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Mar 25 Juil - 16:06
Plic, Ploc.
Les cils frémissaient à chaque fois que les gouttes d'eau tombaient sur la courbe rouillée du tuyau. Le rythmique était hypnotisant alors que le claquement sec qui suivait l'explosion de la sphère aqueuse était le seul bruit à passer le bourdonnement incessant qui encombrait les tympans de la jeune femme. Les autres sons s'étouffaient dans un vague miasme à l'arrière de son crâne douloureux. Comme si tout était passé à la moulinette, confiné derrière un épais mur de béton armé et ce, quand bien même les hommes qui l'entouraient se trouvaient à quelques centimètres d'elle. Elle voyait leurs mains s'agiter devant ses yeux hagards et leurs lèvres se contorsionner en mots, leur souffle tièdes venir parfois s'échouer sur sa tempe alors qu'ils devaient s’époumoner pour se faire entendre d'elle. En vain.

Elle ne se souvenait pas vraiment de ce qu'il venait de se passer. Son esprit n'était qu'une mélasse confuse, comme de la confiture de pomme de terre. Si elle forçait sa mémoire, une nausée lui retournait l'estomac et un vertige la faisait chanceler sur son assise précaire. Sa bouche déjà pâteuse s'emplissait d'une salive aigre et elle gémissait vaguement avec le besoin de se rouler en boule pour dormir. Mais ça aussi, les hommes qui l'entouraient ne semblaient pas décidés à lui laisser fermer les yeux plus de quelques secondes. Une de ses joues chauffait des petites claques qu'on lui administrait régulièrement, pour la tenir éveillée. Sérieusement ! Le prochain qui approchait sa main, elle la lui mordrait. Promesse de Brahmane.

Plic, Ploc.
Depuis combien de temps se trouvait-elle assise sur ce seau cabossé ? Elle n'avait aucune idée des minutes ou des heures écoulées. Tout ce qui importait, c'était que le cerceau de sa base lui rentrait dans le cul et rendait sa position plus inconfortable encore, si c'était seulement possible. Tantôt, elle avait vaguement compris qu'on lui ordonnait de rester là, de ne pas bouger et d'attendre. Oui, mais attendre quoi ? Ou qui ? Voir les hommes gesticuler comme des singes lui avait arraché un rire dissonant de moquerie et de douleur. Ses poumons encrassés de poussière de plâtre n'avaient pas apprécié l'exercice, la punissant d'une toux rauque aux vagues relents ferreux.

Lentement, elle tourna la tête sur sa droite et sentit ses vertèbres protester en de longues vagues de douleur brûlante. Si le bourdonnement à ses oreilles avait quelque peu diminué depuis l'incident, la douleur lancinante à l'arrière de son crâne avait proportionnellement augmenté, ce qui alimentait son état de choc et la rendait aussi calme. Sa vue se troubla quelques secondes et mit autant de temps à retrouver une certaine clarté. Devant la jeune femme, il y avait une série de gros tuyaux qui escaladaient un mur ébréché et lézardé. Les canalisations étaient de taille différente, dans la plus grosse et qui se trouvait être la plus proche du sol, on pouvait entendre de l'eau courir en son intérieur. Sur les autres, de tailles variées mais pas plus large d'un bras d'homme, on entendait rien de significatif.

Le silence de ces tuyaux était trompeur. Il appelait souvent à contenir du gaz ou pire : permettre aux rats et autres nuisibles de parcourir en toute tranquillité les Stations jusqu'à déboucher aux endroits les plus indésirables. C'était d'ailleurs l'un de ceux là qui venait de lui exploser à la figure ! Elle s'en rappelait vaguement maintenant, enfin... c'était aussi le seul à s'éventrer en trompette, les pétales de métal courbés vers l'extérieur et ce, à quelques pas de sa position actuelle. Donc en toute logique... il était le responsable de son état. Le pourquoi lui échappait encore, même si son cerveau commençait à se reconstituer et quittait son état gélatineux pour reconnecter quelques neurones. Hourra !

Plic, Ploc.
Ce bruit commençait à lui taper sur les nerfs. Vaguement, la jeune femme releva la tête vers le plafond et trouva une fuite de condensation dans un coin, à la jonction du béton et du plus gros des tuyaux. La jointure d'un coude aux boulons rouillés semblait fuir et les gouttes tombaient inlassablement deux tuyaux plus bas dans ce bruit sec et agaçant. Elle soupira et leva une main tremblante jusqu'à son visage pour venir palper l'arrière de son crâne douloureux. Ses doigts effleurèrent une joue barbouillée de plâtre et de poussière, blanchissant davantage encore un épiderme blafard. Puis elle remonta les mèches poisseuses, tirées en arrière par le souffle de l'explosion en un crêpage échevelé. Enfin, elle palpa la zone douloureuse et sentit ses phalanges s'empoisser d'un mélange de sang et de sueur.

Une grimace zébra son visage calqué d'un masque crasseux et elle ramena la main devant ses yeux pour constater dans la faible luminosité de la pièce l'étendue des dégâts. Un trauma crânien ? Oh non, elle n'en avait vraiment pas besoin... pas avec le V.A.R. en quarantaine de grippe. Il y avait énormément de travail à fournir pour aider les Stations ! Peut-être s'était-elle "juste" cogné la tête en reculant sous l'explosion ? Mhm... se serait-elle aussi cogné l'épaule ? Son cerveau analysait enfin son corps et lui envoyait des signaux à divers endroit de son anatomie. Elle sentait des brûlures dans le coxis et les avant bras, aux zones d'impacts lors de sa chute, mais le devant de l'épaule ? Lentement, elle baissa la tête et fit des yeux ronds en voyant un bout de métal dépasser de sa chair, à la jointure de son articulation. Ah ben merde.

"- Mécanicienne Irina Ilyinovna ?
- Présente."

L'appel formel lui fit répondre avec automatisme. Décrochant son regard ahurit de sa blessure, elle leva un nez curieux vers son interlocuteur et découvrit un homme à la haute stature, en blouse d'ouvrier depuis longtemps élimée et plusieurs fois rajustée. L'air soucieux, il était accompagné d'une minuscule jeune femme. Avait-on seulement le droit d'être aussi petite ? Clignant des cils, Irina se fendit d'un vague sourire avant d'essuyer sa main valide sur le dessus de sa cuisse et de la tendre ensuite vers l'inconnue. Son papa serait fière d'elle : blessée, momentanément amnésique, mais toujours bien élevée. Ça méritait une galette de noix tout ça.

Le chef ouvrier de la station fronça les sourcils en la voyant faire puis baissa la tête vers Ekaterina avec une mine soucieuse, mais aussi contrariée. Il n'aimait pas savoir qu'une mécano Brahmane soit dans un état aussi amoché et il avait bien fais comprendre, sur le trajet en compagnie de la médecin, qu'il préférerait éviter une crise avec Polis lorsque la quarantaine serait levée. Même si techniquement Irina avait été la seule à se proposer pour réparer cette zone des canalisations, il n'en restait pas moins qu'elle était sous sa responsabilité. Avec un soupir, il laissa les deux femmes en tête à tête et s'en retourna à la supervision d'autres zones de chantiers.

