il avait accumulé envers Saveli l’avait quitté, ne laissant que l’idée entêtante de lui allonger une droite. Stepan ne l’avait pas protégé, là était le cœur du problème. Celui qu’il avait en son fort intérieur proclamé père de substitution l’avait laissé en pâture au métro sans se retourne. Une fois de plus l’infamie humaine s’était écrasée sur lui, infligeant à nouveau à sa psyché une ébréchure et mutilant son corps. Inconsciemment, Airat accéléra le pas, dépassant légèrement le garçon, les épaules raidies par la colère.  De sa main amputée, il releva sa capuche sur sa tête et fit disparaître ses traits durcis par l’agacement et la colère dans l’ombre du vêtement, prêt à ignorer le flot de question qu’il pressentait venir.
Ce fut la prise des doigts  de Saveli sur la manche de son manteau qui le stoppa. Quelques secondes, il s’immobilisa, retenant le réflexe et l’envie de tordre le poignet de l’adolescent en serrant les poings  à s’en blanchir les phalanges. Dans une inspiration profonde qui creusa son ventre et gonfla son torse, ses paupières  se fermèrent lentement, un infirme geste de physionomie qui lui permit de chasser le surplus de haine à l’état brute qui menaçait d’échapper à son contrôle. Son métabolisme était solide : malgré le rachitisme dans lequel il était né, malgré ses problèmes de croissance à l’adolescence qui ne l’avaient jamais empêché d’insulter tous les enfants de son âge à Polis,  Airat pouvait se targuer de rarement tomber malade, et de n’avoir jamais subit l’infection d’une plaie –Bénite soit Klara et ses talents indéniables de médecin. Mais cette fois, il avait découvert un étrange spécimen, fortement irritant, et qui menacé de lui filer de l’urticaire. Chaque mot, chaque verdict lâché avec assurance et verve par Saveli lui faisait l’effet  d’un coup de brosse métallique sur la peau. Pourtant il prenait sur lui, continuant d’avancer malgré le gamin suspendu au bout de son bras, s’intimant d’attendre la  fin de  cette tirade pleine d’admiration et de révérence pour le paternel.

Il fit violement volte-face, à quelques centimètres du garçon,  dardant sur lui un regard indéchiffrable dans l’ombre de sa capuche : froideur, colère, réprimande, défi. Sa poigne se referma d’abord sur les doigts toujours refermés en petite pince rachitique autour de sa manche, remontant ensuite jusqu’au poignet de Saveli  pour le saisir fermement. Calmement, dans un geste à la rapidité et à la tension contrôlé, il éloigna la main du garçon pour la replacer au côté de son propriétaire avec un reflet désapprobateur au fond de ses iris.

Ne t’accroche à personne. Ou tu tombera.

Airat sentit sa prise sur le  plus jeune lentement se relâcher, par mesure de sécurité, alors que l’idée qu’il aurait peut-être du saisir Saveli à la gorge pour le traîner jusqu’aux parois des tunnels et l'y étrangler lui traversait l’esprit. Pour la première fois, le Rouge se questionna un instant sur le sort du plus jeune une fois le paternel retrouvé et assassiné –décidément il devenait très Freudien. Le tuer ensuite ? C’était l’option la plus sûre. Et celle aussi qui dégoûtait le plus Airat et son éternel complexe de supériorité. Supériorité que des mains « propres » de tous crimes gratuits devaient lui assurer.  Il n’était pas un assassin, mais rendait simplement au centuple ce que le métro lui avait infligé, et sauvait son esprit de la folie dévoratrice qui depuis des années guettait un moment de faiblesse pour prendre son  mental.

Ne t’accroche à personne. Surtout par à moi.

