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Sam 19 Aoû - 10:02
WORTH THE PRICE - FT. IRINA IVANOVA
••• Encore un jour qui débute. Dans le métro où les journées ne sont depuis longtemps plus rythmées par le soleil, on se fie aux ampoules qui grésillent, et aux précieuses horloges. L’horloge de cette station était différente de celle à laquelle Valera avait l’habitude de jeter un coup d’oeil. Tout était différent ici. Station différentes, des visages inconnus, un système qui n’avait rien à voir...

Certes, Valerochka s’était rendu de maintes fois en-dehors des limites de la Ligne Rouge, mais c’était toujours dans un but précis. Cette fois-ci, il se retrouvait à vagabonder entre trois stations, trois stations emplies du froid de l’incertain. Mine de rien, cette idée de rester coincé là pour un temps indéfini le rendait beaucoup plus mal à l’aise qu’il ne l’aurait cru. Il voulait rentrer. C’était stupide, c’était égoïste, mais c’était vrai. Il voulait rentrer chez lui, parmi les siens, et passer ses journées à démonter et astiquer des fusils. La seule chose qui l’empêchait de totalement ce perdre dans cette envie si enfantine, si primitive, c’était son frère. Toujours sans aucune nouvelle de lui, et ce n’était certainement pas ici qu’il le trouverait.

Il ouvre les yeux pour de bon et se redresse. C’était pas le moment de se torturer l’esprit avec des hypothèses. Il avait des choses prévues pour aujourd’hui. Valeriy avait décidé de se diriger vers le marché du coin. Il avait beau être coincé ici, en plein inconnu, ce n’était pas une raison pour arrêter complètement toutes ses activités. Il ne pouvait pas passer ses journées à s’enfermer dans ses pensées, ou à imaginer des prototypes en tout genre. Ça, il pouvait se le permettre chez lui, mais ici.

De toute manière, ce n’était pas comme si c’était écrit en plein sur son front que c’était un Rouge. Et puis, il ne pouvait manquer l’occasion de dénicher des trucs intéressants, après tout il avait l’habitude de faire des emplettes dans tous les coins du métro pour le compte des forces armées de sa faction. Il ramassa promptement ses affaires, qu’il n’avait pas trop laissé traîner de toute manière. Valeriy ne faisait généralement pas confiance au métro, encore moins dans cet endroit. VDNKh. Il ne s’était pas vraiment rendu jusqu’ici auparavant. Tout ce que Valerochka savait, c’est ce qu’on racontait. Une station où il fait bon vivre, station d’origine du thé qui se buvait partout dans les tunnels. Mais aussi une station qui constitue une brèche pour les mutants et autres créatures. Bien que pour le moment, le plus grand de leurs soucis soit cette épidémie qui fait rage, même si parfois ça lui semblait presque abstrait. Valera se considérait tellement étranger à la V.A.R. qu’il avait parfois l’impression que la maladie ne l’atteindrait pas. Mais consciemment, il sait bien qu’il n’est pas moins à risque que d’autres.

Il secoua légèrement la tête avant de soupirer un bon coup et de passer son sac sur ses épaules. Il plongea sa main droite dans la poche de son manteau, ses doigts se refermant machinalement autour de la pièce de monnaie qui s’y trouve perpétuellement. Il se mit rapidement en route. À son arrivée dans la station et au fil des jours, il avait remarqué un kiosque où se vendaient divers objets. Certains venus de la surface, d’autres étant des produits locaux. C’était pas toujours forcément une aubaine, mais avec un peu de chance on pouvait tomber sur quelque chose d’intéressant. Et donc, Valera a tôt fait de prendre l’habitude d’y passer chaque jour.

Devant lui se trouvait le kiosque tenu de manière rudimentaire mais solide, avec les habitués qui affluaient autour. Certains que Valeriy avait vu les journées précédentes, d’autres qui étaient des visiteurs hasardeux. Valera se tenait un peu à l’écart, comme il le fait toujours, tout en scrutant du regard les items posés sur les tables. La lumière artificielle se perd dans le métal fatigué d’un objet qui attire son attention. Il lui semblait qu’il s’agissait d’une arme assez robuste, mais définitivement avec des pièces manquantes. Ce n’était pas un modèle avec lequel il était familier, mais en l’observant, il déduisit qu’il était probablement inutilisable, mais il devrait y avoir des pièces plus qu’intéressantes à récupérer. Ou à l’inverse, il pourrait y greffer des pièces issues d’autres engins. Y’avait du potentiel.

