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Anna Volkovar
Date d'inscription : 27/03/2017
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Anna Volkovar
Médecin-chirurgien
Dim 1 Oct - 18:43
Médecin-chirurgien

Passeport
Age :: 28 ans
Patronyme :: Nikitovna
Surnom :: Anya
Quelques jours après la fin du blocus.

Anna ne se souvenait plus très bien pourquoi elle chantait, ni pourquoi elle buvait ainsi mais, c’était un fait, elle était complètement ivre. Chantant à tue-tête, brandissant une bouteille à bout de bras comme elle le ferait d’une torche pour repousser les ténèbres, elle titubait à travers les couloirs désertés de la station. Quelques jours auparavant, ce dernier était rempli de campements de fortune accueillant tous les voyageurs retenus contre leur gré par le blocus. La jeune femme s’appuya contre un étai de fortune et souffla. Balançant sa tête par-dessus son épaule, elle chercha un instant sa compagne de beuverie. Ses yeux fouillèrent un instant les ténèbres, en vain, puis se plissèrent. Elle grimaça, contrariée.

- Irinaaaaa, chante avec moi bon sang !

Au moment même où elle cherchait à se redresser pour faire volte-face, elle fut prise d’un vertige. S’appuyant de plus belle contre l’étai, elle se laissa finalement glisser contre celui et étala ses jambes devant elle. La tête appuyée contre le mur, les yeux mi-clos, elle cherchait les paroles de la chanson qu’elle chantait un peu plus tôt. L’alcool ou la mémoire lui faisant défaut, il lui semblait qu’elles prenaient un malin plaisir à lui échapper. La chirurgienne poussa alors un juron qui n’avait rien de particulièrement respectable et but une nouvelle gorgée de sa bouteille.

- A ta santé camarade, lança-t-elle à l’adresse de la bouteille que lui avait offert Léonid quelques jours plus tôt.

En l’espace d’une minute, Anna venait de faire le tour de ses véritables amis encore présents dans la station. Par un coup d’infortune, aucun d’eux ne se trouvaient avec elle. De Léonid elle n’avait pas vraiment eu de nouvelle depuis l’annonce du retrait du blocus. Quant à Irina, cette dernière se trouvait à ses côtés quelques minutes plus tôt. Elle avait passé la soirée à se raconter de vieilles histoires et à écumer toutes les bouteilles d’alcool sur lesquelles elles avaient pu mettre la main. Anna ne se souvenait plus très bien lorsqu’elle avait perdu la trace de la mécanicienne. Il lui semblait qu’elle se trouvait à ses côtés à peine quelques minutes auparavant. Cependant, aussi ivre fut-elle, la jeune femme connaissait suffisamment bien les effets de l’alcool pour juger son sens de la temporalité peu fiable.

Ainsi, elle finit par reposer la bouteille à ses côtés dans un soupir de profonde lassitude. Les yeux fermés, l’air un peu somnolent, elle se mit alors à fredonner un vieux refrain qui lui revenait en mémoire. Elle ne se souvenait plus très bien d’où elle le tenait mais l’air nostalgique lui rappelait sa station natale qu’elle n’avait plus revu depuis plus de trois mois. Naturellement, elle l’associa donc à son passé et se l’appropria, sa voix se raffermissant tandis qu’elle chantait plus fort. Et alors qu’elle entamait un air appartenant à la Ligne Rouge, Anna songeait à ses proches de Polis dont elle n’avait plus de nouvelles.
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Lun 2 Oct - 15:01
Victime d'un sommeil agité, Maksimilian se réveilla dans un sursaut de panique. Ses gestes furent si brusques qu'il envoya le mat de fortune de sa plashch palatka de l'autre coté du tunnel. La tige de fer à moitié dévorée par la rouille provoqua un tel vacarme que le jeune homme resta figé de surprise en constatant que l'écho du tapage se répercutait misérablement. Les tentes aux alentours et la vie au sein du tunnel auraient pourtant du étouffer ce phénomène acoustique. Plongé dans l'obscurité la plus totale et à moitié empêtré sous le large poncho-tente soviétique, Makka fut frappé d'effroi, véritablement paralysé par la peur et l'inquiétude. Etait-il seul ? Pire encore, quelle odieuse abomination du métro pouvait bien reprendre ses droits sur ce bout de ligne déserté ? Maksichka dégoulinait déjà de sueur, ses vêtements lui collant à la peau comme une combinaison de plongée.