« Une histoire de grands. Que je n’irais pas raconter à n’importe qui. »

Lâcha-t-il froidement, se retournant pour reprendre sa marche, refusant d’adresser un regard à Saveli. Il prédisait une dizaine de seconde avant d’entendre l’adolescent ronchonner qu’il était grand, ou s’offusquer de l’éternel irrespect que les adultes semblaient lui porter. Ses yeux tombèrent un instant sur le dos de Gaviil, quelques pas devant eux, son AK toujours dans les bras. Le mercenaire ne devait pas avoir perdu une miette de leur conversation. Et lui seul savait comment il pourrait retourner un jour ou l’autre tout cela contre Airat. Mais Airat reconnaissait que c’était de bonne guerre : Lui-même avait utilisé les secrets et les faiblesses du chasseur.
Saveli Voronov
Date d'inscription : 29/10/2018
Messages : 55
Saveli Voronov
Eleveur de rats - Cultivateur de champignons
Sam 9 Fév - 10:56

Passeport
Age :: 16 ans
Patronyme :: Stepanovitch
Surnom :: Valiouch
Saveli perçut l'hostilité croissante qui émanait de son bienfaiteur. Sa façon de le distancer, de se raidir et de couper le contact visuel avec lui en rabattant sa capuche ... Il en eut le coeur serré. Il n'avait pas les codes pour se comporter avec les gens extérieurs à la Riijskaya. Il pensa qu'il avait du faire ou dire quelque chose d'inapproprié.

Il fut surpris dans ses pensées par la volte-face brutal du Rouge, après sa tirade sur son père. Dans le regard glacial de l'homme, Saveli ne put lire qu'une très forte négativité. Il en eut le souffle coupé. Puis le mouvement sec d'Airat pour détacher sa main de son bras lui inspira une explication. Peut-être que la Rouge détestait qu'on le touche ? Mais pourtant il avait bien eu des gestes familiers à son égard, quelque minutes plus tôt ...

Bref Saveli était complètement perdu. Un seul message lui semblait à peu près clair : ne pas s'accrocher à Airat Ivanovitch. Au propre, et peut-être au figuré.

Il reprit une respiration plus lente, histoire de calmer ses battements de coeur. Le gros colosse Gavrill ne pipait mot, continuant à progresser devant eux dans le tunnel obscur.

Saveli ne répondit rien à la parole cinglante de son voisin. Il fut bien sûr vexé d'être considéré comme "nimporte qui" et comme un "non-grand", mais il n'était pas assez fou pour provoquer le sombre compagnon déjà suffisamment inamical.

Il mit ses poings dans ses poches rapiécées, serrant sa besace sous le bras. Il darda un regard méfiant entre les omoplates d'Airat Ivanovitch. Il écouta quelques minutes le claquement des dizaines de bottes lourdes sur les traverses. Il s'absorba dans l'observation tantôt du sol inégal, tantôt des silhouettes obscures et des reflets changeants des lampes. Il soupira. Il lui semblait évident qu'Airat avait une dette énorme envers son père. Peut-être même lui avait-il joué un très sale tour par le passé ... cela expliquerait son comportement défensif.

Cette réflexion alourdit encore le coeur du jeune garçon. Lui qui se faisait une joie de connaître un "Rouge" héroïque capable de le mener jusqu'aux Stations du bonheur communiste ... il en venait à regretter amèrement le lien qu'il y avait entre son père et cet homme.

Cependant il se sentait trop humilié pour changer de sujet. De plus, il aurait été imprudent de parler ouvertement de l'appartenance communiste d'Airat, dans cette foule de commerçants. Cela aurait uniquement fait éclater la colère rentrée du camarade. Dépité, Saveli ne relança donc pas la conversation et se concentra sur l'environnement extérieur.

Absorbé par la discussion il n'avait pas redouté les éventuels dangers qui pourraient surgir ... il se mit donc à scruter des ennemis imaginaires : failles sur les parois, fumées suspectes, lueurs anormales ... et accéléra le pas pour ne pas perdre contact avec ses deux guides taciturnes.
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