Valera s’approche de la table où se trouve l’objet de convoitise, mais il a à peine le temps d’y reposer le regard qu’il voit des doigts pâles qui flottaient au-dessus, dangereusement près, à la fois comme s’ils n’osaient pas y toucher et comme si on essayait d’en extraire les secrets. Dans tous les cas, pas question de laisser cette trouvaille filer aux mains de quelqu’un d’autre. Valeriy tend la main vers l’amas de métal usagé à son tour, et se tourne vers l’autre potentiel acheteur. Ou acheteuse, plutôt. Valeriy devait faire une quinzaine de centimètres de plus qu’elle, mais elle n’était pas maigre pour autant, Valerochka se retrouvant intimidé pendant un instant, mais pas prêt à lâcher l’affaire. La seconde d’après, le voilà de retour avec son air renfrogné qui habite généralement son visage.

- Pardon, mais je crois bien que je l’ai vue avant vous, qu’il lance avec sa voix cassée et toujours calme, trop calme peut-être. Mais les sourcils froncés devraient être assez évocateurs.

-Et sans trop vouloir m’avancer, je crois que ça risque de m’être plus utile qu’à vous.

Il prenait un risque là, ne connaissant aucunement l’occupation de la femme qui se tenait devant lui. Mais il se disait que la majorité des gens du métro savaient manier une arme. Pas nécessairement la construire. Et puis sinon tant pis, il n’aura qu’à continuer à discuter. Il avait tout son temps après tout. ©️ 2981 12289 0
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Jeu 31 Aoû - 19:01
Ce jour là, le réveil fut des plus compliqué. Une tête lourde avec cette douleur lancinante, la bouche pâteuse et la soif au creux de la gorge. Si sortir de la couchette fut toute une histoire, ce ne fut pas à cause des quintes de toux qui résonnaient contre les murs froids de la station. Ce ne fut pas à cause des péripéties qui se déroulèrent la veille dans une pièce étroite, encombrée d'éboulements. Si se réveiller fut une véritable plaie dans le cul d'Irina, ce fut uniquement la faute au bon litre d'alcool frelaté qu'elle avait ingurgité la veille en compagnie de sa nouvelle copine de station. C'est donc avec des yeux en couilles d'hirondelle que la jeune mécanicienne rampa hors des draps et duvets pour se traîner pitoyablement jusqu'à la bassine d'eau trouble qui trônait sur l'unique meuble de sa minuscule chambre.

Cheveux attachés en un chignon ample, mèches neigeuses tombant sur sa frimousse froissée de sommeil, elle se fit une toilette sommaire avant de se sécher vigoureusement à l'aide d'un linge rêche et plusieurs fois rapiécé. Dans le miroir terni accroché d'un simple clou, la jeune femme se brossa la tignasse en veillant à ne pas griffer les points de suture qui composaient les quelques blessures obtenues lors de l'incident de la veille. Les hématomes sur son corps, ainsi que diverses écorchures et coupures, marbraient son derme laiteux avec peu d'esthétisme. Prenant dans son sac des vêtements de rechange, elle ne garda sur elle que sa fidèle ceinture d'ouvrier et son flingue. Le reste fut soigneusement empaqueté, puis confié au gérant de cet ersatz d'auberge. Quant à Boise, sa ratte à la fourrure bleue fluorescente, elle se logea dans les amples poches de son pantalon militaire pour piquer un roupillon.

Une fois dans l'allée centrale de la station, poings sur les hanches alors qu'elle observait la population vaquer à ses occupations quotidiennes, Irina se rappela du pourquoi de sa présence au V.A.R. et comment elle s'était retrouvée piégée par cette foutue quarantaine. Elle avait normalement rendez-vous avec Kim, une horlogère de cette faction et une amie de longue date. La jeune femme lui avait communiqué une lettre qui promettait à la brahmane une découverte des plus intrigantes. Piquée de curiosité, elle n'avait pas hésité à emballer ses affaires, s'offrir une escorte armée et venir directement depuis un arc lointain de la Hanse pour découvrir de quoi il en retournait. Malheureusement, elle était tombée en plein dans cette épidémie de grippe et ne pouvait ni retrouver son amie, ni sortir de là !

Un soupir lui échappa alors qu'elle fourrageait dans ses poches pour sortir un foulard bleu qu'elle plia en triangle avant de le nouer autour de sa gorge. De cette façon, si jamais elle croisait un foyer de malades, elle n'aurait qu'à remonter le tissus sur son nez pour limiter les risques de contamination. Elle aurait aimé avoir de ces masques de chirurgien, comme Anna avait l'habitude d'en avoir... mais ici ? Ils étaient déjà tous utilisés ou alors troqués à des prix absolument scandaleux. Sourcils froncés, Irina passa une main dans ses cheveux pour en repousser les mèches qui chatouillaient son nez puis se mit en marche sans aucun but précis en tête. Ses économies n'étaient pas faramineuses, n'ayant pris avec elle que le strict nécessaire et n'aimant pas faire payer ses services à la Station alors qu'il y avait une situation de crise. Après, puisqu'elle était coincée ici autant faire du lèche vitrine pour passer le temps.