Il attrapa sa lampe de poche et balaya l'endroit d'un geste rapide, après s'être relevé non sans peine, les muscles endoloris par une nouvelle nuit de couchage à la dure, sans matelas digne de ce nom. Autour de lui, les feux balisaient toujours la frontière nord de la station et quelques factionnaires le scrutaient d'un air perplexe. Combien de temps avait-il dormi ? Maksmilian se contenta de rassembler ses affaires à la hâte après avoir enfilé sa plashch palatka sur le dos, et son calot pilotka soviétique sur le chef. Il n'avait pas besoin de réponse.

Il s'approcha du quai aux lueurs rougeâtres, les mains fourrées dans les poches, jouant avec quelques douilles qu'il n'avait pas encore rangé dans le fond de son sac. Il déambula quelques minutes sur les quais, écoutant les derniers ragots du coin, avant de s'arrêter pour tendre l'oreille et prêter attention à quelque chose de bien plus intéressant. Il passa sous les arches du quai en direction de l'axe central de la station, littéralement appâté par un air bien connu qu'il ne connaissait que trop bien. Il le fredonnait doucement et lorsqu'il fut assez près pour en comprendre les paroles, il entama le couplet en cours, se joignant à la jeune femme, de sa chaude voix de baryton.

- Partout la parole de Lénine, de Liebknecht et de Rosa retentit dans les champs, les casernes, les usines. L'ennemi est dans notre pays, si la guerre éclate, le bourgeois à abattre sera écrasé par Zimmerwald !

Il retrouva le silence et s'accroupit en face de la jeune femme, à distance respectable. Sur son visage courait un sourire enchanté en partie cabossé par sa cicatrice. Il croisa les bras sur ses genoux pour se tenir au chaud et garder l'équilibre.

- Bonjour camarade, il est rare d'entendre de tels chants par ici ! Je peux me joindre à vous ?

Il désigna la bouteille d'un geste du menton, tout en ôtant son couvre-chef.
Anna Volkovar
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Anna Volkovar
Médecin-chirurgien
Lun 2 Oct - 22:19
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Comme Anna ne connaissait qu’une partie des paroles, elle était sur le point de laisser le chant mourir lorsqu’une voix basse et grave prit la suite. Et si le chant ne devint plus qu’un murmure pour elle, il se fit plus assuré à mesure que l’homme approchait. Comme il s’accroupissait près d’elle et retirait son couvre-chef, maintenant toutefois une distance respectable, elle tournait vers lui un regard à la fois perplexe et contrarié. Un rapide examen du faciès souriant lui permit de conclure qu’ils ne se connaissaient pas. Elle nota la cicatrice qui couturait sa joue et se fit la réflexion qu’il avait dû tomber entre de biens mauvaises mains pour conserver une si vilaine marque. Ne pipant mot, elle continua son analyse et conclut qu’elle aimait tout aussi bien le regard bienveillant de cet inconnu que sa voix, à la fois profonde et chaleureuse.

- Il est rare d’entendre quoi que ce soit de familier en ces lieux de tourments, lâcha-t-elle d’un ton laconique alors qu’elle lui tendait la bouteille.

Un fond d’alcool accrochait les pâles lueurs de l’éclairage du tunnel. Légèrement dégrisée et un brin amère, elle soupira puis reporta son regard vers les ténèbres à l’autre bout du couloir. Comme l’inconnu prenait la bouteille pour la porter à ses lèvres, elle lui désigna le sol à ses côtés comme s’il s’agissait d’un siège de choix et l’invitait à se joindre à elle.

- Ça reste de la gnôle distillée dans les stations de la V.A.R mais ça suffit à épancher la soif.

Appuyant ses propos d’un sourire, elle le regarda boire une gorgée avant qu’il lui tende la bouteille en retour. D’un geste de la main, elle la refusa et l’invita à la conserver. Comme elle rassemblait ses jambes contre elle, les entourant de ses bras, elle posait sa tête sur les genoux de manière à pouvoir l’observer plus facilement. Anna n’avait pas manqué l’adjectif qu’il avait employé à son encontre ni même la ferveur dans sa voix lorsqu’il chantait. Et si cela ne suffisait pas à l’aiguiller, l’accoutrement du jeune homme lui indiquait clairement sa faction d’origine. Alors qu’elle plissait les yeux, elle s’amusait de la méprise de ce dernier la concernant.

- Moi c’est Anna, et toi ?

