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Du rouge, du noir et des bleus
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Mar 5 Déc - 10:52

On s’aventure pas plus loin que ne le permet le faisceau d’une lampe mon garçon, parce qu’au bout des boyaux, il y a toujours un trou du cul en fin de compte.

Une citation à coller au magnet. Benedikt l’avait retenue parce qu’à défaut d’être subtile, elle avait eu le mérite de lui arracher un rictus. Si la profondeur de cette affirmation était facile à évaluer, autant dire que les plus bas du front y avaient aisément pied, l’adage restait fondé. Ceux qui s’aventuraient trop loin, faisaient fatalement des rencontres et pas des bonnes. Cela n’avait pas arrêté le Pourvoyeur à la belle époque, mais ça avait laissé des marques. L’humidité s’annonçait à lui la plupart du temps, le caressant des cervicales jusqu’au sommet du crâne ; Sous forme de pulsations algues. L’infusion qu’il avait bue était censée faire effet depuis un moment, pourtant, les arcs lancinants continuaient de parcourir sa nuque. Il lui fallait une des « petites douceurs de Stas », ces roulées de tabac brun, passé depuis des lustres, qui donnaient l’impression de fumer de la vieille paille. Il y avait pire, comme les versions « hybrides » de la marchandise, coupées avec les pires cochonneries possibles ; Mais lui bien sûr, il connaissait le trou du cul en question, savait quelles merdes il recelait et vers quels boyaux s’aventurer pour le trouver. Le désir de s’en fumer une l’avait même privé de sommeil, dans ce réseau ou le seul empire, était celui de la nuit.

Stas Akhremenko était là et accompagné. Dans une pénombre régnante, bordée par les lueurs vacillantes des lampes à pétrole, les ombres de nombreux badauds et trainards se découpaient ; Autant de spectres noirs, zébrés d’éclats orangés … Dansants. Cette vision avait quelque chose d’hypnotisant, les fraises rougeoyantes des sucettes à cancer dansaient comme des feu follets dans les ténèbres entamées. Les exhalaisons âcres, s’élevant pour n’apparaître que dans les projections des rais tremblants. Ça riait grassement, parlait affaire et négociait dur. Certaines choses restaient immuables.

- « Holà mon grand … T’as une mine à faire peur. »

Voilà l’introduction éructée par le vendeur de mort à l’approche du Pourvoyeur, sa voix était trainante … Il avait l’air plein comme une cantine. Cela signifiait généralement que les affaires avaient été bonnes et qu’il serait plus aisé d’en tirer quelques bénéfices.

-« La fatigue … Et toi, quelle excuse tu pourrais invoquer pour te trainer une telle trogne ? » -Quelques membres de la cour des miracles ricanèrent, Benedikt comme toujours, savait répondre du tac au tac. Plus encore, il entama la transaction - « Cinquante de tes petites merveilles, contre une douzaine de pruneaux de 7.62. »

Presque paternaliste, les yeux clos, Stas se mit à opiner du chef. Le message était clair, il voulait plus. Mais ce fut au tour de la Pince d’agiter le cap, négativement.

-« Je vais faire simple et court. J’ai entendu un vieux l’autre jour, dire que ces merdes enlevaient à l’unité, trois minutes d’existence … Moi ce que je te donne, ce sont des extensions de garantie, des suppléments horaires, voire journaliers, sur ta misérable espérance de vie. En définitive, tu as raison de penser que ce n’est pas équitable, je me fais bien rouler dans cette affaire. Envoie la marchandise et prends tes intérêts vieux con. »