Ses pas l'entraînèrent sur un coin de brocante avec, au cœur des étales disposées à même le sol sur des tapis ou des planches, un kiosque solides dont chaque flan était aménagé d'une table croulante de babioles en tout genre. Les yeux pâles de la jeune femme s'illuminèrent et elle approcha d'un pas léger, presque sautillant. Usant de sa silhouette agile, elle parvint à se faufiler entre les corps massifs des hommes attroupés, consciente d'être probablement la seule donzelle à s'intéresser à la mécanique dans ce genre de station. Un léger sourire ourla ses lèvres, réveillant une douleur sourde dans sa joue marquée d'un bel hématome. Arrivée au premier rang, elle croisa les bras sous sa poitrine et se pencha un peu au dessus de la table pour regarder avec grande attention ce qu'il s'y présentait. Des pièces de rechanges communes, pour la majorité. Il y avait aussi des armes, aux niveaux de dommages variés et dont les plus rares étaient -sans surprise- rangés au plus proche du vendeur.

Une arme attira son regard, éveillant en elle un instinct maternel pour ces pauvres outils ainsi maltraités, abandonnés et parfois totalement négligés jusqu'à n'être que de la ferraille à peine bonne à fondre et recycler. Tendant une main, elle survola le canon mangé de rouille puis glissa sur le chien cassé, glissa vers la crosse tordue avant de revenir sur le nez cabossé du fusil. Elle réfléchissait déjà aux frais de restauration, à l'inventaire de ce qu'il lui faudrait pour rendre à ce pauvre bébé toute sa gloire d'antan, quand une voix éraillée et ronchonne s'éleva à sa droite immédiate. Surprise, Irina plongea deux orbes d'un bleu glacé dans ceux couleur océan de son vis à vis et haussa lentement un sourcil à ses paroles. Une vague irritation lui chatouilla le nez, mais au lieu de prendre la mouche à la façon d'une pimprenelle, elle arbora un vague sourire désabusé alors qu'elle se redressait.

D'une main, elle cueillit une mèche de cheveux depuis sa nuque et la tortilla autour de son index avant de venir la glisser entre son nez et sa lèvre supérieure pour se faire une fausse moustache. Louchant et prenant une expression aussi ridicule que censément menaçante, Irina prit sa plus grosse voix, croisa les bras sur son torse et répéta en exagérant les inflexions usées par l'homme tantôt :

"- Oh une gonzesse... Blah blah blah.... Sans trop vouloir m’avancer, je crois que ça risque de m’être plus utile qu’à vous... Blah ! J'ai de grosses couilles et je suis super virile... Blah blah... Paternaliste... Blah."

Lorsqu'elle eut terminé son petit cirque, elle cessa de faire la grimace, décroisa les bras pour poser une main sur sa hanche et leva l'autre pour repousser ses cheveux par dessus son épaule en un geste agacé. Ses yeux pétillaient d'un mélange d'amusement et d'irritation alors que le pâle sourire à ses lèvres oscillait à ces mêmes émotions. Ses bras nus relevaient autant de contusions que de vieilles cicatrices, le derme blanc gainant une musculature bien présente, déliée et nerveuse. Ses mains étaient  calleuses du travail manuel, avec les ongles courts, noircis de cambouis. Pleinement tournée vers l'inconnu, Irina montrait à ses hanches les lourdes sacoches d'artisan avec le marteau et la scie à métaux qui battaient ses cuisses.

"- Bonjour à toi aussi. Belle journée, n'est-ce pas ? Un plaisir de rencontrer un patriote aussi aimable et ouvert d'esprit, ça s'fait teeellement rare d'nos jours."

Le ton, acerbe, claqua d'une voix qui pourrait être bien plus douce et agréable en d'autres circonstances. Inspirant à fond pour ne pas se montrer désagréable plus que de nécessaire, la jeune femme désigna d'une main la table et plus précisément l'arme qui leur faisait envie à tous les deux.

"- Éclaire moi donc de ta grande sagesse, ô figure masculine et dominante, en quoi es-tu mieux placé qu'moi pour avoir cet article ?"

Son sourire disparu et elle haussa encore un sourcil, croisant les bras et tapant doucement du pied au sol dans l'attente d'une réponse qui saurait la convaincre, à défaut de la satisfaire.

"- Ne t'gène pas... j'suis tout ouïe."