Plic, Ploc.
Irina observa l'inconnue d'un air distrait et retourna observer le tuyau éventré avec un léger froncement de sourcils. Dans le silence relatif de cet étroit couloir, elles se retrouvèrent isolées du reste de la Station. Une petite lampe à huile éclairait seule et chichement les lieux, faisant danser leur ombre sur les parois encombrées et craquées. La mécano était perchée sur un sceau cabossé et elle comptait plusieurs égratignures bénigne. Le plus grave dans l'analyse, c'était une coupure à l'arrière du crâne et effectivement qu'une lamelle de métal de 3 cm de long pour 1 cm de large, avec une épaisseur heureuse d'à peine 2 mm se soit logée dans son épaule. Vraisemblablement, il s'agissait d'une esquille échappée au tuyau lors de l'explosion.

"- Alors... quoi d'neuf docteur ?"

La voix enrouée de la jeune femme s'éleva d'un ton amusé. Ses yeux pâles étaient revenu sur la minuscule personne qui se tenait avec elle dans ce cul-de-sac de l'angoisse. Un léger sourire désabusé aux lèvres, Irina frissonna lorsque les tuyaux grincèrent avec sinistre et que le plafond trembla un peu. Quelques débris tombèrent, accompagnés par une fine chute de poussière et de poudre de plâtre.
Ekaterina Klimova
Date d'inscription : 30/03/2017
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Ekaterina Klimova
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Mer 26 Juil - 11:42
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Age :: 29 ans
Patronyme :: Viktorovna
Surnom :: Katya
Cette journée était bien trop calme, songea Katya en s’affairant dans son domaine. Prenant place dans l’un des rares bâtiments en dur de la station, et composé de plusieurs pièces, il tenait lieu tout à la fois d’infirmerie, d’hôpital et de pharmacie. Un bureau un peu branlant, des chaises et luxe ultime: une table d’examen qu’elle avait réussi à préserver de la rouille et dont la hauteur et le dossier étaient encore réglables. Une autre pièce contenait le matériel médical et les médicaments à sa disposition, et une troisième pouvait accueillir les patients nécessitant des soins constants ou une surveillance particulière. Une dernière pièce accueillait sa propre chambre. Ici se tenait son royaume, et personne n’osait l’y contrarier.

Les derniers jours avaient été pour le moins chaotique. Le blocus amené par la Hanse, combiné  l’épidémie de grippe couvant dans les galeries du métro avait confiné ici nombre de personnes en transit, certaines peu ravies de se retrouver bloquées ici.  

Mais à peine avait-elle formulé la pensée que cette journée était un peu trop calme pour être vraie, une secousse ébranla son plancher, semblable au souffle d’une explosion lointaine. Avec un soupir, elle se leva de son bureau. Anticipant qu’on viendrait la chercher, elle attrapa le sac d’urgence qu’elle s’était créé, vérifiant que tout ce dont elle avait besoin s’y trouvait, y ajoutant quelques petites choses en hâte.

- Ekaterina Viktorovna!

Un homme en bleu de travail élimé venait de faire irruption dans la pièce, le souffle court d’avoir couru jusqu’ici. Mais Katya était prête. Calant le sac sur son dos, elle le poussa dehors.

- J’arrive, j’arrive. Aller, pousse toi et raconte ce que vous avez encore foutu.

Bien que la jeune femme lui arrive à peine à l’épaule, l’énergie et l’autorité se dégageant d’elle lui fit cesser nette toute velléité de la contredire et il se contenta d’exposer les faits.

- On bossait sur les canalisations nord, pas mal d’oxydation et de fuites. Mais de gaz aussi. Une conduite a pété à la gueule de la Brahmane. Tu sais, la mécano de Polis. Elle s’y connait la gamine, mais on aimerai éviter un incident diplomatique avec Polis, donc si tu pouvais...
- Polis ou pas, j’ai déjà raté quelqu’un? répliqua la jeune femme avec aigreur.

La protestation de l’ouvrier s’étouffa dans un murmure inintelligible, et il se contenant de l’amener à sa blessée. Bien. Au moins celle ci était consciente et avait été mise à l’écart par les hommes. La canalisation éventrée attira son oeil, et elle haussa un sourcil déconcerté. La mécano devait avoir été plus que sonnée par la déflagration. Et elle trouvait encore de quoi faire de l’humour. Marrante, ça lui plaisait. Mais dans l’immédiat, il lui fallait s’occuper de ses blessures, et elle constatait déjà qu’elle était bien amochée.

- Tu as toute ton audition? Ta vision?

Sans attendre la réponse, elle lui fourra un otoscope dans les oreilles, ne constatant rien si ce n’était la poussière de l’explosion. Sa petite lampe stylo lui permis de confirmer que les pupilles de la demoiselle réagissaient correctement. Puis elle s’intéressa aux plaies. Celle du crâne nécessitait des soins immédiats. Lui faisant pencher la tête en avant, elle écarta avec douceur les cheveux empoissés.

- Tu t’es pas ratée. Je vais devoir suturer.

Sans attendre de réponse, elle entrepris de désinfecter la plaie, la laissant propre et nette. Fil et aiguille scintillèrent un instant à la lumière faiblarde, et Ekaterina cala sa petite lampe dans sa bouche pour s’éclairer alors qu’elle refermait la plaie à points rapides et réguliers, endiguant enfin le flot de sang. Un dernier noeud, un coup de ciseau.

- ‘a y est.

Sans lâcher sa lampe, elle s’attaqua au morceau de métal engoncé dans la peau ivoirine.

- ça va piquer.

Munie d’une pince, elle retira sans cérémonie l’esquille, avant d’examiner en profondeur la plaie pour vérifier qu’il n’y avait pas de débris supplémentaires coincés sous les chairs. Ceci fait, elle désinfecta, sutura de nouveau et pansa enfin.

De nouveau, un léger tremblement fit vibrer les imposantes canalisation de métal rouillé, recouvrant encore plus le crâne des jeunes femmes d’une poussière blanchâtre. Une certaines angoisse l’étreignit, sans qu’elle ne sache vraiment si c’était la sienne ou celle des personnes alentours.
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Mer 26 Juil - 13:32
"- Hey... je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu, c'est laquelle de vous deux qui a parlé ?"

La blague tomba visiblement à plat puisque la médecin s'amusa à lui fourrer les oreilles avec une drôle de machine. C'était froid et c'était désagréable. Si elle ne s'y connaissait pas mieux, Irina pourrait croire que l'autre lui faisait des avances. Elle avait déjà vu pire comme méthode d'approche ! D'autant plus qu'un fétichisme des oreilles, ce n'était pas tous les jours que l'on en croisait et ce, même dans les recoins les plus sombres du Métro. Vint ensuite un examen éblouissant qui arracha un feulement d'inconfort à la mécanicienne, le tout accompagné d'un recul instinctif frôlant la ruade propre et nette d'une vieille carne farouche. Ses pupilles sensibles se rétractèrent vivement et mirent de longues secondes à retrouver une taille normale, laissant chez Irina la désagréable sensation d'avoir la tête écrasée entre un marteau et une enclume. Bordel ! Si l'on voulait l'achever, autant le faire avec un minimum de sens professionnel. Là, ça frôlait la torture.

Avec un vague sourire aigre aux lèvres, rictus qui ne tarda pas à se transformer en grimace lorsqu'on lui poussa la tête vers l'avant, la jeune femme poussa un long soupir résigné. Oh, elle ne s'était pas raté ? Tant mieux, elle avait mis tellement d'effort pour se faire exploser une canalisation au visage ! L'inverse aurait été d'une telle déception... retenant la remarque acerbe, la mécano ferma les yeux. Un frisson lui coula dans le dos à la caresse involontaire des doigts du médecin glissant sur sa nuque pour écarter les mèches poisseuses et lorsque les choses sérieuses débutèrent, elle serra les dents avec un sursaut de douleur au rinçage de sa coupure. Sur le blanc cendré de sa longue chevelure, le sang à moitié coagulé paraissait encore plus rouge, presque obscène. Mâchoire crispée, elle entrelaça ses doigts avec tant de force qu'elle se fit blanchir les phalanges.