Le contrebandier usé se contenta d’un sourire, dévoilant ses vieux plombages et quelques chicots grisâtres. Il y avait une affection certaine dans cette expression et le Pourvoyeur le savait. Il s’en voulait presque d’en abuser. Presque. L’échange se fit, de la main à la main et Stas glissa même une boite d’allumettes sur le paquet. Il s’était probablement souvenu de l’interminable laïus de Benedikt concernant la revente de tabac sans feu. Le parallèle de la cession d’armes sans munitions avait visiblement fait son effet.
N’y tenant plus, Làklêsi glissa une sèche entre ses lèvres et craqua la partie inflammable de la tige, prêt à « enflammer le bûcher » mais plusieurs sifflements l’arrêtèrent dans son élan. Ça et des exclamations ordurières, nombre d’hommes se comportaient comme des ouvriers de chantier. Ça ne pouvait signifier qu’une chose … Une femme s’approchait. Il parvenait à entrevoir sa silhouette dans son champ de vision périphérique. Deux mâles de l'assistance, dangereusement échauffés et titubants s’étaient levés, pour tanguer dans sa direction. Tout cela n’augurait rien de bon.
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Mar 5 Déc - 23:13
La puanteur du lieu était innommable, des vapeurs de souffre et de rouille envahirent les narines de Yulia Alekseïevna pourtant elle ne semblait pas s’en soucier. La plupart des tunnels étaient silencieux à cette heure tardive malgré la sécurité presque absolue de la savante Polis et à l’arrivée du soir, tous les citoyens de la station rentraient s’enfermer chez eux à double tour et les volets en plastique sale étaient tous clôt ; on entendait même les rats courir au loin, dans les ténèbres, leurs petites pattes résonnant sur le béton des couloirs.
N’appréciant pas particulièrement la foule et le bruit, Yulia se délectait littéralement de ces petits moments d’accalmie où elle pouvait sortir en toute tranquillité, bercée par l’air ambiant qui, s’engouffrant dans les tunnels, venait lui caresser la peau. Elle aimait ce contact, il était son seul lien avec l’extérieur, il venait de là haut et des fois elle avait l’impression qu’il l’appelait. Dans ces moments là, elle attendait la nuit pour sortir et partait courir à travers les détroits sombres et sinueux qui fondaient la cité, cette immense masse grouillante et purulente, à moitié asphyxiée de l’ambiance saturée qui régnait en maître en ces lieux.
Elle avait passé la matinée à la librairie familiale à s’occuper de divers clients, hâtifs de dénicher leurs cadeaux de Noël. D’habitude la boutique restait vide jusqu’à plus de quatorze heure et seuls quelques habitués prenaient le temps d’y passer, les clients étaient rares, la vie rude. Le boulot de Yulia se résumait donc souvent à un peu de rangement et deux trois phrases de politesse, le strict minimum pour certains, le maximum de ce que pouvait donner la jeune russe. Mis à part quelques membres de sa caste et encore, sa grand-mère et encore, rares étaient ceux qui avaient grâce aux yeux de Yulia. Elle était sévère et rigoureuse, dans sa manière de réfléchir et de voir le monde, elle n’offrait pas de deuxième chance, à personne, même à elle.
Voir tous ces gens se réjouir à l’approche de Noël l’agaçait prodigieusement, symptôme évident de l’incroyable naïveté humaine : Six pieds sous terre les humains continuaient de s’attarder sur des choses futiles.
Mais elle avait sourit, elle avait répondu à toutes les questions, elle avait donné de son temps, patiemment. A sa pause de midi elle était sortie sur le perron de la boutique, elle avait fermé les yeux très forts et avait imaginé un rayon de soleil l’éblouissant par surprise, serrant ses paupières jusqu’à ce que des milliards de particules de lumière attaquent sa cornée, elle avait prié pour que la nuit arrive.