La jeune femme avait volontairement omis de se présenter complètement. Son nom commençait à être suffisamment connu, tout aussi bien grâce à sa réputation de chirurgien que par celle de son frère en tant que stalker prodige de Polis. Anna ignorait véritablement la raison qui l’avait poussée à chanter un air communiste mais se dit que la coïncidence était finalement assez amusante pour qu’elle ne chercha pas à rétablir la vérité. Et, pour l’heure, elle aimait bien l’idée de se faire passer pour une patriote de la Ligne Rouge.

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Mar 3 Oct - 17:09
Le jeune homme continuait d'observer la jeune femme en souriant, comme si elle lui rappelait quelqu'un ou quelque chose. Le chant partagé avait fait naître en lui un doux sentiment de nostalgie. La quarantaine n'avait guère été très longue, ni même difficile à supporter contrairement à d'autres personnes mais la perspective d'être enfermé dans cet espace relativement réduit, au regard de l'immensité du métro, lui avait bien rappelé cette misère de vivre sous terre tel un rat, rats qui étaient autrefois les seuls véritables habitants du sous-sol moscovite.

Il se posa à coté de la jeune femme en poussant un petit soupire de soulagement. Il était levé depuis un quart d'heure tout au plus mais son dos lui rappelait quel imbécile il avait été de dormir comme un vaurien dans le tunnel. Il remercia Anna d'un geste de la tête en buvant de nouvelles gorgées d'alcool sans sourciller, ignorant la remarque sur cette modeste boisson, elle ferait amplement l'affaire. Qui plus est, ce n'était pas la première fois qu'il s'envoyait de la gnôle de cette qualité. Il n'avait de toute façon pas les moyens de pouvoir s'offrir mieux, il s'y était habitué.

Il posa finalement la bouteille avant d'ôter sa mitaine droite et de tendre la main en direction de la jeune femme, paume vers le haut et la fixant droit dans les yeux. L'entrain retombé, soutenir son regard était devenu un exercice difficile. Elle avait un certain charme, c'était indéniable, et Maksimilian n'était pas aveugle au point de ne pas le remarquer, mais il y avait autre chose. Son visage, bien qu'en partie anesthésié par l'alcool, laissait transparaître une force évidente. Elle ne ressemblait aucunement à ces pauvres ouvrières au regard rompu, éprouvées par des années de totalitarisme. Non, malgré ses sourires et sa légère ivresse, sa façon de l'observer couplée à ce regard lui donnait l'impression d'avoir affaire à une commissaire ou dieu sait quel autre agent de la ligne Krasnaya.

Il finit par dessiner un sourire de circonstance.

- Maksimilian Anatoliyevitch. C'est un plaisir. Mais dites moi, maintenant que tout le monde retourne à sa station d'origine, pourquoi restez-vous là ?

Il jeta un coup d'oeil autour de lui avant de désigner la station d'un geste de la main.

- Je ne suis pas certain que nous soyons toujours les bienvenus ici. Les gens ont tendance à oublier nos chants d'union et le fait qu'autrefois, nous étions tous moscovites avant de devenir des rats..

Maksimilian s'installa plus confortablement, emmitouflé dans son poncho soviétique rapiécé de toute part. Par le passé, il devait sans doute donner fier allure à son porteur, mais aujourd'hui il ne ressemblait plus à rien, complètement décrépit à l'image du métro.
Anna Volkovar
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Anna Volkovar
Médecin-chirurgien
Mar 31 Oct - 13:31
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Anna avait rassemblé ses jambes contre sa poitrine puis les avait entourés de ses bras. Adossée au mur, elle avait rejeté la tête en arrière et observait le jeune homme à la dérobée. Ses yeux ne pouvaient s’empêcher de suivre la longue estafilade qui courrait de la commissure des lèvres jusqu’à l’angle de la mâchoire. La plaie avait été assurément mal soignée mais, au-delà de ce constat, elle aimait bien la force qu’elle attribuait à ce visage. Et comme elle réalisait ses observations silencieuses, la jeune femme esquissa un sourire désabusé avant de secouer légèrement la tête. L’espace d’un instant ses repères se brouillèrent et elle retrouva les affres de l’alcool qui l’avaient poussée quelques minutes plus tôt à entamer un chant communiste.

- Bonne question, avait-elle lâché sur un ton plus sombre qu’elle ne l’avait souhaité.