"- Aïeuh..."

Lâcha-t-elle d'une voix boudeuse alors que l'aiguille ne lui avait même pas encore effleuré la peau. Elle coula un regard taquin vers sa nourrice attitrée, autant pour l'assurer sur la comédie de sa déclaration que pour voir si elle semblait réceptive à ce genre de blagounette douteuse. De toute, ce n'était pas comme si la pauvre fille avait son mot à dire ! Irina était irrécupérable dans ce domaine et ne se priverait pas pour l'accabler de son humour désastreux. La piqure de l'aiguille la fit frémir d'anticipation, mais elle ne moufta pas une seule fois durant toute la petite séance de couture. Quand elle eut la permission, Irina releva lentement la tête et due se faire violence pour ne pas venir palper la blessure de ses mains couvertes de crasses. Non, non non ! Elle ne voulait pas d'une septicémie.

Un sourire retrouvé aux lèvres, elle suivit du regard la jeune femme qui la contournait pour venir se pencher sur son épaule blessée. Pivotant un peu sur son sceau, la mécano défit la sangle d'une de ses épaulières en métal pour lui donner un meilleur aperçu du sacripant enfouit dans sa chair délicate. Le retrait de l'esquille lui arracha un vague juron et elle coinça un bout de langue entre ses dents pour en retenir tout un chapelet lorsque la brunette ouvrit les lèvres de sa plaie pour en scruter l'intérieur. Nan, mais elle jouait les voyeuses en plus de ça ? Elle avait définitivement un fétichisme pour les trous corporels... La prochaine victime serait son nombril et ensuite... Oh boy ! Quelle impertinence. Ricanant pour elle-même, Irina tourna la tête pour lui souffler à l'oreille :

"- J'veux bien du point de boutonnière pour celle là. Ça sera plus coquet à montrer si j'arrive à me lever un homme d'ici ce soir..."

Elle gloussa un peu et fut interrompu par la morsure vive de l'aiguille courbe perçant le derme déjà échauffé par la douleur. Avec une grimace, Irina détourna la tête et scruta le mur à sa droite. Tiens, elle ne se souvenait pas qu'il y ait eu une lézarde à cette hauteur... Ses sourcils se froncèrent alors qu'elle remontait la craquelure jusqu'au plafond. Le nez en l'air, elle continua de suivre la fissure et la vit s'effriter autour du gros tuyaux d'eau et de sa fuite. Ce ne fut qu'à cet instant qu'Irina réalisa qu'il n'y avait plus ce désagréable plic-ploc. L'eau coulait-elle ailleurs ? Si c'était le cas, c'est que l'axe même du conduit avait changé et donc que la pression sur les boulons rouillés se concentrait sur un seul point. Du pied, la mécano tapota le bas du gros tuyau, vers un coude qui le ramenait quasiment au niveau du sol et constata avec déplaisir qu'il n'y avait plus l'écho diffus dans un fluide. Le tuyau était... vide ?

"- Hey Doc... On va jouer à un p'tit jeu, okay ? Pas de panique."

Irina se leva et alors qu'elle s'écartait du sceau pour le saisir de sa main valide, elle s'immobilisa quand le plafond vibra d'une nouvelle secousse. Les canalisations grincèrent de plus belle, chant sinistre qui ne fit que confirmer les craintes de la jeune brahmane. Son regard passa sur la pièce étroite dans laquelle elles se trouvaient toutes les deux, puis sur l'ouverture qui débouchait sur un couloir qui lui-même poursuivait sur quelques mètres avant de bifurquer à angle droit vers une autre zone de l'installation. Pour l'instant, il n'y avait pas grand monde et personne ne semblait s'alarmer des tremblements de plus en plus fréquents. Elle ne savait pas si elle devait s'en inquiéter ou trouver cela rassurant. De son expérience professionnel, ce n'était absolument pas bon signe. Se tenant debout près du médecin, elle continua de lever le nez vers le plafond et vint étrécir les paupières en une moue sceptique et méfiante.

La fissure avait encore grossie et s'était étendue vers une autre partie du mur et ce, dans le temps imparti à ses soins. En plus des lézardes, il y avait une tache qui suintait depuis les extrémités de chaque zone endommagée. Ah... l'eau du conduit probablement. Et merde. Une tension habita le corps d'Irina qui grinça des dents. Bien plus alerte, elle baissa la tête pour scruter en détail la pièce de sorte à repérer le mur porteur et l'angle le plus sécurisé. Un autre tremblement, avec cette fois-ci le crissement dangereux du béton et du plâtre en train de demander le divorce fit bondir la mécanicienne.

"- Venez là."

Elle l'attrapa rudement par la nuque et la plaqua contre elle pour lui fourrer ensuite le seau en métal et bien... sur la tête. Peu désireuse de voir sa compagne d'infortune se mettre à protester, elle lui fourra ensuite le sac contenant toutes ses affaires et la tira vers le mur en jonction avec l'ouverture. Elle vint lui appuyer sur le dos pour l'inciter à se pencher et la fourra sans douceur entre les deux plus grosses canalisations avant de se contorsionner pour l'y rejoindre. L'instant d'après, le ciel leur tomba littéralement sur la tête : dans un craquement assourdissant, le mur lézardé céda sous le poids de l'eau qui s'était accumulée dans un angle du plafond. Ce dernier ne tarda pas à suivre dans un autre éboulement affreux qui combla la moitié de la pièce de débris rocheux et de renforcement métalliques ainsi que de vieux câbles rongés par l'usure du temps comme des rongeurs affamés.

Se couvrant la tête de ses bras, genoux remontés sur son torse pour se rouler en une boule défensive, Irina jura de tout ses poumons dans l'espoir d'entendre sa propre voix et ce, même au dessus du vacarme qui fit échos pendant de longues minutes dans le couloir et le reste de leur petite pièce à présent encombrée de poussière et de plâtre. Le gargouillement de l'eau ruisselante sur les décombres devint rapidement le seul bruit à des mètres à la ronde. La brahmane releva lentement le chef et se frotta le visage avant de poser une main sur le tuyau au dessus d'elle, le sentant cabossé sous ses doigts. Et bien, valait mieux lui que sa pauvre tête déjà bien amochée ! Sortant de l'entrelacs des canalisations, elle se tint debout dans une énorme marre d'eau qui s'accumulait lentement car incapable de s'échapper du huit clos. Mains sur les hanches, elle fixa la porte comblée par les débris puis, avec un soupir dépité, Irina se pencha pour ramasser sa lampe et vint s'accroupir sur une zone encore sèche pour essayer d'estimer les dégâts que l'objet avait pu essuyer.

"- Hey... Toujours vivante dans le sceau ?"
Ekaterina Klimova
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Ekaterina Klimova
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Jeu 27 Juil - 0:04
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En réalité, la mécano était vraiment marrante, et ses remarques délurées encore plus. A vrai dire, alors quelle essayait de rester impassible et de se concentrer, la commissure de ses lèvres s’agitait et un léger tremblement secouait ses épaules par instants. Et la lampe qu’elle tenait coincée entre ses dents l’empêchait de répliquer pour lui dire de se la fermer trente secondes le temps qu’elle finisse de la recoudre correctement. Mais au moins, elle avait le mérite de couiner beaucoup moins que la moyenne de ses patients, songea-t-elle. Et couverte de poussière et de sang, elle pensait déjà à son coup de ce soir. Vigoureuse la demoiselle.