Après avoir fermé la boutique, elle avait aussi travaillé l’après midi à cause du nombre grotesque de clients, et après avoir avalé un repas rapide, elle se vêtit d’un jean noir, et d’un pull de la même couleur et sans même prendre son manteau, s’élança à l’extérieur de la petite masure qu’elle partageait avec sa grand-mère. A cette heure là elle dormait, ou pas. Yulia savait que la vieille femme se rongeait les sangs à son sujet mais la Brahmane ne démordait pas pour autant, sa mutation l’appelait, la sommait comme une force invisible de l’utiliser, elle avait besoin de courir, de sauter, de sentir ses muscles répondre à son appel.
Après une petite heure à courir à petites foulée à travers les tunnels de Polis, elle emprunta un embranchement qu’elle connaissait particulièrement bien. Appartenant géopolitiquement à Polis, il semblait pourtant désaffecté.  Au fond des tunnels, baignés dans la crasse, deux petits magasins se dessinaient côte à côte : un sombre colporteur et une petite taverne dont s’échappait des vapeurs suspectes.
La rue qui y menait semblait déserte mais c’était un pâle mirage car sur les bords, tapis dans l’obscurité tout un monde fleurissait. A mesure que Yulia s’enfonçait dans l’allée, mendiants, aveugles, boiteux, pullulaient autour d’elle ; et des enfants aux visages plus noirs que le sol, et des borgnes, et des femmes sans personne, tous clopin-clopant, cahin-caha, se ruant vers la taverne, et vautrés dans la fange comme des limaces après la pluie.
Yulia passa ses mains sur son visage, libérant sa flamboyante chevelure au passage dans un geste maladroit. Ses pieds l’avaient nonchalamment conduite ici et ce n’était pas une si mauvaise nouvelle. La propriétaire de l’auberge de mauvais augure connaissait bien Yulia de l’époque où elle courait les rues avec ses petits camarades de la station, elle leur offrait souvent des rafraichissements quand elle les voyait débouler aux portes de sa taverne. Avec le temps elle avait perdu de vue ces petits vagabonds qui l’accompagnaient autrefois dans ses aventures nocturnes mais quand elle repassait dans le coin elle n’hésitait pas à aller saluer la plantureuse et généreuse propriétaire.
Rajustant ses cheveux, elle prit la direction de la taverne mais avant même qu’elle n’est pu atteindre son seuil, plusieurs sifflements la stoppèrent dans sa course. Par habitude, elle ne sortait jamais sa son grand manteau noir, à capuche, elle dissimulait sa chevelure dessous et pouvait se glisser discrètement partout, elle n’avait même pas remarqué qu’elle l’avait oublié en partant, entraînée par l’adrénaline.
Serrant des poings, elle déglutit difficilement et se décida à continuer sa route : A l’intérieur de la taverne elle ne risquerait plus rien, elle serait sous la protection de la tavernière. Convaincue par son idée et alors qu’elle se forçait à avancer tant bien que mal, ses yeux perçurent un mouvement sur sa gauche. Deux hommes s’étaient détachés des bords du tunnel et s’avançaient désormais vers elle, l’injure à la bouche. Yulia inspira longuement, la nuit était loin d’être terminée.
Elle se tourna vers eux brusquement.

- Barrez vous. Je ne le demanderai pas deux fois.

Sa voix avait claqué, sèche, brûlante et sans appel, son souffle heurta les deux rescapés qui l’observaient de leurs petits yeux porcins.
Son regard fouillait le tunnel à l’aide d’une quelconque aide extérieure. Elle pouvait se débarrasser rapidement des deux voyous mais elle avait peur que la vue d’une bagarre excite les saoulards, ce genre d’histoire dégénérait souvent en mêlée générale, elle en savait quelque chose pour l’avoir expérimenté plusieurs fois.
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Jeu 7 Déc - 16:00

Quelques éclats, seulement des étincelles. La conflagration s’annonçait, menaçait d’exploser, mais pour le moment, seuls des tirs de semonce se faisaient entendre. Lui, il essayait d’isoler les éructations d’ivrognes et les injonctions, pour mieux les mettre sous cloche. Il avait mal au crâne. Sentant la chaleur de la flamme croissante, avide de lécher ses doigts, il acheva son geste, embrasant le tabac brun. La fraise scintilla et s’élargit considérablement sur la première bouffée. Il émit un long grognement de satisfaction, joignant à la voûte « nuageuse », les vapeurs et épaisses volutes blanchâtres de son propre souffle.
Elle allait  être obligée de réitérer sa demande ou de faire quelque chose de stupide, les deux gueules d’écluses continuaient à … Lui faire la cour ? Probablement, même si cela relevait plus du harcèlement qu’autre chose. Lui vint bien l’envie d’intervenir, ne serait-ce que pour avoir un peu de silence, mais il n’en fit rien. Il prit la décision d’agir oui, mais seulement si cela tournait au vinaigre. Il y avait du beau dans le nouveau monde, beaucoup d’hommes avaient compris que les petites dames n’étaient pas des poupées de porcelaine. Qu’elles pouvaient fort bien se défendre. Le binôme de décérébrés bien sûr, faisait partie de ces exceptions.