Les yeux plissés, fixés sur un point devant elle, elle releva le col de sa veste pour se protéger du froid. Par ce même geste, elle s’assurait également que le tatouage qui trahissait son appartenance à Polis n’était pas visible.

- J’suis sensée partir. Demain ou dans quelques heures selon le référentiel. On voulait fêter ça dignement avec une amie, Irina, mais je crois que j’ai fini par la perdre…alors j’ai fini ici avec une bouteille et quelques airs mélancoliques.

A ces mots, elle jeta un coup d’œil à la bouteille et grimaça. Il lui semblait qu’une goutte supplémentaire de ce breuvage et son estomac se retournait contre elle. Anna détourna les yeux et se mit à fixer ses mains qu’elle frottait l’une contre l’autre. Le froid n’était pas particulièrement rigoureux mais elles étaient endolories. Comme la chaleur gagnait peu à peu de terrain, elle se mit à sourire doucement, pour elle-même. Elle songeait aux dernières questions du jeune homme.

- Quand la ville est tombée, l’unité avec elle. Maintenant il ne réside plus que des ombres prêtes à s’arracher les dernières richesses au nom de la survie.

Elle fut parcourue d’un frisson, comme dégrisée et fronça les sourcils. La jeune femme n’appréciait pas particulièrement la sensation alors, comme on chasse un insecte, elle fit un geste vague de la main. L’instant d’après, elle plantait son regard dans celui du jeune homme.

- Et je vous retourne la question. Qu’est-ce qui vous pousse à rester hanter ces lieux ?
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Lun 20 Nov - 13:06
- Irina, ca ne me dit rien, navré.

Maksimilian posa une main sur sa joue abîmée, caressant doucement sa balafre comme s'il cherchait à soulager une quelconque douleur ravivée par le regard embrumé et indiscret de la jeune femme assise à côté de lui. Il avait beau l'avoir observé des pieds à la tête, il était complètement passé à coté de son tatouage. Il ne le remarqua qu'au moment où elle remonta son col. Maksichka ne fit aucun commentaire à ce sujet, il n'avait pas pu le voir dans son entièreté mais il avait bien compris le sens de ce geste. Il n'insista pas et se contenta de lui adresser une moue désolée pour ensuite détourner le regard. Il en profita pour scruter le coin et s'assurer que rien n'avait bougé, que personne ne s'approchait. Au bout de quelques longues secondes, le jeune homme prit finalement le temps de répondre à sa question.

- J’étais censé retrouver la station Riga pour chanter devant ses habitants et ses voyageurs mais avec l’épidémie et les mutants, l'heure n'est plus à la fête. Je ne sais pas trop ce que je fais encore là pour être honnête. Je pense que j’espérais retrouver quelques camarades pour rentrer sereinement sur la Komsomolskaya, mais je n’ai rencontré personne. J'ai entendu dire que certains étaient montés à la surface, ou parti plus au nord de la station. Je ne les ais pas vu... J'imagine que le métro les a avalés.

Makka poussa un long soupire empreint de tristesse.

- Pauvres gars.

Il secoua la tête avant de reporter son attention sur Anna. Elle était toujours recroquevillée sur elle-même, cherchant à se réchauffer et lutter contre les effets néfastes de l'alcool. Maksimilian était certain d'avoir affaire à une femme pouvant se révéler dangereuse mais la voir ainsi assise lui rappelait tristement que le métro moscovite n'était pas un terrain de jeu fait pour eux. Il hésita quelques instants puis se tourna davantage vers elle.

- Vous vous sentez capable de marcher jusqu’à chez nous ou bien préférez-vous plutôt vous rapprocher d’un feu ?

Il se releva lentement, d’une manière curieuse donnant l’impression que tous les muscles de son corps entraient en action pour soulager son mal de dos. Il se tourna ensuite vers Anna, lui tendant la main droite. Il lui fit un geste de la tête, l'incitant à accepter sa proposition.

- Sinon, je vous laisse ma plashch palatka ? Vous me la rendrez plus tard.
Anna Volkovar
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Anna Volkovar
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Jeu 23 Nov - 20:25
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- Irina, ça ne me dit rien, navré.