Sans trop prendre garde au manège d’Irina, elle rangea soigneusement ses affaires, isolant les instruments qui auraient besoin d’être lavés puis stérilisés. Cependant, l’inquiétude de la mécanicienne fini par l’atteindre, quelques instants avant qu’elle ne s’adresse de nouveau à elle.

- Jouer à un... Qu’est-ce t’es en train de me baragouiner?


Essayant de comprendre, elle suivi du regard la direction que scrutait la Brahmane en fronçant les sourcils, avant de sursauter lorsque le béton se mit à gémir au dessus d’elle.

La suite fut quelque peu confuse pour elle. Attrapée sans ménagement par sa patiente, un seau lui fut fourré sans ménagement sur la tête, et son sac dans ses bras avant d’être presque jetée dans un trou à rat entre de massives canalisations. La déflagration qui suivi alors lui tira un cri, qui résonna aussitôt à ses oreilles en rebondissant contre les parois métalliques de son casque de fortune. L’éboulement lui sembla durer une éternité, le temps que l’eau et les gravats mêlés se déversent dans la pièce qu’elles occupaient un instant auparavant. La poussière soulevée était lourde et âcre, emplissant ses poumons jusqu’à en saturer chaque alvéole, la faisant tousser sans merci. Elle entendait à peine la voix d’Irina qui jurait de toutes ses forces, alors qu’elle même gardait son souffle et son énergie.

Les derniers éboulis firent leur échos, ne resta plus que le bruit de l’eau qui continuait de se déverser. Katya se demanda un instant si ça se faisait de rester là, cachée sous son seau, à moitié ensevelie sous les gravats, à attendre que ça se passe.

La voix d’Irina la ramena à la réalité, et empoignant la seau à deux mains, elle s’en extirpa avant de le balancer un peu plus loin sans cérémonie, passablement de mauvaise humeur.

- Ouaip. Toujours vivante.

Pétasse. Cela ne se faisait probablement pas non plus de l’insulter pour passer ses nerfs mis à rude épreuve, étant donné qu’elle devait probablement sa survie à l’effrontée. Ravalant ses mots, elle se redressa dans une pluie de poussière et de débris, constatant avec soulagement que le sac qu’elle avait serré contre elle était intact. Regardant autour d’elle, elle évalua la situation avec un certain sang froid, apaisée par le calme de sa compagne d’infortune. Ne pas devoir gérer un trop plein d’émotions négatives était bienvenu. Rien que pour cela, elle s’adouçit un tantinet, poussant un soupir et regardant là ou s’était tenue leur issue.

- On est coincées... coincées? Ou genre coincées, mais y’a moyen de se tirer de là rapidement?

Elle n’osait pas trop toucher et éprouver le poids des gravats accumulés devant la porte, de peur de commettre un impair et d’empirer leur situation.
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Jeu 27 Juil - 15:49
Dos à l'entrelacs de canalisations, Irina présentait un dos fin que l'on devinait musclé sous le cuir épais de sa veste. Affairée, elle ne prêta pas la moindre attention à l’émergence de sa compagne d'infortune et se contenta de prendre sa réponse comme seule preuve de son existence parmi les vivants. Après tout, rien dans le ton de la docteur ne semblait être un appel à l'aide, aussi la russe rangea-t-elle son existence toute entière dans un coin de son esprit. Ce dernier, encore secoué, avait déjà du mal à se concentrer sur sa tâche actuelle, il n'était pas utile de l'encombrer d'informations superflues. Toussant par à-coups, Irina penchait la tête d'un côté et de l'autre, paupières plissées alors qu'elle tentait d'estimer l'étendue des dégâts sur la lampe qu'elle tenait en coupe entre ses mains. Malheureusement pour elle, l'ampoule rouge de leur petite pièce était entièrement couverte d'une épaisse couche de mélasse : combinaison de poussière de plâtre diluée avec l'eau et qui commençait déjà à se solidifier sur son nouveau support d'infortune.

Ô joie. Avec un soupir exaspéré, elle déposa son précieux butin et se releva en posant les poings sur des hanches alourdies de son épaisse ceinture d'ouvrier. Cette dernière s'ornait de nombreuses poches de toiles huilées et de celles, remplacées avec le temps et l'usure, en cuir solide bien qu'élimé sur les angles et les arrêtes. Comprenant qu'elle n'arriverait pas à atteindre l'ampoule et qu'elle n'arriverait à rien dans cette obscurité, Irina décida de se sortir les doigts et d'agir. En une poignée de minutes, la mécano avait attrapé une barre de fer pour enrouler une extrémité d'un mélange de lanière de champignon et de morceaux de lichens séchés. Une fois satisfaite du résultat, elle versa un peu de l'huile de lampe et produisit une étincelle en venant claquer le dos de son couteau de chasse sur une des canalisations. Une fois l'embout en feu, elle planta l'autre extrémité dans les gravas de la zone sèche et retourna à son observation.

"- Ouais..."

Répondit-elle non seulement après une latence de plusieurs secondes, mais d'une voix monocorde et distraite. Elle n'avait visiblement pas écouté un traître mot de ce que l'autre venait de lui demander, trop occupée à faire tourner la lampe à huile dans le creux d'une main tandis que de l'autre elle faisait danser un tournevis. L'outil faisait l'hélice entre ses doigts habiles, renvoyant l'éclat de la torche sur les murs et les débris en petites lueurs fugaces et épileptiques. Il lui fallu encore quelques instant pour comprendre que la docteur attendait une réponse plus précise et elle détacha difficilement les yeux de son "patient" pour lever le nez en direction de la femme. En voyant l'inquiétude marquer sa jolie frimousse, elle n'eut pas le cœur de la renvoyer paître et décida de détendre un peu l'atmosphère. Un vague sourire fendit son masque de crasse et elle lâcha avec taquinerie :

"- ... On est coincé genre : trouve-toi-un-coin-où-poser-ton-petit-cul-car-on-en-a-pour-plusieurs-heures-au-mieux. Et si tu pouvais ajouter l'option : ne-me-dérange-pas-pendant-que-je-bosse, ça serait super adorable de ta part."

Un clin d’œil ponctua sa déclaration alors qu'elle retournait s'affairer à son examen. Okay, on repassera pour la diplomatie... Avec une grande délicatesse, Irina dévissa le réservoir de la lampe puis en testa l'étanchéité en le plongeant dans la marre grandissante à quelques pas de sa position. A ce rythme, le sol allait être entièrement inondé dans moins d'une heure et d'ici le double, elles auraient facilement de l'eau jusqu'aux genoux. Si l'amas de décombres se détrempait trop, les chances pour qu'il s'effondre davantage dans le couloir en emportant une nouvelle partie du plafond seraient augmentées. Hors si cela arrivait, leur chance à elles pour sortir d'ici rapidement serait proportionnellement réduite. Pour éviter ce cas de figure, la mécano s'évertuait à résoudre le problème de la fuite d'eau.