Juste devant lui, aux abords de Stas, un autre type avait amorcé son décollage. Aux vues du sale sourire figé sur sa face, il n’était pas animé par les meilleures intentions du monde ; Le gaillard n’eut pas le temps de s’élancer, que la large main de Benedikt l’avait gentiment cloué sur son assise. Nul besoin d’un large tour de bras pour empêcher quelqu’un de se relever, par contre assurer une prise dissuasive sur sa clavicule, demandait d’en avoir dans les coussinets. C’est en geignant qu’il avait repris sa position initiale, alors que l’étau restait solidement fermé sur son épaule. Comme des enfants pris sur le fait, ceux qui avaient probablement eut la mauvaise idée de suivre le mouvement d’essaim, se consultèrent du coin de l’oeil avant de fixer leurs pompes. Une bien sage décision. Le vieux roublard d’Akhremenko, ne s’était pas déparé de son rictus, il gueula même :

-« J’en mise huit sur la petite demoiselle, admettez que c’est de l’audace ! Vous voulez pas suivre avec une telle mise ? »

Il avait l’œil le vénérable, c’est probablement pour cette raison que la Pince refusa d’enchérir ou de participer. Il ne donnait aucune chance aux talonneurs lourdauds. Il fallait pourtant que cela se finisse et rapidement, parce qu’il ne pourrait certainement pas contenir une horde d’agités. La tension grandissait souvent à mesure du désir, de tester certaines limites. De sa voix profonde et rocailleuse, le baroudeur laissa enfin échapper à l’adresse de la rôdeuse nocturne :

-« Si tu dois leur apprendre les bonnes manières ma jolie, il faudrait passer de la théorie à la pratique dans les plus brefs délais. Méfie toi quand même du petit nerveux … Il a l’air moins apathique que l’autre. »

C’est tout, juste un conseil avisé, pour botter du séant aviné. Ca devait être sa façon à lui d’être « chevaleresque ». Tenant toujours la majorité du groupe en respect, il relâcha son emprise sur le petit opportuniste, qui le gratifia bien entendu, de la plus noire des oeillades. Il osa même un geste peu judicieux, sa main tremblante était venue trainer du côté de son flanc. Là où un Tokarev passé en travers de sa ceinture, devait se réjouir à l’idée de faire travailler sa vieille mécanique. Il y croyait vraiment le petit avorton ? Cela n’impressionna pas une seule seconde le Pourvoyeur, cela sembla même l’enhardir. Les yeux comme des soucoupes, il toisa le péteux avant de lui lâcher le plus sérieusement du monde :

-«  Si tu n’as pas envie de gober du gruau et masser tes phalanges jusqu’à la fin de tes pauvres jours, je te conseille de garder tes mains sur tes cuisses mon bonhomme. Un ego blessé, c’est pas agréable, mais des doigts en vrac, ce sera aussi douloureux qu’entravant … Pense à la notion de durée. Pense à ton avenir. Avec quoi pourrais-tu appuyer sur la gâchette après ça ? »

Il n’en faut pas plus, l’autre est suffisamment roué pour comprendre qu’il n’échappera ni à l’allonge, ni à l’apparente force de son opposant. Il se ravise et la paume en supination, laisse reposer le tout sur la toile de son jean. Pour peu, il en ferait une auréole sur son pantalon. Alors du coin de l’œil, Laklêsi s’autorise à tenter un regard du côté de la petite dame. Voir comment elle s’en sort.
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Sam 9 Déc - 13:25
« Lorsque l'avenir est sans espoir, le présent prend une amertume ignoble. »

Yulia n'avait pas encore détaché ses yeux des pochards qui s'avançaient vers elle à pas lents, leurs corps avinés tressautant dans sa direction. Son regard fouillait le tunnel, imperturbable, à la recherche d'une solution au problème qui se présentait à elle. Aucune issue n'était visible, et les bicoques qui la cernait étaient bien trop en mauvais état pour qu'elle tente de s'échapper par leurs toits. Si elle voulait s'en sortir elle n'avait pas d'autres choix que de se battre. Mi-figue, mi-raisin, elle ne pu s'empêcher de sourire doucement à cette idée, l'adrénaline anesthésiant peu à peu son corps tout entier.
Elle glissa sa main à sa ceinture et frôla la lame qu'elle cachait à l'intérieur de celle-ci. Fine, d'un doux éclat argenté, l'arme ne semblait pas très menaçante à première vue, à moins de savoir s'en servir. Il suffisait de viser la bonne artère, le juste organe et même une aiguille pouvait faire l'affaire aux yeux de Yulia.
Autour d'elle, les affreux, excités par la situation, n'en pouvaient plus d'acclamer les émérites sacs à vin qui se dandinaient vers elle, un air goguenard figé sur leurs visages, rongés par l'alcool et la crasse.
Soudain, une voix sortie des ténèbres et happa la jeune femme qui se retourna brusquement pour croiser le regard de son interlocuteur :