Anna ne s’était pas vraiment attendue à ce qu’il en soit autrement. La mécanicienne avait tout simplement disparu, laissant sa compagne aux déboires de l’alcool dans les souterrains de la station. Elle accueillit donc la déclaration avec une moue dubitative, son regard s’égarant quelques secondes sur la bouteille de vodka puis remontant le long de la main qui la tenait. Ses yeux s’attardèrent quelques secondes sur la balafre qui barrait la joue mal rasée. Comme le jeune homme levait la main vers celle-ci, elle détourna les yeux avec une seconde de retard. Légèrement fautive, un peu mal à l’aise, elle s’abima alors dans la contemplation des ténèbres devant elle.

Alors qu’un silence s’installait progressivement, prolongeant de façon inconfortable le malaise de la jeune femme, Maksimylian reprit la parole. Les yeux légèrement plissés, elle l’écoutait. Et tandis qu’il s’expliquait, elle serrait et desserrait machinalement ses doigts. Le froid les avait légèrement engourdi. C’était une sensation qu’elle exécrait plus que tout. Non seulement parce que l’habilité de ses mains constituait sa plus grande fierté mais parce que le retour de sensations comme le froid ou la fatigue trahissait un fait inéluctable et non moins désagréable : les effets de l’alcool s’estompaient. Anna n’avait pas manqué par ailleurs les coups d’œil que lui lançait le jeune homme et comme elle tournait lentement la tête vers lui, elle haussait les sourcils, manifestement surprise par sa dernière proposition.

Alors qu’il se relevait et qu’elle suivait ses mouvements du regard, elle hésita un instant devant la main tendue. Avec un hochement de tête accompagné d’un soupir, elle finit par desserrer l’emprise de ses bras autour de ses genoux. Elle releva la tête, plantant brusquement son regard dans celui de Maksymilian. Elle le soutint un instant sans vraiment chercher à percer quoi que ce soit. Puis, sans qu’elle ne sache ce qui avait fini par la convaincre, elle posa sa main dans la sienne non sans se fendre d’un sourire ironique.

- C'est là un bien trop précieux pour que je ne l'accepte. Et puis...je crains qu’elle ne vous aille bien mieux qu’à moi.

Au moment même où elle achevait sa tirade, elle se levait sans vraiment s’aider de la main qui enserrait la sienne. Un peu trop vivement sans doute car elle vacilla légèrement. Elle secoua la tête, agacée. L’alcool s’était suffisamment estompé pour ne plus éloigner le froid mais il embrumait manifestement encore assez bien le reste de ses sens. Repoussant quelques mèches qui barrait son regard, elle releva la tête pour croiser celui du jeune homme. Recroquevillé dans son vêtement informe, il lui avait paru bien moins imposant. La dominant d’une bonne tête, il gardait toujours sa main dans la sienne et l’observait d’un air indéchiffrable. Anna haussa les épaules avec un sourire en guise d’excuse puis retira sa main.

- Un bon feu…de quoi nous réchauffer, peut-être même de quoi combler un peu la faim. Oui, ça sera bien, conclut-elle à moitié pour elle-même.

Elle jeta un regard aux alentours, ne sachant plus vraiment d’où elle était venue. Désorientée, elle était bien incapable de déterminer la direction à prendre. Alors avec un soupir, elle se tourna vers le jeune homme et passa une main dans ses cheveux, les repoussant en arrière avant de le questionner du regard.

- Je vous suis.

Il lui paraissait bien inutile de préciser qu’elle n’était plus en état de se souvenir où se trouvait son « chez elle ». Quelque part, dans un coin un peu sombre et vaguement lointain, il lui semblait pouvoir percevoir un brin de conscience. Une vague idée sur l’ineptie de ses décisions. Ou les dangers qui l’entouraient. Quelque part, un instinct de survie lui dictait de se méfier mais, pour l’heure, elle avait froid et un peu faim. Elle posa sa main sur l’avant-bras de Maksymilian et le considéra une seconde avant de soupirer.

- Anna Nikitovna, elle plissa les yeux, marquant une légère hésitation tandis qu'elle rassemblait ses idées et cherchait ses mots, je ne me suis pas présentée correctement…tout à l’heure je veux dire…pardon.

Ses explications étaient décousues. Comme elle en avait vaguement conscience, elle fronça les sourcils puis secoua la tête. Le geste la fit vaciller plus que de raison et elle s’appuya davantage sur l’avant-bras du jeune homme. Elle inspira un grand coup, tâchant de reprendre contenance puis se redressa. Le vertige passa aussitôt et elle posa un regard plus éclairé sur le jeune homme.


- Allons-y, fit-elle d’une voix sûre qui trahissait une certaine habitude à se faire obéir.
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