Satisfaite de ne voir aucun filin d'huile remonter à la surface, elle sortit le réservoir et le glissa dans une poche de sa ceinture. Comme le reste ne lui était plus d'aucune utilité, mais qu'elle n'aimait pas du tout le gaspillage de ressources, elle prit le temps de trouver une zone sécurisée pour l'épave. Se tournant vers la femme, elle sembla à nouveau se rappeler de sa présence et se gratta une joue où le mélange de poussière et de sang formait un croûte qu'elle retira de son ongle noirci de cambouis. Son regard pâle détailla des pieds à la tête la médecin puis se leva vers le trou béant qui leur servait de plafond et repéra en bordure de la fissure la canalisation d'eau. Comme elle l'avait craint, le coude avait cédé sous la pression mal répartie et les boulons rouillés avaient rompu. Suivant la trajectoire du tuyau, Irina retrouva l'autre extrémité qui pendait pitoyablement à quelques mètres.

"- T'inquiète pas, brunette. Tu t'occupes de rien, je s'occupe de tout."

Elle s'approcha du pan le plus large de paroi effondrée et qui formait comme une pente douce liant le sol encombré et le reste du plafond. Presque à quatre pattes, elle tenta de se frayer un chemin sans tomber mais alors qu'elle remuait beaucoup trop, de petits couinements outrés s'élevèrent depuis une sacoche renforcée qui ballottait à l'arrière de sa hanche gauche. S'immobilisant aussitôt, Irina se laissa glisser au bas de la paroi et poussa un profond soupir alors qu'elle déboutonnait le rabat de la poche et plongeait une main dans son intérieur. Elle y fourragea quelques secondes, comme si elle éprouvait des difficultés à saisir ce qu'il se trouvait à l'intérieur, mais quand ce fut le cas, elle révéla un petit mammifère gesticulant entre ses doigts.

Il s'agissait d'une rate tout ce qu'il y avait de plus classique en terme de morphologie et de taille, mais là où elle détonnait c'était... et bien, sur sa couleur. Elle était d'un bleu fluo. La fourrure avait été visiblement teinte avec beaucoup de précaution afin de rendre à l'animal cette allure singulière et plus encore : la poudre utilisée et probablement issue d'un champignon était phosphorescent. Quand la mécano manipula le petit rongeur affolé pour lui caresser la tête entre ses oreilles rondes, elle l'abrita momentanément de la torche, le plongeant à l'ombre de ses bras et le faisant ainsi luire doucement. Un sourire attendrit aux lèvres, elle tendit la rate en direction de la jeune femme avec l'intention évidente de la lui confier.

"- Elle s'appelle Boise. Elle est gentille, mais ne la laisse pas filer... on va en avoir besoin plus tard. je dois m'occuper de la fuite, hors je ne peux pas bouger librement si je l'ai dans mes poches. Elle ne mords pas et n'a pas de puces. Je l'ai éduqué depuis l'élevage que j'ai chez moi. Okay ?"

La jeune femme attendait, soutenant le popotin du rongeur de la paume d'une main tandis qu'elle enserrait son thorax des doigts de sa dextre. Ainsi soutenu, le rongeur remuait sa petite truffe dans tous les sens et ses yeux ronds comme des boutons de bottines fixaient l'autre humaine avec curiosité et ingéniosité.
Ekaterina Klimova
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Ekaterina Klimova
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Jeu 27 Juil - 17:36
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Une éternité s’écoula avant que la mécanicienne ne daigne lui répondre... Et encore. Le simple «ouais» qu’elle avait réussi à lui arracher ne tenait pas vraiment lieu de réponse à ses yeux. Elle n’était pas vraiment plus avancée, songea-t-elle en regardait la demoiselle aux cheveux immaculés -enfin, plus tant que ça - s’affairer dans son coin. Cette dernière avait eu le temps de constater la défaillance de sa lampe à huile, et de se servir du contenu de son réservoir et de débris pour leur confectionner une torche. L’obscurité était désormais un peu moins lourde autour d’elles. Elle semblait savoir ce qu’elle faisait et était efficace, aussi Katya contint son humeur, s’exhortant au calme et à la patience.

Mais finalement, elle eut une réponse, qui la laissa mitigée. Elle balançait entre l’envie de lui coller des baffes ou de ricaner, son sens de l’autodérision étant assez prononcé pour reconnaître la malice de la méchanceté gratuite.  

- T’es une petite maligne toi, hein. Message reçu.


On verra bien si tu fais aussi la maligne quand je retirerai tes points. Tout en songeant à la petite vengeance mesquine qu’elle était de toute façon loin d’être capable de réellement mettre en œuvre, elle chercha des yeux un coin à peu près sec où poser son cul, comme le lui avait judicieusement suggérée Irina. Ceci étant fait, elle posa également ses affaires au sec et tomba assise avec un léger soupir, ramenant ses genoux contre sa poitrine pour y poser son menton sans cesser d’observer la Brahmane.

- Mh?

Blanche neige s’était interrompue et dévisageait désormais sans pudeur, sans qu’elle ne comprenne trop ce qu’elle lui voulait. Elle avait l’air de vouloir la rassurer, semblait-il. Katya se contenta de hausser les épaules en la regardant s’engouffrer dans un trou. Elle était bien moins fragile et délicate que son apparence frêle ne le laissait deviner. Mais elle reconnaissait sa relative inutilité dans la situation actuelle. Et puis, la ceinture d’Irina se mit à... Couiner ?

Haussant un sourcil perplexe, la médecin la regarda s’extirper de son trou pour revenir vers elle en fouillant dans la dite ceinture, en sortant un rat visiblement peu ravi d’être là. Elle contint tant bien que mal son mouvement de recul, quelque peu interloquée par la couleur pour le moins inhabituelle de l’animal. Cette phosphorescence bleutée était pour le moins intéressante.

- Si ton incubateur à maladies ambulant me mord, je te jure qu’il va voir du pays, marmonna-t-elle en prenant toutefois l’animal entre ses doigts avec précaution et douceur.


La bestiole n’était pas si repoussante que cela. Rien à voir en vérité avec les abominations qui se trimbalaient dans les coursives les moins fréquentées du métro. Celle là était propre et visiblement dépourvue de parasites. Et pour autant qu’un animal puisse l’être, celui là semblait relativement intelligent. Elle avait entendu parler de personnes utilisant les rats pour diverses tâches, en particulier repérer les fuites de gaz, mais n’avait jamais encore vu les animaux en question. Calant la dénommée Boise sur ses genoux, elle reporta son attention sur Irina avant qu’elle ne l’ignore de nouveau, et pointa la marre d’eau du menton.

- Est-ce que ça va monter encore ? Et Comment est-ce que tu comptes nous sortir de là toute seule?

Elle ne remettait pas en doute les capacités de la Brahmane, mais l’étendue des dégâts autour d’elle ne pouvait que la laisser dubitative quant à leurs chances de sortir d’ici par leurs propres moyens.
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Lun 7 Aoû - 17:09
Déchargée de son animal de compagnie, Irina ne pu s'empêcher de réagir au commentaire qui accompagna la succession de Boise. Elle posa une main sur sa gorge en un geste offusqué alors que ses lèvres pâles s'arrondissaient en un "O" parfait et que son visage se peignait d'une expression dramatique surjouée. Avec un petit bruit de gorge vexé, elle se détourna dans une envolée de tignasse crasseuse et fit mine de bouder la médecin avec une petite moue renfrognée. Du coin de l’œil, elle s'assura néanmoins que la rate soit bien installée et surtout assidument surveillée. Il ne manquerait plus qu'elle s'échappe avant d'avoir rempli son rôle ! Heureusement, le petit rongeur était plus intéressé à se faire la toilette sur les cuisses de la brunette que de partir en exploration.