- Si tu dois leur apprendre les bonnes manières ma jolie, il faudrait passer de la théorie à la pratique dans les plus brefs délais. Méfie toi quand même du petit nerveux … Il a l’air moins apathique que l’autre. 

Elle hocha la tête.
Plongée dans l'obscurité, elle avait du mal à discerner le propriétaire de cette voix caverneuse qui avait résonné contre les parois du métro mais cet homme avait raison ; cela ne servait à rien de faire durer le suspense, autant en finir rapidement, elle pourrait ainsi reprendre ses maraudes nocturnes en tout tranquillité.
A partir de là, tout s'enchaîna très vite, sa mutation avait prit le dessus et palpitait violemment dans ses veines. Son corps pivota presto subito et alors que les deux voyous l'atteignaient enfin, elle fléchit sa jambe gauche tandis que la droite venait cueillir le grand vaurien au visage avec force et précision. Elle avait parfaitement entendu le conseil de l'inconnu qui sans qu'elle le sache, retenait à lui seul tous les autres hommes présent :  Elle devait faire attention au petit nerveux .
C'est dans cette optique là qu'elle s'attaqua tout d'abord à son camarade d'infortune, qui venait d'ailleurs de tomber à genoux sur le macadam sous la pression de son pied. Avec vivacité, elle effectua un petit saut périlleux et atterrit derrière lui, évitant ainsi le crochet qu'avait tenté de lui infliger le deuxième attaquant. Elle se pencha en avant, passa son bras autour du torse du grand costaud qui tentait de se relever et à l'aide de son index et de son médius vint frapper la gorge de son assaillant, plus précisément dans le creux situé à la jonction de sa clavicule gauche et droite. Le soûlard s'effondra brusquement dans les bras de Yulia qui le laissa glisser au sol.
Sans prendre le temps de réfléchir, Yulia se retourna vers le petit nerveux qui venait de sortir de sa poche un couteau de boucher. Il postillonna en direction de la russe, l'injuriant et la pointant de son gros doigt boudiné :

- Tu vas l'payer espèce de garce, je vais t'apprendre les bonnes manières moi !

Yulia plongea ses grands yeux bleus dans les siens et d'une voix glaciale lui répondit :

- Je te laisse une dernière chance de te barrer d'ici, prend ton copain et rentre chez toi, il a besoin de repos, son pharynx vient d'être rompu, il va avoir du mal à respirer pendant quelque temps.

Le pochtron, sûrement gargarisé par l'alcool, ne tenu pas compte de son avertissement et s'élança sur elle, son couteau brandit en avant. Il l'abaissa en direction de la poitrine de Yulia qui débordait généreusement de son ensemble noir mais la lame ne perça jamais la peau si blanche de la russe. Sans bouger aucunement, elle avait attrapé le bras de l'homme au vol et l'avait bloqué. Elle fit pivoter l'ivrogne sur lui même et lui tordit le bras dans le dos jusqu'à ce qu'un craquement au niveau de l'épaule se fit entendre, le couteau tomba au sol, l'homme aussi, il hurlait sa douleur.
Ramassant la lourde lame de son assaillant, elle la fourra dans son sac tout en se félicitant intérieurement de ne pas eu besoin d'utiliser la sienne.
Passant sa langue sur sa lèvre inférieure, elle regarda l'assortiment de badauds s'éloigner du lieu de combat, le spectacle étant fini, ils allaient maintenant fêter la victoire de Yulia autour d'une chanson paillarde et d'un verre de vin.
Se regard de cristal fouilla de nouveau la place presque déserte et se plongea dans celui de l'homme qui lui était venu en aide.
D'un pas lest et rapide, elle vint à sa rencontre et se planta devant lui. Son interlocuteur la dépassait de deux bonnes têtes et elle dû pencher la sienne en arrière pour ne pas perdre le contact visuel. Elle lui tendit la main.