Mains sur les hanches, Irina observa encore le plafond et calculait diverses choses quand elle fut de nouveau questionnée par sa compagne d'infortune. Un moment silencieuse, elle vint tapoter l'index contre ses lèvres, songeuse alors qu'elle essayait de mettre des mots sur ce qu'elle comptait effectivement tester d'ici peu de temps. Elle ne voulait pas paraître pompeuse en usant de termes techniques, même si dans certains cas les gens se retrouvaient rassurés lorsqu'elle s'exprimait de façon "professionnelle", mais avec cette fille ? Nan, elle était trop intelligente pour se laisser avoir avec quelques babillages de mécanique. De la main, elle désigna la canalisation qui pendait du plafond et gouttait d'un reste d'eau et de condensation. La russe décida de jouer franc jeu.

"- Je vais récupérer ce tuyau et enduire son intérieur du reste d'huile de notre défunte lampe. Ensuite je vais le repositionner contre son autre extrémité."

Elle montra la canalisation encore soutenue par le plafond et qui déversait justement cette eau dans leur prison et menaçait de les engloutir dans quelques heures... ou quelques minutes, tout dépendrait du bouchon à la porte. S'il était trop compressé dans ses décombres, le niveau monterait forcément plus vite et le déblayage prendrait en conséquence plus de temps : elles auraient donc encore plus de chance de finir noyées ou écrasées sous un autre affaissement de terrain. Ô joie.

"- Les boulons ne peuvent plus les tenir ensemble alors je vais essayer de chauffer la partie sèche de la canalisation en mettant le feu à l'huile. Sous la chaleur, le métal devrait se dilater et je devrais pouvoir l'enfiler sur l'autre partie. L'eau va éteindre le feu et en refroidissant le métal devrait exercer suffisamment de pression pour ne plus se déloger. Afin de combler la fuite et renforcer le point de jonction, j'userai alors d'une pâte de résine à champignons que développe la V.A.R. dans ses plantations. Ça remplacerait le caoutchouc à ce qu'il paraît et devrait par conséquent faire un bon remplacement de joint..."

Irina haussa un peu des épaules, affichant un sourire désabusé. Elle ne savait pas si ça fonctionnerait, car il ne s'agissait que de théories enfilées comme des perles sur un fil d'espoir. Le tuyau pouvait ne pas se dilater et même s'il le faisait, l'écart de diamètre pouvait ne pas être suffisant pour l'emboiter dans l'autre extrémité... bref, pleins de facteurs à prendre en compte quoi ! Mais elle devait au moins essayer. Rester à ne rien faire n'était pas dans sa nature. Soupirant pour elle-même, la mécanicienne reporta son attention sur l'autre jeune femme et tenta de lui offrir un léger sourire réconfortant. Faire la soupe à la grimace ne servait à rien.

"- Pour ce qui est de Boise, je vais m'en servir pour porter un message aux gars de l'autre côté. S'ils savent que l'on est encore vivantes, ils vont mettre le déblayage de la porte dans leur priorité. Après tout, quelle station serait assez folle pour laisser un docteur et une mécano brahmane dans la merde ? Moi, j'en connais aucune. Et toi ?"

Pure question rhétorique. Elle lui fit un clin d’œil avant de s'étirer pour se faire craquer un peu les articulations et assouplir ces dernières avant de se lancer dans son exercice acrobatique. Tenant dans sa bouche la flasque d'huile, Irina enfila une paire de gants épais d'ouvrier puis commença à grimper la pente douche de portions de toit, de cloison et de débris variés. Presque à quatre pattes, assurant son équilibre à chaque mouvement, elle finit par atteindre la brèche du plafond et assura une prise sur son bord avant de se cambrer en arrière pour attraper d'une main la canalisation sèche. La tira à elle dans un grincement de métal, elle vint la caler sous son aisselle avant de lâcher dans le creux d'une paume la flasque.

Les traits figés d'un masque de concentration, elle prit un chiffon d'une de ses sacoches afin de l'enduire d'huile et en tartiner tout l'intérieur du tuyau. Elle vida ainsi toute la flasque puis recula pour se rapprocher de l'autre extrémité. L'eau trempa sa hanche pour rebondir et éclabousser ses bras. Jetant le torchon dans la flaque au sol, elle s'assura de bien mouiller sa peau et ses vêtements pour limiter les risques de combustion. Fouillant pour sortir un silex et sa lamelle de métal, elle frotta les deux outils pour projeter une série d'étincelle dans le tuyau huilé. Le feu ne tarda pas à prendre et grâce à la protection de ses gants, Irina fut capable de tenir ce dernier dans l'axe sans se brûler.

L'attente dura plusieurs longues minutes, puis dans des grincements sinistres, le tuyaux céda à la pression de la chaleur. Avec un vague sourire fauve, la mécano attendit encore un peu puis rampa vers la canalisation qui vomissait son contenu sans aucun égard. En équilibre précaire, elle se mit à cheval sur cette partie et orienta l'autre dans le bon axe. Se pinçant la lèvre inférieure, retenant son souffle, Irina rapprocha le tuyau en feu de celui inondé de toutes ses forces avec l'espoir qu'ils s'emboiteraient.
Le Destin
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Le Destin
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Lun 7 Aoû - 17:09
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Le membre 'Irina Ivanova' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'D20' : 2
Les lampes à huile étaient courantes parmi les survivants du métro mais leur combustible plus rare. Les huiles d’origine minérales offrant les meilleurs rendements étaient les plus recherchées et les plus couteuses ainsi les survivants se servaient principalement d’huile végétale, raffinée à partir de la culture de champignons, ou plus communément encore d’huile d’origine animale. Et si la combustion de la première n’était pas la plus simple à obtenir, la seconde était la plus commune et la plus simple à utiliser, malgré les rendements plus faibles. Ainsi l’idée de provoquer une combustion dans une portion sèche de canalisation métallique se révélait plutôt astucieuse si l’on omettait de prendre en compte quelques facteurs, notamment l’absence de contrôle d’apport en oxygène dans la portion choisie. Une fois les préparatifs terminés, Irina eut donc la désagréable surprise d’assister à une combustion rapide et incontrôlée qui consuma en l’espace de quelques secondes l’ensemble de l’huile dont elle avait badigeonné l’intérieur de la canalisation. La combustion fut si rapide que la chaleur se propagea immédiatement dans la portion de canalisation métallique si bien que celle-ci n’eut pas vraiment le temps de se dilater. Au moment où la mécanicienne tentait la jonction des deux portions, rien ne semblait donc pouvoir s’emboîter et alors qu’elle insistait pour réaliser la liaison, la conduite qui fuyait déversa un surplus d’eau qui eut raison de son équilibre. Le pied de la jeune femme ripa, glissant sur un amas en équilibre instable et elle tomba en arrière. La suite des événements ne fut que la dégringolade d’une jeune femme le long de la pente de débris qui termina sa chute au pied de sa compagne d’infortune, sous le regard médusé de celle-ci. Et alors que la mécanicienne se relevait en s’époussetant, la portion sèche de canalisation céda, tomba de quelques centimètres puis se stabilisa, non sans emporter quelques gravats dans sa chute.
Ekaterina Klimova
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Ekaterina Klimova
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Mer 16 Aoû - 0:48
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Ignorant royalement l’expression scandalisée de la mécano quant au qualificatif qu’elle employa pour désigner sa bestiole, plus intéressée par la façon dont elle pensait s’y prendre pour les faire sortir d’ici. A commencer par leur éviter de se retrouver noyées à plus ou moins court terme. Dans la théorie, l’idée était astucieuse, et elle saluait l’esprit remarquable de la demoiselle d’avoir réussi à pondre une telle solution dans un laps de temps aussi court et sous une pression aussi intense. Katya était impuissante, elle n’avait aucune honte à l’admettre. Son rôle avait pris fin lorsqu’elle avait posé le dernier bandage sur Irina. Elle ne pouvait que se contenter ici de faire bonne figure et de ne pas gêner sa compagne d’infortune.