- Yulia. Merci pour ton aide.
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Lun 11 Déc - 15:59

Sans doute s’était-il attendu à une conflagration plus spectaculaire ou houleuse. De son point de vue, ce qui aurait du tourner à la mêlée, se transforma en duel académique. Les deux zozos eurent le droit à leur soufflante, à tour de rôle. Ils auraient tout aussi bien pu aborder la ‘garce’ en rang d’oignon, s’approchant à l’appel de leurs noms. Le résultat n’en était pas moins là, le duo branlant et salement amoché s’éloigna, pour aller panser ses plaies à grands renforts de « désinfectant ». Ou encore courir et quérir tant les putes que les ennuis ; Mais attention messieurs dames, toujours entre deux pleins. Benedikt se fit à cet instant une réflexion suffisante pour qu’un rictus mesquin, n’étire ses lèvres : Des types comme ceux là, sobres, devaient donner une représentation autrement plus inquiétante. Il prit conscience qu’il avait relâché sa vigilance sur la brochette de rigolos, qui hantaient le banc de touche, quand la dominatrice des mondes souterrains avait fini sa séance. Il toisa donc les concernés, surtout le bilieux aux mains désœuvrées - Ils étaient tous là, raides comme la justice, les yeux écarquillés … Sauf Stas bien sûr, qui se marrait comme un bossu. Il s’était même laissé aller à applaudir.

Le cul du cow-boy menaçait de noircir les doigts de Lalkesi, qui tira chichement une dernière bouffée de brun avant de jeter son mégot au sol. Alors que la petite demoiselle s’approchait de lui, le menton levé à s’en dévisser la tête, il abaissa la sienne dans sa direction, miséricordieux qu’il était, ce grand machin. Des révérences faites de concert, par des gens bien éduqués. La petite mais ô combien meurtrière minime fusa dans sa direction. Après pareille exhibition, certains auraient certainement eu un mouvement de recul, mais pas le Pourvoyeur. Il observa un moment cette paume ouverte, avant d’y ajouter sa grosse menotte, la moins conventionnelle des deux … La non directrice bien pourvue. « La pince ». Il se moquait pas mal des manifestations de dégoût, après tout, ceux qui ne voulaient pas toucher ses extensions de phalanges n’avaient qu’à tendre la gauche. Et tant pis pour les droitiers.

-« Mon aide ? » - Commença-t-il. « Je vois pas vraiment de quoi tu parles. En matière d’assistance, je peux cependant te dispenser un conseil pour lequel tu auras toutes les raisons de me remercier … »

Il relâcha sa poignée de main, plutôt puissante et ferme. Une vraie, en somme.

-«  Ne laisse pas sous entendre aux autres, ou pire à des types comme ceux là … » - Il pointa la clique d’Akhremenko du doigt. Certains lui rendirent la politesse, le majeur au garde à vous. -« … Que tu te sens redevable. Ils te donneraient raison. Et si ça ne finit pas par te faire mal au coeur, ça risque de te faire mal autre part. Honnit soit qui mal y pense.»

Il tira une autre roulée de sa poche, avant de la glisser à la commissure de son bec. Celle-là cependant, il ne l’alluma pas. Pour une raison évidente, l’économie des ressources. Le fait d’en avoir une au bout des lèvres, suffirait largement à le calmer pour un moment. Et puis, il avait matière à ne plus trop y penser maintenant. Vint donc la plus inéluctable mais pas moins pertinente, des questions :

-« J’allais te demander ce qu’une fluette et fragile chose venait faire dans ce coin, mais aux vues de la peignée que tu viens de dispenser, je vais plutôt te demander : Où tu as appris à faire tes cabrioles ? »

Sur ces mots, il commença à marcher pour revenir sur ses pas, rejoindre la "civilisation". Non sans adresser un signe au vieux Stas, qui riait encore entre deux quintes de toux. Les larmes aux yeux, les poumons au bord des lèvres disait-on.
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Dim 17 Déc - 19:00
Quand son imposant interlocuteur lui serra la main de la sienne atrophiée, Yulia n’émit aucune réaction au contact de la différence sensible de celui-ci, bien au contraire. Ses délicats petits doigts, après avoir fermement rendu sa poigne au tonitruant personnage, vinrent caresser hâtivement sa difformation avec curiosité avant de relâcher sa pince.
Elle replongea ses grands yeux bleus dans les siens quand il prit la parole.