La question formulée par la brahmane n’attendait pas de réponse, mais Katya ne se gêna pas pour autant, lassée de se tenir dans un coin en silence.

- On a une belle bande de baltringues qui se trimbalent par ici, mais ils sont pas encore assez cons pour nous laisser clamser ici quand ils sauront qu’on est en vie, je te l’accorde.


Ceci étant dit, elle posa un regard nouveau sur le rat occupé à se lisser les moustaches sur ses genoux, songeant que si la bestiole était vraiment capable de faire ce que sa maîtresse en espérait, alors elle réviserai son jugement à son propos. Peut être.

Après cela, elle garda de nouveau le silence, ne souhaitant pas déconcentrer la jeune femme. La voir crapahuter de la sorte, conservant un équilibre précaire à chaque instant alors qu’elle venait à peine de se faire recoudre la faisait grincer des dents. Son instinct lui soufflait qu’elle n’avait pas fini de rafistoler Irina.

Mais déjà elle en avait fini de ses préparations, et s’apprêtait à mettre son plan en action. Des étincelles fusèrent, et l’huile s’embrasa alors que la mécanicienne approchait les tuyaux l’un de l’autre... Sans avoir réellement le temps de mettre son idée à exécution. Les caprices de l’huile et de sa combustion ne lui laissèrent guère le temps de rapprocher les deux extrémités séparées de la canalisation d’eau. Une vibration désagréable retentit à leurs oreilles, et Katya se redressa brusquement, tenant toujours fermement Boise entre ses mains.

- Atten...


A peine son avertissement formulé que la vibration arriva enfin à l’extrémité de sa conduite, apportant avec elle une pression inattendue dans le flux d’eau qui se déversait, ayant raison du fragile équilibre d’Irina.

-...tion!


La voix du médecin résonnait encore dans l’air lorsque la mécanicienne s’échoua à ses pieds dans une envolée de poussière et de gravats. Avec un grincement de fin du monde, la conduite sèche se décrocha pour ployer sous le poids de son métal oxydé. Elle s’affaissa sur quelques centimètres, comme pour demander un cesser le feu. Pour lui donner bonne mesure, quelques portions de béton se désolidarisèrent du mur pour rouler à leur pieds dans un écho des plus désagréables.

- Rien de cassé?


Tenant le rat d’une main, elle lui tendit l’autre pour la remettre sur pieds. Son regard d’eau se promena d’un air découragé autour d’elles pendant un instant. Son regard en disait long quant au traitement qu’elle lui réservait si elle se rendait compte qu’elle s’était effectivement cassé quelque chose.

- Bon, on passe au plan B? C’est maintenant qu’on envoie Boise nous chercher de l’aide?


Elle doutait qu’elle parviennent à s’excaver un passage au dehors par leurs propres moyens, et l’eau montait dangereusement pour flirter avec leurs chevilles. Elle était douloureusement consciente que le temps leur était compté.
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Jeu 31 Aoû - 17:06
Le sourire fauve de la mécanicienne s'estompa aussi vite que les flammes dans la portion sèche de la canalisation. Ses mains se crispèrent en un spasme nerveux au spectacle, carrément angoisse tandis qu'une langue rose passait vivement sur ses lèvres gercées et contusionnées pour en adoucir la sécheresse. Dans les brumes lancinantes de sa migraine, quelques neurones parvinrent à faire 2+2 alors que ses yeux pâles constataient avec un début d'effarement combien la combustion de son huile se déroulait atrocement vite. Des cours lointains de Chimie lui revinrent en mémoire, malheureusement trop tard pour rectifier son erreur. En un claquement de doigts, la graisse animale fut entièrement consumée et le tuyau à peine tiédi n'avait grincé quelques secondes plus tôt qu'en prémisse de la catastrophe à suivre.

Frustrée de son échec, Irina s'entêta cependant sur la jonction des deux tuyaux en essayant de forcer les extrémités à s'emboiter comme elles auraient du le faire tant son plan avait été parfait et génialissime. Avec un peu de chance, juste avec un millimètre de jeu dans les diamètres et elle pourrait réussir. C'est qu'elle avait un spectateur, que dis-je : une réputation à tenir ! Sourcils délicatement froncés, yeux étrécis en une mimique courroucées avec des lèvres pincées de mécontentement, la jeune femme serra les cuisses contre sa canalisation afin de se pencher vers l'avant pour balancer son équilibre sur l'autre moitié. Avec un meilleur angle de vue et d'approche sur ce qu'elle s'échinait à faire, elle en oublia temporairement la précarité de sa situation... et ce fut le drame.

Le tuyaux sous elle déversait un flot continu d'eau recyclée, ça on l'avait compris mais cet état de fait n'était vrai que lorsqu'une péronnelle ne venait pas y poser son auguste postérieur ! Avec un angle soudain vers le bas, la gravité fit force de loi et la canalisation déversa brutalement un surplus d'eau, tremblante d'une secousse au soudain afflux entre ses parois. En équilibre précaire, la jeune mécanicienne fut désarçonnée de son perchoir et, dans un réflexe primaire, tenta de retrouver une assise stable en partant vers l'arrière. En s'appuyant sur le plafond lézardé sous ses pieds, elle espéra naïvement sauver sa dignité. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Avec un glapissement aigüe, Irina sentit son support céder, puis son corps basculer et elle tomba tête la première sur la pente raide, accompagnée d'une nouvelle versée d'éboulis de roche, de plâtre et de béton.

Finissant en étoile de mer dans une gerbe d'eau boueuse, aux pieds de son médecin d'infortune, elle resta complètement sonnée pendant presque une minute. Yeux ronds de surprise et d'hébétude, rivés sur un plafond en plus mauvais état si c'était seulement possible, elle resta encore un moment silencieuse avant de se mettre lentement à pouffer d'un rire nerveux. Ses épaules tremblèrent, créant des clapotis qui firent ondoyer ses cheveux pâles autour d'un visage pris dans l'effort sur-humain de ne pas se fendre la poire. Elle leva une main sur ses lèvres pour en cacher la grimace hilare puis elle roula sur le côté et se redressa sur un coude avec un grognement douloureux entrecoupé de gloussements. Quand elle fut capable de se mettre debout sans voir la pièce tanguer, Irina repoussa sa tignasse trempée et s'assura qu'aucun de ses outils ne soit tombé hors des sacoches pendant sa roulade intempestive.

Si la proposition de la brunette lui parvint, elle l'ignora le temps de son inspection scrupuleuse. Autant dire que l'inventaire de ses biens valait davantage que l'avis de la jeune femme. Une fois rassurée, Irina noua distraitement ses cheveux avec une ficelle, essora un peu ses vêtements pour éviter de faire des "splorch" à chaque mouvement, puis tourna enfin son regard anthracite sur sa compagne d'infortune. Un sourire immense trancha sur sa frimousse, illuminant ce dernier malgré sa crasse. Un éclat forcé, aux contours un peu brouillé par les vertiges et la nausée qui lui retournaient l'estomac. Elle leva un pouce vers le haut, signalant ainsi qu'elle allait bien ou que, malgré les apparences, leur situation était sous contrôle. Enfin, si l'on ignorait volontairement le niveau de l'eau qui léchait leurs mollets depuis que la canalisation tordue déversait deux fois plus dans leur petit bassin.

"- Bon, ça valait l'coup d'essayer. Vas-y... passe moi ma p'tite merveille."

Elle tendit les mains, paumes vers le haut et jointes en coupe afin de récupérer le pauvre rongeur encore tremblant de l'incident qui venait d’occurrer. Elle lui grattouilla la tête entre les oreilles puis caressa un moment son dos pour l'apaiser, calmer ses tremblements. Une fois assuré que l'animal n'allait pas fuir et manquer sa mission, Irina le percha sur son épaule puis s'approcha de la porte comblée par le plus gros de l'éboulement. Cherchant ses prises, elle tenta d'escalader le plus haut possible sur la pile instable afin de trouver une faille qui donnait sur le couloir. Elle avançait lentement, testant chacune de ses prises avec précaution avant de passer à la suivante. De la sueur perlait à ses tempes et dans son dos, cuisant sa peau sensible d'une irritation désagréable. Ses muscles chauffaient de la fatigue accumulée, des contusions et des efforts.

Essoufflée, elle parvint à s'allonger de moitié sur une portion de paroi brisée, plantée de moitié dans l'ensemble du tas de gravas. Essuyant son front pour éviter à la transpiration de lui tomber dans les yeux, elle attrapa Boise et la posa sur l'arrête de cette corniche improvisée. Elle lui donna un petit grelot tenu par un bout de tissus vert et lui poussa le postérieur vers l'issue pour l'inciter à s'y glisser. La ratte coinça le tissu entre ses dents, frotta le grelot pour le faire tinter et le positionner contre son petit buste puis s'élança dans la faille pour rejoindre le tunnel de l'autre côté. La mécanicienne eut un soupir d'aise et tenta d'écouter le grattement des petites pattes s'éloignant et ce, jusqu'à n'entendre rien de plus qu'écoulement d'eau derrière elle. Légèrement angoissée, elle se força néanmoins à afficher un sourire assuré à la brunette en contrebas et glissa lentement sur la pente douce pour la rejoindre.

"- Et voilà... y'a plus qu'à attendre."

Elle quitta l'éboulis, par sécurité, et vint s'asseoir à côté d'elle pour gratter un bout de place sèche. Soupirant, elle remonta les genoux contre son torse pour caler les talons sur le bord de son assise et pouvoir nouer les bras à ses jambes repliées. Le menton posé sur un genoux, yeux clos le temps de retrouver son souffle, elle se fit silencieuse. Ce ne fut qu'au bout d'un moment qu'elle se redressa un chouïa, assez en tout cas pour fixer la jeune femme à ses côtés sans avoir à se manger un torticolis.

"- Puisqu'on est là, autant faire connaissance ? Je m'appelle Irina Ilyinovna Ivanova. J'ai vingt-sept ans et j'suis une Brahmane de Polis. Mes spécialités sont la mécanique et l'armurerie, mais j'aime absolument tout ce qui s'approche de près ou d'loin à ces deux compétences."

Elle dénoua un bras pour lui tendre une main amicale.

"- Enchantée d'faire ta connaissance... malgré les circonstances."
Ekaterina Klimova
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Mer 13 Sep - 21:21
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La jeune mécanicienne avait eu peau s’acharner et s’entêter de toutes ses forces, rien n’y fit. Ces deux canalisations ne semblaient plus jamais vouées à se rencontrer de nouveau, la première persistant à vomir son eau croupie, et l’autre à rester vide et esseulée. Mais Katya reconnaissait volontiers la bravoure de la Brahmane que rien ne semblait pouvoir démonter.

Pour être parfaitement réaliste, il fallait même admettre que la situation ne s’était cependant pas améliorée après les tentatives d’Irina de les sortir de là, bien au contraire. A présent, le niveau d’eau semblait monter à vue d’oeil, et leurs heures étaient comptées, songea la médecin en regardant sa compagne d’infortune se redresser en dédaignant son aide. Levant un sourcil circonspect, elle patienta cependant bien sagement en l’observant faire l’inventaire soigneux de son équipement. Puis s’attacher les cheveux. Puis essorer ses vêtements.

Quelle étrange créature, ne pouvait-elle s’empêcher de penser, trop dépassée par les évènements pour vraiment s’agacer de son attitude. Avec un soupir, elle secoua la tête d’un air désabusé lorsqu’Irina leva le pouce en l’air avec un sourire stupide.

- Je te jure que tu vas regretter de pas avoir clamsé ici si en sortant je m’aperçoit qu’il te faut de nouvelles sutures, crois-moi.


Cependant, elle lui rendit son animal sans protester plus, consciente que ce rat représentait peut être leur ultime chance de salut. Mais la bestiole avait l’air plus terrorisée qu’autre chose, et Katya avait bien peur qu’elle ne pense qu’à une seule chose: se tirer le plus vite possible de cet enfer, avec ou sans elles. Avec un nouveau soupir, elle suréleva de nouveau son sac l’eau commençant lentement à grignoter la place sèche qu’elle lui avait trouvé quelques minutes plus tôt. Ses propres chaussures, loin d’être étanches commençaient à sérieusement prendre l’humidité, aussi elle se trouva elle aussi un perchoir en surveillant d’un œil Irina qui avait de nouveau entreprit un numéro d’alpinisme pour que Boise puisse prendre le large et signaler à l’extérieur qu’elles étaient encore en vie. Et aussi considérablement dans la merde. Ceci dit, la blondinette en face d’elle avait assez de courage pour lui sourire malgré l’angoisse qui de toute évidence l’étreignait. Rien que pour cela, elle lui était un peu plus sympathique.

Une fois la mécanicienne assise, le silence s’étira quelques minutes, seulement troublé par le bruit incessant de l’eau qui s’écoulait. Alors qu’elle était sur le point, d’une façon ou d’une autre, de briser elle même ce silence de plomb, Irina fit le premier pas. Posant un instant ses yeux clairs sur la main tendue, Katya fini par esquisser un sourire avant de la prendre dans une poignée de main ferme.

- Ekaterina Viktorona Klimova. Mais la plupart des gens de cette station m’appellent Katya. Je suis médecin, j’officie dans les stations de la V.A.R. même si je suis principalement stationnée à VDNKh. Ma spécialité, c’est le bras cassés comme toi, globalement. Et aussi la grippe, en ce moment.

Son regard s’assombrit un peu alors qu’elle songeait au travail et aux patients laissés derrière elle. Elle ignorait de puis combien de temps elles étaient confinées ici, estimer le temps sans montre ni repère étant un exercice difficile. Elle voulait juste sortir d’ici, le plus vite possible. Mais elle maitrisa son impatience, s’exhortant au calme et à poursuivre cette discussion, ne serait-ce que pour passer le temps.

Elle ne saurait dire combien de temps encore s’écoula, mais l’eau les avait déjà délogées à deux reprises de leurs perchoirs lorsqu’elle entendit les premiers bruits de l’autre côté des éboulis. Elle se redressa brusquement, tendant l’oreille.
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