- Mon aide ? Je vois pas vraiment de quoi tu parles. En matière d’assistance, je peux cependant te dispenser un conseil pour lequel tu auras toutes les raisons de me remercier (…) Ne laisse pas sous entendre aux autres, ou pire à des types comme ceux là… Il pointa un homme du doigt dans la foule entouré de quelques badauds ...que tu te sens redevable. Ils te donneraient raison. Et si ça ne finit pas par te faire mal au coeur, ça risque de te faire mal autre part. Honnit soit qui mal y pense.

Yulia ne pû s’empêcher de sourire doucement à l’entente de ces quelques mots.
Elle examina plus particulièrement son interlocuteur, appréciant du regard sa musculature puissante. Il était aussi long que large et dominait d’une tête la foule qui se disloquait autour d’eux. Son visage était ciselé de ravines et de bosses, on pouvait presque discerner les os qui avaient dû craquer de nombreuses fois en dessous de sa peau légèrement tannée.

- Merci pour ce conseil mais je t’ai vu retenir les imbéciles qui souhaitaient intervenir, je n’ai pas de raison de cacher ma reconnaissance et si quelqu’un trouve quelque chose à redire à cela, qu’il vienne, la soirée ne fait que commencer !

Elle lui adressa un clin d’œil amusé avant de se mettre elle aussi en marche, c’était effectivement pour eux le moment de partir, elle n’avait pas vu le temps passer et comme à son habitude, il s’écoulait sur elle, ridant consciencieusement son âme, annihilant peu à peu sentiments et ressentis, laissant place au vide immense qui rongeait son cœur méticuleusement.
Les ivrognes venaient de ressortir de la Taverne, bien plus saouls qu’à leur entrée, et Yulia n’avait pas envie de raviver la flamme de leur excitation passée, ni la sienne par ailleurs. Il fallait qu’elle contrôle cette noirceur qui l’accompagnait quand elle sortait un peu trop tard dans les dédalles du métro.
Il était certain que rien dans son physique n’était là pour le prouver, au contraire du grand bonhomme qui la devançait : une peau immaculée, aucune cicatrice, nul signe de violence visible sur ce petit corps à l’allure fantomatique.
Visible. Là était la faille, le schisme ; chez Yulia rien n’était visible, ni pour les autres, ni pour elle. Cette noirceur n’était connue que des plus vieilles parcelles de son âme. Souvent, elle gâchait sa réflexion, embrouillait son esprit et les rares fois où ses nerfs avaient vraiment lâché, les actes qui avaient suivis n’avaient été dicté que par la colère et non par l’intelligence, un comportement que Yulia abhorrait.
Son jugement était clair et il devait le rester. Son esprit était ordonné, sa manière de réfléchir n’égalait aucune autre, elle était propre à son personnage.

- J’allais te demander ce qu’une fluette et fragile chose venait faire ans ce coin, mais aux vues de la peignée que tu viens de dispenser, je vais plutôt te demander : Où tu as appris à faire tes cabrioles ?

Yulia se tourna vers le grand gaillard qui ouvrait la marche et qui venait de prendre la parole.
Elle avait tiqué à l’appellation « fluette et fragile chose » mais ne le montra pas, elle savait que son corps portait les stigmates des enfants nés dans l’obscurité et n’appréciait peu cela. Elle aurait tout donné pour être plus grande et plus musclée et surtout plus hâlée, sa pâleur témoignait de sa vie à l’étroit dans les caniveaux.
Heureusement sa mutation était venue lui donner le change.

- Je suis un monstre, comme toi !

Dit-elle d’une voix douce en posant ses doigts sur la pince de l’étranger.

- La vérité c’est que je n’ai jamais eu besoin de beaucoup m’entraîner. Mon ADN a muté et je suis dotée d’une plus grande agilité que la moyenne mais ce n’est pas marrant tous les jours.

Effectivement, cette mutation s’accompagnaient de terribles douleurs musculaires que Yulia supportait au quotidien comme des courbatures quotidiennes.
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